1.3 LE RISQUE DE L'ACTIVITE D'INTERMEDIATION
Par risque ici, nous entendons la sommation des pertes
associées à des évolutions défavorables dans
lesquels l'intermédiation évolue. Ces évolutions font
l'unanimité sur la conséquence de contracter significativement
l'offre de monnaie devant ou pouvant déboucher sur une crise
macroéconomique. Ce qui nous ramène au rôle essentiel de la
banque dans le financement direct et/ou indirect de l'économie via le
crédit bancaire (traité ci haut). L'intermédiation se fait
en fait par une transformation d'échéance à court et moyen
terme (collecte de l'épargne aux agents à disponibilité de
financement) en échéance à long terme (crédits aux
agents à besoin de financement). Nous faisons fi de l'effet de la masse
monétaire sur le niveau général des prix donc de
l'inflation.
En analysant le principe lui-même de
l'intermédiation, nous pouvons constater des problèmes de fonds
en ce qui concerne la couverture des engagements dans le respect des
échéances. Ce
qui nous conduit à supposer qu'une crise bancaire peut
être générer de deux manières: soit par le
phénomène insolvabilité ou par celui
d'illiquidité.
Il nous semble impérieux de préciser ces notions
somme toutes ambiguës.
1.3.1 CRISE D'ILLIQUIDITE
Elle peut se traduire par une ruée forte des
épargnants pour solliciter simultanément leur fonds placés
à court ou moyen terme auprès de l'intermédiaire qui a
fait un placement à long terme. L'exigibilité du passif de
l'intermédiaire devient supérieure à la liquidité
de l'actif. Par effet de mimétisme, le phénomène de
«bank runs » peut se généraliser paralysant de ce fait
le tissu macroéconomique. C'était le cas aux Etats-Unis
d'Amérique (USA) en octobre 1929, en Argentine en novembre 2000 ou en
Indonésie en 1998. Actuellement, toute économie a mis en place un
système de protection de l'épargne que nous analyserons plus
tard.
Cette crise peut aussi être due à des mauvais
placements des intermédiaires sur le marché à long terme
(produits à risque, détérioration des taux de change ou
autres produits à risque) générant des pertes qui vont
mettre ces dits intermédiaires dans l'incapacité d'honorer
à leurs obligations vis-à-vis des épargnants. C'est le cas
des positions courtes1 sur le change, les devises, les taux ou les
actions.
1.3.2 CRISE D'INSOLVABILITE
L'insolvabilité des Etablissements de crédit est
due à une mauvaise allocation des ressources. L'idéal serait de
trouver une structure optimale d'allocation des ressources sur le marché
en corollaire au modèle néoclassique2 que nous
développerons dans la 3ème partie. Mais les banques
gèrent souvent des paradoxes très asymétriques:
1er paradoxe c'est une donnée ex-ante au contrat: le
client dissimule sa situation défavorable ou d'insolvabilité
à l'intermédiaire pour bénéficier d'un
crédit. A ce moment, l'intermédiaire n'étant en mesure
d'évaluer réellement le risque de crédit de
1 Par position courte, on entend un décalage
défavorable entre le droit et l'obligation. Pour les devises par
exemple, la position courte veut dire avoir pour la même
échéance le montant des devises à servir inférieur
à celui qu'on est censé recevoir. Par contre en ce qui concerne
les actions, nous entendons soit la dépréciation du portefeuille
d'action détenu ou des actions propres de l'entreprise.
2 Suivant les néoclassiques, il existerait une
structure optimale de financement pour l'entreprise et donc à contrario
pour l'intermédiaire qui n'est autre que la banque ou
établissement de crédit. Mais cette théorie va à
l'encontre des travaux de Modigliani & Miller qui estiment qu'il n'en
existe pas une.
M.B. DIKABOU19
ce client, fixe le prix du crédit à un prix
moyen qui a pour conséquence de pénaliser les bons clients qui
verront leur prix de crédit augmenter du fait du prix de
référence mal évalué et les mauvais clients
paierons moins cher leur crédit et à charge à
l'intermédiaire à terme le coût d'insolvabilité.
le second paradoxe est ex-post au contrat de prêt: le
bénéficiaire du prêt prend des risques plus
élevés par rapport à l'accord initial pour
prétendre gagner davantage. Ce qui fait supporter à la banque un
risque additionnel non désiré et qui n'a pas été
prise en compte dans l'évaluation du prix de l'emprunt. Il s'en suit
alors des défaillances des emprunteurs de capitaux ne pouvant honorer
leurs dettes suite à des difficultés d'exploitation ou à
une faillite.
Pour faire face à ces difficultés et assurer la
fiabilité et la stabilité du système bancaire, le pouvoir
politique a mis en place via des organes de contrôle des dispositions
réglementaires strictes sur le plan national et depuis 1998 au niveau
international.
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