4. Apport du fonctionnement autistique
a. Présentation de
l'hypothèse
En 1995, Frith, Leslie et Baron-Cohen ont émis
l'hypothèse que trois symptômes de l'autisme (les anomalies du
développement social, du développement de la communication et du
jeu symbolique) résultent d'un déficit du développement de
la lecture des états mentaux, c'est-à-dire d'un déficit du
développement de la théorie de l'esprit. Les enfants atteints
d'autisme acquerraient cette capacité à un âge plus tardif
que les enfants normaux sans pour autant arriver à un niveau de
compréhension équivalent à celui d'adultes normaux. Le
profil de développement de cette capacité chez des enfants
atteints d'autisme devraient être proche dans la forme de celui des
enfants normaux mais décalé dans le temps. Le rôle de
spectateur serait maîtrisé avant celui d'acteur mais vers
l'âge de 8-9 ans et non de 3-4(Baron-Cohen, 1992 ; Sodian et Frith,
1992 ; Baron-Cohen, Frith et Leslie, 1985), puis à partir d'un
certain niveau de compréhension des états mentaux, l'enfant
commencerait à pouvoir les manipuler.
b. Des résultats
contradictoires.
Lors de notre précédente recherche,
l'hypothèse quant à un retard dans le développement de la
théorie de l'esprit fut validée. En effet, sur les 6 enfants
testés, les 4 de plus de 9 ans ont montré certaines
capacités. Un d'entre eux fut d'ailleurs aussi performant que les
enfants normaux. Pour les deux enfants de 8 ans, il peut y avoir deux
explications à leurs résultats (aucun item n'est
réussi) : une non maturité de cette capacité ou une
absence. Toutefois, les bonnes performances de certains sont à
relativiser. En effet, les discussions avec leurs parents minimisent ces
résultats.
Nos résultats statistiques ne montraient pas de
différences de performances entre les tâches de fausses croyances
et les tâches de tromperies. Les enfants semblaient aussi performants
dans le rôle de spectateur que dans celui d'acteur. Cependant, lors de
l'analyse descriptive, les enfants paraissaient meilleurs en tromperie qu'en
fausses croyances. En effet, leur moyenne en situation d'acteur était
meilleure qu'en situation de spectateur et trois des six enfants
réussissaient mieux les tâches de tromperies que les tâches
de fausses croyances, ce qui n'a jamais lieu chez les jeunes enfants normaux.
On peut supposer que le profil de développement de la capacité de
théorie de l'esprit chez les enfants autistes ne semble pas correspondre
à celui des enfants normaux. Cependant d'un point de vue
théorique, ces résultats posent question. Comment les enfants
peuvent- ils manipuler les états mentaux sans les comprendre ?
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