Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?( Télécharger le fichier original )par Mari Jaouen Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004 |
2.1.3 Le tourisme montagnard en quelques chiffres17(*)L'espace montagne connaît deux types de fréquentation aux caractéristiques très contrastées : · l'une liée aux sports d'hiver, qui concerne une population assez restreinte, sur une période elle-même restreinte et sur un territoire étroit, · l'autre, essentiellement estivale, susceptible de concerner l'ensemble des territoires de montagne, et qui attire un public plus large. Les schémas et graphiques suivants nous permettront de dégager les chiffres et grandes tendances relatives à la fréquentation de la montagne.
Comme nous le montre le graphique ci-dessus, la part de l'espace montagne dans les nuitées totales des français progresse légèrement pour la période hivernale et tendance à stagner pour la période estivale. Le schéma ci-dessous nous permet de constater que les français partent en vacances majoritairement en période estivale (62,3%). La part des départs des français vers la montagne l'hiver représente 7,7% des départs sur l'ensemble de l'année et 23,6% des départs pour la seule période hivernale contre 17,8% pour la période estivale.
Figure 5: Les taux de départ des Français en 2005/2006, Source : direction du Tourisme Les types d'hébergement les plus prisés pour les séjours à la montagne hors sports d'hiver est la famille, juste devant les locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes tandis que pour les séjours aux sports d'hiver, la préférence va aux locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes, juste devant les clubs et villages de vacances. Figure 6 : Répartition des nuitées des Français selon le type d'hébergement, Source : SDT 2001 Les français utilisent principalement la voiture pour se rendre sur leurs lieux de vacances et surtout lorsqu'ils passent leur séjour à la montagne hors sports d'hiver (>80%). Le train est le second mode de transport utilisé mais ne représente que 10% des transports utilisés. Figure 7 : Répartition des
nuitées des Français par mode de transport, Source : SDT
2003 Lors des séjours aux sports d'hiver les principales activités pratiquées sont : Ski-glisse, la promenade et les autres activités liées à la neige. Pour les séjours à la montagne hors sports d'hiver, la promenade et les visites dominent.
Figure 8 : Les activités pratiquées lors du séjour, Source : SDT 2003 La répartition des nuitées selon les massifs varie en fonction des activités pratiquées lors du séjour (sports d'hiver ou non). En effet les Alpes supportent à elles seules 78% des séjours de sports d'hiver contre 12% pour les Pyrénées. Les séjours hors sports d'hiver démontrent une meilleure répartition des touristes sur le territoire. Les Alpes restent cependant le massif le plus prisé par les touristes fréquentant la montagne. Figure 9 : Part des différents massifs dans les nuitées des Français, Source : SDT 2001
variable T0 : consommation des touristes résidents et non résidents auprès des activités caractéristiques marchandes de l'industrie touristique (cafés, restaurants, hôtels, loisirs touristiques, services d'organisation de voyages) . variable T1 : consommation liée aux séjours = T0 + autres dépenses des touristes au cours des séjours (hébergements privatifs, alimentation, autres services, achats de biens durables) . variable T2 : consommation touristique intérieure = T1 + transport sur le territoire français vers le lieu de séjour, autres dépenses (achats préalables au voyage), consommation de services touristiques non marchands.
Figure 11 : Estimation de la consommation intérieure liée au tourisme de montagne en 2005, Sources : direction du Tourisme - ODIT France. Avec 9,97 milliards d'euros de consommation touristique intérieure, la montagne retient 22,6% de la consommation touristique intérieure française. L'exploitation complémentaire du Recensement Général de la Population fournit des éléments sur l'emploi recensé sur le lieu de travail. On peut ainsi avoir une image de l'emploi par secteur d'activité. Nous distinguerons deux zones d'étude pour chaque massif : les communes support de station, et la zone de montagne hors stations. Le graphique ci-dessous nous permet de constater que les communes support de stations des Alpes représentent à elles seules 32% des emplois sur ce massif. Ce rapport est encore plus important dans le Jura puisque l'emploi dans les communes support de station atteint près de 35% des emplois du massif. Ce chiffre est moins important sur les autres massifs.
Il faut souligner ici - comme nous le montre le schéma ci-dessus - le nombre d'emplois pour 1000 habitants qui est très supérieur dans les communes support de station que dans la zone de montagne hors station, les Vosges et la Corse mis à part. Il est à noter que, même si l'emploi dans les communes support de station est important, l'évolution de l'emploi dans ces communes est moins importante que dans la zone de montagne hors station, le Jura mis à part. Figure 14 : Evolution de l'emploi total entre 1990 et 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail et recensement de la population de 1990 - sondage au quart - lieu de travail Il est très délicat d'estimer la part de l'emploi induite par le tourisme. Celle-ci dépend en effet du type d'emploi, mais aussi du lieu : en station, un emploi de boulanger peut être considéré comme un emploi touristique, ce qui n'est pas le cas dans une grande ville. Pour contourner cette difficulté, nous nous limiterons dans la suite à l'étude de l'emploi dans les "activités caractéristiques du tourisme" suivantes : Hébergement : Hôtels avec restaurant, Hôtels de tourisme sans restaurant, Hôtels de préfecture, Auberges de jeunesse et refuges, Exploitation de terrains de camping, Autre hébergement touristique. Restauration : Restauration de type traditionnel, Restauration de type rapide, Café tabac, Débits de boissons. Autres : Téléphériques, remontées mécaniques, Agences de voyage, Activités thermales et de thalassothérapie. Certes, cet emploi ne représente pas tout l'emploi touristique, et n'est pas non plus que de l'emploi touristique. Néanmoins, on dispose ainsi d'un bon indicateur des différences de «touristicité» des territoires, nous permettant de comparer entre elles les différentes zones de montagne.
Figure 15 : Part de l'emploi des activités caractéristiques du tourisme dans l'emploi total (1999), Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail Le schéma ci-dessus nous permet de constater que l'emploi touristique dans les communes support des stations est bien plus développé que dans la zone de montagne hors station. Les chiffres sont variables selon les massifs mais représentent de 6 à 24% des emplois dans les communes support des stations tandis qu'il ne représente que 3 à 7% pour la zone de montagne hors station (9% pour la Corse qui ne possède pas de stations). Le fichier des Déclarations Annuelles des Données Sociales, rempli par les employeurs dans le cadre des procédures administratives liées au recouvrement des cotisations sociales, permet de suivre les salariés du secteur privé non agricole au cours de l'année. Ce fichier permet donc d'apporter un éclairage sur la saisonnalité de l'emploi en montagne, et en particulier sur les poids respectifs de la saison d'hiver et de la saison d'été. L'existence d'une double saison touristique été / hiver est propre aux stations de sports d'hiver. On peut apprécier grâce à ces graphiques l'importance respective de ces deux saisons : la hauteur du pic traduit l'importance de l'effectif employé saisonnier au plus fort de la saison par rapport à l'effectif permanent et l'aire du pic mesure l'emploi saisonnier en équivalent annuel, qui dépend de l'effectif, mais aussi de la durée de la saison. Figure 16 : Emploi salarié dans les activités caractéristiques du tourisme au cours de l'année 2001, Source : DADS 2001 - Traitement INSEE L'inventaire communal, dont la dernière version date de 1998, dresse un état de l'hébergement marchand par commune. Il s'agit de données déclarées par les mairies, qui posent certains problèmes de fiabilité et d'homogénéité d'une commune à l'autre. Le recensement général de la population donne le nombre de résidences secondaires "au sens large" (locaux individuels à usage d'habitation qui ne sont ni des résidences principales, ni des logements vacants) : il faut y retrancher les meublés et les gîtes ruraux pour obtenir le nombre de résidences secondaires au sens courant du terme. Pour les hôtels classés et les campings classés, le fichier de l'INSEE est à la fois plus fiable et plus récent (2002) que l'inventaire communal. Par convention, une chambre d'hôtel compte pour 2 lits et un emplacement de camping correspond à 3 lits. Pour les résidences de tourisme, actuellement en fort développement dans certains secteurs de montagne, on a utilisé à la place de l'inventaire communal le fichier fourni par le Syndicat National des Résidences de Tourisme, qui date de 2004. Enfin, pour les départements où la capacité d'hébergement touristique en montagne est la plus importante, on a également collecté des informations auprès des CDT et ATD, qui sont plus "proches du terrain" et tiennent généralement à jour des fichiers de l'offre d'hébergement. Comme on peut le constater sur les schémas ci-dessous, la résidence secondaire est le principal mode d'hébergement sur les communes support de station comme pour la zone de montagne.
* 17 source : http://www.tourisme.gouv.fr |
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