3.2 L'école de géographie française :
de la géographie régionale à la géographie
critique.
Le deuxième courant de recherche s'inscrit dans la
tradition de la géographie régionale française et
s'attache à l'interprétation du vécu des habitants, par
l'étude de petites sociétés, un arrondissement urbain ou
une localité rurale par exemple. Les géographes s'appuient sur le
sentiment d'appartenance régionale cher à Gallais J., la
psychologie collective et sur l'analyse des attitudes sociales (Frémont
A., 1976 ; Holtz J.M., 1980). Ce sentiment d'appartenance territoriale est
traité à travers les relation tissées entre les hommes et
les sociétés, ainsi que le symbolisme, l'affectivité
portée à la région ; sans oublier l'influence de
l'histoire et les relations entre les différents groupes (Ferras, 1978 ;
Gumuchian et Guérin, 1978). Cette voie s'intéresse donc à
la logique des comportements dans le cadre d'une conception d'ensemble des
rapports sociaux, notamment au moyen du décryptage du paysage et du
discours. En s'appuyant sur les progrès de la sémiologie*, qui a
permis le transfert de certaines de ses méthodes à l'étude
des significations données aux objets géographiques, les
géographes ont souligné le codage et la symbolique des
communications humaines, des relations sociales, qui façonnent l'espace.
Dans
1 De l'analyse des déterminations, rien n'oblige
à passer au déterminisme*. La science n'est possible que parce
qu'il existe des déterminations, c'est à dire des causes et des
effet, des causalités et des chaînes de causes. (D'après
Brunet R., Ferras R. et Thery H., 1992)
l'étude des paysages, le courant «
régionaliste » tente, au-delà de leur explication par le
géographe, de comprendre comment les hommes les interprètent.
Dans la géographie française, on note que la
démarche critique, où certains géographes s'attachent plus
particulièrement au caractère collectif des
représentations1, se distingue. La pensée critique
insiste sur la manière dont les idéologies sociales
modèlent nos représentations et nos pratiques spatiales, nos
territoires. En avançant la thèse que l'organisation spatiale est
essentiellement le reflet des forces et des relations de production, cette
géographie également qualifiée de « radicale
»2, soulève les insuffisances des positions trop
idéalistes qui privilégient l'analyse de l'esprit et des
intentions ; mais on lui reproche sa tendance à minimiser les
particularismes individuels.
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