c. Problématique
L'étude de la théorie de l'esprit s'inscrit dans
l'étude développementale de la pensée de l'enfant qui
relate et analyse les étapes de son développement et les divers
concepts qui la composent. Une théorie essentielle du
développement de la pensée de l'enfant est celle de Piaget
(1947). Cet auteur montre que la pensée de l'enfant se
caractérise par un changement profond et général à
partir de la quatrième année mais que cette pensée reste
intuitive et égocentrique jusqu'à la septième ou
huitième année. Elle est prélogique et ne parvient pas
à élaborer de vrais concepts. Elle est également
structurée sur la pensée propre (c'est-à-dire l'absence de
conscience de perspective) et ne parvient pas à différencier et
à coordonner différents points de vue. Selon Piaget, l'enfant
n'accède au concept proprement dit qu'à partir de sept-huit ans
au moment ou les intuitions se groupent opératoirement (stade des
opérations concrètes). Selon Bradmetz et Schneider (1999),
l'évolution de la compréhension de la fausse croyance est
dépendante de la pensée logique telle que l'a décrite
Piaget.
Afin de vérifier les précédents
résultats, le protocole est proposé à une population
d'enfants autistes plus importante. Nous vérifierons dans un premier
temps si l'on observe un retard du développement de la théorie de
l'esprit chez les enfants autistes, comme le laissait supposer notre
précédente étude (Papin, 2006).
Par ailleurs, afin d'analyser les résultats plus
finement, une batterie d'évaluation de la pensée logique
piagétienne sera proposée. En effet, recourir à une
analyse en fonction de l'âge des enfants n'est pas suffisant. La
pathologie autistique recouvrant un large nombre de symptômes est par ce
fait très hétérogène. Les enfants avec un syndrome
autistique n'ont pas tous un développement cognitif similaire. Afin
d'analyser les résultats en fonction du stade cognitif de l'enfant, il
semble plus pertinent d'évaluer le stade de pensée logique acquis
par l'enfant. Pour ce faire, nous avons utilisé la batterie Echelle
Piagétienne de Longeot (1972). Cette épreuve permet de
discriminer le stade de pensée de l'enfant. Les sujets pourront alors
être divisés en deux groupes en fonction du stade de pensée
acquis : le stade préopératoire et le stade concret. Ainsi,
cette batterie sera proposée aux enfants parallèlement au
protocole. Le développement de la théorie de l'esprit
étant dépendante du développement de la pensée de
l'enfant, une progression des performances des enfants autistes aux
tâches de tromperie et de fausses croyances devraient apparaître
selon le gradient préopératoire-concret.
Enfin, un précédent travail confirmait
l'hypothèse d'une dissociation du module ToMM en deux sous modules,
spectateur et acteur, se développant de manière chronologique.
Cette dissociation a pour conséquence un développement en deux
temps de la théorie de l'esprit. L'enfant serait d'abord à
même de comprendre les fausses croyances puis dans un second temps il
serait capable de les manipuler. Ce profil devrait se retrouver chez les
enfants autistes mais dévié dans le temps.
METHODOLOGIE
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