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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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3.3 La démarche humaniste

Enfin, il existe un dernier courant de pensée dans l'étude des représentations en géographie, le courant phénoménologique* et néo-humaniste*. A l'opposé de l'approche critique (Relph, 1976), le courant phénoménologique3 développe délibérément une approche idéaliste, où la sensibilité et les attitudes de l'homme sont mises en avant. Depuis Wright (Terrae incognitae, 1947), ce courant géographique fait place à l'imagination dans la pensée géographique (Lowental, 1961 ; Tuan, 1961). Dans la démarche intellectuelle humaniste l'influence de la culture prévaut sur les représentations mentales (Appleton, 1975 ; Seamon, 1979 ; Frémont, A., 1981, Podock, 1984). Le courant humaniste, en s'appuyant sur la pensée phénoménologique et sur la psychologie des individus, tente de mettre en évidence la dialectique sujet-objet, intériorité/extériorité. Pour cela, les signes dans le paysage et la lecture et l'interprétations d'oeuvres littéraires sont les principaux supports. Cette vision idéaliste est notamment remis en question pour son manque de perspective globale par les marxistes et les néo-positivistes.

3.4 Les multiples points de vues sur les représentations : la richesse du concept

Il convient de préciser que cette classification, par son catégorisme, ne peut être considérée comme un modèle. Néanmoins la clarté qu'elle apporte au débat complexe sur les représentations présente des intérêts méthodologiques.

1 Leurs travaux sont influencés par les travaux des sociologues marxistes* (Castells, 1972 ; Ledrut, 1973)

2 Notamment dans les pays anglo-saxons, où le terme de « marxiste »à une connotation péjorative. 3 Qui devient humaniste* à la fin des années 1970.

LES RAPPORTS DE L'ÊTRE HUMAIN À L'ESPACE

Source: Di Méo, (1991)

DOCUMENT 1

21 bis

Tout d'abord, l'évocation d'une classification, aussi réductrice soit-elle, apparaît déjà significative de convergences, de recherches approfondies, et donc d'un intérêt certain pour ce que les images mentales représentent dans la géographie. Qu'il s'agisse de représentations sociales (Etat, institution,... etc.), de phénomènes (catastrophe climatique, érosion... etc.) ou de l'espace géographique (région, territoire... etc.), le consensus sur leur rôle prédominant dans les dynamiques socio-spatiales montre qu'il n'y a pas d'activité humaine sans représentation : l'analyse des représentations produites et véhiculées par les groupes sociaux, par les instances politico-économiques ou encore par le chercheur, sont résolument des moyens de parvenir à une meilleure connaissance des enjeux dont l'espace est l'objet et le support (Bailly, S. et Debarbieux, B., 1995). Quelle que soit notre culture, notre aire de résidence, notre place dans la société, la subjectivité de chacun influence nos actes spatialisés : « Nous baignons dans nos représentations » (Di Méo, G., 2000).

La présente classification met ainsi en évidence la richesse du concept à travers les divergences des fondements, objectifs et démarches de chaque courant de pensée. Le débat idéologique y occupe une place importante ; il détermine l`axiomatique de chaque théorie dans ses influences philosophiques, culturelles, voire même politique. Nous avons vu que les méthodes (voir doc.1) et les perspectives d'analyse qui reposent sur ces bases varient également. En témoignent les divergences portant sur les différentes échelles d'approche des représentations : le sujet d'étude des pensées marxistes et structuralistes, le groupe social, s'oppose à celui de la psychologie cognitive*, de la phénoménologie* et du néo-humanisme, l'individu. Malgré leurs différences, les différentes approches offrent chacune un intérêt à la compréhension des logiques spatiales, en s'appuyant sur les perceptions, l'imagination et les interprétations que se font les individus de la réalité, pour en faire leur réalité. La finalité des recherches dégage des objectifs distincts: ainsi, de l'intégration des représentations dans la mise en place de programmes d'aménagement, à l'étude fondamentale de représentations d'un pasteur africain, on peut cerner des orientations et des motivations contrastées.

La difficulté d'aborder la construction des représentations réside dans la variété des disciplines concernées qui travaillent avec des points de vue différents sur des objets ou sur des pratiques semblables. En effet l'ouverture que permet l'étude des représentations au sein des sciences humaines et sociales engendre une multitude de voies, de réflexions, aux fondements idéologiques et théoriques variés ; cependant malgré un effort de clarification de la part de nombreux auteurs, la confusion sur cette thématique peut déconcerter le géographe. Quelle voie adopter face à cette divergence méthodologique ?

Nous venons d'aborder le rôle des représentations dans les approches géographiques de l'espace. Mais quelle est la portée, le poids des représentations dans les activités et les comportements spatiaux des hommes ? Le débat offre de

multiples perspectives, divers points de vues, un large éventail de visions géographiques sur la question. Pour clarifier la démarche qui sera la notre dans l'appréhension des représentations sur les hautes terres d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale, il s'avère également utile de cerner la méthodologie que nous utiliserons. Nous pensons qu'une analyse des représentations peut s'inspirer de plusieurs courants de pensée, de plusieurs démarches, favorisant une approche synthétique, multisectoriel le ; une approche géographique.

Cette approche historique, sur les fondements philosophiques et idéologiques des recherches s'attachant à la compréhension des représentations, met en évidence un axe de recherche novateur. L'approfondissement du concept passe d'abord par une meilleure connaissance des sciences humaines et sociales, en se référant à des auteurs comme Marx, Freud ou encore Lévi-Strauss, dont les travaux éclairent ou renouvellent la pensée géographique. Les multiples applications possibles sur la thématique des représentations dégage non pas un, mais plusieurs concepts ou théories ; y compris au sein de la discipline géographique où le débat autour du thème enrichit les connaissances et les approches de la dialectique sociétés - espaces. De plus, on constate à travers le biais des représentations sociales et spatiales, que les connaissances sur les logiques des sociétés tropicales sont alors remises en question.

CHAPITRE 2
LES REPRÉSENTATIONS DANS LA GÉOGRAPHIE : UNE NOUVELLE APPROCHE DU RAPPORT DE L'HOMME A L'ESPACE ?

 

L'étude des représentations apparaît pour le géographe comme un axe fondamental dans l'analyse de l'Homme, de ses comportements (sociaux, économiques, politiques, culturels) et de leurs répercussions spatiales. Il paraît maintenant intéressant de se plonger sur la manière dont sont produites les représentations et sur les différentes clés d'entrées théoriques utilisées pour les aborder.

Il nous sera alors possible de nous positionner sur la voie méthodologique que nous avons choisie pour apprécier l'implication des représentations dans les logiques spatiales des sociétés du Sud, car « découvrir les représentations en construction peut constituer l'objectif intermédiaire d'une recherche géographique mais doit surtout armer la réflexion sur l'organisation de l'espace. » (Retaillé, D., 1995)

Dans le cadre des divers projets de développement et de gestion de l'environnement qui se succèdent dans les pays « dits » sous-développés, nous pourrons alors dégager les insuffisances de ceux-ci dans l'appréhension de logiques socio-spatiales, en ayant l'idée de poser les représentations comme un outil fondamental pour les appréhender. Il s'agit donc de réintégrer ce concept de manière concrète, appliquée, ou plutôt impliquée (R. Brunet 1992).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo