I.4 Revue de la
littérature
La présente étude a été bien
appréhendée grâce aux recherches de certains auteurs dont
les apports seront synthétisés dans cette partie. Dans un premier
temps, les recherches sur la crise de l'éducation seront
considérées. Dans un deuxième temps, les théories
sur les mouvements sociaux seront ressorties. Suivront enfin les recherches sur
les mouvements sociaux africains et la protestation occulte.
I.4.1 Les recherches sur la crise de l'éducation
TEDGA (1988 :44) fait remarquer que « la
crise de l'enseignement supérieur en Afrique est (...) la
conséquence directe de la dégradation des économies
locales ». Il relève par ailleurs que
« très souvent, les grèves ont lieu sur certains
campus à cause d'une absence de dialogue entre les autorités
universitaires ou politiques et étudiants » (TEDGA,
1988 : 64).
Pour ce qui est des motifs des grèves, l'auteur
souligne que généralement en Afrique, les étudiants ne
font pas grève parce que les cours dispensés ne les
préparent pas à la vie, parce que le professeur ne respecte pas
son programme d'enseignement ou encore parce qu'il y a problème de
places dans les bibliothèques, les salles de travaux dirigés ou
de travaux pratiques ou dans les amphithéâtres. Ils ne font pas
grève non plus pour les fuites d'épreuves dans les
facultés dévalorisant ainsi le niveau des diplômes sur le
marché du travail. Les étudiants africains font grève
souvent pour casser le rythme des professeurs qui tiennent à finir leurs
programmes d'enseignement, parce qu'ils trouvent les examens trop difficiles,
parce que la nourriture du « resto » ne leur
plaisait pas assez... Ils font grève encore pour obtenir une bourse ou
à cause des retards de paiement de la bourse.
Ce qui rend intéressant les analyses de TEDGA, c'est
que la plupart de ses conclusions sont d'une actualité étonnante.
Bien que datant des années 1980, les observations sont les mêmes
notamment à l'Université de Lomé en 2005.
Par rapport aux mouvements étudiants de l' UL, l'on
peut y voir la dégradation de l'économie nationale togolaise mais
aussi l'absence d'un dialogue franc entre autorités universitaires et
étudiants.
Si aujourd'hui, les problèmes de places dans les
amphithéâtres commencent par figurer dans les revendications
estudiantines, il n'existe presque pas de mouvements pour protester contre les
fuites d'épreuves ou encore parce que les formations ne
préparaient pas à la vie active. A cet égard, sur les
mouvements étudiants répertoriés depuis 1990, seule la
grève des étudiants de la filière psychologie
appliquée de l'Institut National des Sciences de l'Education (INSE) en
février 2005 a un fondement purement pédagogique à savoir
la réclamation d'enseignants en vue d'une formation complète,
l'ouverture de la cinquième année...
Dans la recherche des explications à la crise scolaire
au Sénégal, DIALLO-COTRUNG (1992) souligne que la crise scolaire
ne serait pas seulement l'expression du désarroi de la jeunesse, mais
témoignerait d'une crise sociale et politique profonde : les jeunes
dont le poids démographique s'enfle démesurément, se
trouveraient en mesure de créer un rapport de forces et ne seraient plus
réellement contrôlés par aucune autorité, ni celle
de type ancien (parents, marabouts...), ni celle de type nouveau (professeurs,
administration scolaire, Etat, partis politiques...).
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