2.2.2. De la crise des années 1930 a
l'indépendance 1960
La crise économique de 1929 met fin a la phase de
l'accumulation primitive. Elle frappa l'industrie minière alors qu'une
partie importante de ses équipements venait d'être construits
depuis la phase de la mécanisation de processus de production
amorcée en 1925. Après 1930, la crise économique provoqua
le reflux d'une importante masse des salariés vers les campagnes dont
l'influence dissolvante fut considérable. Ce reflux permit de nouveaux
progrès de l'expropriation foncière et surtout des cultures
obligatoires. Après 1935 jusqu'en 1955, la ponction des paysans reprit
et s'accéléra même, surtout après 1945, mais alors
la crise agraire parvenue a maturité entretint l'exode rural par des
mécanismes socio-économiques83.
1. Période de 1930 a 1945
Depuis la crise des années 1929-1933, la colonie subit
de plein fouet l'effondrement des cours des matières premières:
le kilo de cuivre valait 14 francs en 1928 et 4 seulement en 1934. L'Union
minière du Haut-Katanga fut obligée de limiter la production de
cuivre a 40.000 tonnes pour se conformer a la décision de l'Entente
internationale des producteurs du cuivre. Tel ne fut pas le cas pour la
paysannerie par rapport a la baisse des prix agricoles. Par contre,
l'administration coloniale la contraignit a doubler le volume de ses
exportations84 pour équilibrer la balance commerciale qui
rapporta quand même 4 milliards de francs de 1931 a 193785 .
Le régime des cultures obligatoires, dans cette perspective, fut
étendu a de nouveaux produits et a de nouvelles régions. Ce qui
va impliquer la mise en uvre des infrastructures de transport pour soutenir
cette extension géographique de la mobilisation du surplus agricole.
La grande crise économique élargit ainsi
définitivement les bases du capitalisme dans la société
congolaise. L'U.M.H.K. surmonta les difficultés de la crise grace aux
remarquables bénéfices des années 1920 et aux
sévères économies sur le personnel. Elle a rejeté
les effets de la crise sur les travailleurs. Cela eut des répercussions
sur la quantité et la qualité de la ration et sur
83 Michel MERLIER, Le Congo de la colonisation belge a l
'indépendance, op. cit., pp. 141-144.
84 Jean-Philippe PEEMANS, Le role de l'Etat dans la formation
du capital au Congo pendant la période coloniale, op. cit., pp. 49-50 et
Jean-Philippe PEEMANS, Le Congo-ZaIre au gré du XXème
siècle, op. cit., pp. 37-39.
85 Michel MERLIER, op. cit., p. 143.
les taux des salaires. Le recrutement fut interrompu et les
ouvriers licenciés refluèrent dans les campagnes.
L'amélioration sensible de la situation
économique mondiale entre 1935 et 1936 ne s'accompagna pas de
modifications de taux des salaires des travailleurs alors que le coüt de
la vie avait enregistré une augmentation86. A cette situation
salariale déjà précaire, il faut ajouter les conditions de
travail dures surtout en cette période de guerre. Les tensions sociales
qui germaient se manifestèrent en mouvements de résistance au
sein de l'U.M.H.K87.
De 1930 a 1945, L'Etat colonial a exacerbé la
contrainte publique contextuellement a la conjoncture de la crise et de la
guerre qui s'est déclenchée a la fin de cette
sous-période. Après la grande crise, les compagnies et
l'administration cherchèrent a se réapproprier la paysannerie
qu'ils commencaient déjà a libéraliser peu a peu. ~l s'est
ainsi observé un asservissement des paysans adapté aux conditions
créées par la crise. De méme, dans les cités
ouvrières, une détérioration des conditions d'existence
des travailleurs enclenche le processus des revendications vis-à-vis de
l'employeur.
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