1.9.2.3 La fixation du prix du crédit : le taux
d'intérêt
Suite à la crise des crédits
à risque adossés sur l'immobiier, va-t-on vers une crise de
crédit systémique en Europe et particulièrement en France?
A cette question, les réponses divergent dans le monde
scientifique et professionnel. Par exemple, Jacques Cailloux, Economiste en
chef sur la zone euro à la Royal Bank of Scotland à Londres,
pense que «les
emprunteurs vont faire face à une hausse du coût
du crédit »1. Pour lui, la crise du crédit est
avant tout une crise de confiance qui incite les bailleurs à ne pas
prêter pour non maîtrise du risque de contrepartie à
prendre. A contrario, Blaise Ganguin, responsable du crédit sur l'Europe
chez Standard & Poors, précise qu'il n'est pas judicieux de
confondre subprimes américains et économie mondiale. Selon lui,
on ne tend pas vers une crise du crédit générant un
rationnement à charge des entreprises. Une crise de crédit se
caractérise par des défauts de paiement en nombre et une crise de
liquidité. Or ce n'est pas le cas aujourd'hui car l'abondance des
liquidité venant des économies émergentes, des
pétrodollars et des excédents russes et chinois ainsi que
l'émission de liquidité des banques fédérale (aux
Etats-Unis), centrale (en Zone euros) et Royale (en Grande Bretagne). En somme,
il conclu qu'il s'agit juste d'un rééquilibrage de pouvoir entre
acteurs sur le marché et investisseurs, ces derniers devenant moins
complaisant et exigeant des montages moins tendus.
Cette confrontation fait suite à une différence
de lecture et d'analyse de la situation économique. Cependant elle nous
amène à mettre en exergue les différents puzzles
constituant le prix du crédit, autrement dit les composants du taux
d'intérêt.
En effet, la décision de la banque d'accorder ou pas le
crédit à une PME est influencée par les: coût de
refinancement,
coût des fonds propres,
coût des risques (prime de risque)
coût d'exploitation
coût de contribution aux bénéfices (produit
net bancaire)
+/- la marge différentielle découlant de la
qualité de relation banque-PME.
L'agencement de ces éléments se fait suivant la
structure la figure 13.
Les PME qui auront contracté un crédit
auprès d'une banque utilisant l'approche standard se verra appliquer une
notation basée sur des rating externe, donc pas nécessairement
fiable (surtout que nous l'avons souligné ci haut que ces agences
maîtrisent plus les grandes entreprises exerçant ou très
actifs sur les marchés financiers). En approche interne (IRB), une
appréciation approfondie des PME conduira à:
1 Le quotidien économique la tribune du 03/09/07.
M.B. DIKABOU63
· Une notation évaluant avec plus de
précision le niveau du risque PME, donc une allocation en fonds propres
en adéquation avec le profil global du risque crédit. Si la
notation est bonne, le coût des fonds propres à mobiliser sera
moindre et réciproquement.
· Une meilleure évaluation de la
probabilité de défaut en cas de perte
· Une bonne prise en compte des sûretés
apportées par les PME devant réduire le niveau de perte en cas de
défaillance.
Rubriques
|
Contenu
|
Observations
|
Coût de refinancement
|
Taux de crédit sur le marché financier
|
Semi fixe
|
+ coût des fonds propres
|
Résultant du rating interne ou externe
|
variable
|
+ coût des risques
|
Appréciation de la probabilité de défaut
|
Variable
|
+ coût d'exploitation
|
Prise en compte des frais d'exploitation
|
donnée
|
+ contribution au bénéfice
|
Dépend en partie du benchmarking bancaire
|
variable
|
= Coût total
|
Coûts complets à répercuter, prix de base
marché
|
Semi variable
|
+/- différenciation
|
Dépend de l'antériorité de la relation
client
|
Variable
|
= Prix client
|
Niveau du taux d'intérêt à appliquer au
client
|
Variable
|
|
Figure 13
Enfin une meilleure appréciation de la relation
client-banque attirant vers le bas le prix client ci-dessus expliqué.
M.B. DIKABOU65
Les PME ont intérêt à communiquer avec leurs
banquiers pour éviter de subir la

Risque faible=>surtarification avec perte possible de
la clientèle
RiskAdjusting Pincing Taux uniforme
Risque de défaillance (figure 14)
Antiselection du portefeuille
Risque élévé = > sous
tarification avec clientèle générant des
pertes.
discrimination à la sélection (Figure 14)
très fréquente avec la méthode traditionnelle d'avant Bale
II. Certaines tarifications n'obéissaient à aucune logique
économique. En effet, il arrivait que certaines demandes de
crédit soient soit
refusées, soit surtaxées alors qu'elles ne le
devraient par rapport au profil de risque et vice
versa: c'est le phénomène de
l'anti-sélection du portefeuille.
Une incidence particulière sur la détermination
du prix du crédit est évidente lorsqu'il s'agit de tenir compte
de sensibilité des fonds propres aux risques. Cette vision n'est
possible que pour les PME clientes des banques ayant adoptées l'approche
avancée.
Sous Bale I, les engagements de financement des PME
étaient pondérés à 100% et sans échelle de
rationnement par rapport au risque diversifié par portefeuille d'actifs.
Bale II met en place un dispositif plus individualisé par échelle
de risque. Comme le montre la figure 15 ci après, la prime de risque de
crédit détermine le prix de la dett e avec coûts de
refinancement, d'exploitation et des fonds propres comme constantes.

coûts de refinancement, exploitation et contribution au
PNB
Risque de crédit avecfonds propres sensibles aux
risques
Pnme de risque de crédit
fonds propres
Risque de crédit
coûts fixes
fonds propres Bale II
pimesdeñsquede
crédit
taux dintérêt avec dotation en fonds propres
sensibles aux ñsques
fonds propres Bale I

Risque de crédit avec dotation constante
en
fonds pro pres
Prime de risque
Coûtsdesfonds pr opresy compris les 8%
Coûts de ref i nancement, coûts d'exploitation,
contr i bution aux bénéf ices.
Figure 15
Risque de crédit
coûts fixes
coût des fonds propres (yc 8% des
FPR) Prime de
risque de crédit
Par contre avec Bale II, on est plus sensible à
refléter le profil de risque réel. De ce fait, les PME bien
notées c'est-à-dire ayant fourni des informations utiles à
temps à l'organisme financeur, disposant des sûretés
suffisantes et dont l'équipe dirigeante a intégré les
principes de base des recommandations de Bale, vont nécessiter des fonds
propres moins importants. Les coûts y relatifs seront revus à la
baisse. Par contre, les PME moins bien notées verrons leurs dotations en
fonds propres augmenter en fonction du risque. Il en sera davantage pour les
PME n'ayant fait l'objet d'aucune notation (annexe 13).
La dynamique des accords de Bale II traite certaines PME et
TPE comme étant des particuliers donc avec une pondération des
risques de 75% pour les crédits en blanc et de 35% avec des
sûretés très liquides.
Dans la mesure où la pondération des
engagements des PME sera basée en grande partie sur le rating de ces
entreprises en fonction des informations dont disposeront les banques ou
établissements de crédit, il nous semble très important de
suivre et actualiser la base de données servant aux algorithmes des
banques de calculer les notations.
|