Ø Une
période critique.
De nombreuses questions restent en suspens dans la
littérature sur le développement de la théorie de l'esprit
chez les enfants normaux. L'une de ces discussions concerne notamment
l'âge exact auquel les enfants acquièrent la capacité de
théorie de l'esprit. Certains chercheurs, se situant dans un point de
vue early onset, pensent qu'à l'âge de 2 ½ ans, les
enfants sont capables d'utiliser des stratégies trompeuses et
qu'à 3 ans ils sont capables de connaître les désirs, les
valeurs et préférences et de répondre à des
questions spécifiques de théorie de l'esprit (Astington et
Gopnick, 1991; Chandler, Fritz et Hala, 1989; Flavell, 1992 ; Hala,
Chandler et Fritz, 1991). D'autres chercheurs se situant dans une perspective
late onset, argumentent le fait que les vraies capacités de
théorie de l'esprit sont présentes seulement après 4 ans
(Ruffman, Olson, Ash et Keenan, 1993; Wimmer et Perner, 1983; Sodian et Frith,
1992).
On peut penser que cette différence entre les deux
points de vue est à mettre en rapport avec le type de tâches
utilisées. En effet, afin d'étudier cette capacité, les
chercheurs ont créé différentes tâches ne semblant
pas mettre en jeu le même type de capacité. Par exemple, les
tâches de type « penny hiding game » (Oswald et
Ollendick, 1989), soit le jeu de la pièce cachée, implique peu
d'aptitudes cognitives. Le jeu ne demande pas beaucoup de capacité de
compréhension, d'imagination, de verbalisation au contraire d'autres
épreuves comme celle de « Sally et Anne » (Wimmer et
Perner, 1983). Ainsi cette épreuve est réussie plus tôt
dans le développement que des épreuves ayant une charge mentale
plus importante. Les jeunes enfants réussissent cette épreuve car
ils possèdent les aptitudes cognitives nécessaires à la
réalisation de celle-ci. Ils échouent aux épreuves de type
« Sally et Anne » car certaines capacités ne sont
pas encore développées. A l'âge de 4 ans, ces
capacités étant davantage matures, les enfants sont plus
performants.
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