Chapitre II : La Commune de Richard-Toll
et la Décentralisation
Par le Décret 80-586 du 24 juin 1980,
la ville de Richard-Toll devient une commune de plein exercice. Les villages
environnants tels que Ndiaw, Khouma, Galo Malick, Nourou, Gadalkhout et
Thiabakh sont alors rattachés à la nouvelle commune. Ses
nouvelles limites sont alors : le Fleuve Sénégal au nord, la
Communauté rurale de Mbane au sud, la Communauté rurale de
Gaé à l'est, la Communauté rurale de Ronkh à
l'ouest.
La décentralisation est une politique promue par l'Etat
qui fait un transfert de certains de ses pouvoirs aux collectivités
territoriales. Richard-Toll est devenu personne morale de droit public depuis
1980. Les réformes de 1996 s'inscrivent selon M. Doudou Diaw Bakhao,
conseiller municipal à Richard-Toll, dans la perspective
« d'un principe de démocratie locale, d'un principe de
gestion participative locale. Le principe de tutelle qu'avaient les pouvoirs
déconcentrés fait place maintenant à une autonomie de
gestion des collectivités locales... L'Etat, maintenant, exerce un
contrôle a posteriori. Donc, y a une plus grande responsabilisation des
collectivités locales, une plus grande démocratie locale, ...Et
il faut voir qu'au niveau de la décentralisation, il y a 09 domaines de
compétences ;... notons qu'il y a un transfert de
compétences de l'autorité nationale vers l'autorité locale
qui va parallèlement avec une déconcentration du pouvoir de
l'Etat central à travers, par exemple, les autorités
administratives ; ces autorités administratives n'ont pas un
pouvoir de tutelle sur les collectivités locales mais ce pouvoir
déconcentré fait un contrôle a posteriori sur les
décisions des collectivités locales ». Par
ailleurs, il est pertinent de voir comment se vit cette politique au niveau de
la Commune de Richard-Toll.
I. Organisation et Fonctionnement
Le Conseil Municipal :
Constitué par l'ensemble des conseillers élus dans le cadre
d'élections municipales, le Conseil Municipal de Richard-Toll compte 56
membres. En son sein, sont élus le Maire et 5 adjoints pour un mandat de
5 ans. Le Conseil Municipal, dans sa mission première de gérer
les affaires locales, entre en conclave tous les trimestres. Ces sessions
ordinaires se tiennent donc aux mois de Janvier, d'Avril, de Juillet et
d'Octobre. Une session ordinaire ne peut pas excéder quinze jours
à l'exception de la session budgétaire qui peut aller
jusqu'à un mois. Les conseillers de la Commune de Richard-Toll tiennent
régulièrement les quatre sessions ordinaires annuelles. Quand le
Maire ou la majorité des conseillers en juge la nécessité,
des sessions extraordinaires peuvent être convoquées.
La Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant
Code des Collectivités locales dispose à travers ses articles les
mécanismes de formation et de fonctionnement du Conseil municipal.
Article 77 : La commune est une
collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les
habitants du périmètre d'une même localité unis par
une solidarité résultant du voisinage, désireux de traiter
de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources
nécessaires à une action qui leur soit particulière au
sein de la communauté nationale et dans le sens des
intérêts de la nation.
Le conseil municipal par ses délibérations, le
maire par ses décisions, par l'instruction des affaires et
l'exécution des délibérations, concourent à
l'administration de la commune.....
Article 88 : Le conseil municipal
règle par ses délibérations les affaires de la commune.
Il doit assurer à l'ensemble de la population, sans
discrimination, les meilleures conditions de vie. Il intervient plus
particulièrement dans le domaine de la planification et de la
programmation du développement local et de l'harmonisation de cette
programmation avec les orientations régionales et nationales.
Le conseil municipal donne son avis toutes les fois que
celui-ci est requis par les lois et règlements ou à la demande du
représentant de l'Etat.
Il peut émettre des voeux, par écrit, sur toutes
les questions ayant un intérêt local, notamment sur celle
concernant le développement économique et social de la
commune.
Il est tenu informé de l'état d'avancement des
travaux et des actions financées par la commune ou
réalisées avec sa participation.
Article 89 : Le conseil municipal
désigne ceux de ses membres appelés à siéger dans
les conseils, commissions et organismes dans lesquels la représentation
de la commune est prévue par les lois et règlements en
vigueur.
Article 92 : Outres les
compétences générales, le conseil municipal prend des
décisions dans tous les domaines de compétences
transférées aux communes par la loi.
Article 98 : Le conseil municipal
composé de conseillères et de conseillers municipaux élus
pour cinq ans au suffrage universel direct, conformément au Code
électoral, est l'organe délibérant de la commune.
Il élit en son sein le maire et un ou plusieurs
adjoints. Son bureau est composé du maire et des adjoints
élus.
Après le maire et les adjoints dans l'ordre de leur
élection, les conseillers municipaux prennent rang dans l'ordre du
tableau.
L'ordre du tableau est déterminé :
1.- par la date la plus ancienne des élections
intervenues depuis le dernier renouvellement intégral du conseil
municipal ;
2.- entre conseillers élus le même jour, par la
priorité d'age.
Le Maire : L'article 112 du
Code des Collectivités locales, à son alinéa 3 dispose que
« Le maire est responsable de la mise en oeuvre dans sa commune
de la politique de développement économique et sociale
définie par le gouvernement ». De l'article 116 à
l'article 123 du présent code, sont précisés clairement
les charges et pouvoirs du maire. Il est représentant de la
collectivité locale (article 116) d'un côté et de l'autre
représentant de l'exécutif auprès des populations (article
117).
La Commune de Richard-Toll est aujourd'hui sous
l'autorité du maire Abibou Dièye, chevalier de l'Ordre National
du Lion et troisième maire de cette collectivité territoriale.
C'est Youssoupha Ndoye qui fut le premier maire en 1980. De 1980 à 2000,
les rennes la collectivité locale sont détenues par Ousmane Djiby
Sall actuellement Conseiller Municipal. La Délégation
Spéciale s'occupera de la gestion de novembre 2001 à mai 2002.
Le Bureau Municipal : Le Bureau
Municipal de Richard-Toll est formé par le Maire et ses cinq (5)
adjoints. Voilà sa composition.
Membres
|
Statuts
|
Abibou Dièye
|
Maire
|
Ababacar Ndao
|
Premier Adjoint
|
Alioune Diagne
|
Deuxième Adjoint
|
Abdoulaye Ndoye
|
Troisième Adjoint
|
Aminata Mbodj
|
Quatrième Adjointe
|
Alioune Diallo
|
Cinquième Adjoint
|
Entre autres fonctions, ce bureau s'occupe de :
- l'établissement de l'ordre du jour des séances
du Conseil Municipal ;
- l'assistance aux services administratifs et techniques en
matière de conception, de mise en oeuvre des actions de
développement surtout en ce qui concerne les actions de participation
populaire ;
- la surveillance de la rentrée des impôts, taxes
et droits communaux et la proposition de politique ayant trait à
l'amélioration du recouvrement ;
- la détermination du mode d'exécution des
travaux communaux en matière de tâcheronnat, d'investissements
humains, d'entreprises ou de régies.
Le Secrétaire Municipal :
L'article 114 dispose que « Le secrétaire municipal
est nommé par le maire, après avis consultatif du
représentant de l'Etat, parmi les agents et les fonctionnaires de la
hiérarchie A ou B de la fonction publique, ou de niveau
équivalent, dans des conditions précisées par
décret.
Il assiste aux réunions du bureau, avec voix
consultative.
Le maire met fin à ses fonctions dans les
mêmes formes ».
L'actuel Secrétaire Municipal de la Commune de
Richard-Toll est Monsieur Magatte Seck. Le décret n°96-1129 du 27
décembre 1996 fixant les conditions de nomination et les avantages
accordés au secrétaire municipal dispose à son article
4 que « Sous l'autorité du maire, le
secrétaire municipal est le supérieur hiérarchique du
personnel administratif et technique de la commune. A ce titre, il
assure :
- une mission de suivi et de coordination de l'action des
services extérieurs mis à sa disposition ;
- une mission générale d'organisation,
d'impulsion, de coordination des services communaux ;
- une mission de suivi en matière de gestion
financière et de gestion du personnel.
En outre le secrétaire municipal assiste le maire
dans la préparation et la présentation, au conseil municipal, du
budget, du compte administratif et de tous autres actes de gestion
courante ». Il peut recevoir délégation de
signature du maire, selon l'article 5.
La Police Municipale : L'article
124 du Code des Collectivités locales dispose que «
Le maire est chargé, sous le contrôle du représentant
de l'Etat, de la police municipale et de l'exécution des actes de l'Etat
qui y sont relatifs.
La création d'un service de police municipale est
autorisée par décret qui fixe les attributions, les moyens et les
règles de fonctionnement ».
Article 10 : Les collectivités locales
disposent de personnels dont le statut est déterminé par la
loi.
Tout recrutement de personnel par la collectivité
locale, doit être prévu et inscrit à son budget.
Article 163 : Le personnel communal
comprend :
- les fonctionnaires régis par le statut de la fonction
publique communale ;
- les autres fonctionnaires affectés par l'Etat
auprès des communes ;
- le personnel non titulaire régi par le code du
travail et les conventions collectives en vigueur ;
- les agents non fonctionnaires régis par les textes
réglementaires.
Article 164 : Le maire recrute suspend et licencie
le personnel régi par le code du travail, les conventions collectives et
par le statut des agents non fonctionnaires.
Il affecte et gère le personnel placé sous son
autorité.
Les Agents Municipaux : Le Code
des Collectivités locales dispose :
Organigramme de la Commune de
Richard-Toll
Source : Données de
l'Enquête, 2005
II. Exercice des compétences
Au niveau des trois ordres de collectivités
territoriales que sont les communes, les régions et les
communautés rurales, sont transférés les domaines de
compétences qui sont au nombre de neuf (09): domaine ;
environnement et gestion des ressources naturelles ; santé,
population et action sociale ; jeunesse, sports et
loisirs ; culture ; éducation ; planification ;
aménagement du territoire ; urbanisme et habitat. La
gestion de ces compétences doit se faire en harmonie avec les
orientations ou options nationales et régionales.
La commune reçoit les compétences suivantes
a) Santé et population :
- la gestion, l'entretien et l'équipement des centres de
santé urbains ;
- la construction, la gestion, l'entretien et l'équipement
des postes de santé urbains.
b) Action sociale :
- la participation à l'entretien et à la gestion de
centres de promotion et de réinsertion sociale ;
- l'organisation et la gestion de secours au profit des
nécessiteux ;
- l'appui au financement de projets productifs au profit des
populations déshéritées.
Le domaine de la Santé, de la population et
de l'action sociale : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996
portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose à son article 32 :
Du point de vue de la santé, la commune élabore
dans son budget un volet sanitaire. Cela fait que les structures de
santé bénéficient en dehors de leurs fonds propres, des
fonds de dotation de l'Etat et de l'apport municipal. Selon M. Doudou Diaw
`Bakhao', « l'ensemble de ces fonds qui concourent à la
gestion des structures de santé devrait être géré
par un comité de gestion mais ce comité de gestion -qui devrait
être composé du maire de la ville, du médecin-chef, d'un
conseiller élu, du président du comité de santé et
du trésorier du comité de santé- n'existe
pas » encore à Richard-Toll. D'où, ajoute-t-il,
« la commune n'exerce pas son pouvoir de gestion dans les
structures de santé qui est laissé à l'appréciation
du médecin-chef... Donc, l'ensemble de ces fonds sont laissés
à la discrétion des pouvoirs déconcentrés et ne
sont pas à la gestion des pouvoirs décentralisés qui sont
les élus. Donc, c'est là où le bât blesse au niveau
de la commune. Il ne peut pas y avoir une planification, il ne peut pas y avoir
une évaluation de l'action municipale au niveau de la santé.
Donc, on n'a aucun moyen de vérifier ce que la Mairie finance ;
est-ce que les fonds de dotation (coûts- efficacité) ont
été utilisés à bon escient ou pas ».
Cela témoigne un peu de l'incompétence où de
l'incompréhension des élus de leur pouvoir et de leur devoir de
participer ou même de gérer leurs compétences en
matières de santé.
Du point de vue de l'action sociale, des oeuvres sociales se
font dans la Commune. La Mairie envoie même des agents et conseillers en
pèlerinage.
Le domaine de l'Education, de
l'Alphabétisation, de la promotion des langues nationales et de la
formation professionnelle : La Loi n°96-07 du 22 mars
1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et
communautés rurales à son article 41 dit:
La commune reçoit les compétences suivantes
a) Education
- la construction d'équipement, l'entretien et la
maintenance des écoles élémentaires et des
établissements préscolaires ;
- l'allocation de bourses et d'aides scolaires ;
- la participation à l'acquisition des manuels et aux
fournitures scolaires ;
- la participation à la gestion, à
l'administration des lycées et collèges par le biais des
structures de dialogue et de concertation.
b) Alphabétisation
- l'exécution des plans d'élimination de
l'analphabétisme ;
- le recrutement d'alphabétiseurs ;
- la formation des formateurs et
alphabétiseurs ;
- la mise en place d'infrastructures et d'équipement
éducatifs ;
- l'entretien d'infrastructures et d'équipements
éducatifs ;
- la mobilisation des ressources.
c) Promotion des langues nationales
- la maîtrise de la distribution fonctionnelle des
langues du pays et la mise au point de la carte linguistique ;
- la collecte et la traduction des éléments de
la tradition orale (contes, mythes, légendes...) en vue d'en faciliter
la publication ;
- l'introduction des langues nationales à
l'école ;
- la promotion d'un environnement lettré par le
développement de l'édition en langues nationales ;
- l'application des mesures afférentes à
l'utilisation des langues nationales dans l'administration ;
- la mise à jour du catalogue des éditeurs,
auteurs et oeuvres en langues nationales ;
- la promotion de la presse parlée et écrite en
langues nationales ;
- l'organisation du concours en langues nationales dans le
cadre de la semaine nationale de l'alphabétisation ;
- la mise en place d'infrastructures et
d'équipements ;
- la mobilisation des ressources.
d) Formation technique et professionnelle
- l'élaboration d'un plan prévisionnel de
formation visant des secteurs de métiers adaptés à chaque
commune ;
- l'entretien préventif, la maintenance des centres et
instituts de formation ;
- le recrutement et la prise en charge du personnel
d'appoint ;
- la participation à l'acquisition de matériel
didactique (fournitures et matières d'oeuvre) ;
- la participation à la gestion et à
l'administration des centres de formation par le biais des structures de
dialogue et de concertation ;
- l'appui à de petits projets visant à
créer de petites unités d'ateliers itinérants en
mécanique auto- soudure- électricité etc....
- l'élaboration d'un plan communal d'insertion
professionnelle des jeunes ;
- l'aide à la détection et à
l'établissement de contrats de partenariat école/entreprise pour
une réelle formation en alternance.
Au-delà du fonds de dotation de l'Etat pour le
fonctionnement des écoles, la Commune vote un volet éducation
pour gérer cette compétence. Par ailleurs, du fait que la ville
d'une telle envergure ne dispose pas de lycée, « la
Commune a pris, par devers elle et de son propre gré, d'acheter à
plus de 60 millions un local, l'ORSTOM, où il a mis en place un CES. Et
la commune, de ses propres fonds, aussi, a financé un
lycée ; ce qui était du domaine de compétence de la
région. Donc, c'est une politique volontariste d'éducation au
niveau de la commune qui, au-delà de son domaine de compétence
qui est l'école primaire, s'applique même à mettre dans de
bonnes conditions les élèves du secondaire. Donc, là on
peut féliciter la commune! » remarquera Doudou Diaw
`Bakhao'. Cela montre un peu que, la commune de Richard-Toll, dans le souci de
bien faire, est allée au-delà de ses compétences en
construisant un nouveau lycée pour amoindrir les coûts de
l'éducation pour les élèves qui sont orientés soit
à Dagana soit à Saint-Louis après le brevet. Le conseiller
s'empressera de rajouter qu'il n'y a pas, en réalité,
« un comité de gestion, une structure pérenne au
niveau communal pour avoir une politique de planification, de suivi et
d'évaluation de l'éducation...Il y a une politique
volontariste mais pas une politique planifiée ».
Le domaine de l'environnement et de la gestion
des ressources naturelles : La Loi n°96-07 du 22 mars
1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes
et aux communautés rurales, à travers son article 29
(modifié par la Loi n°2002.15 du 15 avril 2002), dispose
que :
La Commune reçoit les compétences
suivantes :
- la délivrance et l'autorisation préalable de
toute coupe à l'intérieur du périmètre
communal ;
- les opérations de reboisement et la création
de bois communaux ;
- la perception de la quote-part d'amendes prévues par
le code forestier ;
- la gestion des déchets, la lutte contre
l'insalubrité, les pollutions et les nuisances, sous réserves des
dispositions particulières qui seront fixées par décret
pour les communes de la région abritant la capitale ;
- la protection des ressources en eaux souterraines et
superficielles ;
- l'élaboration de plans communaux d'action pour
l'environnement.
La coopération décentralisée avait permis
à la Commune de confier la gestion des ordures à un projet
luxembourgeois. Aujourd'hui, le projet est dévolu à des
structures de quartier auxquelles la Mairie alloue annuellement 15 millions de
FCFA. Depuis que le projet SEN 010 s'occupe de l'évacuation des ordures,
la municipalité n'a pas manifesté le voeu de créer un
comité de gestion en ce domaine. D'où la naissance de toute une
batterie de problèmes d'organisation, de régularité voire
de suivi. La qualité du travail reste à confirmer.
Cela étant, la commune de Richard-Toll avec son dense
réseau hydrographique demeure aujourd'hui, selon Doudou Diaw `Bakhao',
« l'épicentre même de la bilharziose intestinale du
fait du manque de curage des canaux. Il y a un problème
environnemental au niveau de la ville ; ... l'installation de l'usine de
la CSS à l'intérieur même du périmètre
communal...augmente la prolifération de moustiques, augmente la
prolifération de mollusques à travers ses canaux qui sont
vecteurs de la bilharziose intestinale...sans oublier la pollution de
l'air et de l'atmosphère...qui participe à la
prolifération de beaucoup de maladies ». Ce qu'on appelle
le principe de « pollueur payeur » ou de
« dommages et intérêts» n'est pas, en
réalité, observable à Richard-Toll. On n'observe pas au
niveau communal une politique sérieuse de lutte pour la sauvegarde de
l'environnement. Le conseiller municipal le confirme à travers ses
propos : « La CSS aurait pu avoir une politique volontariste
en matière de nettoiement des canaux, en matière
d'éradication des larves de moustiques ». Par ailleurs,
à y voir de plus clair, les problèmes environnementaux et
d'assainissement en particulier ne sont pas tout simplement imputables à
l'usine de la place. Face au problème de contamination de la nappe
phréatique du fait de l'installation de la ville dans une cuvette
où la nappe affleure, les élus se disent dépassés
par cette compétence qui leur est attribuée. Doudou `Bakhao' Diaw
précise d'ailleurs que « nous les élus, on a eu
à porter à l'attention des pouvoirs publics que le
problème d'assainissement de la ville de Richard-Toll n'est pas un
problème communal, c'est un problème national. Parce que autant,
par exemple, les gens, ils ont réussi à assainir, à faire
un plan d'assainissement de plusieurs dizaines de milliards pour la ville de
Touba qui est une ville de plus d'un million d'habitants, pour la grande ville
touristique de Mbour, pour la ville de ...Rufisque ; autant il faudra un
grand plan de planification et d'assainissement pour la ville de Richard-Toll,
de peur que la pollution de la nappe phréatique...ne
contamine l'eau de La Taouey qui alimente 60% des
agglomérations urbaines Louga-Dakar. Donc, assainir la ville de
Richard-Toll, c'est ... permettre aux agglomérations de l'axe
Louga-Thiès-Dakar d'avoir de l'eau potable. Donc, la question de
l'assainissement de la ville de Richard-Toll, sa question environnementale
dépasse la Commune et est une question nationale ».
Le domaine de la culture : La Loi
n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux
régions, communes et communautés rurales dispose, à son
article 38, que :
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- la surveillance et le suivi de l'état de conservation
des sites et monuments historiques ;
- l'organisation de journées culturelles, de
manifestations culturelles traditionnelles et de concours littéraires et
artistiques ;
- la création et la gestion d'orchestres, d'ensembles
lyriques traditionnels, de corps de ballets et de troupes de
théâtre ;
- la création et la gestion de centres socioculturels
et de bibliothèques de lecture publique.
Le domaine culturel est traité en parent pauvre par le
Conseil Municipal. Il n'y a pas de programme culturel clairement ficelé.
S'il est vrai que Richard-Toll est une ville industrielle, une ville
ouvrière où une population flottante s'installe, il est aussi
vrai que son histoire est très riche. Un des rares historiens de la
zone, M. Diaw s'exprime sur ce point : « C'est une ville
d'histoire parce que..., dans son périmètre ..., elle
englobe des quartiers traditionnels comme Khouma, comme Ndiaw, comme Ndombo,
comme Ndiangué qui ont été des hauts lieux historiques, la
mémoire culturelle sénégalaise ; ... n'oublions pas
... les premiers essais agricoles, les premières cultures d'essais de
l'Afrique de l'Ouest...Donc, on peut revisiter l'ensemble de l'histoire du
Sénégal à travers Richard-Toll... là, se trouve le
Château du Baron Roger qui est un monument historique qui est en
décrépitude et qu'on aurait pu transformer en musée
même botanique, en musée, à l'heure actuelle, de la
recherche agronomique au niveau de l'Afrique de l'Ouest ». La
richesse historique de la localité pouvait constituer une rampe de
lancement pour le tourisme. Richard-Toll peut bénéficier de la
proximité de Saint-Louis d'où peuvent provenir des touristes
désireux de visiter les vestiges de la colonisation.
Le domaine de l'urbanisme et de
l'habitat : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant
transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose, à son article 51, que :
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- l'élaboration des plans directeurs d'urbanisme (PDU),
des SDAU, des plans d'urbanisme de détail des zones d'aménagement
concerté, de rénovation urbaine et de remembrement ;
- les lotissements, leur extension ou restructuration, la
délivrance de permis de construire, d'accords préalables, de
certificats d'urbanisme et de permis de démolir ;
- la délivrance de permis de clôturer, de permis
de coupe et d'abattage d'arbres ;
- l'autorisation d'installation et des travaux divers.
La croissance démographique a atteint
« 07,5%, l'un des taux les plus élevés du
Sénégal. C'est une ville dont la population double en moins de
dix-quinze ans », selon M. Diaw. Des difficultés
afférentes à l'occupation et à la gestion de l'espace et
à l'aménagement se posent réellement à
Richard-Toll. L'unité spatiale est remise en cause par le réseau
hydrographique et les canaux d'irrigation. Cela étant, du fait du manque
de personnel compétent et d'élus imprégnés, les
services déconcentrés tels que celui de l'urbanisme gèrent
intégralement les compétences transférées dans la
mesure où c'est en profane que les élus répliquent en face
des agents de l'Etat. Les agents des services déconcentrés
monopolisent l'information, la connaissance technique, donc le pouvoir qui
devrait revenir aux élus.
Article 45.- La commune reçoit les compétences
suivantes
- - l'élaboration et l'exécution des plans d'investissements
communaux (P.I.C.) ;
- - la passation, en association avec l'Etat, de contrats-plans pour la
réalisation d'objectifs de développement économique,
social, sanitaire, culturel et scientifique.
Le domaine de la planification :
La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose :
Planifier suppose une certaine connaissance, une certaine
maîtrise sur le réel. A défaut de compétence du
personnel communal non-formé en matière de planification, la
gestion au quotidien prime sur la visée du long ou du moyen terme.
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- la promotion et l'animation du sport et des activités
de jeunesse ;
- l'impulsion, l'implantation, l'organisation et
l'encouragement de la pratique des sociétés
éducatives ;
- l'appui aux associations sportives et culturelles ;
- la gestion des stades municipaux, centres et parcours
sportifs, piscine, aires de jeux, arènes ;
- le recensement, l'organisation et la participation à
l'équipement des associations sportives et culturelles ;
- la participation à l'organisation des
compétitions.
Le domaine de la jeunesse, des sports et
loisirs : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose,
à l'article 35, que :
Voilà l'un des domaines les plus respectés au
niveau local. Il existe dans la commune sucrière une politique d'appui
au niveau des ASC à travers la tenue annuelle de la Coupe du Maire, la
distribution de maillots, de ballons, la rénovation du stade... Par
ailleurs, ce qu'il y a lieu de noter est qu'il y a une faible implication de la
jeunesse plus particulièrement des ASC à la vie de la Commune.
Au-delà des activités récréatives et sportives,
aucune autre action n'est menée dans la commune si l'on fait abstraction
des journées culturelles vacancières organisées par les
étudiants. Il n'y a pas de programme de reboisement, de sensibilisation
encore moins d'assainissement (« set-setal »).
Le domaine de l'aménagement du
territoire : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant
transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose, à l'article 48, que
« Chaque conseil municipal donne son avis sur le projet de
schéma régional d'aménagement du territoire avant son
approbation par l'Etat ».
Le même problème de comité de gestion se
pose encore du fait de l'incapacité des élus dans un domaine
aussi pointu. L'expertise est toujours aux mains des agents des services
déconcentrés qui gèrent, en réalité,
à la place des élus.
Le domaine domanial :
conformément à l'article 17 de la présente loi, les
compétences transférées ont trait à la gestion et
à l'utilisation du domaine privé de l'Etat, du domaine public et
du domaine national. Les articles de la Loi 96-07 du 22 mars 1996 allant de 18
à 27 statuent dans cette perspective.
La décentralisation a transféré des
compétences au niveau local mais, quoiqu'on puisse dire, de
véritables problèmes se posent et des questions demeurent encore
sans réponses précises. Les pouvoirs décentralisés,
devant s'appuyer sur les pouvoirs déconcentrés, rencontrent
d'énormes difficultés à jouer pleinement leur rôle.
Au niveau de l'information, il y a un réel déphasage, un
déséquilibre entre les agents des services
déconcentrés techniciens, informés mais jaloux de partager
et les élus sous-informés, profanes et pusillanimes. Les premiers
font souvent des restrictions d'informations pour pouvoir prendre le dessus.
Les concertations tournent souvent à des dialogues de sourds. Quand les
premiers parlent en experts, les seconds comprennent ou répliquent en
profanes. Par exemple, au niveau des élus, rares -pour ne pas dire
inexistants- sont ceux qui peuvent porter la contradiction au
médecin-chef ou au chef du service de l'urbanisme et de l'habitat. Cette
analyse est partagée par le conseiller municipal qui, par probité
intellectuelle, avoue qu'« on nous a transféré des
compétences mais on n'a pas la qualité de la gestion de ces
compétences. On n'a pas la compétence de gérer ces
compétences ». Le manque de qualification du personnel
municipal mais aussi des élus est réel. D'où l'existence
d' « un gap entre notre volonté de contrôle,
notre volonté de gestion, notre volonté de gouverner..., par
rapport à nos interlocuteurs et des pouvoirs déconcentrés
qui n'ont pas les mêmes intérêts que les pouvoirs
décentralisés », selon M. Diaw. Ceci pose la
problématique de l'appropriation par les pouvoirs
déconcentrés des compétences dévolues aux
collectivités locales. Les comités de gestion n'existent ou ne
fonctionnent pas, en réalité. La collaboration n'est pas
effective du fait du monopole du savoir technique mais aussi de l'information
détenus toujours par les agents de l'Etat.
Partie III :
|