Conclusion
Nous avons essayé de montrer dans ce chapitre la
précarité dans laquelle les ménages Gécamines sont
réduits et la réinvention des pratiques d'économie
populaire qui s'en découle dans le contexte de la crise de
l'accumulation a la Gécamines inscrite dans le contexte plus global de
la crise congolaise des années 1990.
Si la régulation sociale de la Gécamines aux
temps forts de sa gloire a prémuni sa masse ouvrière de la crise
qui frappait l'ensemble de l'économie, la crise de cette
régulation a permis de rendre plus visibles les pratiques
d'économie populaire dans les cités ouvrières. Depuis les
années 1990, les salaires des travailleurs de la Gécamines
déjà insuffisant connaissent encore des retards de paiement de
longs mois durant. La situation des ménages empire davantage lorsque la
société suspend les avantages sociaux dont ils
bénéficiaient. Comparée a la situation des ménages
de Lubumbashi et de Kolwezi de 1973 lors des enquêtes effectuées
par Houyoux, Lecoanet et Lohletart, le standing de vie des ménages
Gécamines s'est profondément détériorée en
2003. La crise de l'accumulation a la Gécamines les a
conditionnés dans la précarité.
Face a cette précarité, les ménages se
sont lancés dans des activités économiques informelles a
travers les pratiques populaires. Ils font appel a des réseaux de
réciprocité pour bénéficier des solidarités
familiales, lignagères, ethniques ou communautaires. On a observé
dans leurs pratiques, l'existence d'une culture populaire oü la
gratuité, la coopération et l'affectivité
caractérisent les relations sociales. En outre les organisations
créées dans ces cités ont surgi autour des
activités pastorales des églises. Forts de liens
résidentiels et sociaux établis dans les cités
ouvrières, les ménages Gécamines ont tissé une
identité sociale face a leurs sorts communs.
Dans le contexte actuel, il s'observe un renversement de la
relation Genre dans les foyers des travailleurs de la Gécamines et une
nouvelle division de travail a l'intérieur de la famille. La famille se
constitue désormais en coopérative oü les coopérants
participent a la réalisation du budget de ménage. Avec
l'effondrement du système paternaliste et la manifestation de la crise
de régulation sociale a la Gécamines, les épouses et les
enfants reconquièrent le statut d'acteurs actifs au ménage, au
méme titre que le chef de ménage, travailleur de la
Gécamines.
A la lumière de cette dégradation des conditions
de travail et de vie, nous pouvons admettre que le salariat est en crise au
Katanga. L'attachement de la population katangaise a l'emploi salarié et
particulièrement a l'Union minière devient un souvenir. Ainsi
sonne le glas du travail salarié dans les villes minières du
Katanga.
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