1.3 Le modèle des
formations universitaires formant à la médiation
culturelle : un modèle en crise ?
1.3.1 Les formations formant à la
médiation culturelle
Nous avons pu voir qu'un problème essentiel dans
l'éducation à l'art et à la culture semble être
lié à la formation des intervenants culturels. Pourtant, de
nombreuses formations semblent aborder ce thème de la médiation
culturelle. Nous trouvons par exemple les formations universitaires. Il s'agit
essentiellement de licences professionnelles et de masters professionnels,
c'est-à-dire de formations censées être
professionnalisantes par l'introduction dans le cursus d'un stage obligatoire.
On trouve par exemple dans les formations proposées par
l'Université française, la « Licence Professionnelle
Activités culturelles et artistiques option conception et mise en oeuvre
de projets culturels » de l'Université d'Aix-Marseille,
« la Licence professionnelle Activités culturelles et
artistiques option métiers de l'animation et du développement
social et culturel » de l'Université Rennes 1, le
« Master professionnel Direction et Conception de projet
culturel » de l'Université Paris III ou encore ou encore
« le Master Communication et médiations
culturelles » de l'Université de Nantes. Il ne s'agit
là que de quelques exemples tant la liste pourrait être
exhaustive. En effet, la majorité des universités
françaises délivrent aujourd'hui au moins un diplôme dans
lequel on trouve les termes « médiation culturelle »
dans l'intitulé.
Les écoles privées elles aussi proposent de
nombreuses formations dans le domaine de la médiation culturelle. Citons
à titre d'exemple le « 1er cycle (Bac +3)
Médiation et production culturelles » de l'IESA ou le
« Master Ingénierie culturelle et médiation »
de l'ICART.
On peut donc être surpris du constat fait, par de
nombreuses personnes, d'un échec des politiques et des interventions en
matière de médiation culturelle, et d'un manque de formation des
acteurs culturels. Peut-être s'agit-il d'une différence de
définition ? Les professionnels comme Jean Gabriel Carasso ou ceux
du Palais de Tokyo attendent en effet d'un candidat postulant pour un poste de
médiateur culturel qu'il soit apte à transmettre un contenu,
à organiser et à animer des activités culturelles, des
visites et autres activités. Or, les formations dispensées dans
les écoles et les universités semblent plus développer des
savoirs généraux sur des thèmes liés à la
culture comme les politiques culturelles ou la sociologie de la culture, que de
développer de réelles compétences en médiation
culturelle, dans le sens d'activité de transmission/médiation
d'un contenu culturel (définition correspondant plus au besoin des
professionnels).
Il existe tout de fois d'autres formations professionnalisante
qui correspondent plus à cette définition mais celles-ci forment
pour le coup des intervenants spécialisés dans un domaine
particulier. On trouve par exemple un diplôme spécifique pour les
intervenants musiciens : le DUMI (Diplôme universitaire de musicien
intervenant) délivré par le CFMI (Centres de formation des
musiciens intervenants). Les CFPI (Centres de formation des plasticiens
intervenants) souvent intégrés aux écoles d'art dispensent
également des formations d'intervenants plasticiens comme dans les
écoles supérieures d'art d'Amiens, de Bourges, de Marseille, ou
de Strasbourg. Mais il s'agit là de pratiques minoritaires par rapport
à l'ensemble des formations dispensées par les universités
et les écoles dans le domaine de la médiation culturelle.
À l'opposé, on trouve les formations
dispensées par les organismes d'éducation populaire et dont les
diplômes ou brevets sont délivrés par le ministère
de la Jeunesse et des Sports. On trouve tout d'abord le BAFA (Brevet d'Aptitude
aux Fonctions d'Animation) qui permet d'exercer en tant qu'animateur dans les
centres de loisirs et de vacances et dont certaines spécialisations ont
à voir avec la médiation culturelle comme la
spécialisation « art moderne et art contemporain ».
On trouve également des diplômes professionnels allants du niveau
V au niveau III ayant des spécialités axées sur la
médiation culturelle comme le BAPAAT (Brevet d'Aptitude Professionnelle
d'Assistant Animateur Technicien), Le BPJEPS (Brevet Professionnel de la
Jeunesse et de l'Education Populaire Sportive) animation culturelle,
spécialité médiation culturelle ou le DEFA (Diplôme
d'Etat relatif aux fonctions d'animation).
Toutes ces formations sont fortement axées sur la
pratique, mais les diplômés ne semblent pas souvent correspondrent
aux exigences de secteur culturel. Les diplômes délivrés
par le ministère de la Jeunesse et des Sports et découlant tout
droit des pratiques d'éducation populaire sont en effet souvent
associés pour les professionnels de la culture aux métiers du
loisir et non de la culture. Ceci peut-être attribué à la
séparation historique entre le ministère de la Culture et le
ministère de la Jeunesse et des Sports mais aussi peut-être au
fait que ces diplômes seraient trop axés, pour le secteur
culturel, sur des pratiques ludiques d'animation et pas assez sur un contenu
culturel à transmettre.
Ainsi, nous pouvons voir que de nombreuses formations ont la
prétention de former à la médiation culturelle et à
l'éducation artistique et culturelle. Mais malgré cette profusion
de diplômes existants, il semble que de nombreux professionnels et
analystes les jugent comme non adaptés à l'exercice de la
profession de médiateur culturel, notamment les formations
universitaires.
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