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L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

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par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

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5.4. Les résultats du second tour :

Le scrutin du 19 mars 2000 est un jour historique pour le Sénégal. Le Président sortant, Abdou Diouf, est très largement battu par Abdoulaye Wade, par plus de 281 363 voix d'écart. Pour la première fois de son histoire, la République sénégalaise vit une alternance politique198.

- Electeurs inscrits : 2 725 650

- Votants : 1 667 775 (61,19 % de participation)

- Bulletins nuls : 10 474

- Suffrages exprimés : 1 657 301

- Abdoulaye Wade (PDS) : 969 332 soit 58,49 %

- Abdou Diouf (PS) : 687 969 soit 41,5 1 %

La faible différence entre le nombre de votants au premier et second tour, 27 053 voix, indique que la tabaski n'a pas provoqué, comme cela a été envisagé, un effondrement de la participation. On pense donc légitimement que ce sont à peu près les mêmes personnes qui ont voté lors des deux tours de scrutin. Ce fait facilite le calcul des reports de voix en faveur d'Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.

On constate que l'appel de Djibo Kâ n'a pas été entendu, puisque le score d'Abdou Diouf est similaire à celui du premier tour. Pis, le candidat PS perd 2 917 voix en trois semaines. Les 690 886 voix du 27 février représentaient donc le seuil maximal de votes que pouvait recueillir Diouf en sa faveur 199 . L'appui du fondateur de l'URD n'a permis d'enrayer le déclin dioufiste que dans quelques localités spécifiques, le plus souvent à forte coloration peul 200.

Abdoulaye Wade profite de l'incapacité dioufiste à ratisser au-delà de son propre parti. Bénéficiant du travail en amont effectué au sein du FRTE, le candidat PDS rassemble autour de son nom la totalité des voix non-dioufistes, plus une grande partie de celles recueillies...

196 Francis Kpatindé, "Veille de scrutin à Dakar", Jeune Afrique, 21 mars 2000.

197 "L 'ONDH craint le pire au deuxième tour", Le Monde, 16 mars 2000.

198 "Proclamation définitive des résultats du scrutin du second tour", Le Soleil, 26 mars 2000.

199 A la lumière de ces résultats, on pense que dès 1998, avec ses 612 559 suffrages, le PS avait déjà atteint son seuil maximal de voix.

200 Linguère, fief électoral de Djibo Kâ, et Podor, fortement peuplé de peuls, sont les deux seuls départements où Abdou Diouf connaît une véritable augmentation de son électorat, à hauteur de 20%.

par Djibo Kâ au premier tour. En effet, en additionnant la totalité des suffrages obtenus par Wade, Niasse, Thiam, Fall, Dièye et Sock, on arrive simplement à 862 070 voix. Par conséquent, les électeurs de l'URD ont massivement choisi le camp de l'alternance, selon les voeux de la direction exécutive du Renouveau, permettant à Wade de réunir 969 332 voix.

Si Abdou Diouf était très largement en tête au premier tour, il subit... une véritable déroute le 19 mars 2000. Il n'est en tête que dans 10 départements et 3 régions : Louga (62,26 %), Saint-Louis (60,64 %) et Tambacounda (51 %). Ainsi, Diouf ne sort vainqueur que dans les zones où il a fait plus de 50 % au premier tour, excepté dans le département de Linguère, qui a relativement bien suivi la consigne de vote de Djibo Kâ. La région de Fatick est également l'exception qui confirme la règle car le Président sortant, qui a obtenu la majorité absolue au premier tour (51,40 %), est battu trois semaines plus tard par Wade (47,90 % contre 52,10%).

Dans les régions qui lui sont historiquement hostiles, Abdou Diouf perd encore plus largement : ses démarches d'entre-deux tours pour élargir son électorat n'ont donc eu aucun effet. Il enregistre 25,09 % dans la région de Dakar et obtient des résultats médiocres dans les régions casamancaises : 34,2 1 % à Ziguinchor et 40,34 % à Kolda.

Plus surprenant, alors qu'il a réunit 46,9 8 % des suffrages au premier tour, Diouf ne fait le 19 mars que 37,36 % dans la région de Diourbel. Ceci s'explique par le rapprochement très visible qui s'est opéré durant les derniers jours de campagne entre le candidat libéral et le Khalife général des Mourides, annonçant déjà implicitement la fin de l'ère socialiste.

Excepté le cas particulier de Saint-Louis, bastion historique des socialistes, Abdoulaye Wade recueille la majorité dans les régions les plus influentes du pays. Les scores wadistes frôlent parfois même le plébiscite, comme à Dakar (74,9 1 %), Ziguinchor (65,79 %) ou Diourbel (62,64 %). Ces "bastions libéraux" ont assuré la victoire de l'alternance, puisque dans la seule région dakaroise, Abdoulaye Wade dispose d'une avance de... 216 432 voix sur son adversaire socialiste.

Dans les régions généralement favorables au PS, le candidat libéral a su grâce à ses nombreux soutiens inverser la tendance, augmentant parfois ses résultats régionaux de... 40 % 201. Paradoxalement, c'est dans sa région natale de Louga, qui est aussi celle d'Abdou Diouf et de Djibo Kâ, que le candidat sopiste fait son plus mauvais pourcentage régional : 37,74 % 202.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius