WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

( Télécharger le fichier original )
par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2. Une confrontation inédite Tanor Dieng - Wade :

3.2.1. Un PS "tanorisé" :

La tanorisation du PS s'effectue à un moment où le secrétaire général en place, Abdou Diouf, souhaite suite à la dévaluation "apparaître comme un chef d'Etat au-dessus de la mêlé" 64. Il propose, dès 1994, d'être déchargé de sa fonction de secrétaire général du PS et de prendre le titre de président du Parti socialiste sénégalais. La propagande officielle insiste bien sur le fait qu'Abdou Diouf reste le seul maître du PS. Ce dernier le confirme dans un discours de trois heures en juillet 1994 : "je ne serai pas un président qui inaugure les chrysanthèmes, mais un président actif" 65.

Il parait pourtant évident que le prochain secrétaire national PS devra non pas seconder Abdou Diouf mais administrer et diriger le parti. Le titre de président du PS n'est donc qu'un leurre pour dissimuler les changements effectués en coulisse, comme Diouf le reconnaît en 2005 au cours de son entretien avec Philippe Sainteny :

"j'ai voulu apparaître comme un chef d'Etat et non plus chef de parti. J'ai commencé par demander à mes camarades de me décharger de mes fonctions de secrétaire général du parti pour que je me consacre à l'Etat comme cela se fait dans les grandes républiques (...) et mes camarades ont refusé. A ce moment là, j'ai essayé de trouver une solution pour arriver à mes fins sans les désavouer. J'ai fait adopter une réforme où j 'étais président du parti avec un premier secrétaire qui gérer le parti au quotidien parce que je voulais me préoccuper de la gestion de l'Etat" 66.

Cette décision bouscule le quotidien auquel les dirigeants socialistes sont habitués depuis 1981. Une guerre de succession s'ouvre, car en dépit des réfutations d'Abdou Diouf, le dauphinat à la tête de l'Etat est en jeu. Le poste de secrétaire général est convoité car il permet d'avoir un soutien sans faille des médias d'Etat et de la machine électorale PS. Trois candidats se démarquent assez rapidement : Ousmane Tanor Dieng, qui a le soutien officieux d'Abdou Diouf ; Djibo Kâ, présent à l'UPS/PS depuis la fin des années 1960 ; Moustapha Niasse, considéré comme un "vieux" militant socialiste, qui jouit d'une grande aura dans les milieux occidentaux et saoudiens. Si les contemporains parlent à l'époque de luttes de tendances, motivés par des différences idéologiques, il semble plus approprié de parler de lutte de clans et d'intérêts personnels, l'idéologie n'étant qu'un alibi tâchant de rendre noble une guerre fratricide 67.

64 Abdou Diouf : entretiens avec Philippe Sainteny, Emission livre d'or, RFI, 2005.

65 "Abdou Diouf : je serai un président actif du parti", Le Soleil, 18 juillet 1994.

66 Abdou Diouf : entretiens avec Philippe Sainteny, Emission livre d'or, RFI, 2005.

67 Le terme fratricide est approprié car Moustapha Niasse a formé Djibo Kâ et Djibo Kâ a formé... Ousmane Tanor Dieng.

Le bal des prétendants s'intensifie après la maladie d'Abdou Diouf, comme le souligne Habib Thiam dans ses mémoires 68 . En effet, comme dans tout régime politique, l'affaiblissement physique du chef de l'Etat, soit-il éphémère, entraîne une aggravation de la course au palais. Or, le Président de la République ressent à partir de 1995 de violentes douleurs à la colonne vertébrale. Peu de personnes sont mises dans la confidence avant qu'Abdou Diouf ne soit obligé durant l'hivernage 1995 de se faire opérer à Paris et d'observer de longues semaines de repos. En dépit des nouvelles rassurantes de la presse gouvernementale, qui parle d'un simple dysfonctionnement de la région lombaire, l'état de santé du chef de l'Etat parait assez inquiétant selon les dires d'Habib Thiam 69.

Néanmoins, l'opération et la convalescence de Diouf se passent bien. Il reprend finalement ses fonctions présidentielles dès le mois de septembre 1995. Mais, à partir de cette date, le chef de l'Etat n'incarne plus l'avenir pour bon nombre de socialistes. Ousmane Tanor Dieng, qui a vu en mars 1995 son principal rival et opposant Djibo Kâ être écarté des cercles du pouvoir par Abdou Diouf lui-même, dispose d'une voie royale pour s'affirmer comme le nouvel homme fort du PS.

La discrétion tanorienne louée par les médias d'Etat au début des années 1990 laisse place à... une "hyper-occupation" du champ médiatique. Celle-ci est nécessaire puisque dans le même temps, l'ascension du ministre d'Etat est retardée par les heurts violents qui rythment les renouvellements de la base socialiste 70. Il faut en effet attendre... deux ans pour que soient élus l'ensemble des coordinateurs régionaux du parti. Cette situation traduit la profondeur de mal qui ronge le PS, scindé entre les pro et les anti Tanor Dieng.

On s'aperçoit qu'au début de cette crise, qui débute après la réélection dioufiste en 1993, la propagande socialiste désigne les pro-Tanor Dieng sous le terme de "rénovateurs" 71 . Ceci semble logique, puisque la rénovation a touj ours été l'alibi parfait dans l'histoire du socialisme sénégalais pour justifier un changement d'équipe dirigeante. La rénovation a ainsi eu lieu en 1976, pour installer Abdou Diouf ; en 1984, pour démettre les "barons" et en 1989 pour mettre en place les membres du GER. Toutefois, les tanoriens changent leur appellation au bout de quelques mois. Ils ne font plus appeler les "rénovateurs" mais les... "conservateurs" ou "refondateurs" 72 . Si elle peut paraître surprenante, cette volte-face s'explique facilement.

Comme on l'a dit précédemment, depuis 1988, le PS mesure son impopularité auprès des urbains. Il sait aussi que l'époque senghorienne est assimilée par la jeunesse sénégalaise à une période heureuse et faste économiquement. C'est pourquoi notamment Abdou Diouf a multiplié lors de son second quinquennat les allusions à Senghor et a rappelé au sein des instances dirigeantes PS les "barons" reconvertis en "sages". Par conséquent, le camp de Tanor Dieng n'a aucun intérêt à revendiquer "la rénovation", puisque cela reviendrait à renier le passé senghorien mais aussi les "sages", fidèles au parti et seul ciment entre des hauts

dirigeants en perpétuel conflit.

C'est ainsi que durant le congrès de mars 1996, qui doit enfin matérialiser les réformes annoncées par Diouf deux ans auparavant, les conservateurs (pro Tanor Dieng) se confrontent

68 "Les dauphins, plus ou moins auto proclamés, s'agitent à leur tour et cherchent à se mettre à leur avantage. Ce fut le cas d'Ousmane Tanor Dieng, de Djibo Laity Kâ (...) de Niasse". Habib Thiam, Par devoir et amitié, pp.182, Paris, Rocher, 2001.

69 Il semble que l'opération ait été assez risquée, ce qui fait dire au Premier ministre que Diouf lui a "collé une des plus grandes trouilles de sa vie ". Habib Thiam, Par devoir et amitié, pp.1 82, Paris, Rocher, 2001.

70 On parle de dizaines de morts lors de ces renouvellements. Elimane Fall, "Menace sur le PS", Jeune Afrique, n° 1831, 13 février 1996.

71 "En attendant le PS nouveau", Le Soleil, 16 août 1995.

72 Moussa Sidi Ba, "Rénovateurs contre refondateurs ", Jeune Afrique, n° 1844, 14 mai 1996.

aux rénovateurs (anti Tanor Dieng). Ces derniers apparaissent en 1996 comme une nébuleuse sans véritable chef de file, même si le nom de Djibo Kâ est quelques fois évoqué. Néanmoins, tout est joué d'avance, comme le reconnaît Le Soleil, qui écrit dans ses colonnes le 26 mars 1996 : "si le choix se porte sur Ousmane Tanor Dieng, il serait plus que mérité ". Le ministre d'Etat n'a donc aucun mal à s'imposer durant ce congrès, puisqu'il est directement choisi et nommé par Abdou Diouf 73. Sans débats - le congrès PS de 1996 est d'ailleurs connu sous le nom de "congrès sans débats" - Ousmane Tanor Dieng se voit confier les pleins pouvoirs du parti, et tous les attributs qui les accompagnent. Etonnant, pour un homme qui n'a rejoint le bureau politique PS qu'en 1988.

Si Habib Thiam parle dans ses mémoires de confiscation tanorienne du parti, on pense plutôt à une donation dioufiste. En effet, Abdou Diouf est pleinement "responsable" de la mise en place de l'omnipotence tanorienne. Depuis son intronisation au gouvernement en 1990, et surtout sa nomination à la tête du directoire de campagne en 1992, les mérites d'Ousmane Tanor Dieng sont très régulièrement loués par le chef de l'Etat. Il n'est donc étonnant que le nouveau président du Parti socialiste fasse les louanges de son protégé lors du congrès de mars 1996. Il dit notamment à cette occasion : "vous m 'avez comblé en m 'étant à mes cotés un garçon remarquable" 74. Ainsi né officiellement en mars 1996 le binôme Diouf-Tanor, qui ressemblent étrangement à l'ancien duo Diouf-Collin des années 1980. Mais des différences de taille séparent Collin de Tanor Dieng :

- La couleur de la peau : Collin n'étant pas sénégalais d'origine, il n'a jamais pu espérer avoir un destin présidentiel. Il a donc toujours été présenté non pas comme un potentiel dauphin mais comme une éminence grise. Du fait de ses racines, Tanor Dieng peut quant à lui prétendre succéder un jour à Abdou Diouf. Cet élément rend ses rapports nettement plus délicats aussi bien avec l'opposition qu'avec son propre parti.

- L 'influence : Il est incontestable que Jean Collin avait nettement plus d'influence que Tanor Dieng, de par ses réseaux, son statut "d'homme de l'indépendance" et ses relations étroites avec la France. Ousmane Tanor Dieng n'est lui qu'une "création de Diouf". Il n'a par conséquent pas les mêmes relations ni les mêmes moyens financiers que son "prédécesseur". Pis, Paris le boude, lui préférant nettement Moustapha Niasse.

- Le rapport avec Abdou Diouf : Jean Collin a fait Abdou Diouf, en lui assurant notamment en 1978 et 1980 la présidence de la République. Comme l'a reconnu le chef de l'Etat, il doit tout à Jean Collin. Mais que doit Abdou Diouf à Tanor Dieng ? Peu de choses, sinon rien. Néanmoins, au cours des années 1980, dans l'ombre médiatique, le ministre d'Etat a su gagner la confiance du chef de l'Etat et peu à peu devenir son interlocuteur principal. Devant les premiers signes de vacillement du PS, et les risques d'implosion qui en découlent, Ousmane Tanor Dieng représente la voie de la modération et surtout de la fidélité pour le Président de la République.

C'est pourquoi on a du mal à parler de "syndrome Jean Collin" pour évoquer la position d' Ousmane Tanor Dieng. Au demeurant, Jean Collin a été jusqu'à sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur intérimaire en 1987 relativement "sage" médiatiquement, se prononçant que très rarement sur l'actualité politique sénégalaise. A l'inverse, le ministre-directeur de cabinet s'affirme dès 1992 sur l'échiquier politique. Il accorde des interviews à Jeune Afrique ou au Soleil (ce que Collin n'a jamais fait) ; accepte le directoire de campagne des élections de 1993 ; devient la tête de liste socialiste officieuse lors des législatives de la même année etc. La théorie de l'homme secret sorti de l'ombre sous les coups de l'opposition, à l'instar de Jean Collin, n'est donc pas crédible pour définir l'ascension tanorienne. Ousmane Tanor Dieng n'est pas un homme qui a été piégé, qui s'est engagé malgré lui dans un chemin sans retour. Ce

73 Sans s'en rendre compte, Abdou Diouf avoue explicitement cet état de fait en déclarant : "j'ai mis M.Ousmane Tanor Dieng (puis il se rattrape) j'ai proposé M. Ousmane Tanor Dieng comme premier secrétaire pour gérer le parti au quotidien". Abdou Diouf : entretiens avec Philippe Sainteny, Emission livre d'or, RFI, 2005.

74 "Un PS sur mesure ", Le Soleil, 1 er avril 1996.

chemin est le sien, car il est selon lui "prédestiné", comme il le déclare en décembre 1996 75.

Cette prédestination le pousse à bâtir un bureau politique qui lui est totalement dévoué. On dénombre 30 "conservateurs" sur les 35 membres du nouveau bureau politique de 1996. Par conséquent, Djibo Kâ et André Sonko, deux piliers de l'ancien PS, sont écartés, tout comme Moustapha Niasse, qui s'est vu refusé de surcroît par Abdou Diouf l'union régionale de Kaolack. Les dix secrétaires généraux de régions sont donc également plus ou moins des proches d'Ousmane Tanor Dieng 76 :

- Union Régionale de Dakar : Mamadou Diop

- Union Régionale de Diourbel : Jacques Baudin

- Union Régionale de Fatick : Mamadou Faye

- Union Régionale de Kaolack : Abdoulaye Diack

- Union Régionale de Kolda : Amath Cissé

- Union Régionale de Louga : Daouda Sow

- Union Régionale de Saint-Louis : Abdourahim Agne

- Union Régionale de Tamba : Cheikh Abdul Khadre Cissokho

- Union Régionale de Thiès : Ousmane Tanor Dieng

- Union Régionale de Ziguinchor : Landing Sané

On constate parmi cette liste le retour au premier plan de Daouda Sow. Il n'est pas anodin. En effet, l'ancien président de l'Assemblée nationale s'avère être... l'oncle de Djibo Kâ. En réimplantant Sow à Louga, qui est le fief électoral de son neveu, Ousmane Tanor Dieng espère sûrement créer la confusion dans l'esprit des soutiens de Kâ et reprendre en main le parti dans la région.

Le nouveau secrétaire national a donc pris le contrôle du PS, en verrouillant les postes clefs et en s'assurant une confiance sans faille du chef de l'Etat. Pour apaiser toutes ses craintes, le ministre d'Etat le propose candidat à l'élection présidentielle de 2000... quatre ans avant l'échéance électorale 77.

L'investiture de Tanor Dieng ne ramène pourtant pas le calme au sein du PS. De nombreux échos rapportent qu'énormément de militants pas sent dans le camp libéral, que le premier secrétaire général n'est pas apprécié, qu'il s'entend mal avec tout l'entourage dioufiste etc. Le PS a donc besoin, avant des élections régionales et municipales capitales, de se retrouver et de faire la paix, aussi brève soit-elle.

Le quatre-vingt dixième anniversaire de Léopold Sédar Senghor tombe ainsi à point nommé. Les numéros d'octobre 1996 du Soleil retracent "la grande oeuvre" de l'ancien Président : la conquête de l'indépendance ; la création du BDS ; l'ouverture démocratique ; le soutien accordé à Abdou Diouf, "le fils spirituel de Senghor" etc. Pour la propagande gouvernementale, le chef de l'Etat prolonge l'oeuvre senghorienne, oeuvre que Diouf n'a jamais renié selon le quotidien.

Les temps ont ainsi changé. Dix ans auparavant, pour les quatre-vingt ans de l'ancien Président, Le Soleil du 10 octobre 1986... n'avait fait aucune allusion à l'anniversaire de Senghor 78. A l'époque, il semble que l'héritage senghorien n'était pas aussi bien assumé qu'en

75 "Ousmane Tanor Dieng : j'ai un destin que les hommes ne pourront pas changer", Jeune Afrique, n° 1877, 31 décembre 1996.

76 Le Soleil, 27 octobre 1998.

77 Habib Thiam affirme que pour Ousmane Tanor Dieng, "c 'est un moyen de se dédouaner, à très bon compte, tout en essayant de consolider ses propres positions". Habib Thiam, Par devoir et amitié, pp.185, Paris, Rocher, 2001.

78 Le Soleil, 10 octobre 1986.

1996...

Les diverses manifestations faites autour de cet anniversaire permettent à Ousmane Tanor Dieng de se faire voir, et de rappeler toute l'admiration qu'il a aussi bien pour Senghor que pour Abdou Diouf. Il revendique dans ses discours l'héritage du BDS et proclame que son devoir de premier secrétaire l'oblige à perpétuer et à s'abreuver de la source senghorienne. En l'absence du principal concerné - son âge ne lui permet plus de se déplacer hors de France - cette commémoration s'apparente plus à un meeting de campagne qu'à un véritable hommage. Après avoir frôlé l'amnésie durant près d'une dizaine année, le pouvoir socialiste retrouve subitement la mémoire. En 1996, tout est bon pour rappeler la filiation du régime à Senghor. Ainsi, le même jour, l'aéroport, le stade et l'avenue principale de Dakar sont rebaptisés du nom de l'ancien Président 79.

Une fois les festivités terminées, l'unité socialiste affichée prend fin. Les rivalités entre clans réapparaissent à quelques semaines des élections. Pour y mettre un terme, Ousmane Tanor Dieng proclame la tenue d'investitures consensuelles. En lieu et place des têtes de liste traditionnelles, le premier secrétaire PS établit des listes de candidats, sans ordre précis. La commission nationale de conciliation, crée à l'occasion du congrès de mars 1996, veille à une répartition équitable des tendances sur les listes régionales et municipales pour éviter tout sentiment d'injustice. Une formule est trouvée par le parti pour définir cette volonté de transparence et d'unité : "gagner tous ensembles ou perdre tous ensembles" 80.

Par cette initiative novatrice, le ministre d'Etat souhaite faire taire les dissensions internes afin de donner les moyens au PS de reconquérir les centres urbains qui, Saint-Louis excepté, ont tous voté majoritairement pour les libéraux lors des précédentes élections. De son coté, Wade revient sur ses premières déclarations et se lance lui-aussi dans la campagne des régionales et municipales 81 . Rapidement, il s'oppose à Ousmane Tanor Dieng.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery