Analyse
et
Interprétation
des
Résultats
Chapitre I : Secteur Informel dans la Commune.
Présentation du secteur informel de la Commune de
Richard-Toll
A - La diversité
L'enquête, comme en témoigne les tableaux et
diagrammes qui suivent, ressort le caractère
hétérogène du secteur informel. La diversité se
manifeste à tout point de vue.
Tableau 01 : La composition
du secteur informel du point de vue genre.
SEXE
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Féminin
|
01
|
16
|
00
|
17
|
11,9
|
Masculin
|
61
|
55
|
09
|
125
|
88,1
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le premier constat est que le monde informel est un secteur
à prédominance masculine à hauteur de 88,1%. La
présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial
où les femmes s'activent le plus dans les activités de la
restauration, de la gestion de tables de petit-déjeuner, de sandwiches,
dans la vente de légumes et de condiments et de produits
maraîchers ...Dans le domaine de l'artisanat, elles font de la coiffure
entre autres métiers. Le milieu du transport est totalement
déserté par la gente féminine. En sus de cela, la remarque
qui s'impose est que les hommes s'activent, aujourd'hui, dans des domaines
jusque-là réservés aux femmes en l'occurrence la coiffure,
la gestion de tables de petit-déjeuner, la vente de légumes et de
condiments...
Parlant de la situation matrimoniale, le diagramme 01 livre des
informations précises.
Source : Données de l'enquête, 2005
La prédominance des mariés est très
manifeste. Ces derniers constituent même une écrasante
majorité avec un taux de 75,3%. Cela s'expliquerait par le fait que le
mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail
rémunéré de nos jours. Le mariage est souvent
assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans
la société.
Par ailleurs, du point de vue de l'âge, on constate que
jeunes, adultes et vieux se côtoient dans le secteur. Les enfants de
moins de 15 ans sont faiblement représentés du fait de la
scolarisation qui tend, avec la nouvelle politique du gouvernement, vers la
scolarisation universelle.
Tableau 02 :
Répartition des sujets enquêtés selon le
critère âge.
Age (en années)
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Pourcentage
Cum.Croix
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[00-15 ans [
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
100
|
[15-20ans [
|
03
|
01
|
02
|
06
|
04,2
|
99,3
|
[21-25ans [
|
08
|
07
|
01
|
16
|
11,3
|
88,0
|
[26-30ans [
|
11
|
14
|
03
|
28
|
19,8
|
68,2
|
[31-35ans [
|
12
|
16
|
01
|
29
|
20,4
|
47,8
|
[36-40ans [
|
07
|
12
|
02
|
21
|
14,8
|
33,0
|
[41ans-+8 [
|
21
|
20
|
00
|
41
|
28,8
|
04,2
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au regard du tableau en haut, on peut voir que les adultes
sont très bien représentés. En d'autres termes, 47,8% des
acteurs ont plus de 30ans. Cela montre qu'on est en présence d'un monde
où l'on forge une carrière.
On observe presque toutes formes d'activités à
Richard-Toll tant du point de vue de la taille, de la variété, de
la dynamique que du marché. Dans le domaine de l'artisanat, les
activités les plus manifestes sont la couture polarisant 09,8% de la
population globale, la mécanique avec 07,0% des enquêtés,
la vulcanisation (03,5%), la cordonnerie (03,5%) et la menuiserie
ébénisterie (03,5%). Le tableau 03 nous montre clairement ces
tendances.
Aussi, on remarque la présence de la bijouterie, de la
rizerie, de la coiffure, de la collecte de peaux et de cuirs, de
l'électricité automobile, de la réparation des appareils
électroniques et électroménagers, de la soudure ou
menuiserie métallique, de la forge, de l'horlogerie et de la fabrication
de machines agricoles.
Le commerce est dominé par les boutiques de quartier
à hauteur de 05,6% de la population informelle globale de Richard-Toll.
La vente d'articles vestimentaires (04,9%), de produits maraîchers
(04,9%), de pièces détachées (04,2%) et la gérance
de table de petit déjeuner (03,5%) et de tables de produits frauduleux
(03,5%) sont des activités des plus en vue à Richard-Toll.
Tableau 03 :
Répartition des sujets enquêtés selon
l'activité pratiquée.
Secteur
|
Activités en pratique
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
A
R
T
I
S
A
N
A
T
|
Bijouterie
|
03
|
02,2
|
Coiffure (Salon)
|
02
|
01,4
|
Collecte de peaux et de cuirs (tannerie)
|
01
|
00,7
|
Cordonnerie (Réparation chaussures et Cirage)
|
05
|
03,5
|
Couture
|
14
|
09,8
|
Electricité automobile
|
01
|
00,7
|
Electronique (radio-TV-VCD-DVD-VHS)
|
04
|
02,8
|
Fabrique et Montage de Moissonneuses-batteuses
|
01
|
00,7
|
Forge
|
03
|
02,2
|
Horlogerie
|
01
|
00,7
|
Mécanique (Moto -Auto)
|
10
|
07,0
|
Menuiserie Ebénisterie
|
05
|
03,5
|
Menuiserie Métallique (Soudure)
|
04
|
02,8
|
Rizerie (Moulin)
|
03
|
02,2
|
Vulcanisation (Michelin)
|
05
|
03,5
|
C
O
M
M
E
R
C
E
|
Boutique de quartier
|
08
|
05,6
|
Céréales (Niébé- Mil-....)
|
02
|
01,4
|
Chapelets et Livres coraniques
|
01
|
00,7
|
Charcuterie (viande- dibiterie)
|
04
|
02,8
|
Chaussures
|
03
|
02,2
|
Denrées alimentaires (Condiments et légumes)
|
04
|
02,8
|
Effets de toilette et Cosmétiques (Parfum.)
|
02
|
01,4
|
Electronique et habillement
|
02
|
01,4
|
Friperie
|
03
|
02,2
|
Habillement (Prêt-à-porter)
|
07
|
04,9
|
Marchand ambulant (Accessoires de portables)
|
01
|
00,7
|
Mercerie (Tissus et garnitures)
|
02
|
01,4
|
Produits phytosanitaires
|
01
|
00,7
|
Restaurant
|
04
|
02,8
|
Table de petit-déjeuner (Tangana)
|
05
|
03,5
|
Table Fraude
|
05
|
03,5
|
Ustensiles de cuisine et effets de toilette
|
01
|
00,7
|
Vente de pièces détachées
|
06
|
04,2
|
Vente de produits maraîchers
|
07
|
04,9
|
Vente de thé préparé
|
01
|
00,7
|
Vente de tissus
|
02
|
01,4
|
T
R
A
N
S
P
O
R
T
|
Apprenti taxi -laveur
|
01
|
00,7
|
Chauffeur de taxi (Taximan)
|
05
|
03,2
|
Cocher (Calèche)
|
01
|
00,7
|
Conducteur de pousse-pousse
|
01
|
00,7
|
Piroguier
|
01
|
00,7
|
TOTAL
|
142
|
100 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le transport est marqué par la présence des
taxis à hauteur de 03,2%. Suivant la diversité des besoins en
matière de transport dans cette ville, bien des formes de locomotion s'y
côtoient en l'occurrence la calèche, la pirogue pour regagner la
rive mauritanienne, le pousse-pousse pour les marchandises.
Par rapport au parcours scolaire, 04,2% des acteurs n'ont
reçu aucune forme d'instruction. L'école française n'a
été fréquentée que par 45,8% de la population
informelle.
En sus de cela, l'école est quittée très
tôt dans la mesure où 31,7% ont arrêté leurs
études dès l'école primaire ; 09,2% ont
été collégiens ; 04,2% ont accédé au
lycée. Seul un enquêté de la population globale a eu un
niveau universitaire. Par ailleurs, l'important taux d'instruction viendrait de
la formation en arabe seulement qui a été reçue par 50%
des acteurs, comme en atteste le tableau suivant.
Tableau 04 : Proportions
selon le niveau d'instruction.
Niveau d'instruction
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcen-tage
|
Pourcentage Cumul.Cr.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Primaire
|
26
|
15
|
04
|
45
|
31,7
|
31,7
|
Collège
|
04
|
08
|
01
|
13
|
09,2
|
40,9
|
Lycée
|
03
|
03
|
00
|
06
|
04,2
|
45,1
|
Université
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
45,8
|
Alphabétisation
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
45,8
|
Arabe seulement
|
28
|
39
|
04
|
71
|
50,0
|
95,8
|
Néant
|
01
|
05
|
00
|
06
|
04,2
|
100
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
L'importance de l'instruction en arabe puise sa raison
suffisante dans le fait que le Sénégal ayant reçu une
colonisation religieuse est à 92% composé de musulmans. A cela
s'ajoute la forte religiosité des terroirs du Walo, proche du Fouta,
zone par où l'Islam est introduit au Sénégal. A notre
grande surprise, l'alphabétisation n'a pas eu de prise sur les gens de
l'informel. Néanmoins, l'instruction n'est pas l'apanage de
l'école française ; le constat est là : 95,8%
des acteurs auraient reçu le b.a.-ba d'une forme d'instruction ou d'une
autre. Ils auraient été initiés à la lecture,
à l'écriture et au calcul. Ce qui fait d'eux des individus assez
réceptifs à n'importe quelle forme d'apprentissage, d'imitation
et de bricolage souvent réussi avec brio. Rappelons que le niveau
d'instruction est nul chez des artisans comme les coiffeurs et des
commerçants spécialisés de produits maraîchers, de
boutique de quartier, de légumes, de tables de produits frauduleux et de
petit-déjeuner. Par contre, les lycéens et universitaires se
spécialisent dans le secteur artisanal au niveau de la réparation
électronique, de la fabrication de machines de moissonneuses-batteuses
et de la menuiserie ébénisterie d'un côté et de
l'autre dans le secteur commercial plus particulièrement au niveau de la
vente de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et
maraîchers.
Tableau 05 : Origines des
acteurs.
Ville d'origine
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Richard-Toll
|
25
|
16
|
08
|
49
|
34,5
|
Autre ville
|
37
|
55
|
01
|
93
|
65,5
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Il apparaît clairement que seuls 34,5% de la population
sont de la Commune de Richard-Toll. C'est donc dire que cette ville accueille
une importante masse humaine provenant de tous azimuts. Des étrangers du
Sénégal sont aussi présents à Richard-Toll qui, en
réalité, est un pôle d'attraction aussi bien pour toute la
région de Saint-Louis que pour toutes les autres contrées du
territoire national. La Compagnie Sucrière Sénégalaise, le
géant sucrier, donne à cette contrée toute son allure et
toute sa grande envergure de ville industrielle et, de surcroît, de
carrefour frontalier avec la République Islamique de Mauritanie. Dans
une conjoncture de crise de l'emploi mais aussi de perte d'allure, de
désertion de certains secteurs économiques, le pain et la
fortune du citoyen lambda dépendraient pour une grande part de
l'aventure. L'exode rural pointe Richard-Toll comme un important centre
d'accueil. C'est ce qui vaut à cette ville son caractère de
« ville d'étrangers ». Il est, d'ailleurs,
dans les usages langagiers walo-walo de dire que « nul n'habite
à Richard-Toll, c'est une ville d'étrangers née avec
l'implantation de l'usine ».
A travers l'enquête, nous avons constaté que les
citoyens venus faire fortune ont des origines aussi variées que
Mbirkilane, Oussouye, Dahra Djolof, Ndioum, Rufisque, Figo, Saint-Louis, Podor,
Touba, Mbacké, Kalom, Thiès, Ngaye, Tivaouane, Médina
Ndiaybé, Louga, Ndimb, Kounel, Matam, Dagana, Carrefour
Diaroumbé, Saré Lam, Bakel, Kaolack, Kolda, Pikine, Nioro du Rip,
Kaffrine, Khombole, Guêdiawaye, Diourbel, Ziguinchor, Keur Momar Sarr,
Linguère, Rosso Béthio et Thillé Boubacar. Les
étrangers viennent de Lagos du Nigeria et de Tougué de la
Guinée Conakry.
Par ailleurs, le diagramme 02 montre les types de formation
professionnelle reçue. En effet, seuls 01,5% des enquêtés,
essentiellement des artisans spécialisés dans la couture et la
réparation électronique, sont sortis de centres de formation.
24,6% n'ont reçu aucune forme d'apprentissage. Des métiers tels
que la rizerie, la collecte de peaux et de cuirs et le commerce ne demandent
souvent aucune formation. L'apprentissage dans le tas ravira, cependant, la
palme car représentant 73,9% de la population tel que le montre le
diagramme 02.
Source : Données de l'enquête, 2005
Ceci démontre, quelque part, que l'informel est un
secteur de la débrouille dont le professionnalisme des acteurs est
souvent remis en cause du fait de l'absence de formation dans les centres
agréés. Par ailleurs, l'apprentissage dans le tas n'est pas
à mésestimer. Les forgerons, les cordonniers héritent de
leurs métiers qu'ils maîtrisent après une longue
fréquentation de l'atelier du père ou de l'oncle. Souvent, des
étrangers débarquent à Richard-Toll et accompagnent en
aides leurs frères dans le métier qu'ils exercent. C'est à
l'issue de la compréhension du mécanisme qu'on est isolé
par le frère de qui ont devient désormais indépendant.
C'est un système souvent retrouvé dans le secteur artisanal et
celui commercial. L'apprentissage demande une longue durée pour des
métiers aussi divers que la mécanique, la menuiserie
métallique, la couture. La maîtrise du travail provient souvent de
la longue expérience cumulée surtout dans une
société à tradition orale en survivance. Il est à
noter que le Centre Départemental de Formation Professionnelle a
été réalisé depuis quelques années par la
Chambre des Métiers avec le concours de l'Etat mais il livre ses
produits surtout au secteur moderne, notamment à la CSS.
B -La localisation
Auscultant la question de la localisation des unités
informelles, on constate que la route nationale est l'axe sur lequel se fait la
majorité des opérations économiques. Cela est
confirmé par le tableau 06 afférent à la localisation des
unités de production.
Tableau 06:
Répartition des enquêtés selon la
localisation.
Localisation
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Ambulant
|
00
|
02
|
05
|
07
|
04,9
|
Garage
|
00
|
01
|
03
|
04
|
02,8
|
Maison
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Marché
|
18
|
35
|
00
|
53
|
37,4
|
Rue
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Route Nationale
|
35
|
28
|
00
|
63
|
44,4
|
Autre part
|
00
|
03
|
01
|
04
|
02,8
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
44,4% des acteurs se sont installés aux abords de la
Nationale 02 qui passe au coeur de la Commune. Du fait que Richard-Toll soit
une ville par où transitent des voyageurs, les unités
commerçantes et artisanales perdraient beaucoup en s'enclavant ou en
s'éloignant de la route. D'ailleurs, les marchés Sandaga,
Richard-Toll et Khouma polarisant 37,4% des acteurs sont bordés par la
Nationale 02. Le travail ambulant n'est pas très important. Il n'occupe
que 04,9% du secteur informel et est l'apanage de quelques marchands ambulants
et des chauffeurs de taxis.
Ambulants : Sillonnant
journellement la Commune dans ses moindres coins et recoins, certains
chauffeurs de taxis, de pousse-pousse ou de véhicules hippomobiles
optent pour le déplacement continu. Les vendeurs de thé
préparé sont des marchands ambulants au même titre que
certains vendeurs d'accessoires de portables qui font du
porte-à-porte.
Garage : En dehors de la
gare routière centrale en face de l'Hôtel de ville, on trouve
à Richard-Toll des garages secondaires tel le Garage de Mbane et
l'Arrêt Demba Diallo pour taxis. Au niveau de ces locaux stationnent des
chauffeurs de taxis et des cochers mais aussi des laveurs,
« coxeurs » et autres agents du transport en attendant les
transactions à l'approche d'éventuels clients. Pour assurer la
restauration des innombrables agents du transport et des passagers, des
gérants de restaurant sont basés au coeur des garages.
Fleuve : Le Fleuve
Sénégal est navigable depuis l'Océan Atlantique
jusqu'à Podor sur une distance approximative de 175 km tout au long de
l'année. Séparant Richard-Toll du territoire mauritanien, le
fleuve est quotidiennement sillonné d'une rive à l'autre par les
piroguiers faisant la navette pour déposer biens et personnes de part et
d'autre.
Rue : Des boutiques de
quartier font légion dans les rues, de même que des
« shops » d'habillement et d'appareils électroniques
pour l'approvisionnement de proximité.
Route nationale : De
préférence, des vendeurs de pièces
détachées, de fripe, de produits maraîchers, de viande, de
chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et de
céréales et des gérants de boutique de quartier, de
tables de produits frauduleux, de restaurant, de tables de
petit-déjeuner, de quincaillerie...se fixent juste aux abords de la
route nationale où ils trouvent leurs clientèles.
Marchés : Les
marchés sont un peu dispersés aux différents coins de la
ville. Parmi les plus importants, on peut retenir le marché central de
Richard-Toll, le marché de Sandaga et le marché de Khouma. Au
niveau de ceux-ci opèrent des acteurs tels les vendeurs de fripe, de
tissus, de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, d'effets de
toilettes et de produits cosmétiques, de légumes et de
condiments, d'appareils électroniques, de chaussures, d'ustensiles de
cuisine, de chapelets et de livres coraniques mais aussi des gérants de
boutiques, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner
et de merceries. Les artisans y sont aussi très présents à
l'exemple des cordonniers, des tailleurs, des forgerons, pour ne citer que ceux
là.
Autre localisation: Le
portail de la CSS, plus connu sous l'appellation wolof de
« buntu isin », est le milieu de
préférence des gérants de tables de petit-déjeuner
pour servir les nombreux ouvriers de l'entreprise qui commandent sandwiches,
café au lait, beignets...Des boutiques sont aussi localisées
à quelques encablures.
C -Les difficultés
En dehors des 23,9% de la population qui se disent peinards et
veinards car à l'abri de toute forme de difficultés possibles
dans le cadre du travail, les acteurs du secteur informel sont
confrontés à bien des problèmes d'envergures
différentes. Les écueils les plus récurrents sont
répertoriés au tableau 07.
La mévente qui
s'exprime autrement par le manque de clients occasionnant des pertes ou par des
frais énormes de transport ou de congélation pour certains
produits périssables. Voilà le problème majeur des
commerçants (11,4%). Elle s'observe au niveau des activités
telles la vente de chaussures, de viande, d'articles vestimentaires,
d'appareils électroniques, de fripe, de boutique de quartier, de tissus,
de chapelets et livres coraniques et la gérance de restaurant, de tables
de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner, de mercerie. Le
problème de l'écoulement des produits se pose durant des
périodes bien données du mois ou de l'année.
Une clientèle difficile à
gérer et à satisfaire. Des commerçants
et des artisans, soit 10,5% de la population, parlent des caprices de la
clientèle. Souvent des clients de tout tempérament se
présentent et les négociations tournent souvent au vinaigre.
« Nous faisons de notre mieux pour tempérer les ardeurs de
certains à travers un petit sourire ou une taquinerie. Quelquefois
ça passe, quelquefois ça ne passe pas. C'est une
réalité du métier et nous faisons avec »,
nous dit un vendeur d'habits. Les couturiers, les mécaniciens,
les vulcanisateurs, les cordonniers, les collecteurs de peaux et de cuirs et
les horlogers se disent vulnérables.
Tableau 07: Les difficultés
rencontrées dans l'exercice de la fonction informelle.
Problèmes rencontrés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aucun problème
|
13
|
21
|
00
|
34
|
23,9
|
Bénéfices dérisoires, inexistants
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Cherté des factures
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Cherté du gasoil
|
00
|
00
|
02
|
02
|
01,4
|
Cherté des pièces
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Cherté des produits
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Cherté des taxes
|
00
|
02
|
01
|
03
|
02,1
|
Clientèle difficile à gérer
|
10
|
05
|
00
|
15
|
10,5
|
Concurrence
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Dettes non payées
|
04
|
05
|
00
|
09
|
06,3
|
Fluctuation des prix
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Hommes de lois pas coopérants
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Incendies ou autres risques
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Lourdeur du travail
|
00
|
01
|
03
|
04
|
02,8
|
Marchandage de longue haleine
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Manque de financement
|
03
|
06
|
00
|
09
|
06,3
|
Manque de moyens
|
08
|
00
|
00
|
08
|
05,6
|
Mévente (perte, frais, client)
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,24
|
Paperasserie complexe
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Périodes de crise (aléas)
|
11
|
00
|
00
|
11
|
07,7
|
Persécution par la loi
|
00
|
06
|
01
|
07
|
04,9
|
Problèmes d'emplacement
|
02
|
01
|
00
|
03
|
02,1
|
Revenu faible
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Des périodes
aléatoires allant de celle de vaches grasses à
celle de vaches maigres. Des périodes fréquentes de crises font
que les lois du marché sont difficilement maîtrisables ou
maîtrisées. Ce sont 07,7% de la population qui l'ont
soulignés, tous des artisans. C'est, en particulier, le grand
problème des couturiers, des vulcanisateurs, des menuisiers
ébénistes, des cordonniers et gérants de rizerie.
Le manque de
financement : Certaines activités sont
condamnées à rester petites ou moyennes en termes d'envergure par
manque de financement. La faiblesse du capital est un écueil
sérieux pour l'extension de l'activité. Ce sont 06,3%, en
réalité, couturiers, mécaniciens et forgerons mais aussi
commerçants de céréales, de produits phytosanitaires, de
pièces détachées, de fripe et de légumes et de
condiments qui le subissent de plein fouet. Il est à noter que les
acteurs du secteur informel s'autofinancent et dépendent faiblement des
structures financières de l'envergure des banques trop exigeantes en
terme de papiers et de formalités.
Des dettes
impayées : 06,3% d'acteurs artisans et
commerçants soulignent ce problème. Par commodité et par
compréhension des populations, ces acteurs font des crédits qui
ne sont pas toujours honorés dans les délais. Les couturiers,
soudeurs métalliques, réparateurs d'appareils
électroniques et gérants de rizerie sont écoeurés
par les crédits non recouvrés ; les clients entravent
souvent la bonne marche de leurs activités. Le crédit
découle de la relation de confiance et des rapports sociaux qui
s'établissent entre vendeurs et acheteurs. Le remboursement souvent
tardif peut détériorer la confiance.
Le manque de moyens :
C'est un problème du milieu artisan (05,6%). Les moyens
matériels, financiers ou de tout autre ordre manquent souvent aux
artisans notamment aux couturiers, mécaniciens, vulcanisateurs,
ébénistes et forgerons qui ne peuvent pas faire de gros
investissements pour agrandir leurs activités.
La persécution par la
loi : Commerçants et transporteurs (04,9%) sont
souvent aux prises et jouent à cache-cache avec les brigades qui les
« persécutent » souvent du fait de leurs infractions
respectives. Les premiers sont souvent persécutés par la brigade
des douanes dans le cadre de la bataille hardie et ardue livrée
à la fraude. Aux rafles récurrentes du Service des Douanes
s'ajoutent les descentes périodiques des agents du Service
d'hygiène qui veillent à l'hygiène alimentaire des
populations. Le Service du Contrôle Economique vérifie si le
système de pesage des balances des commerçants n'est pas
usuraire. Les seconds n'ont pas toujours leurs pièces au complet et font
des entorses au Code de la route, cause principale des accidents de la
circulation.
La lourdeur du travail:
Commerçants et transporteurs (02,8%) constatent la lourdeur de leurs
métiers qui demandent de l'endurance et souvent de la force musculaire,
de l'huile de coude. Souvent, ils font des veillées en travaillant
jusque tard dans la soirée s'ils ne sont pas à longueur de
semaine au quatre coins du pays ou dans des voitures cumulant insomnie, fatigue
et même maladie quelquefois. Si les chauffeurs déplorent la
fréquence des insomnies, les conducteurs de pousse-pousse, de leur
côté, se plaignent de la pesanteur des marchandises qui exige des
aptitudes physiques réelles.
Cherté des
factures : Dans l'artisanat, beaucoup d'activités
se font à base d'électricité et souvent d'eau. Ce qui pose
toujours la problématique des factures difficiles à payer car
élevées. 02,1%, tous des artisans, souffrent des factures
chères. Un gérant de rizerie nous a confié
ceci : « il est très difficile pour nous de
travailler dans ces conditions. Nous n'avons pas de compteurs
électriques, la SENELEC les a enlevé depuis longtemps.
Désormais, chaque mois, on nous administre des factures par voie
orale : `Tu dois payer tant !' Sans chercher à comprendre,
nous payons mais pas de gaieté de coeur ».
Cherté des
pièces : Ceci est un problème propre aux
artisans (02,1%), plus particulièrement aux mécaniciens, aux
bijoutiers ou autres réparateurs électroniques. Les pièces
de rechange sont souvent rares et cette rareté définit, par voie
de conséquence, leurs prix. Il est des engins, des appareils dont les
pièces de la marque ou du label sont introuvables sur place et qu'il va
donc falloir chercher à la capitale ou dans les autres grandes
villes.
Cherté des
taxes : Parmi les trois secteurs, le commerce et le
transport sont les deux qui échappent difficilement à la
fiscalité ou à l'imposition, surtout du fait de la
création par les autorités locales d'espaces d'exercice tels des
marchés et gares routières qui permettent de fixer
commerçants et transporteurs afin de pouvoir mieux les imposer. Le droit
de place est réservé aux premiers et le droit de stationnement
pour les derniers. C'est ce qui explique que 02,1% de la population informelle
se désolent de la cherté de ces taxes. Les vendeurs de viande,
par exemple, déplore cette situation car l'abattage de chaque tête
de bétail (vache, chèvre, mouton...) leur coûte une somme
de 800FCFA. Les 300FCFA reviennent au vétérinaire et le reste
constitue le droit d'abattage versé à la Municipalité.
La concurrence : Ce sont
plus précisément des artisans (02,1%) qui ne veulent pas accepter
avec résignation la concurrence des produits importés qui tuent,
en réalité, à petit feu leurs métiers. Les vendeurs
de fripe et les bijoutiers se plaignent des produits importés quand les
mécaniciens déplorent la saturation du marché du fait des
ateliers qui sont un peu partout dans la ville. La question de la
compétitivité se pose au niveau de certaines activités qui
supportent difficilement la concurrence dans un marché jugé
saturé. Ceci évoque la question de la faiblesse du revenu
à cause de la faible part de marché qui revient à certains
acteurs.
Problème
d'emplacement : La fixité du lieu de travail doit
impliquer une certaine accessibilité vis-à-vis des clients. 02,1%
d'artisans et de commerçants se plaignent de leur emplacement soit du
fait de l'inconfort soit de l'enclavement vis-à-vis du marché ou
de la route nationale. Un couturier nous dit :
« Nous souffrons de l'éloignement du marché
où nous devons trouver nos fournitures ». Pour un
électricien automobile, « la sous-location est
très chère pour nous ». Pour les vendeurs de
produits maraîchers, les cantines manquent et ils sont obligés de
vendre en étalant leurs articles par terre et sous les ardents rayons
solaires.
Cherté du
gasoil : 01,4% de la population, tous des transporteurs,
soulignent que le carburant est très cher. Du fait que le gasoil soit
l'un des produits sans lesquels il n'y a pas de transport, il ne peut y avoir
d'autres recours. Dépendant largement de l'extérieur pour ses
problèmes d'énergie car ne disposant pas de pétrole, le
Sénégal a cette particularité de subir de plein fouet les
moindres remous de la conjoncture internationale. La cherté du baril de
pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs qui en
dépendent maladivement que par les populations qui paient les frais de
l'augmentation des tarifs de transport. Les prix du gasoil ne cessent de
flamber.
Cherté des
produits : Des commerçants (01,4%) trouvent trop
chers certains produits qu'ils achètent et qu'ils sont obligés de
revendre très chers ou à perte. C'est du moins une
doléance des gérants de tables de petit-déjeuner et des
restauratrices qui achètent à un prix cher les légumes, la
viande... qui entrent dans la préparation des sandwiches et autres
plats.
Fluctuation des prix :
C'est 01,4% de commerçants qui se disent étonnés. Les prix
n'étant pas stables, il est impératif de ne pas vendre des
produits difficiles à écouler. En une semaine, les prix peuvent
augmenter ou baisser pour un même produit de façon spectaculaire.
Ce qui occasionne soit une mévente si le produit est très cher
soit une perte du capital investi en vendant au rabais. C'est la
difficulté des vendeurs de produits de maraîchage et d'ustensiles
de cuisine.
Revenus faibles :
Certains acteurs, 01,4% d'artisans, souffrent de la faiblesse de leurs revenus.
Pour un mécanicien de moto, « ça ne marche
pas, on travaille sans revenus conséquents ». Ceci
implique le maintien de l'activité au stade d'activité de
subsistance car un revenu faible signifierait, quelque part, l'absence d'un
surplus à réinvestir pour agrandir l'activité. Dans le
commerce, le bénéfice est souvent faible ou inexistant chez
certains vendeurs de produits maraîchers et gérants de tables de
petit-déjeuner.
Hommes de lois pas
coopérants : 00,7% de transporteurs se plaignent
du manque de coopération et de compréhension de certains hommes
de lois. La relation chauffeurs-gendarmes est souvent une relation de
corruption ou de jeu à cache-cache. Quand les papiers ne sont pas
complets, on soudoie le gendarme ou on détourne le chemin à
défaut de pouvoir négocier. Souvent, quand les pièces sont
complètes, certains agents trouvent d'autres moyens pour soutirer de
l'argent aux chauffeurs.
Incendies et autres
risques : les commerçants (00,7%) se souviennent
encore des incendies qui les ruinent toujours. Un vendeur de denrées
alimentaires et de produits cosmétiques nous rappelle que
« le marché central de Richard-Toll a connu un incendie,
il y a deux ans de cela ». Les pertes et frais ont
été lourds.
Marchandage de longue
haleine : 00,7% de commerçants se disent
fatigués des très longues négociations des clients avant
de faire leurs achats. Au fait, le marchandage est inhérent aux
activités du secteur informel. Les tarifs ne sont pas fixes et doivent
s'appliquer aux bourses des différents clients. Le marché de
l'informel repose sur le marchandage, un rite qui remplace le système du
monoprix régi par une certaine fixité tarifaire. C'est aussi un
prétexte de repérage et d'évaluation du client, d'entrer
en communication mais aussi d'établir une relation d'amitié, de
fidélité ou tout autre rapport social.
Paperasserie complexe :
Un taux de 00,7% de transporteurs souligne la complexité de la
formalité. Il y a trop de papiers à payer et beaucoup de taxes
auxquelles il faudrait s'acquitter pour être formelle. La
formalité est, en un mot, très chère.
I. Fonction Sociale
A -Emplois
Richard-Toll est une partie du Sénégal où
tout et tout le monde bougent. Au-delà de l'emploi à la CSS ou
dans les autres PME, en dehors de l'agriculture, ce sont les trois domaines
informels qui s'offrent à qui veut tirer son épingle du jeu.
L'économie locale de Richard-Toll 1999, publié en Juillet
2000, fait état de 7 113 unités informelles qui participent
à l'animation économique de la ville. Toujours dans ce rapport, 3
541 de ces unités économiques informelles sont commerciales, 3119
artisanales. Les unités de transports sont évaluées au
nombre de 453.
Source : L'économie locale de
Richard-Toll 1999, Juillet 2000
(Modifié dans le cadre de l'enquête)
Donc, au regard de ce diagramme à secteur, il est clair
de constater que le commerce se taille la part du lion car il occupe 50%
d'actifs devant l'artisanat employant 44%. Le transport, par ailleurs, est le
domaine de 06% des acteurs. La prédominance du commerce s'expliquerait
par le caractère de « ville-transit » mais
aussi de « ville-marché » où
écoulent leurs produits mais aussi s'approvisionnent les populations des
villes et villages environnants (Dagana, Rosso-Sénégal, Rosso
Béthio, Communautés rurales de Mbane, de Gaé etc.).
Tableau 08: Niveau de
fréquentation du secteur formel.
Fréquentation du formel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Oui
|
19
|
12
|
05
|
36
|
25,3
|
Non
|
43
|
59
|
04
|
106
|
74,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
S'agissant de la relation avec le milieu formel, les 74,7% de
la population n'ont jamais travaillé dans une entreprise formelle ou
pour le compte de l'Etat. Ceci montre que l'informel est un monde à part
qui a ses réalités et ses caractéristiques propres. Il est
un monde qui accueille ceux qui n'ont pas accès ou ne veulent pas du
secteur formel. C'est aussi le monde des naufragés de l'école
mais aussi des `sans qualification professionnelle', du moins des gens qui
n'ont pas de diplôme agréé par les institutions
étatiques.
Néanmoins, 25,3% de la population informelle ont, au
moins une fois, fréquenté ou fréquentent encore le milieu
formel. On peut retrouver les limogés de la CSS ou les saisonniers qui
connaissent souvent des moments de disponibilité vis-à-vis de
l'usine. Le contact avec le secteur formel des acteurs de Richard-Toll s'est
souvent opéré au niveau de la CSS où ceux-ci sont
employés en tant que campagnards ou saisonniers de deux trimestres dans
l'an, en qualité de pompistes, de conducteurs, de dockers, de coupeurs
ou de planteurs de cannes, d'agents chargés des herbicides, de chefs
d'équipe ou surveillants ou même en qualité de
secrétaires de direction. Par ailleurs, d'autres ont fait leurs preuves
dans d'autres entreprises -comme employés, manoeuvres, gardiens,
gestionnaires de magasin...- par exemple, au Grand Domaine du
Sénégal (GDS), à la Rizerie de Richard-Toll, aux ICS de
Taïba, dans des entreprises en Mauritanie, à la SAED, au Port
Autonome de Dakar...
Interrogés sur leurs expériences
antérieures, plus de la moitié des acteurs (54,2%) n'ont jamais
travaillé avant l'exercice du métier actuel, comme le confirme le
tableau 09.
Tableau 09 Répartition
des enquêtés selon le secteur fréquenté avant le
travail actuel.
Travail préalable
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
17
|
11
|
06
|
34
|
23,9
|
Commerce
|
00
|
10
|
01
|
11
|
07,8
|
Transport
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Autre secteur
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,3
|
Aucun
|
43
|
32
|
02
|
77
|
54,2
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Par ailleurs, des artisans et des commerçants (02,8%)
ont fréquenté le transport. L'artisanat est le secteur au niveau
duquel beaucoup d'acteurs ont déjà fait leurs preuves
(23,9%) ; la majorité des transporteurs sont déjà
passé par le milieu artisanal. Aucun artisan n'est passé par le
commerce qui pourtant a accueilli près de 07,8% de la population
globale. Ceci s'expliquerait par le fait que le métier d'artisan demande
une assez longue formation et que la carrière est un souci de l'acteur
artisan. Par ailleurs, 11,3% des acteurs, tous des commerçants, sont
passés par un secteur autre que le commerce, l'artisanat et le
transport.
En somme, beaucoup d'agents de transport sont
déjà passés par la maçonnerie, la mécanique,
l'agriculture, l'élevage ou par la CSS. Quant aux artisans, certains
sont issus de la mécanique, de la menuiserie ébénisterie,
de la couture ou même de la CSS en qualité de monteur
mécanique, de soudeur, de coupeur, de docker, de compteur d'engins, de
conducteur, d'agents des plantations (Herbicides) ou encore en qualité
de journalier des ICS de Taïba... Les commerçants ont des origines
plus complexes. Si des vendeurs d'ustensiles de cuisine et de produits
maraîchers ont été transporteurs, leurs collègues
vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures, de légumes, de
pièces détachées et gérants de tables d'articles
frauduleux, de mercerie, de boutique de quartier... ont déjà
fréquenté le travail de manoeuvre, de couture, de
mécanique, de maçonnerie, de coiffure, de menuiserie
métallique ou de bonne à tout faire. D'autres ont
déjà été commerçants mais dans d'autres
domaines, nous remarquerons l'exemple du vendeur de pièces
détachées auparavant boutiquier, du vendeur de viande qui a
déjà fait le commerce de carburant et de bétail, du
vendeur d'articles vestimentaires qui a été ambulant et vendeur
de bétail, du vendeur de légumes et de condiments d'abord
gérant d'épicerie, du boutiquier qui a fait de la restauration et
de la restauratrice qui a vendu avant tout des jus et des encens... Les autres
viennent d'autres domaines comme l'agriculture, l'élevage, la
gérance de télécentre, le secrétariat
dactylographe, le secourisme à la Croix Rouge, les entreprises (CSS,
SAED...) en qualité de gardiens, de magasiniers, de surveillants,
d'employés...
Source : Données de l'enquête, 2005
L'histogramme à forme conique nous dessine clairement
la proportion prééminente des 58,2% de la population qui n'a
jamais connu les affres du chômage. C'est le cas de certains jeunes qui,
après avoir quitté l'école ou la `dahra',
se sont très tôt engagés dans un métier où
ils ont forgé leurs aptitudes. Par contre, ceux qui ont au moins une
fois chômé occupent une part de 41,5% de la population informelle.
C'est le cas des refoulés du système scolaire qui ont
marqué une pause avant de s'engager mais aussi des
déflatés des entreprises telles la CSS, la SAED. Les
réfugiés de la Mauritanie de 1989 sont dans cette
catégorie.
Une analyse plus minutieuse nous montre que six (06) sur neuf
(09) agents du transport (chauffeurs de taxis, conducteurs de pousse-pousse et
de véhicules hippomobiles) ont connu le phénomène du
chômage. C'est donc dire que souvent c'est par contrainte que certains
ont pris l'ultime option, le pis-aller qui s'offre à eux. Dans
l'artisanat, la période de chômage a souvent coïncidé
avec la sortie de l'école, une situation de crise- par exemple les
affrontements sénégalo-mauritaniens de 1989-, le licenciement ou
limogeage du secteur formel. Ces derniers cas de figure ont conduit
vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, gérants de rizerie,
mécaniciens, couturiers, électriciens automobiles, soudeurs
métalliques, horlogers, coiffeurs et réparateurs
électroniques à choisir le travail informel.
Source : Données de l'enquête, 2005
Au regard de cette courbe représentative de la
durée du chômage, il ressort clairement que les durées les
moindres sont comprises entre 02 et 03ans de chômage. Les 08,4% de la
population ne connaissent pas la durée exacte de leur intervalle de
chômage. 23,8% ont chômé pendant des mois seulement. 23,8%
ont aussi vécu une année entière dans le chômage.
La tendance de la courbe est à la baisse à partir d'une
année et les proportions régressent à 11,8% à la
deuxième année de chômage et à 08,4% à la
troisième année. Puis, elle remonte à 23,8% pour ceux qui
ont passé plus de trois ans sans travailler. La courbe montre, par
ailleurs, que si c'est après la période de chômage que l'on
entre dans la réalité du monde informel, c'est soit quelques mois
ou une année après les études soit à la cessation
du premier travail que l'on décide de s'engager à nouveau. Pour
d'autres, c'est après trois ans de chômage qu'ils décident,
enfin, d'emprunter les rails du travail informel. Le secteur informel n'est pas
un monde où l'on passe un concours pour l'obtention d'un poste, il n'est
interdit à personne dans une ville comme Richard-Toll... Dans le domaine
du transport, le chômage est souvent temporaire ou cyclique pour certains
acteurs qui pratiquaient l'agriculture, par exemple, entre autres
activités périodiques. Ce qui leur vaut un chômage
répété mais n'atteignant pas souvent une année. Par
ailleurs, d'aucuns sont restés plus de trois, quatre ou cinq bonnes
années sans travailler.
Dans l'artisanat, les collecteurs de peaux et de cuirs,
vulcanisateurs et gérants de rizerie ne sont pas restés une
année entière sans travailler. Un gérant de
rizerie nous a lancé ceci : « Je suis
père de famille et j'ai une fois connu six mois de chômage. Je
peux vous dire que ça m'a paru cinq ans d'enfer. J'ai tout fait sans
grand succès. C'est mon frère qui gère à
côté un atelier de menuiserie métallique qui, ayant vu que
j'ai toujours nourri une passion avérée du travail du riz, m'a
financé en m'ouvrant ce moulin. Il m'a sorti de cette situation que j'ai
vécu très difficilement. J'ai encore les larmes aux yeux en y
pensant ou en en parlant. Tellement c'était
difficile ! » A part cela, horlogers, couturiers,
réparateurs électroniques et coiffeurs ont connu une année
de chômage, là où soudeurs métalliques,
mécaniciens et électriciens automobiles en ont vécu deux
à trois.
En milieu commercial, si des vendeurs de pièces
détachées, de viande, d'articles vestimentaires, de chapelets et
livres coraniques et des gérants de table de petit-déjeuner, de
boutique de quartier et de table de produits frauduleux ne sont pas
restés dans la touche pendant une année, certains de leurs
collègues ont vécu plus de trois années de chômage.
Nous retiendrons les exemples des vendeurs d'articles vestimentaires ayant
chômé pendant sept à huit ans, des gérantes de
tables de petit-déjeuner et de produits frauduleux qui ont vécu
vingt ans de chômage. Des durées de dix et de quinze ans ont
été endurées respectivement par une gérante de
boutique, un vendeur d'articles vestimentaires et une vendeuse de produits
maraîchers. La plupart de ceux qui dépassant dix ans de
chômage sont des femmes mariées qui sortent de leurs demeures pour
accompagner le mari à joindre les deux bouts ou à obtenir des
revenus supplémentaires.
Source : Données de l'enquête, 2005
La courbe dégage un constat qui saute aux yeux: les
proportions des unités informelles diminuent quant l'effectif du
personnel augmente. Elles varient ensemble en proportions inverses. Moins de la
moitié des acteurs (45,1%) n'ont pas de personnel. Si 17,6%
évaluent leur personnel à une seule personne, 12,7% à deux
personnes, seuls 00,7% ont un effectif supérieur ou égal à
onze personnes. Cela montre quelque part la différence des besoins des
différentes activités en terme de personnel.
On note que souvent des chauffeurs de taxis, conducteurs de
calèches, de pousse-pousse, les piroguiers et les laceurs n'ont pas
très souvent besoin de personnel. Ce qui montre souvent la tendance
selon laquelle 07/09 agents de transports n'emploient personne. Une infime
proportion recourt à des apprentis qui encaissent les tickets de
transports et s'occupent de la manutention des bagages des passagers.
Si des artisans de la trempe de certains cordonniers,
forgerons, bijoutiers, vulcanisateurs, tailleurs, coiffeurs d'hommes,
horlogers, mécaniciens-moto n'ont aucun personnel, il est, par contre,
une nécessité chez bon nombre d'artisans qui ont souvent plus de
dix éléments dans leurs ateliers. Ceux qui emploient plus de cinq
personnes sont les électriciens automobiles, les soudeurs
métalliques, les menuisiers ébénistes, les
mécaniciens, les coiffeurs de femmes, les fabricants de machines
agricoles (moissonneuses-batteuses), les collecteurs de peaux et de cuirs qui
gèrent un réseau national. Dans le domaine du commerce, le
personnel n'excède pas souvent six personnes et ce sont les
restauratrices, les vendeurs de tissus et de produits maraîchers qui
atteignent cinq à six auxiliaires. En guise de péroraison, c'est
dans le domaine artisanal que l'on observe le plus d'éléments
dans une même unité économique avec plus de dix individus
dans les ateliers de menuiserie ébénisterie.
La nature du personnel va du statut d'apprenti à celui
d'employé en passant par celui d'aide. Le patron n'est pas
compté. Les unités de productions ayant un personnel occupent une
proportion de 54,9% de la population informelle globale. 47,5% emploient
uniquement des apprentis, là où 12,8% prennent des
employés salariés. Dans certaines unités (33,3%), le
personnel a la qualité d'aide ou d'associé car le système
salarial n'est pas fixé. C'est un partage après inventaire ou un
mandat qui est noté à ce niveau. En témoigne le tableau
10.
Tableau 10:
Répartition des enquêtés selon la
qualité du personnel.
Qualité du personnel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aide(s) ou associé (s)
|
08
|
18
|
00
|
26
|
33,3
|
Apprentis)
|
30
|
05
|
02
|
37
|
47,5
|
Apprenti(s) et Employé(s)
|
03
|
02
|
00
|
05
|
06,4
|
Employé(s)
|
03
|
07
|
00
|
10
|
12,8
|
Total
|
44
|
32
|
02
|
78
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Par ailleurs, dans 06,4% des unités, on observe
à la fois la présence d'apprentis et d'employés. Au niveau
du transport, ce sont les taxis surtout interurbains qui emploient des
apprentis uniquement. Les coiffeurs de femmes, les gérants de rizerie,
les forgerons, les cordonniers, les menuisiers ébénistes, les
mécaniciens, les vulcanisateurs ont souvent des aides qui sont souvent
des parents ou des gens avec qui on est souvent associé. C'est dans la
mécanique, la collecte de peaux et de cuirs, la bijouterie,
l'ébénisterie et la rizerie que l'ont rencontre surtout les cas
d'embauche où des adultes mariés ou soutiens de famille
perçoivent un salaire mensuel ou journalier. Dans le commerce, les
gérantes de quincaillerie, de tables de petit-déjeuner et
restauratrices, les vendeurs de produits maraîchers, les boutiquiers et
vendeurs de viande ont souvent des employés qui travaillent à
titre de journaliers ou, parfois, pour un salaire mensuel. Par contre, les
aides dans la vente de tissus, de viande, d'articles vestimentaires, d'effets
de toilette, de pièces détachées, de
céréales, d'appareils électroniques et dans la
gérance de restaurant et de boutique de quartier peuvent soit partager
avec le propriétaire le fruit du travail soit avoir un mandat soit ne
rien obtenir du tout. En réalité, on constate que l'un des
critères fondamentaux de formalisation à savoir la
rémunération salariale du travail n'est pas totalement en
vigueur dans le secteur informel.
Quoiqu'on puisse dire, les acteurs désirent à
76,7% continuer ou maintenir le même travail dans les années qui
viennent, comme en atteste le tableau 11. Ceci montre qu'une certaine forme de
sécurité est garantie par ce milieu dans lequel, même si
le gain est petit, on est toujours sûr d'avoir quelque chose. De plus,
on est à l'abri du chômage.
Tableau 11: La volonté
de continuer le même travail dans l'avenir.
Volonté de continuer
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Oui
|
50
|
56
|
03
|
109
|
76,7
|
Non
|
12
|
15
|
06
|
33
|
23,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Seulement, si d'aucuns disent « Al
hamdulilah » (Dieu merci), d'autres veulent une
amélioration conséquente de leurs activités à
l'exemple des chauffeurs de taxis et d'un laveur qui veut continuer pour avoir
son permis de conduire. Néanmoins, 23,3% ne veulent pas du tout du
même travail dans le futur. C'est donc dire que le secteur informel est
quelque part, pour eux, un abri où ils se cachent pour préparer
l'avenir, un élan qu'ils prennent pour mieux sauter. C'est le cas :
des conducteurs de calèches, de pousse-pousse et des piroguiers dans le
transport ; d'une certaine frange des mécaniciens, couturiers,
forgerons, soudeurs métalliques, réparateurs électroniques
et cordonniers dans le domaine artisanal ; des boutiquiers, gérants
de tables de produits frauduleux, des vendeurs de produits maraîchers, de
viande, d'articles vestimentaires, de céréales, de chaussures,
d'appareils électroniques et de pièces
détachées.
B -Revenus
Tableau 12: Le
niveau de rétribution du Personnel des unités
informelles.
Niveau de revenu du personnel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[-5 000 FCFA [
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01,3
|
[5000-10000[
|
10
|
03
|
01
|
14
|
17,9
|
[10000-20000[
|
03
|
04
|
00
|
07
|
08,9
|
[20000-30000[
|
04
|
03
|
00
|
07
|
08,9
|
[30000-40000[
|
02
|
04
|
00
|
06
|
07,7
|
[40000-50000[
|
02
|
03
|
00
|
05
|
06,4
|
[50000-60000[
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01,3
|
[60000-+60000[
|
01
|
01
|
00
|
02
|
02,6
|
Rien
|
04
|
01
|
00
|
05
|
06,4
|
Ne sait pas
|
16
|
13
|
01
|
30
|
38,6
|
Total
|
44
|
32
|
02
|
78
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Il est à constater que seuls 06,4% des unités
informelles ne paient aucunement leur personnel sous prétexte que le
travail ne marche pas fort ou que les auxiliaires devaient payer leur prise en
charge ou leur formation ailleurs.
Cela étant, le niveau de salaire le plus
représentatif avec un taux de 17,9% est la tranche allant de 5 000
à 10 000Francs CFA. Nous constatons que c'est un salaire pour des
employés à titre de bonnes à tout faire dans les
restaurants mais aussi un mandat pour des apprentis dans le transport, le
commerce mais surtout dans le monde artisanal. Le cumul des taux de
salariés percevant une rémunération allant de 20 000
à plus de 60 000Francs CFA donne une proportion de 26,9% du total
du personnel rétribué avec seulement 02,6% qui perçoivent
plus de 60 000FCFA par mois. Si ce sont les employés de
l'ébénisterie et les aides dans les boutiques de quartier qui
perçoivent plus de 60 000FCFA par mois, des employés dans la
collecte de peaux et de cuirs, les boutiques, des aides dans la menuiserie
ébénisterie, la menuiserie métallique, la vente de tissus,
de viande, d'effets de toilette, des apprentis dans la mécanique
obtiennent mensuellement entre 30 000 et 60 000FCFA.
Par ailleurs, les opérateurs qui ne savent pas
exactement ou ne peuvent pas évaluer le niveau de rétribution de
leur personnel occupent la proportion de 38,6%. La rétribution
dépend de la marche de l'activité qui alterne périodes de
vaches grasses où les revenus s'élèvent et périodes
de vaches maigres où ils peuvent même être nuls pour les
auxiliaires.
Source : Données de l'enquête, 2005
Quant aux patrons, la proportion qui ignore totalement le
niveau mensuel de rétribution est de 34,5%. L'importance de cette
observation trouve son explication dans le travail d'ouvrier
qu'exécutent ces acteurs qui ne tiennent pas de comptabilité et
règlent les urgences au jour le jour. Ce qui rend imprécis
même à leur niveau leur propre gain. La logique distributive des
africains trouve ici une parfaite illustration. La logique accumulative n'est
pas encore très encrée dans les moeurs. Pour d'autres, le
gain varie suivant la période qui peut être favorable ou
défavorable à leurs activités. Un ouvrier peut avoir
parfois un coup de 100 000 à 200 000FCFA en une semaine ;
en d'autres circonstances, il passe un mois dans le creux de la vague. Un
gérant de mercerie dit ceci : « Je ne
peux pas le savoir. `Boroom kër laa, damay dugal ci kër gi'. `Je suis
père de famille, j'investis dans la maison' ».
La courbe bleue représentative de la proportion des
acteurs suivant le niveau de salaire mensuel nous montre que, si 01,4%
(couture, vente d'articles vestimentaires) perçoivent 5 000 à
15 000F CFA ; des chauffeurs de taxis, mécaniciens, fabricants
de machines agricoles, collecteurs de peaux et de cuirs, forgerons,
gérants de rizerie, ébénistes, soudeurs, bijoutiers
(23,9%) ont plus de 100 000FCFA là où 15,5% ont 50 000
à 80 000FCA dans les taxis, la vulcanisation, la mécanique,
la menuiserie, la couture, la bijouterie, la gérance de tables de
petit-déjeuner, de tables d'articles frauduleux, de boutiques de
quartiers, dans la vente de légumes et condiments, d'articles
vestimentaires, de chaussures, de produits maraîchers, de pièces
détachées, de viande, de tissus et d'accessoires de
portables...
La courbe jaune cumulative décroissante nous montre que
90,1% des acteurs patrons d'unités informelles perçoivent
mensuellement au minimum 30 000FCFA. En y soustrayant la tranche qui
ignore le niveau de salaire (34,5%), nous pouvons avancer que 55,6% des chefs
d'unités obtiennent au minimum 30 000FCA et que 46,5% ont au moins
50 000FCFA.
Cela étant, la courbe violette cumulative croissante
ressort clairement que, si l'on fait abstraction de ceux qui ignorent leur
niveau de salaire (34,5%), 19% ont moins de 50 000FCFA par mois, 34,5%
moins de 80 000FCFA, 41,6% moins de 100 000FCFA.
Par rapport à la charge nourrie par le secteur
informel, le tableau 12 est révélateur. Seuls 01,4% de l'ensemble
des enquêtés n'ont aucune personne en charge Ce sont des
commerçants, vendeurs de thé préparé (moins de 15
ans) et vendeurs d'effets de toilette. Par contre, une charge de plus de dix
personnes est endossée par une proportion de 44,4% de la population
informelle regroupant piroguiers, conducteurs de calèches et chauffeurs
de taxis dans le transport, couturiers, horlogers, vulcanisateurs,
réparateurs électroniques, cordonniers, bijoutiers,
mécaniciens, ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs,
fabricants de machines agricoles, soudeurs métalliques et
électriciens automobiles dans le domaine artisanal et quincailliers,
boutiquiers, restauratrices, bouchers, marchands ambulants, vendeurs
d'ustensiles de cuisine, de tables de produits frauduleux, de tissus, de
produits maraîchers, de légumes et condiments, de chaussures, de
tables de petit-déjeuner, de pièces détachées en ce
qui concerne le commerce.
Tableau 13: La charge
familiale des acteurs du secteur informel.
Charge familiale (en personne)
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
% C.C.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
00
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
01,4
|
01
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
02,8
|
02
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
03,5
|
03
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
04,9
|
04
|
01
|
02
|
01
|
04
|
02,8
|
07,7
|
05
|
02
|
05
|
00
|
07
|
04,9
|
12,6
|
06
|
06
|
10
|
00
|
16
|
11,3
|
23,9
|
07
|
02
|
06
|
00
|
08
|
05,6
|
29,5
|
08
|
03
|
04
|
00
|
07
|
04,9
|
34,4
|
09
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
35,1
|
10
|
10
|
08
|
02
|
20
|
14,1
|
49,2
|
+10
|
33
|
25
|
05
|
63
|
44,4
|
93,6
|
Ne savent pas
|
03
|
06
|
00
|
09
|
06,4
|
100
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au vu de la colonne du cumul croissant des proportions, on
constate aisément que seuls 12,6% des acteurs ont une charge de moins de
six personnes mais aussi que ceux qui gèrent moins de 11 `bouts de bois
de Dieu' n'occupent qu'une proportion de 49,2%. Par superstition, 06,4% ne se
sont pas prononcés sur leur charge. Cela s'explique et se comprend
facilement car il est tabou dans certaines zones du Sénégal, en
particulier au Walo, de compter sa progéniture. D'aucuns lancent que
« c'est nombreux ! » là où
d'autres refusent de répondre.
Au vu de ces analyses, on peut dire, sans ambages, que le
secteur informel est un monde où l'on travaille pour nourrir une
importante masse. Par exemple, nous avons tenté de calculer la charge
moyenne pour uniquement ceux qui savent l'effectif de leur charge. A l'issue de
ce calcul, nous sommes amené à dire que 93,6% de la population
informelle entretiennent une charge moyenne de 08 personnes.
C -Production de biens et de
services
Le secteur informel traite avec toutes les formes de
clientèle allant des populations aux autorités publiques en
passant par les entreprises.
Force est de noter que la clientèle première est
la population à qui 99,2% des unités de l'informel livrent
produits ou services. Les entreprises de la place traitent -mais faiblement-
avec les acteurs du secteur (09,1%). Seuls 04,9% ont des accointances avec les
autorités publiques locales ou gouvernementales. Le tableau suivant le
confirme.
Tableau 14: La nature de la
clientèle du secteur informel de Richard-Toll.
Clientèle
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
sur la pop.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Entreprises
|
10
|
03
|
00
|
13 / 142
|
09,1 %
|
Etat ou Municipalité
|
04
|
03
|
00
|
07 / 142
|
04,9 %
|
Populations
|
61
|
71
|
09
|
141 / 142
|
99,2 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tout le monde trouve son compte dans ce secteur où les
prix se discutent mais aussi où bien des formes de produits et de
services- souvent rares- sont rendus et vendus.
Dans le secteur du transport, le secteur informel gère
l'intégralité de la mobilité urbaine. Au-delà des
quelques voitures de particuliers et de l'administration
décentralisée ou déconcentrée et en dehors de la
CSS qui assure les navettes de ses employés, ce sont les taxis, les
pirogues, les véhicules hippomobiles qui assurent, si l'on ose le dire,
la mobilité urbaine.
Dans le domaine artisanal, seuls les collecteurs de peaux et
de cuirs ne traitent pas directement avec les populations. Par ailleurs, des
artisans comme les couturiers, les vulcanisateurs, les ébénistes,
les menuisiers métalliques, les mécaniciens, les cordonniers et
les collecteurs de peaux et de cuirs livrent des services aux entreprises parmi
lesquelles la CSS. Les ébénistes, vulcanisateurs,
mécaniciens et soudeurs métalliques font des transactions avec
les autorités publiques de la place souvent par le biais des
marchés qui leur sont livrés.
Les commerçants spécialisés dans les
produits maraîchers, les pièces détachées et les
tables de petit-déjeuner couvrent des demandes des autorités
publiques de la place. En réalité, des gérants de tables
servent sandwiches et petit-déjeuner aux ouvriers de la CSS quand des
vendeurs de fripe vendent les habits usés que les entreprises utilisent
comme chiffons. Des vendeurs de produits maraîchers traitent aussi avec
des entreprises.
Au-delà de l'analyse de la clientèle, il est
intéressant de voir les différents produits et services
livrés par les unités informelles. Le tableau 15 donne des
indications à ce sujet. Suivant la proportion, les services de
réparations sont les plus sollicités (17,6%) par la
clientèle du marché informel. Rappelons que c'est essentiellement
l'artisanat qui couvre ce domaine avec les réparations d'automobiles,
des motocyclettes, d'appareils électroniques, de chaussures, de pneus...
Ensuite, les produits alimentaires sont fournis par les acteurs
commerçants à hauteur de 16,2%. Puis, c'est le tour de
l'habillement, des appareils électroniques et des accessoires de
portables qui occupent 14% du marché. La fourniture de denrées de
première nécessité est l'occupation majeure de 11,3% de la
population informelle. Puis, vient le domaine de la confection qui participe
pour 09,9% dans le marché du secteur. Essentiellement tenu par les
artisans, ce domaine fourni entre autres produits et services des habits, des
tenues de travail, des uniformes, du rapiéçage ou raccommodage.
La production ou la vente de matériels en fer ou d'ustensiles de cuisine
est l'apanage des 05,7% qui bougent dans l'artisanat et dans le commerce. La
vente de pièces détachées est une activité
commerciale très présente à Richard-Toll (04,9%).
Tableau 15: Les produits ou
services les plus prisés par la clientèle.
Produits ou services prisés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Art.
|
Com.
|
Tran.
|
Brisure de céréales
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,2
|
Charge et nettoyage des voitures
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Coiffure
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Confection
|
14
|
00
|
00
|
14
|
09,9
|
Denrées de première nécessité
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,3
|
Equipements en bois
|
05
|
00
|
00
|
05
|
03,4
|
Habillement, Electronique
|
00
|
20
|
00
|
20
|
14,0
|
Machines agricoles
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Matériels agricoles
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Matériels et ustensiles en fer
|
07
|
01
|
00
|
08
|
05,7
|
Parures
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,2
|
Peaux et cuirs
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Pièces détachées
|
00
|
07
|
00
|
07
|
04,9
|
Produits alimentaires
|
00
|
23
|
00
|
23
|
16,2
|
Réparation
|
25
|
00
|
00
|
25
|
17,6
|
Système électrique
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Toilette et Cosmétique
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Transport de bagages
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Transport des biens et personnes
|
00
|
00
|
06
|
06
|
04,2
|
Traversée du fleuve
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Autres produits
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le transport de biens et de personnes est assuré par
les taxis et les calèches qui représentent 04,2% du secteur
informel et dont le rôle est de sillonner les quartiers pour
désenclaver certains d'entre eux et de rendre fluide la mobilité
des biens et des personnes. En un mot, d'écourter les distances.
L'équipement en bois est assuré par la menuiserie
ébénisterie qui occupe 03,4% du marché. La rizerie
(02,2%) est l'apanage des artisans qui décortiquent le riz
déjà récolté qui entre dans le cadre des repas
quotidiens des sénégalais. Les parures sont le domaine des
bijoutiers (02,2%) qui fabriquent des bijoux sur commande mais aussi qui
vendent des produits qu'ils ont déjà confectionnés tels
des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles à bases d'or,
d'argent... Ils posent aussi des dents en or surtout pour les femmes. La
coiffure est un besoin quotidien des populations, hommes et femmes confondus.
Les coiffeurs sont des artisans qui ouvrent des salons un peu partout dans la
ville car c'est un créneau porteur. A part la coiffure que l'on fait
pour prendre soin de son corps en temps normal, la coiffure est aussi une
nécessité pour ceux qui assistent à des
cérémonies... Les effets de toilette et produits
cosmétiques sont aujourd'hui une donne importante dans la vie des femmes
qui prennent souvent soin de leur corps et qui s'embellissent le soir
après le bain de six heures à la descente du travail, pour
l'accueil du mari, pour aller dans les cérémonies ou dans
l'attente d'une éventuelle visite... Revenant au transport, les voitures
ont besoin d'hygiène et de propreté pour un minimum de confort
aux passagers, d'où l'utilité du métier de laveur (00,7%).
Par ailleurs, Richard-Toll, situé au coeur de la Vallée du
Fleuve Sénégal, contrée d'agriculteurs, est un
marché où les agriculteurs des villages et autres
localités environnants viennent pour leurs achats de matériels
comme les moissonneuses-batteuses nécessaires en périodes de
récoltes (00,7%). La clientèle est présente massivement
dans la zone. La vocation agricole de la région de Saint-Louis fait que
les produits phytosanitaires de la trempe des semences, des engrais... sont des
besoins réels des populations (00,7%). La tannerie est aussi
présente dans le milieu où des Halpulaar exercent un
élevage important et dynamique. Le transport étant aussi
dynamique dans cette ville, les électriciens d'automobiles sont
sollicités en matière de batterie de voiture mais aussi
d'installation ou de réparation des systèmes électriques
souvent défaillants des véhicules. Le déplacement des
bagages est un domaine privilégié des conducteurs de
pousse-pousse qui s'installent juste à hauteur des marchés pour
acheminer les marchandises déchargées des grands véhicules
qui les ont importées. Etant frontalier avec la République
Islamique de Mauritanie, Richard-Toll a une rive fluviale à partir
desquelles les populations rejoignent le territoire maure. Les pirogues sont,
en réalité, les moyens de transport qui s'occupent de cette
tâche. Enfin, 00,7% sont spécialisés dans la vente de
chapelets et de livres coraniques qui entrent dans le cadre de la promotion du
culte musulman.
Source : Données de l'enquête, 2005
Le diagramme à barres montre que 78,2% des acteurs
trouvent que leurs tarifs sont abordables quand 10,5% se rangent dans la
cherté. L'écart des tendances montre que le secteur informel
fournit des biens et des services selon les besoins et les pouvoirs d'achats
des populations. Les prix sont abordables dans la mesure où toutes les
bourses peuvent acheter dans le marché informel. L'essentiel pour
l'acteur c'est de gagner son pain. C'est là que gît la raison
explicative des interminables marchandages qui tirent souvent en longueur
surtout quand la bourse de l'acheteur est faible. Les prix ne sont pas fixes.
On évalue le pouvoir d'achat du client et c'est suite au marchandage que
le prix final est fixé, et ce dans la mesure de l'acceptable. Ainsi,
abordable signifierait que le client ne se surpasse pas et que le fournisseur
ne perde pas. Si le laveur pense ne recevoir qu'un mandat après service,
les chauffeurs l'expliquent par la modestie des tarifs du transport à
Richard-Toll. Si, d'un côté, forgerons, vulcanisateurs,
couturiers, soudeurs ... pensent que leurs prix sont dérisoires, on
retrouve, de l'autre, ébénistes, cordonniers, bijoutiers,
mécaniciens et coiffeurs qui jugent un peu énormes les prix de
leurs articles et services. La fabrication des machines de
moissonneuses-batteuses entre dans la zone des tarifs très chers. Des
commerçants de pièces détachées, d'articles
vestimentaires et de produits frauduleux trouvent bas voire dérisoires
leurs prix d'un côté, quand, de l'autre les vendeurs de viande, de
boutiques, de céréales et de légumes sentent qu'ils
vendent cher. Un autre vendeur de pièces détachées trouve,
quant à lui, très chères ses pièces. Cela dit,
l'utilité du secteur informel se sent à trois niveaux :
populations de la ville, mairie et famille des acteurs. Le tableau 16 donne
plus de détails.
Au niveau des populations :
Services et
satisfaction : 21,1% mesurent l'impact de leurs
fonctions sur les populations à travers les services qu'ils leur rendent
et la satisfaction que celles-ci peuvent en tirer. C'est du moins l'avis de
certains soudeurs métalliques, mécaniciens, menuisiers
ébénistes, couturiers, coiffeurs, bijoutiers et gérants de
rizerie. En sus des artisans susnommés, des commerçants à
l'exemple de certains vendeurs de céréales, d'articles
vestimentaires, de viande, de tissu, de produits maraîchers, d'effets de
toilette mais aussi des gérants de quincaillerie, de restaurant, de
tables d'articles frauduleux, de boutiques, de tables de petit-déjeuner
sont à ranger dans cette catégorie.
Entraide: 21,1% pensent que
l'utilité de leurs travaux respectifs peut s'appréhender à
travers l'entraide qui s'établit entre eux et les populations. Les prix
sont au rabais pour que les bourses faibles puissent être prises en
compte. De même, des crédits sont accordés à
celles-ci. En fin de compte, ce sont des rapports sociaux forts qui
s'établissent entre acteurs du secteur informel et populations. La
solidarité est de mise, en un mot. Souvent, certains artisans
n'acceptent pas que des connaissances paient, le service leur est souvent
gratis.
Tableau 16:
Répartition des enquêtés selon l'utilité du
travail.
Cible
|
Utilités du travail
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artis.
|
Com.
|
Trans.
|
P
O
P
U
L
A
T
I
O
N
|
Autonomie personnelle
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Dépannage et Réparation
|
08
|
02
|
00
|
10
|
07,1
|
Déplacement
|
08
|
00
|
04
|
12
|
08,5
|
Entraide
|
08
|
19
|
03
|
30
|
21,1
|
Equipements
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Formation
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Habillement, Parures et Beauté
|
09
|
03
|
00
|
12
|
08,4
|
Machines agricoles et divers
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Nécessité
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Participation au développement
|
00
|
03
|
01
|
04
|
02,8
|
Propreté des voitures
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Proximité
|
00
|
10
|
00
|
10
|
07,1
|
Ravitaillement
|
00
|
10
|
00
|
10
|
07,1
|
Services et satisfaction
|
13
|
17
|
00
|
30
|
21,1
|
Ne sait pas
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
M
A
I
R
I
E
|
Allègement de la charge
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Marché
|
05
|
01
|
00
|
06
|
04,2
|
Taxes
|
37
|
64
|
06
|
107
|
75,4
|
Ne sait pas
|
04
|
01
|
01
|
06
|
04,2
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
13
|
04
|
02
|
19
|
13,4
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
F
A
M
I
L
L
E
|
Autonomie
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Couverture totale, Prise en charge
|
49
|
57
|
05
|
111
|
78,2
|
Dieu seul le sait
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Formation
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Soutien et Participation
|
10
|
10
|
03
|
23
|
16,2
|
Ne sait pas
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Déplacement: Pour
08,5%, leur travail participe à la mobilité des populations. Le
déplacement est une donne importante dans la vie des citoyens qui pour
aller travailler ou vaquer à leur occupations, qui pour entretenir des
liens sociaux. Pour nous montrer la place du transport dans le quotidien du
citoyen sénégalais en général et richard-tollois en
particulier, un chauffeur de taxi nous dit que :
« Sans les taxis, rien ne va, rien ne vient. Si les voitures ne
travaillent pas, si les transporteurs partaient en grève, les
populations le sentiraient vite ». Cela est, sans nul doute,
indéniable mais la mobilité n'est pas que l'apanage des agents de
transport. Les vulcanisateurs, les cordonniers, mécaniciens et
électriciens automobiles y jouent un rôle en amont et en aval. Si
les cordonniers fournissent des brides et harnais de véhicules
hippomobiles, si les mécaniciens et électriciens installent ou
dépannent le système fonctionnel des véhicules, les
vulcanisateurs ne sont pas en reste car « sans pneus,
les voitures ne roulent pas » se contente de dire l'un d'entre
eux.
Habillement, parures,
beauté : De nos jours, même si l'habit ne
fait pas le moine, il permet au moins à certains de sauver les
apparences. La mode a aujourd'hui façonné les gens à telle
enseigne que l'on est obligé de s'habiller bien à défaut
de porter le dernier cri. L'importance de l'habillement, la quête de la
beauté, du charme, l'amour des parures font que le domaine vestimentaire
jouit d'une assez importante proportion (08,5%) au niveau de la population du
secteur informel de Richard-Toll. Pour un couturier rencontré
sur le terrain, « L'habillement fait la personne. La
couverture n'a pas d'égale. La nudité n'est pas
permise » ; un bijoutier nous dira ensuite que
« Sans parures, la beauté n'est pas ». Les
vendeurs d'articles vestimentaires essaient de satisfaire les clients par
rapport aux derniers cris et aux divers labels que les gens désireraient
voir.
Proximité :
Quelques acteurs (07,1%) pensent que le mérite de leurs activités
aura été de jouer sur la proximité des populations
d'avec leur marché. Ils font tout, quitte à importer, pour
que les populations puissent trouver chez eux, juste à la Capitale
Sucrière, toute forme de marchandises ou de services qu'ils
désireraient. Les besoins sont réglés au quotidien et au
niveau local ; on n'a plus besoin de se déplacer jusqu'à
Saint-Louis ou à Dakar pour trouver satisfaction. C'est ce qu'essaie
d'étayer un boutiquier pour qui « les distances
sont raccourcies, il n'est plus besoin d'aller loin pour
s'approvisionner ». Cet avis est partagé par les
gérants de tables d'articles frauduleux, les vendeurs de pièces
détachées, d'articles vestimentaires, de légumes et
condiments, de produits maraîchers.
Ravitaillement: Parmi ses
nombreux avantages, le secteur informel de Richard-Toll pourvoit le
ravitaillement alimentaire aux populations. La proportion de 07,1% s'occupe de
la fourniture des denrées de première nécessité
entre autres l'huile, le savon, le pain, le riz, le beurre, le lait, le sucre.
Dépannage et
réparation : Occupant près de 07,1% de la
population informelle, les services tels que le dépannage des
véhicules et la réparation des matériels
électroniques et électroménagers sont très
sollicités de nos jours. La réparation des chaussures, l'apanage
des cordonniers, aide beaucoup les populations à revenus modestes qui ne
peuvent pas fréquemment acheter de nouvelles chaussures. De même,
les vulcanisateurs réparent les pneus des véhicules en crevaison.
Les vendeurs de pièces détachées participent activement
aux activités de réparations auxquelles elle pourvoit des
pièces de rechange.
Nécessité :
Pour 04,9%, le secteur informel est un secteur nécessaire car il
pourvoit des produits et des services qui sont utiles à plus d'un titre
à la quotidienneté des masses. C'est ce que pensent franchement
certains réparateurs d'appareils électroniques, couturiers,
ébénistes, forgerons, mécaniciens et gérants de
rizerie.
Participation au
développement : La proportion de 02,8%
représente ceux qui pensent participer par le biais de leurs fonctions
respectives au développement de la Commune. Sans leurs contributions, en
réalité, le développement s'imaginerait peut-être
mal ou autrement. Une vendeuse de produits maraîchers nous dit
que : « Je participe au développement local en
vendant des produits locaux et je ne fais pas de la fraude ». Un
vendeur de produits phytosanitaires ajoute ce qui
suit : « Je travaille pour l'agriculture et pour les
populations, deux sources du développement ».
Equipements: Dans le cadre de
l'équipement de leurs maisons, chambres ou cuisines, les populations
font recours aux services du secteur informel qui leur pourvoit des portes,
fenêtres, lits, armoires, chaises, tables, ustensiles de cuisine...02,1%
voient que l'équipement est très utile et occupe une position non
négligeable dans la vie des humains. Les besoins en équipements
sont souvent comblés par les forgerons et les soudeurs
métalliques.
Formation : Pour
d'autres acteurs (01,4%), le secteur informel joue aussi le rôle de
formateur pour une frange populaire. L'école ou les centres
agréés ne peuvent pas former tout le monde. L'apprentissage est
une autre voie qui forge, en réalité, une importante partie des
jeunes en quête de métier, surtout ceux qui ne sont pas instruits
ou ceux qui ont un niveau d'instruction pas très poussé. C'est ce
que confirme un menuisier ébéniste :
« J'ai formé des jeunes réfugiés de la
Mauritanie sur demande du HCR qui me payait après les
événements de 1989 ». Dans le domaine commercial,
un vendeur de chapelets et de livres coraniques nous explique que ses articles
servent à la pratique du culte mais aussi à la formation ou
à l'autoformation en matière de religion islamique.
Machines agricoles et
divers : Certains acteurs -couturiers confectionnant des
sacs, fabricants de moissonneuses-batteuses- (01,4%) trouvent une très
bonne raison de s'investir dans la fabrique ou la vente de matériels ou
de produits agricoles. L'agriculture se pratique dans presque toute la
Vallée du fleuve à toutes les périodes de l'année.
En sus de la campagne agricole, la contre-saison et le maraîchage
permettent au secteur agricole de rester dynamique pendant toute
l'année. Les machines et intrants peuvent provenir du secteur non
structuré.
Autonomie personnelle:
D'aucuns (00,7%) voient qu'en assurant leur propre autonomie, ils
allègent le poids voir le fardeau que peut constituer leur
dépendance. Avec son propre travail, on peut s'assurer ses frais
d'habillement, de scolarité entre autres.
Propreté des
voitures : En s'investissant dans le métier de
laveur de voiture, des acteurs (00,7%) sentent qu'ils rendent services en
garantissant une hygiène, une propreté et un certain
bien-être aux clients voyageurs. A un laveur de penser
qu'« une voiture sale décourage le
client ».
Au niveau de la mairie :
Taxes : La grande
majorité des acteurs soit 75,4% citent le paiement des taxes comme la
vraie utilité que leur travail représente pour la
Municipalité. En réalité, avec la politique
décentralisatrice qui prône que le développement parte du
local, la contribution des acteurs du secteur informel est sollicitée
par les autorités locales élues. « On a beaucoup
d'utilités pour la Mairie, c'est grâce à nous qu'elle est
là » dira un taximan.
Marchés : Une
certaine coopération existe entre autorités locales et acteurs
informels (04,2%). La municipalité offre souvent des marchés, des
travaux aux acteurs locaux qui en ont, en réalité, les
compétences. C'est une des raisons pour lesquelles certains acteurs
cherchent des papiers pour répondre aux formalités d'octroi de
marché par la Commune. C'est comme qui dirait que la Municipalité
participe ou pousse à une certaine formalisation du secteur informel
sans peut-être en être consciente. A la demande de la Mairie, des
ébénistes et des soudeurs confectionnent des tables, des bancs
et des bureaux... Des vulcanisateurs prennent en charge la réparation de
pneus de véhicules des agents.
Allègement de la
charge : Des acteurs (01,4%) avancent qu'en travaillant,
ils allègent à la mairie la pression de leur droit au travail. Le
taux de chômage est amoindri ou absorbé partiellement par
l'économie informelle sans laquelle il ameuterait peut-être
l'opinion internationale. Pour un ébéniste,
« si on ne travaillait pas, on allait constituer une charge
demandeuse d'emplois à la Mairie ».
Aucune utilité :
13,4% ne pensent avoir aucune utilité pour la Municipalité du
fait qu'ils ne s'acquittent pas de taxes.
Au niveau de la famille :
Couverture totale ou prise en
charge : L'impact premier du travail informel est
d'assurer une couverture ou une prise en charge des besoins de la famille.
Certains précisent que la prise en charge est totale dans la mesure
où elle englobe la dépense quotidienne, les besoins de
scolarité des enfants, le règlement des besoins particuliers et
collectifs des membres de la parentèle. L'écrasante
majorité des enquêtés (78,2%) assure les urgences, les
besoins les plus élémentaires et le minimum à leur
famille. Comme susnommé, la charge moyenne des 93,6% de la population
informelle est de 08 personnes. C'est un chiffre énorme, en
réalité. D'aucuns sont seuls à assumer le fardeau.
Soutien et
participation : Certains (16,2%) participent uniquement
aux besoins de leur famille. D'aucuns envoient des mandats à leurs
parents pour les soutenir dans leurs charges. Quelques-uns règlent les
besoins et des problèmes uniquement à la demande.
Autonomie personnelle :
D'aucuns (01,4%) imaginent que le plus grand impact de leur activité est
de leur permettre de se libérer de la dépendance du cercle
familial. Quand on s'achète ses propres habits, quand on assure
soi-même ses frais scolaires, on est en position de penser qu'on aide
vraiment sa famille qui devait s'en charger.
Formation : Dans
certaines activités, on note une certaine forme d'héritage du
métier qui fait que les différents membres, au lieu de fouiner
ailleurs, bifurquent uniquement dans l'atelier pour se former au métier
qui s'impose à eux. C'est du moins l'opinion de 00,7% de la population.
C'est aussi le cas de certains apprentis de l'ébénisterie.
II. Fonction Economique
A -Part dans l'Economie globale
La participation du secteur informel dans l'économie
globale de Richard-Toll va s'appréhender à travers des
indicateurs tels que le Produit Local Brut (PLB), la production annuelle des
acteurs et le niveau de l'investissement...
Version locale du Produit Intérieur Brut, le Produit
Local Brut (PLB) est la somme des richesses formées ou
créées au niveau du périmètre communal pendant
toute une année. Estimé, selon le rapport du Club du Sahel,
à 30 018 000 000 FCFA, le PLB de la Commune de
Richard-Toll est assez important et donnerait une productivité moyenne
de 474 000FCFA environ par habitant. Rappelons que les statistiques font
état de 63 500 habitants. Il est à observer que le poids
imposant de ce PLB est imputable dans une large mesure à la
présence de la Compagnie Sucrière Sénégalaise
classée dans l'économie moderne à côté du
Gîte d'étape, de la SAED, de la CNCAS, de la BICIS et de la CBAO.
Ce secteur moderne assure 17 888 000 000FCFA soit 59% de ce PLB. De
lui dépendent 33 719 individus soit 53% de la population de la
Commune. Par ailleurs, après le secteur moderne, c'est l'économie
informelle- à laquelle dépendent 17 640 hommes, femmes et
enfants soit 28% du peuple de Richard-Toll- qui donne à cette ville son
PLB imposant. Elle y participe à hauteur de
6 028 000 000FCFA soit 20%, comme en atteste le tableau qui
suit.
Tableau 17: Produit Local Brut de
Richard-Toll en 1998
Grands Secteurs
|
Valeur Ajoutée
|
Population concernée
|
Productivité moyenne par habitant (KFCFA)
|
Millions
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Primaire
|
5 259
|
18
|
10 193
|
16
|
516
|
Economie populaire
|
6 028
|
20
|
17 640
|
28
|
342
|
Moderne non agricole
|
17 888
|
59
|
33 719
|
53
|
530
|
Services Publics
|
843
|
03
|
1 948
|
03
|
433
|
Total
|
30 018
|
100
|
63 500
|
100
|
474
|
Source : L'économie
locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.11
Mis en rapport avec la population couverte, le secteur
informel a une moyenne productive de 342 000FCFA par habitant.
L'artisanat, le commerce et le transport de Richard-Toll
bénéficient grandement de ce que la CSS verse à ses
employés en terme de salaire (plus de 11 Milliards annuels). La
redistribution fait que le marché est tellement important que la
destination Richard-Toll devient prisée par les acteurs de ce secteur.
Par ailleurs, force est de noter que, dans une ville où les
étrangers sont fortement représentés, une bonne part de
cette production est rapatriée vers des destinations autres que le
milieu de production. Ce qui montre le décalage entre la production des
acteurs et leur niveau de vie réel.
Par ailleurs, il est intéressant d'étudier en
détails l'apport de l'informel à travers la spécification
de ses différentes composantes. Le tableau suivant apporte des
éclaircissements.
Tableau 18: Composantes de l'économie
populaire.
Typologie
|
Nombre d'unités
|
Valeur ajoutée
|
Population
|
Productivité moyenne (KFCFA)
|
Millions
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Commerce
|
3 541
|
3 216,5
|
53
|
9 494
|
54
|
339
|
Artisanat
|
3 119
|
1 806
|
30
|
6 281
|
36
|
287
|
Transport
|
453
|
1 005,8
|
17
|
1 865
|
10
|
539
|
Total secteur
|
7 113
|
6 028,3
|
100
|
17 640
|
100
|
342
|
Source : L'économie
locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.15
Les 6 028 300 000FCFA de PLB créé
par le secteur informel proviennent pour plus de la moitié
3 216 500 000FCFA du commerce qui polarise aussi bien plus de la
moitié des unités de production que de la population
dépendante du secteur. Ensuite, c'est le domaine artisanal qui fournit
30% des richesses du secteur en couvrant environ 6 281 personnes. Ce qui
lui fait une productivité plus faible que celui du commerce 287 000
FCFA par tête contre 339 000FCFA. Le transport, quant à lui,
comptant moins d'unités de production et nourrissant une population plus
faible a un PLB par habitant plus élevé :
539 000FCFA.
Les performances économiques du secteur informel sont
imputables, en réalité, au contexte local imposant du point de
vue national. La ville industrielle, la position de carrefour et la vocation
agricole engendrent des besoins énormes en terme de ravitaillement, de
réparation et de mobilité qui sont des leviers du dynamisme
économique d'une localité.
Au-delà du PLB, jetons un coup d'oeil sur les sources
de financement qui permettent aux unités du secteur informel de
réaliser de telles richesses au niveau de la localité.
Tableau 19: Les sources de
financement au début du travail.
Sources de financement
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aides
|
21
|
25
|
06
|
52
|
36,7
|
Banques
|
00
|
01
|
01
|
02
|
01,4
|
Capital personnel
|
41
|
42
|
02
|
85
|
59,8
|
Mutuelles
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Tontines
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Pas de réponse
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au vu de ce tableau, il est à constater que les sources
primaires de financement les plus fréquentes sont l'utilisation du
capital personnel à 59,8% et l'appui d'un tiers à 36,7%. C'est
donc dire que le crédit bancaire n'a été alloué
qu'à 01,4% de la population exerçant dans les domaines que sont
le commerce (vente de pièces détachées) et le transport
(taxi). La faible fréquence du recours au crédit bancaire
s'expliquerait par l'ignorance ou les tas de préjugés des acteurs
vis-à-vis des institutions financières formelles. Il est à
ajouter que l'accès au crédit bancaire nécessite aussi des
démarches nombreuses et un taux d'intérêt dont les acteurs
se méfient. D'aucuns ont fait une autre activité comme, par
exemple, l'agriculture au niveau de laquelle ils ont amassé leur capital
de départ. Ceci montre et confirme, une fois de plus, que le secteur
informel est le monde de la débrouille où certains acteurs,
partant de rien ou de peu de chose, veulent et vont accéder à
grand-chose. On ne compte ni sur l'Etat ni sur les organisations formelles pour
forger son histoire. On écrit soi-même sa propre version. Pour
d'autres, il a fallu un coup de main venant du mari, du père, d'un
frère, d'un ami ou d'un autre parent pour démarrer
l'activité. Souvent les moyens de production appartiennent à un
tiers. Un menuisier ébéniste a bénéficié
d'un financement de l'ONG-FED.
Le développement de l'autofinancement pose la
problématique de la pluriactivité. En effet, les acteurs de
l'informel cumulent des fonctions dans un même secteur ou dans un
autre.
Il apparaît qu'à l'exception des 68,3% qui
n'exercent que leur métier actuel, 05,6% s'investissent
parallèlement dans l'artisanat et 04,9% dans le commerce. Le transport
est un domaine qui n'est pas visité par ceux qui font de la
pluriactivité. Par ailleurs, 21,2% s'investissent dans des secteurs
autres tels que l'agriculture, l'élevage...
Tableau 20: La pratique ou
non d'autres activités par les acteurs de l'informel.
Autre activité
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
02
|
02
|
04
|
08
|
05,6
|
Commerce
|
02
|
04
|
01
|
07
|
04,9
|
Transport
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Autre secteur
|
19
|
11
|
00
|
30
|
21,2
|
Aucune
|
39
|
54
|
04
|
97
|
68,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Dans le secteur du transport, des acteurs s'investissent dans
la pluriactivité comme agriculteur, éleveur, soudeur
métallique ou pompiste en dehors de leur métier informel.
D'autres travaillent à la CSS. Le commerce est aussi
fréquenté par ces derniers.
Dans l'artisanat, cordonniers et mécaniciens se livrent
au commerce de volailles et de motos, lorsque vulcanisateurs et forgerons
auscultent d'autres spécialités artisanales telles la fabrication
de collier d'art et la fonderie. D'autres artisans
« pluri-acteurs » tels les soudeurs, mécaniciens,
tailleurs, cordonniers et horlogers pratiquent d'autres activités en
tant qu'agriculteurs, employés à la CSS ou du projet SEN 010 de
ramassage des ordures.
Dans le commerce, certains réinvestissent dans d'autres
domaines du commerce. Par exemple, on observe le vendeur de thé
préparé qui vend du biscuit et du sucre, le vendeur de
pièces détachées qui fait du business et place des
voitures mais aussi le vendeur d'habits prêt-à-porter qui investit
dans l'électronique. Des gérants de tables de produits frauduleux
font de la cordonnerie et des gérants de mercerie qui font de la
couture. Divers autres secteurs sont auscultés par les
commerçants. Nous avons observé les exemples du gérant de
boutique de quartier qui pratique de l'élevage dans le Diéri, du
vendeur de produits maraîchers qui fait aussi de l'élevage en
même temps, du vendeur de chaussures qui fait du business et affaires, du
vendeur de viande qui fait de l'agriculture, de la gérante de restaurant
qui est aussi professeur alphabétiseur en Halpulaar, du vendeur
d'articles vestimentaires employé aussi à la CSS, du vendeur de
pièces détachées qui gère la sonorisation, mais
aussi du vendeur de pièces détachées qui assure la gestion
d'une auberge à côté..., pour ne citer que ces cas de
figure.
Ceci nous amène à la conclusion que les acteurs
du secteur informel utilisent des stratégies de sortie de crise, de
placement de fonds dans d'autres secteurs mais aussi de diversification des
sources de revenus. C'est le cas, par exemple du commerçant ou de
l'artisan qui travaille à la CSS et qui consacre ses heures de repos
à la libre pratique de son commerce ou de son métier. Ainsi, le
secteur informel assure une certaine stabilité à l'acteur qui a
plusieurs sources de revenus lui permettant soit de rehausser son niveau de vie
soit de développer son activité informelle tout dans une parfaite
autonomie financière.
Le capital investi dans l'activité informelle influe
grandement sur la productivité.
Tableau 21: La
production annuelle ou le chiffre d'affaires des acteurs de
l'informel.
Production annuelle
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
%
C.C.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[0000-50000[
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
00,7
|
[50000-100000[
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
02,8
|
[100000-200000[
|
03
|
02
|
01
|
06
|
04,2
|
07,0
|
[200000-300000[
|
04
|
02
|
00
|
06
|
04,2
|
11,2
|
[300000-500000[
|
04
|
06
|
01
|
11
|
07,8
|
19,0
|
[500000-1million [
|
17
|
15
|
02
|
34
|
23,9
|
42,9
|
[1million-2millions [
|
04
|
07
|
02
|
13
|
09,2
|
52,1
|
[2millions-5millions [
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
56,3
|
[5millions-10millions [
|
00
|
04
|
00
|
04
|
02,8
|
59,1
|
[10millions- + [
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
63,3
|
Ne savent pas
|
25
|
23
|
02
|
50
|
35,3
|
98,6
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
100
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
D'entame, il est à signaler que, parce que ne tenant
pas de cahiers comptables, bien des acteurs de l'informel ignorent
l'état de leurs finances. Ni les dépenses ni les recettes ni les
salaires ne sont estimables chez certains acteurs. Cela se retrouve un peu dans
l'estimation des chiffres d'affaires réalisés pour une
année d'activités donnée. Un taux non moins important de
35,3% ignore complètement le niveau annuel de production. Ceci nous
montre que des études sur le secteur informel ne peuvent donner que des
résultats partiels ou approximatifs dans la mesure où les
préoccupations du chercheur ou des autorités n'entrent pas
toujours dans la logique de l'acteur du secteur informel. La tenue de cahier
comptable n'est pas toujours en vigueur dans le monde informel non pas
seulement du fait du faible niveau d'instruction mais encore du fait de la
faible appropriation de la logique accumulative capitaliste occidentale.
Cela étant, si 00,7% du transport (pousse-pousse) ne
réalisent pas un produit de 50 000FCFA en un an, si 02,1% du
commerce (thé préparé, produits maraîchers,
restaurant) produisent entre 50 000 et 100 000FCFA, une proportion
de 23,9% issue des trois secteurs a un chiffre d'affaires allant de
500 000 à 1 000 000FCFA. Dans le transport, ce sont des
chauffeurs de taxis qui atteignent ce chiffre. Dans l'artisanat, c'est le cas
des vulcanisateurs, gérants de rizerie, soudeurs métalliques,
bijoutiers, cordonniers, mécaniciens, couturiers, coiffeurs et
réparateurs électroniques. Dans le commerce, ce sont les
marchands de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, de
chaussures, de céréales, de produits frauduleux, de pièces
détachées, de légumes, de fripe et de denrées
alimentaires et cosmétiques.
Un groupe de 04,2% de commerçants et d'artisans obtient
annuellement plus de 10 000 000FCFA. Ce sont les
ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, vendeurs de fripe,
de pièces détachées, de viande et de produits
maraîchers. La différence du chiffre d'affaires au sein d'un
même type d'activité est imputable à la variation de la
taille des unités de production, à l'appropriation des
méthodes de gestion comptable et de l'accumulation.
Par ailleurs, en consultant la dernière colonne des
proportions cumulées croissantes du tableau 21, nous nous rendons compte
que 42,9% ont moins d'un million de chiffre d'affaires. D'un autre
côté, un calcul fait avec la soustraction de ceux qui ignorent
leur production réelle, nous permet de conclure qu'une proportion de
20,4% des unités de production du secteur informe réalise un
chiffre annuel d'au moins un million de Francs CFA.
Le caractère économique de l'apport du secteur
informel ne s'apprécie pas uniquement à l'aune de la
création de richesses, il va au-delà et se matérialise par
l'investissement.
Tableau 22:
Répartition des enquêtés selon l'acte
d'investissement.
Investissements
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Commerce
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Transport
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Autre domaine
|
17
|
18
|
00
|
35
|
24,7
|
Pas d'investissement
|
38
|
51
|
08
|
97
|
68,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Jaugeant le niveau d'investissement des acteurs dans la
Commune de Richard-Toll, la tendance qui se dégage montre que 68,3% de
la population informelle n'investissent pas du tout. Pour certains, quand on
investit, c'est qu'il y a déjà un surplus qui est
dégagé mais quand on gère des urgences quotidiennement, on
ne peut songer à épargner ou à faire quoi que ce soit. La
petitesse de certaines activités ou la faiblesse du niveau de revenu, de
même que la lourdeur de la charge familiale constituent autant
d'écueils à toute velléité d'investissement. C'est
ce que nous dit en wolof un des couturiers
interviewés : « Xaalis buy dajaloo nanuy
`investir et non' ay dërëm dërëm ». (On
investit de grands fonds et non des pièces).
Cependant, l'investissement vise plus des domaines autres que
les trois catégories que sont l'artisanat (00,7%), le commerce (04,9%)
et le transport (01,4%). C'est dans l'immobilier, l'élevage et
l'agriculture que les acteurs informels (24,7%) investissent le plus,
peut-être pour s'assurer une certaine sécurité.
B -Part dans le budget communal
Le conseiller municipal M. Doudou Diaw `Bakhao' nous
révèle que, entre autres sources du budget de la commune, il y a
lieu de noter « ... la patente de la CSS ; ensuite, les
recettes au niveau, par exemple, de la pression fiscale au niveau du secteur
informel ; mais l'essentiel, 50% à peu près, c'est la CSS
qui le fournit ». En revanche, au-delà la contribution de
la CSS, l'informel participe aussi à la formation de ce budget par le
truchement des taxes et impôts auxquels il s'acquitte. Analysons,
à ce propos, le tableau 23.
Tableau 23:
Répartition des enquêtés selon les
taxes ou impôts payés.
Taxes ou impôts payés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
|
Artis.
|
Comm.
|
Transp.
|
Certificat de santé
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
Droit d'abattage
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
Droit de place
|
32
|
50
|
00
|
82
|
57,7
|
Droit de stationnement
|
00
|
00
|
06
|
06
|
04,2
|
Impôt sur le revenu
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Imp. sur les comptes en banque
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Patente
|
08
|
36
|
00
|
44
|
30,9
|
Taxe sur les ordures ménagères
|
03
|
01
|
00
|
04
|
02,8
|
TVA
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Ne savent pas
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Les différents impôts et taxes payés par
les acteurs de l'informel sont : le certificat ou la carte de
santé, le droit d'abattage, le droit de place, le droit de
stationnement, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les comptes en
banque, la patente, la taxe sur les ordures, la TVA.
Certificat de
santé : La carte de santé est
imposée aux commerçants qui s'investissent dans les produits
alimentaires. C'est souvent le service d'hygiène qui se charge de mettre
en application le respect des principes de rigueur appliqués au commerce
de produits alimentaires qui sont souvent vulnérables à la
péremption. 02,1% des acteurs, tous des commerçants paient la
carte à 3 000F tous les six mois.
Droit d'abattage : C'est
une taxe perçue sur les vendeurs de viande au niveau de l'abattoir.
02,1% paient 500FCFA par bête abattue et 300F au
vétérinaire qui appose son cachet sanitaire attestant
l'hygiène.
Droit de place : 57,7%
de la population informelle paient cette taxe qui est adressée aux
commerçants et aux artisans. Presque tous ceux qui opèrent au
niveau des marchés de la Commune la paient. Les vendeurs de tables,
d'étales et autres gérants de petites cantines paient 3 000F le
mois soit 100F par jour tandis que les grandes cantines et boutiques peuvent
payer jusqu'à 20 000FCFA avec le phénomène de la
sous-location. Dans le domaine artisanal, on note une certaine
différence dans les tarifications du droit de place. Si certains
cordonniers, forgerons, horlogers et mécaniciens paient 100FCFA
journellement, des décalages énormes sont constatés au
niveau des payeurs mensuels ; les exemples font légion :
gérant de rizerie, réparateur
électronique(6 000FCFA) ; mécaniciens(7 000
à 7 500FCFA) ; vulcanisateur, collecteur de peaux et de cuirs
(3 600FCFA) ; Fabricant de moissonneuses-batteuses, soudeur
métallique (5 000FCFA) ; mécanicien
(10 000FCFA) ; mécanicien (1 500 à
3 000FCFA), couturier (25 000FCFA) ; couturier (2 400FCFA).
Certains grands écarts -remarqués aussi au niveau du commerce-
s'expliquent par l'importance des tarifs de sous-location d'ailleurs remise en
cause par certains acteurs à l'exemple du gérant de
rizerie pour qui « la Mairie loue à 6 000FCFA la
place mais mon sous-locataire me soutire 15 000FCFA par mois et il
s'occupe lui-même de traiter avec la Mairie ».
Droit de stationnement :
Cette taxe est essentiellement administrée aux transporteurs, surtout
aux chauffeurs de taxis et aux conducteurs de calèches ou autres
véhicules hippomobiles. La proportion qui l'honore s'élève
à 04,2%. Le droit de stationnement s'élève à
3 000FCFA par mois dans la Commune de Richard-Toll.
Impôt sur le
revenu : 00,7% de la catégorie des
commerçants s'acquittent de cet impôt. Un vendeur de produits
phytosanitaires se rappelle de l'avoir payé.
Impôt sur les comptes en
banque : 00,7% des artisans paient cet impôt qui
est perçu sur les comptes bancaires. Un collecteur de peaux et de cuirs
nous assure qu'il s'en acquitte.
Patente : 30,9%
partagés entre les commerçants et les artisans paient la patente.
Ce sont les commerçants qui sont plus sollicités en
matière de patente. La patente n'est pas frappée d'une certaine
fixité raison pour laquelle, certains acteurs répondent que
« ça dépend » quand il leur est
demandé d'évaluer le coût. Il est à retenir que la
patente est perçue annuellement et souvent sur évaluation
approximative sur place et à l'instant de l'imposition par les agents du
fisc. Pour montrer des exemples, on peut citer les cas de quelques artisans qui
paient des sommes variables pour une même activité : soudeur
métallique (12 000FCFA), collecteur de peaux et de cuirs
(23 000FCFA), mécanicien (35 000FCFA), vulcanisateur
(18 000FCFA), réparateur électronique (5 000FCFA),
mécanicien (15 000FCFA), couturier (9 000FCFA). Au niveau
commercial, on rencontre des exemples de la même espèce :
boutiques, vendeurs de produits phytosanitaires et de viande (10 000FCFA),
articles vestimentaires (25 000FCFA), vendeurs de céréales
et gérants de table de produits frauduleux (3 000FCFA), vendeur de
fripe (6 000FCFA), vendeur de pièces détachées, de
tissus et restauratrices (15 000FCFA)...
Taxe sur les ordures
ménagères : 02,8% des acteurs
commerçants et artisans paient la taxe sur les ordures
ménagères. La taxe s'élève à 750FCFA
mensuellement versés à la Mairie. Ce sont surtout les couturiers,
bijoutiers et gérants de rizerie qui la paient le plus
fréquemment.
TVA : 00,7% de
commerçants paient la Taxe à la Valeur Ajoutée. Elle est
définie comme un impôt indirect prélevé sur la
consommation (de biens et de services) et dont le montant payé par le
consommateur final est reversé à l'Etat par les entreprises qui
le perçoivent. Un importateur de chaussures paie 200 000 à
300 000FCFA à partir du Port.
Le civisme fiscal est justifié diversement par les
assujettis. Par rapport à l'intérêt qui meut la
volonté d'accepter l'imposition, diverses opinions sont avancées
par les acteurs.
Tableau 24:
L'intérêt trouvé dans le paiement des taxes ou
impôts.
Intérêt trouvé
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
%
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aucun intérêt
|
11
|
20
|
04
|
35
|
24,7
|
C'est normal et obligatoire
|
05
|
04
|
--
|
09
|
06,4
|
Développer la ville
|
04
|
22
|
01
|
27
|
19,1
|
Formalité
|
02
|
02
|
--
|
04
|
02,8
|
Maintien de l'Hygiène Publique
|
--
|
01
|
--
|
01
|
00,7
|
Obtention de la place
|
08
|
12
|
--
|
10
|
14,0
|
Pour la Mairie
|
03
|
--
|
--
|
03
|
02,1
|
Respect de la volonté de l'autorité
|
01
|
01
|
--
|
02
|
01,4
|
Ne comprennent pas
|
01
|
03
|
01
|
05
|
03,5
|
Pas de réponse
|
27
|
06
|
03
|
36
|
25,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Aucun intérêt :
24,7% trouvent que c'est parce qu'on leur impose qu'ils paient les taxes ou
impôts dont ils ne voient pas les
contreparties. « Aucun ! J'ai construit la place,
j'évacue moi-même mes ordures et je règle mes factures
d'eau », se contente d'ajouter un horloger qui partage
son opinion avec certains mécaniciens, forgerons, couturiers et
soudeurs.
Développer la ville : Pour
11,3%, essentiellement des commerçants et des transporteurs, le paiement
des taxes et impôts constitue une contribution du citoyen au
développement de sa ville. Cela montre que l'esprit civique est bien
présent au sein du milieu informel. Un marchand de produits
maraîchers au marché de Khouma dit ceci :
« Les taxes servent à construire des places mais, comme tu
le vois, on porte des brassards rouges (grève). Si le maire ne fait
rien, on ne paiera pas les taxes du
lundi ». « Ça sert à la Mairie
qui construit et aide les populations. Ça revient à ma
famille », telle est l'idée d'un collecteur de peaux
et de cuirs. A cette idée se joint celle d'un fabricant de
matériels agricoles selon laquelle, les taxes permettent à
l'équipe municipale de faire face à l'extension du programme
d'adduction d'eau et d'éclairage public, entre autres priorités.
Un vendeur de chaussures pense que les impôts et taxes
vont « permettre à l'Etat de respecter ses engagements et
au système de fonctionner ». Un vendeur de
pièces détachées ajoutera que « C'est
important. C'est grâce aux taxes que l'Etat se maintient. Quand tu veux
des droits, fais ton devoir d'abord ».
C'est normal et obligatoire : Des
commerçants et artisans (06,4%) trouvent aussi que c'est une obligation
d'être imposé quand on vit dans un pays. Un couturier de
dire que « Quand on est dans un marché, on doit payer des
droits ».
Obtention de la place : Pour
obtenir une place afin d'exercer librement son travail, on paie les taxes et
impôts qui s'imposent. La taxe ouvre la voie à travailler sur
place sans s'enfuir chaque jour. Un vulcanisateur nous dira que
« la terre appartient à la Mairie, c'est une obligation de
la payer », là où un couturier ajoutera
que « l'emplacement m'apporte beaucoup de
clients ». C'est une garantie de l'exercice de son métier
dans la tranquillité.
Formalité: 02,8% de la
population enquêtée paient les taxes et impôts qui sont des
formalités que l'on est obligé de remplir pour l'obtention de
marchés dans le formel ou au niveau même des autorités
locales. Certains acteurs sont donc très conscients que l'obtention de
marchés et la postulation dans les appels d'offre demandent que des pas
soient franchis vers la formalisation. Le paiement des taxes
« joue sur les relations avec les pouvoirs publics surtout pour
obtenir des marchés, par exemple », comme le pense un
réparateur électronique.
Pour la Mairie : Des acteurs
(02,1%) pensent sincèrement que les taxes payées sont pour la
Mairie qui l'utilise à sa guise. Pour un mécanicien,
« avec les charges de la Mairie, c'est
obligatoire » de payer les taxes.
Respect de la volonté de
l'autorité: 01,4% partagés entre l'artisanat et le
commerce disent que c'est pour respecter la volonté de l'autorité
qu'ils s'acquittent des taxes et impôts qui leur sont
soumis. « Waxi buur, waaw la sant »,
nous lance un de nos enquêtés.
Maintien de l'hygiène
publique : Une gérante de table de
petit-déjeuner voit qu'avec la taxe, l'hygiène publique est
garantie. C'est sûrement à la taxe sur les ordures
ménagères qu'elle fait allusion dans la mesure où la
contrepartie est l'évacuation des ordures et le maintien de la
salubrité de la ville.
Par ailleurs, si des taxes et impôts sont payés
dans l'informel, il est important de savoir le niveau de participation de
l'informel au budget local. Le tableau 25 l'étaye à plus d'un
titre.
Tableau 25: Le niveau de
participation au budget communal.
Participation au budget
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Participent
|
46
|
63
|
06
|
115
|
80,9
|
Ne participent pas
|
15
|
06
|
02
|
23
|
16,2
|
Ne savent pas
|
01
|
02
|
01
|
04
|
02,9
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Les acteurs de l'informel de la Commune de Richard-Toll
pensent à hauteur de 80,9% que leur contribution au budget communal est
effective. Ceci du fait qu'ils sont toujours imposés ou taxés par
les autorités locales. Pourtant le rapport du secteur informel de
Richard-Toll à la fiscalité fait état de 75,4% qui
honorent les taxes et impôts. Cet écart entre ceux qui paient des
taxes (75,4%) et ceux qui contribuent au budget local (80,9%) s'explique par le
fait que d'aucuns considèrent qu'en dehors de leurs activités,
les pièces d'état-civil et autres papiers se font moyennant une
somme versée à la Mairie ; ce qui leur vaut une
participation effective aux finances locales.
Par ailleurs, ceux qui pensent ne pas contribuer aux
ressources de la Municipalité sont des agents de transport tels les
conducteurs de pousse-pousse et les laveurs, des artisans comme les
électriciens automobiles, les cordonniers, les couturiers, les
ébénistes, les soudeurs, les vulcanisateurs, les coiffeurs, les
mécaniciens et réparateurs électroniques, des
commerçants comme les vendeurs de thé préparé,
d'effets de toilette, des boutiquiers et gérants de tables de
petit-déjeuner. Cette absence de contribution est imputable quelquefois
à la pression fiscale au niveau communal. Les contrôleurs
municipaux n'imposent pas à tous les acteurs. Pour M. Diaw,
« on a surtout un problème de deuxième niveau.
C'est pas un problème de l'effectif, ...de chiffre et de nombre, c'est
un problème, à l'heure actuelle, de contrôle des
collecteurs à travers un superviseur et un problème de
contrôle par opérations de coup de poing pour permettre... une
plus grande efficacité de la pression fiscale. Et, aussi, la police
municipale de Richard-Toll est une police est vieillie, corrompue, qui n'aide
pas les collecteurs à avoir une certaine autorité auprès
des revendeurs ».
Revenant à la participation du secteur informel au
budget, une analyse exhaustive du budget ne sera pas faite ici. Il s'agira de
voir uniquement les niveaux où la participation des acteurs de
l'informel est notable. Soit dit en passant, le budget est un système de
prévision de recettes et de dépenses pour une année
financière allant du 1er janvier au 31 décembre.
Faisant abstraction des dépenses, nous nous intéresserons aux
ressources de la Commune au titre de l'année 2005. Le budget
voté le 26 mars 2005 et approuvé le 30 mai 2005 fait état
de 798 880 000 FCFA de recettes réparties comme suit :
Tableau 26 : Recettes communales de l'exercice
2005
Type de recettes
|
Prévisions 2005
|
Approbation 2005
|
Fonctionnement
|
747 069 000 FCFA
|
670 349 000 FCFA
|
Investissement
|
225 751 000 FCFA
|
128 531 000 FCFA
|
Total
|
972 820 000 FCFA
|
798 880 000 FCFA
|
Source : Budget de la Commune de Richard-Toll,
Exercice 2005
Les recettes sont de deux ordres. D'une part, les recettes de
fonctionnement viennent des taxes directes et indirectes, de la dotation
de fonctionnement de l'Etat et des excédents du budget
écoulé. D'autre part, les recettes d'investissement trouvent
leur origine dans les ristournes que l'Etat renvoie aux collectivités et
dans les fonds de concours. Cela étant, la contribution du secteur qui
nous intéresse se situe au niveau des recettes de fonctionnement.
Tableau 27 : Chapitres du budget auxquels contribue le
secteur informel
Codes
|
Nomenclatures
|
Recettes (FCFA)
|
Recettes
partagées
|
Recettes propres
|
Chapitre 70
|
Produits de l'exploitation
|
51 139 000
|
7 000 000
|
400 000
|
Chapitre 71
|
Produits domaniaux
|
38 900 000
|
11 500 000
|
26 200 000
|
Chapitre 72
|
Impôts locaux
|
459 700 000
|
350 700 000
|
-----------------
|
Chapitre 73
|
Taxes municipales
|
8 660 000
|
2 500 000
|
4 000 000
|
Chapitre 74
|
Produits divers
|
2 750 000
|
750 000
|
-----------------
|
Chapitre 75
|
Dotation de fonctionnement
|
63 527 530
|
63 527 530
|
-----------------
|
Total
|
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
|
624 676 530
|
435 977 530
|
30 600 000
|
Source : Données de l'enquête,
2005
Le constat qui s'impose au regard de ce tableau évoque
que le secteur informel participe réellement au niveau des recettes de
fonctionnement s'élevant à 670 349 000
FCFA. Les chapitres auxquels participe l'informel rassemblent les
624 676 530 FCFA. L'informel
participe, en réalité, à la formation des
435 977 530 FCFA des recettes totales. Par
ailleurs, la participation minimale est fixée à
30 600 000 FCFA. De façon plus
détaillée, les lignes qui suivent donnent des explications.
Du fait du mécanisme de la caisse unique, il est des
recettes auxquelles le secteur informel participe au même titre que
d'autres secteurs d'un côté et de l'autre des recettes provenant
uniquement de lui.
Recettes partagées avec d'autres
secteurs : Ce sont des chapitres du budget auxquels
participent aussi bien les acteurs de l'informel que les autres
opérateurs de la commune tels la CSS, les populations, les autres
entreprises...
D'abord, au niveau des produits de l'exploitation
estimés à 51 139 000FCFA, les acteurs du secteur
informel contribuent aux 4 000 000FCFA issus des produits de
l'expédition des actes administratifs et des actes d'état-civil.
Par ailleurs, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères
s'évaluent à 3 000 000FCFA.
Ensuite, dans les produits domaniaux, c'est à trois
niveaux que participe l'informel : au niveau des permis de station sur la
voie publique (6 000 000FCFA), des locations sur la voie publique
(5 000 000FCFA) et des droits d'occupation du domaine public
(500 000FCFA). C'est donc dire que sur 38 900 000FCFA de
produits domaniaux, l'informel participe à la formation des
11 500 000FCFA.
Quant aux impôts locaux, ils s'élèvent
à 459 700 000FCFA. Les patentes occupent
330 500 000FCFA, les licences 100 000FCFA, les centimes
additionnels à la contribution des patentes 100 000FCFA tandis que
la taxe sur les véhicules est estimée à
20 000 000FCFA. La l'économie informelle participe à la
formation des 350 700 000FCFA.
Puis au niveau des taxes municipales, les recettes
partagées sont la taxe complémentaire à la contribution
des patentes (2 000 000FCFA) et la taxe sur l'eau consommée
(500 000FCFA).
En sus de cela, les produits des amendes correctionnelles ou
de simple police auxquels participe l'informel sont de l'ordre de
750 000FCFA.
Enfin, le fonds de dotation de fonctionnement est de l'ordre
de 63 527 530FCFA. C'est une partie de la TVA qui est répartie
aux différentes collectivités et services
déconcentrés.
Recettes propres au secteur
informel : Ce sont des recettes qui sont uniquement
imputables aux acteurs de l'économie informelle.
Au chapitre des produits de l'exploitation, deux recettes sont
directement imputées à l'informel. D'une part, les produits des
droits de taxes perçus aux abattoirs sont estimés à
300 000FCFA. D'autre part, la taxe de visite et de poinçonnage des
viandes est de l'ordre de 100 000FCFA. D'où 400 000FCFA des
produits de l'exploitation viennent du secteur.
S'agissant des produits domaniaux, c'est à cinq niveaux
que la contribution informelle est réelle. Les produits de location de
souks donnent 13 000 000FCFA quand les produits des loges et stalles
sont estimés à 500 000FCFA. Donc, les produits de droit de
place produisent 12 000 000FCFA, la taxe sur le produit des ventes
d'animaux 100 000FCFA. Le stationnement des taxis verse 600 000FCFA.
Cela étant, parmi les 38 900 000FCFA des produits domaniaux,
le secteur informel offre 26 200 000FCFA.
Au niveau des taxes municipales faisant un total de
8 660 000FCFA, la taxe sur les véhicules hippomobiles permet
à l'informel d'apporter 4 000 000FCFA au budget.
En synthèse, au regard de ce qui est expliqué
précédemment, nous pouvons dire que la participation individuelle
minimale du secteur informel aux recettes de fonctionnement tourne autour de
30 400 000FCFA. Par ailleurs, faudrait-il savoir que le
mécanisme de la caisse unique ne permet pas de savoir exactement la part
réelle du secteur informel au niveau des recettes partagées avec
les autres secteurs estimées à 435 977 530FCFA. Ce qui
nous amène à dire que le secteur informel contribue à plus
de 30 400 000FCFA mais aussi à moins
435 977 530FCFA au budget communal.
|
|