L'alternance intégrative ou
interactive :
Elle se caractérise par une nécessité
forte de mise en cohérence des différentes périodes de
l'alternance et des interventions concertées de l'ensemble de ses
acteurs. Pour le CEDIP, ce type d'alternance est peu mis en oeuvre car plus
difficile à construire. L'alternance intégrative prend le
contre-pied de la juxtaposition. Elle s'attaque au morcellement des savoirs en
partant du postulat qu'un individu ne peut apprendre qu'à partir
d'éléments qui ont du sens pour lui et en proposant un processus
davantage centré sur l'individu à partir d'une logique de
situations-problèmes. Ces apprentissages appelés
expérientiels sont constitués par un travail réflexif sur
le vécu et une transformation de l'expérience en connaissance,
appropriée par l'apprenant à partir de situation problème.
Il s'agit de construire des situations de formation à partir à
partir d'une logique d'utilisation en situation professionnelle, de
repérer les situations de travail les plus riches et les plus complexes,
et de constituer, à partir d'elles, des points d'ancrage qui soient
également appropriés par les formateurs. Ici, c'est plus la
professionnalisation qui est visée plutôt que la qualification.
Ils remarquent également que le rapport traditionnel
formateur/apprenant est modifié et cède la place à une
relation d'accompagnement entre les divers lieux de formations et les types de
savoirs.
On peut prendre ici l'exemple des formations en entreprise ou
le but est avant tout d'apprendre des savoir-faire pratiques.
Les formes mixtes :
Pour le CEDIP, au-delà de ces deux types d'alternance
modélisés, il existe toute une palette de mises en oeuvre
différenciées de l'alternance s'inspirant de l'un ou de l'autre
des deux modèles précédemment décrits. Les
modalités de recours à l'alternance et les conditions de sa mise
en oeuvre varient en fonction des caractéristiques des lieux
d'apprentissage, des objectifs de formation et du profil des apprenants.
Les masters professionnels des universités peuvent
être associés à une forme mixte. En effet, on demande aux
étudiants de choisir un stage en fonction de leur projet professionnel,
on exige qu'une lettre de mission soit rédigée pour qu'ainsi les
activités de l'étudiant en entreprise soient clarifiées.
On demande également à l'étudiant de réaliser un
mémoire professionnelle ce qui permettra d'évaluer
l'étudiant sur sa pratique professionnelle en entreprise. En
général, il y a également au moins un cours qui permet de
faire un suivi régulier des pratiques en entreprise. On pourrait donc
associer le master professionnel au modèle de l'alternance
intégrative qui est dans une logique plus professionnalisante que le
premier modèle. En même temps, ces formations comprennent
beaucoup de cours théoriques et c'est souvent à l'étudiant
de construire lui-même ce lien entre savoirs théoriques et
pratique professionnelle. De plus, bien qu'il y ait un réel désir
de professionnalisation par rapport aux formations classiques universitaires
plus orientées vers la recherche, l'objectif premier reste cependant la
qualification, le diplôme. Un étudiant peut obtenir celui-ci et ne
pas pour autant être considéré comme un professionnel.
Pour le projet de formation du Palais de Tokyo, au vue de sa
préfiguration, on peut également considérer qu'il
s'apparente à une forme mixte mais cette fois d'une manière
beaucoup plus proche de l'alternance intégrative que les masters
professionnels universitaires. En effet, il s'agit d'un diplôme de
licence délivré par une université. L'objectif de
qualification est donc ici clairement affiché. De plus, cette formation
doit contenir de nombreux cours théoriques délivré par
Paris XII et d'autres prestataires comme l'EAC. Mais le choix de l'alternance
indique aussi une volonté d'accroître l'aspect professionnalisant
de la formation. Ceci répond en effet aux demandes à la fois des
étudiants et des entreprises d'avoir des formations qui préparent
réellement à la réalité du monde professionnel.
L'objectif de l'alternance est donc bien de professionnaliser les
étudiants en leur offrant une formation qui se veut plus
professionnalisante que les licences ou masters professionnels
déjà délivrés par l'Université. Le fait pour
une université de s'associer à institution culturelle, ce qui
représente un des pans professionnalisant de la formation, montre bien
cette volonté de pencher d'une manière plus prononcée vers
le modèle de la formation intégrative. Le Palais de Tokyo en tant
qu'organisme professionnel oeuvrant dans le domaine de la culture et de la
médiation culturelle délivrera également un certificat de
compétences, ce qui souligne bien à la fois la volonté
d'offrir une preuve de la professionnalisation des étudiants tout en
délivrant « une qualification »
supplémentaire. On peut également prendre en compte le contrat
d'apprentissage qui remplacera la convention de stage pour cette formation et
qui marque l'investissement (financier, matériel, symbolique) de
l'entreprise qui accueillera un apprenti dans sa professionnalisation en le
considérant comme un de ses salariés, en formation certes mais
salarié tout de même, donc membre à part entière de
l'entreprise.
On peut donc en conclure que le souhait du Palais de Tokyo est
de créer une formation en alternance de forme mixte mais penchant
très fortement vers la forme intégrative avec une volonté
forte de professionnalisation tout en offrant aux étudiants une
qualification de type universitaire.
Le choix de ce modèle de formation se voulant
très professionnalisant implique cependant un certain nombre de mesures
nécessaires à la réussite des objectifs que ce projet
s'est fixé. En effet, il ne suffit pas de choisir un modèle
d'alternance pour que celui-ci soit automatiquement professionnalisant. Faute
de liens suffisants construits entre le Palais de Tokyo et ses partenaires,
ainsi qu'avec les entreprises d'accueil, il sera très difficile pour les
étudiants-apprentis de faire le lien entre savoirs théoriques et
pratique professionnelle.
Nous allons maintenant essayer de voir si les autres choix
faits par le Palais de Tokyo permettent de dire que cette formation sera
réellement professionnalisante.
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