4.2.2. De la ration alimentaire
Dans le cadre de sa politique sociale et en vue de rendre
meilleure la productivité de la main-d'>uvre africaine, l'entreprise
dut investir des moyens financiers colossaux pour améliorer la
quantité et la qualité de la nourriture a fournir a ses
travailleurs ainsi qu'à leurs familles. La ration alimentaire
était composée de la farine de mals et de manioc, des haricots,
de la viande, du poisson, des légumes frais achetés auprès
des épouses des travailleurs et redistribués aux travailleurs,
etc. La distribution de la ration alimentaire, devenue
irrégulière au cours des années 1990, finit par être
supprimée. Depuis lors, les populations ouvrières de la
Gécamines se débrouillent tant bien que mal pour subvenir a leurs
besoins alimentaires.
La dégradation des conditions d'existence des
ménages Gécamines peut s'observer aussi a travers la
régularité de prise de repas journaliers. Le tableau
ci-après présente les nombres des repas j ournaliers des
ménages lors des enquêtes de 2003.
Tableau n° 12: NOMBRES DES REPAS JOURNALIERS
|
Ménages Gécamines
|
MOE
|
MOC
|
TOTAL
|
Petit déjeuner + deux repas
|
5
|
13
|
18
|
Petit déjeuner + un repas
|
10
|
6
|
16
|
Deux repas
|
28
|
9
|
37
|
Unrepas
|
378
|
29
|
407
|
Trois repas
|
1
|
3
|
4
|
TOTAL
|
422
|
60
|
482
|
Les enquêtes de 2003 révèlent que 84,4 %
des ménages Gécamines prennent un seul repas par jour. En
dépouillant dans les détails de cette catégorie des
ménages, nous constatons qu'en certaine période, certains
ménages prennent un repas tous les deux jours. Ceci est un signe que les
conditions de vie des ménages Gécamines ne sont plus enviables.
Dans ce contexte, la Gécamines ne constitue plus une entreprise de
référence au Katanga. Les conditions de vie des ménages
MOC semblent un peu meilleures par rapport a celles des ménages MOE.
Nous constatons que 43,3 % des ménages MOC prennent un seul repas par
jour, tandis que nous dénombrons dans ce cas 89,5 % des ménages
MOE.
Ce nombre de repas journaliers ne renseignent pas encore grand
chose. Faudrait-il s'enquérir en plus du menu de ces repas pour saisir
l'ampleur de la dégradation des conditions
existentielles des ménages Gécamines. Comme
s'était interrogé Braudel a propos de l'analyse de l'histoire
alimentaire des peuples, que mangent-ils? Que boivent-ils? Comment se
logent-ils, etc. ?159 ~l nous revient aussi dans le cadre de cette
analyse de s'enquérir de ce que mangent encore les ménages
Gécamines. D'après les enquêtes de 2003, le mals se
révèle l'aliment le plus consommé et donc l'aliment de
base. ~l représente a lui seul 61,9% des préférences
contre 17,8% pour le manioc, 12,2% pour les patates douces et 8,1% pour le riz.
Ces aliments sont accompagnés des légumes pour la majorité
des ménages, des poissons pour quelques-uns et de la viande
occasionnellement.
A l'époque de l'U.M.H.K., il avait été
mis au point une ration alimentaire parfaitement équilibrée,
conforme aux regles de la diététique pour assurer une bonne
reproduction de la main-d'>uvre. La composition de cette ration se
présentait comme suit:
Tableau n° 13 : RATION HEBDOMADAIRE A L'U.M.H.K. EN 1948 (en
grammes)
VIVRES
|
Hommes
|
Femmes
|
Enfants Ration supplémentaire
|
Farine de maIs
|
3.000
|
1.500
|
500
|
Farine de manioc
|
2.000
|
1.500
|
-
|
Riz
|
500
|
500
|
500
|
Arachides
|
400
|
400
|
150
|
haricots
|
300
|
200
|
150
|
Huiledepalme
|
325
|
250
|
100
|
Patates douces
|
1.500
|
1.000
|
1.000
|
Fruits
|
500
|
500
|
250
|
Seliodé
|
105
|
50
|
50
|
Viande
|
715
|
385
|
385
|
Poisson
|
750
|
402
|
402
|
Pain
|
600
|
-
|
-
|
Source : Etienne TOUSSAINT, Le personnel congolais, in
Union Minière du Haut-Katanga 1906-1956, op. cit., p. 319.
Hebdomadairement, une ration supplémentaire
était attribuée au ménage pour les enfants de moins de 10
ans. Pour ceux de plus de 10 ans, il leur était attribué une
ration pareille a celle qu'obtenait la femme. De méme, la femme enceinte
recevait une ration supplémentaire en plus de sa ration de semaine.
Cette politique de stabilisation des travailleurs avait permis une
amélioration durable des conditions des travailleurs indigenes dans le
Haut-Katanga.
La suppression de cette ration combinée avec les
irrégularités des salaires place les ménages
Gécamines devant une situation inconfortable. La crise se fait donc
sentir non seulement par rapport au nombre journalier de repas que ces
ménages consomment, mais aussi aux composantes du repas lui-même.
L'alimentation de la plupart des ménages MOE comme d'ailleurs celle de
la plupart des ménages au Katanga est réduite a sa simple
expression qualitative et quantitative, déséquilibrée et
souvent sans rapports avec les exigences d'une alimentation saine et
enrichissante.
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