4.2.3. Suppression de certains avantages sociaux
Depuis la période coloniale jusqu'à la veille de
la période de transition politique des années 1990, la
Gécamines prenait en charge les frais de consultation, d'hospitalisation
et des examens de laboratoires de ses agents et des membres de leurs familles,
mais aussi mettait a leur disposition des produits pharmaceutiques. La
situation financière de l'entreprise a des lors commencé a se
détériorer et elle s'est avérée incapable de
poursuivre sa politique sociale en général.
La prise en charge des soins médicaux, de la
scolarité des enfants des travailleurs, des sports et de la culture
n'est plus qu'un souvenir pour les ménages Gécamines. Si ces
derniers ont généralement résisté a de conjonctures
de crise, c'est parce que les coüts de ces services sociaux leur
étaient méconnus. Leurs retenues sur la fiche de paie
n'affectaient pas significativement les salaires au point oü les agents
ont toujours cru qu'ils en bénéficiaient gratuitement.
La suppression des avantages sociaux se répercute aussi
dans les logements occupés par les ménages dans les cités
ouvrières. Certaines maisons sont déjà
cédées aux agents sous-forme de vente a crédit, a retenir
a la source. Des lors, la société ne prend plus en charge les
services d'entretien de ces maisons ni des camps. L'espace social des
cités Gécamines a ainsi subi des profondes modifications. Les
nouveaux propriétaires préfèrent louer les maisons a des
particuliers pour se débrouiller eux-mémes ailleurs. C'est
désormais la coexistence de différentes couches
socioprofessionnelles dans les camps Gécamines. ~l en résulte un
brassage des cultures socioprofessionnelles. Ces camps, initialement a
dominance résidentielle revétent actuellement un aspect de
quartier populaire, typique des cités hétérogenes. Dans la
civilisation matérielle des agents Gécamines, occuper la maison
du camp ne consiste pas seulement a se loger et a se nourrir mais bien a
occuper un espace social particulier pour des échanges,
économiques et surtout sociaux. A travers ces échanges sur le
plan local, un territoire se construisit et peu a peu une identité
communautaire prit sens, avant l'événement malheureux qui a vu
plusieurs ménages d'origine kasalenne refoulés aux provinces de
Kasal.
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