CONCLUSION GENERALE
Notre étude tente de donner, dans la
mesure du possible une réponse d'analyse sur l'importante question si
brûlante qui concernent tous les hommes politiques, les organisations non
gouvernementales, les institutions financières et toute les populations
pauvres de la terre qu'est l'impact de la dette sur la croissance des
économies des pays pauvres.
Elle comporte trois objectifs
spécifiques qui premièrement est de vérifier les effets de
la dette sur la croissance à travers l'effet d'éviction du
service de la dette sur les investissements, puis l'existence d'une relation
entre la courbe de Laffer de la dette et la croissance et enfin, de savoir
comment cet effet de la dette sur la croissance va se manifester.
Afin de parvenir à nos
résultats, nous avons employé un modèle d'équation
de la croissance en incluant des indicateurs de la dette en valeur nominale
rapporté soit aux exportation soit au PIB et un autre modèle
d'équation des investissements en incluant cette fois le ratio du
service de la dette aux exportations.
En utilisant les données de panel de
10 PPTE éligibles à l'initiative en faveur des pays pauvres
très endettés pendant la période de 1980 à 2000,
nous avons usé deux méthodes économétriques (effets
fixes et système GMM) pour tenir compte de certaines variables et des
effets spécifiques de chaque pays.
Par conséquent, les principaux
résultats auxquels nous avons aboutis se résument en
ceci :
Ø Il n' y a pas forcément une relation non
linéaire entre la dette extérieure et la croissance des pays
pauvres. Ce qui implique qu'il est difficile de déterminer un seuil
standard et critique de la dette qui rendrait la croissance négative
pour les PPTE.
Mais il est généralement admis qu'un stock
considérable et excessif de la dette peut entraver l'effort d'une
croissance durable à un certain niveau ;
De ce fait, tous les pays pauvres n'ont pas connu le
problème de la dette pour une même cause, c'est à dire que
chaque pays peut avoir son seuil respectif où la dette peut rendre la
croissance négative car chaque pays a ses propres réalités
économiques, ses propres distorsions et même une politique
d'endettement idoine pour soi-même ;
Ø L'hypothèse de fardeau excessif de la dette ou
du surendettement (debt overhang) ne s'applique pas aux PPTE africains au
regard de nos résultats.
Cette théorie qui avance que le flux financier
extérieur représente un déterminant positif pour la
croissance mais à une limite. Et qu'au-delà de cette limite, le
stock excessif de la dette peut dissuader via l'accroissement de la pression
fiscale, les reformes gouvernementales ainsi que la croissance
économique.
C'est cette théorie qui a comme conséquence la
réduction de la dette au-delà de ce seuil pour relancer les
économies des pays pauvres très endettés (initiative
PPTE).
En revanche, il s'avère que dans les pays pauvres, les
reformes fiscales n'ont pas des effets considérables sur la croissance
du fait de l'existence des exonérations fiscales très large et
une corruption remarquable.
Il semble que les PPTE sont caractérisés non
seulement par un niveau élevé de la dette extérieure mais
également par leurs médiocres performances économiques,
des politiques inadéquates, des gouvernements et des institutions
faibles avec une capacité administrative et de gestion très
limitée.
C'est ce qui fait que cela s'avère assez dur de savoir
si la faible croissance est causée par l'accumulation de la dette et si
la dette décourage l'investissement et la bonne action politique et
ainsi dissuader la croissance.
Donc, l'évidence économétrique de
l'impact négatif de la dette sur la croissance paraît non
conclusive et non concluante.
Rappelons tout simplement que cette théorie du
surendettement fut développé initialement pour rendre compte des
problèmes de la dette extérieure vécus par les pays
à revenu intermédiaires ; Dans lesquels pays, le mode de
financement extérieur se distingue de celui pauvre et dont la plupart ne
se retrouve pas dans les PPTE africains. Ceux-ci n'ont pas d'accès au
financement privé.
Du moins la question essentielle serait de savoir si les pays
pauvres sont insolvables ou illiquides pour arriver à arbitrer entre
réduire la dette ou prêter de nouveau. Selon nos estimations, il
ne semble pas un problème d'insolvabilité.
D'où, il est nécessaire et avantageux d'adopter
la stratégie de continuer à prêter aux PPTE et ainsi
profiter d'un probable retournement de la tendance ;
Ø D'après nos estimations,
l'hypothèse d'effet d'éviction du service de la dette sur
les investissements dans les PPTE existe mais demeure très faible car
pour chaque point d'augmentation du service de la dette, les investissements en
général des PPTE décroissent de 0.01 point du pourcentage
du PIB.
Donc, à en croire à nos résultats,
l'allègement de la dette au titre de l'initiative PPTE n'aura pas
d'effet sur les investissements.
Cela se justifie du fait que les PPPTE africains
dépendent souvent de l'aide extérieure et en considérant
qu'ils reçoivent un volume non négligeable des dons et
d'importants transferts nets positifs, on ne pourra pas évoquer
l'éviction des dépenses publiques par le service de la dette car
ce dernier est financé par les dons.
En conséquence, étant
donné nos résultats empiriques, les effets de la dette sur la
croissance, nous sommes à même de proposer des suggestions aux
autorités politiques et économiques des pays pauvres et aux
institutions financières internationales qui regorgent tous les
créanciers bilatéraux et multilatéraux en ces
termes :
Pour la communauté internationale,
nous dirons ce qui suit :
Ø De faire des études empiriques très
approfondies incluant que des PPTE homogènes pour pouvoir arriver
à déceler si le problème est celui de manque des
liquidités ou d'insolvabilité. Car avec l'initiative PPTE et sa
réduction, rien ne stipule que le problème de la dette va
être réglé pour les pays pauvres très
endettés surtout africains ;
Ø De ramener les fortunes détenues dans les
banques occidentales (dette odieuse) des dictateurs africains constituant des
dettes pour le pays à leur profits ou annuler l'équivalent de
cette immense somme détournée par ces dictateurs ;
Ø Par rapport à nos résultats, l'aide
internationale a un impact sur positif sur la croissance et les investissements
mais fiable, alors il serait mieux d'en accroître comme l'ont
souhaité les présidents africains lors du quatrième sommet
de l'union africaine à Abuja en juillet 2005.
Donc, une additionnalité des transferts dans le cadre
de l'aide publique au développement pour stimuler encore la croissance
des PPTE.
Et aux pays débiteurs, nous allons
suggérer ce qui suit :
Ø La mise en place des reformes économiques qui
doivent inciter à investir plus et une intégration des politiques
macroéconomiques, fiscales, sectorielle qui doivent changer la tendance
de la croissance pour ainsi investir et avoir des ressources afin de bien
contrôler le problèmes économiques internes et ainsi
prendre le train de processus du développement économique pour
une croissance durable ;
Ø Un accroissement des exportations pour ainsi
régler durablement cette impasse économique due au manque des
recettes en devises dans ces pays.
Cela notamment en diversifiant leur exportation pour
éviter d'être vulnérable au choc extérieur.
Et les partenaires commerciaux internationaux doivent faire en
sorte que les produits exportés des PPTE africains prennent place aux
marchés américains, européens et asiatiques.
Ainsi, avec des recettes d'exportations excessives, les PPTE
auront moins de problèmes des devises et plus encore, moins de
difficultés pour honorer à échéance le service de
la dette.
En définitive comme
tout travail, notre étude pourrait avoir des limites inhérentes
au traitement des données telles que le manque de la donnée
relative aux valeurs actualisées nettes de la dette qui tiennent compte
du taux concessionnel dont la plupart des PPTE africains a
bénéficiés.
D'où, nos recommandations,
interprétations et résultats doivent être pris avec
mesure.
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