IV - 1 La vision des `public choice' :
Selon la vision de `older public choice', les
autorités monétaires sont exposées à des fortes
pressions politiques qui les obligent à se comporter selon les
préférences du gouvernement. Le resserrement monétaire
aggrave la position budgétaire de l'Etat : la réduction de
revenus des taxes résultant, d'un ralentissement temporaire de
l'activité économique, d'une possible baisse des recettes de
`seigneuriage' (revenu de la taxe inflationniste), ou enfin d'une
poussée du taux d'intérêt de court terme (augmentant le
fardeau de la dette publique) ; tous ces facteurs sont des sources d'un
déficit budgétaire et ils poussent le gouvernement à se
tourner vers la planche à billet (easy money).
En effet, Selon Eijffinger (1997), la théorie
a fourni des preuves sur ce sujet, on cite les travaux de Havrilesky
(1993), de Akhtar & Howe (1991) qui ont étudié la
relation entre le politique et la banque centrale. Nordhaus (1975), a
prouvé qu'avant les élections, la politique monétaire se
comporte comme expansive. A ce stade, on peut conclure que plus la banque
centrale est indépendante, moins la politique monétaire sera
à la merci des influences politiques.
IV - 2 Les analyses de Sargent & Wallace
(1981) :
La distinction entre autorité monétaire et
fiscale, faite par Sargent & Wallace (1981), est le
second argument pour répondre à la question du début.
Supposant que le fiscal est dominant, par exemple si l'autorité
monétaire ne peut pas manipuler un déficit budgétaire
volumineux, l'offre monétaire dévient une variable
endogène. En même temps, si le public n'est plus capable de
soutenir cette dette de l'Etat, alors les autorités monétaires
seront obligées de monétiser ce déficit par
création monétaire. Alors que, si le pouvoir fiscal est
dominé par le pouvoir monétaire, le premier sera forcé de
réduire son déficit. Ainsi, l'autorité monétaire
n'est plus sous la contrainte de financer ce déficit.
IV - 3 Réponse à l'argument de Posen
(1995) :
Selon Eijffinger (1997), l'argument de
Posen (1995) n'est pas entièrement convainquant.
Premièrement, on ne comprend pas pourquoi un groupe
d'intérêt aussi influent aurait besoin de l'indépendance
pour réaliser une politique de stabilité des prix. Comme,
celui-ci parviendrait à obtenir l'indépendance de la BC, il
pourrait aussi obtenir la stabilité des prix sans passer par
l'indépendance. Deuxièmement, Posen établit une relation
entre le secteur financier et l'indépendance, alors que rien n'est dit
sur la relation entre l'indépendance et l'inflation. Autrement dit, on
ne touche pas à la question de la théorie du biais
inflationniste, car celle-ci concerne précisément cette
dernière relation.
Troisièmement, le secteur financier nécessite
tout de même de l'indépendance pour obtenir la stabilité
des prix. Cela nous amène à considérer l'argument
suivant : La relation entre le secteur financier et l'indépendance
peut s'expliquer par la libéralisation financière récente.
En effet, dans un contexte de libéralisation, il apparaît
nécessaire d'avoir une institution assez forte et indépendante,
qui puisse assurer la régulation du système. Historiquement, la
libéralisation du marché financier, qui est effectivement
favorable à l'absence d'inflation comme Posen le soutient, a
été accompagnée d'une ample diffusion de
l'indépendance des banques centrales. La création de la Banque
Centrale Européenne, autorité indépendante, arrive dans un
contexte de libéralisation financière dans les pays
européens. De même, l'indépendance de la Reserve Bank
of New Zealand a été adoptée après la
libéralisation du marché financier de la Nouvelle-Zélande.
La libéralisation augmente la nécessité d'une
autorité de régulation financière, en raison aussi du
poids mineur des banques commerciales comme facteur de stabilisation
(l'intermédiation étant passée au marché
financier). Cet affaiblissement doit être contrebalancé par une
autorité, d'où le rôle de la banque centrale et la
nécessité qu'elle soit indépendante. Le rapport entre
libéralisation et indépendance, peut aussi être vu comme
signe de réduction de l'intervention de l'Etat en économie: on
rend indépendante la banque centrale, car le gouvernement ne doit pas
intervenir dans un contexte de libéralisation. La banque centrale
indépendante, étant un élément qui constitue et
assure la stabilité d'un système libéral. La
théorie du biais inflationniste n'est pas ainsi mise en doute : il est
bien possible que la crédibilité et l'indépendance soient
des facteurs nécessaires pour assurer la stabilité
monétaire et financière.
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