Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc( Télécharger le fichier original )par Seloua GOURIJA Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007 |
SECTION III. Vers une analyse située de tourismePour assurer un développement touristique durable, qui soit au profit des régions d'accueil, il serait souhaitable de tendre vers une civilisation de la tolérance et une prise en compte de la diversité des sites, des croyances, des comportements... au lieu de s'engager vers un modèle unique, excluant les particularités de chaque contexte humain et traitant de la même manière toutes les sociétés. Dans ce cadre, H. ZAOUAL écrit : « la mondialisation a besoin d'être habitée par des hommes avec toutes leurs différences, leurs moeurs de sites et leurs croyances...367(*) ». En fait, la pertinence d'un modèle de développement touristique se mesure au degré d'enracinement de ce modèle dans les cultures locales et dans le tissu économique local, qu'il soit formel ou informel. La transposition de modèles sans le moindre souci quant aux particularités du site a peu de chance d'aboutir. La pensée économique traditionnelle doit donc penser à abandonner son projet d'une autonomisation pure et dure de son propre schéma. Elle doit s'ouvrir à la diversité des sites, des pratiques, des cultures,...car la mondialisation, généralisante, induit le naufrage de sociétés entières. Cette section constitue l'aboutissement de notre recherche est pour objectif de dénoncer les limites de développement transposé et de la pensée unique. Et qui met en évidence de l'importance de prendre en considération la grande variété des sociétés humaines. Donc il serait préférable de prendre en compte le milieu, la diversité des populations et des cultures. Notre ambition est de suggérer des pistes de réflexions pour mettre en place des projets, des politiques qui soient adaptés aux contingences locales et non plaquer sur des sites des modèles pré-établis. Dans cette section, nous nous référons aux travaux de H. ZAOUAL368(*). Le premier paragraphe de cette section consiste à définir les principales notions de la théorie des sites symboliques. Pour mieux comprendre le développement de la notion de tourisme situé, qui est l'objectif de deuxième paragraphe. III.1. Exposé de la théorie des sites symboliques La mondialisation n'a pas cessé de chercher à ouvrir l`économie sur le reste du monde. Mais, la théorie qui l'inspire a omis de prendre en considération la diversité des hommes et des sociétés. Ainsi, la globalisation a conduit à d'importantes inégalités entre les pays (Nord/Sud). L'internationalisation de l'économie mondiale a engendré une globalisation des marchés, tout particulièrement des marchés financiers, donc, des contraintes extérieures. P. VELTZ 369(*) montre que la globalisation de l'économie a remis en cause la façon de produire. L'organisation de cette nouvelle forme de production a des conséquences sur les activités locales. Celles-ci ne sont plus totalement adaptées aux besoins locaux. De plus, la multiplication des conflits, l'aggravation du terrorisme dans le monde et la montée des incertitudes, ont conduit à remettre en cause le concept de mondialisation et donc d'uniformisation des sociétés. Face aux désordres et à la grande incertitude qu'engendre la mondialisation, puisque seul l'intérêt individuel devient l'horizon de chacun, il y a lieu donc d'imaginer une autre manière de voir l'homme et, par conséquent, de définir d'autres modes de coordination mobilisant, à côté du marché, d'autres valeurs et conventions relevant de la solidarité, de l'appartenance, de la proximité370(*) et du respect de la diversité écologique et culturelle. La localisation des activités économiques impulse une dynamique économique et donc une notion de proximité qui met en relation les différents acteurs. La théorie des sites fondée par H. ZAOUAL met en évidence l'importance que joue le rôle des croyances et des cultures dans le processus de développement. De cette façon, elle réhabilite la multiplicité et l'importance de la diversité dans la vie économique. Selon l'auteur, cette orientation conduit à une « déglobalisation de la globalisation »371(*). Ainsi, la première étape de ce paragraphe analyse les limites du développement transposé en montrant qu'actuellement nous sommes dans une période de transition et de réajustement qui conduit à une nouvelle réflexion multidisciplinaire. La seconde décrit et définit le site. * 367 ZAOUAL H., « La mosaique des cultures face à un monde uniforme », Foi et Développement, Réseau International Network, n°290, janvier 2001. * 368 ZAOUAL H., (1998,2002,2005), op. cit. * 369 VELTZ P., Mondialisation, Villes et Territoires : L'économie d'Archipel, Paris, Presses Universitaires de France, 1996. * 370 ZAOUAL H., « Homo oeconomicus ou Homo situs? Un choix de civilisation », Finance et bien commun, n°22, Summer/Eté, 2005, pp. 63-72. * 371 ZAOUAL H., 2005, op. cit., p. 7. |
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