C. Les réserves au bercail !
Les tensions entre Washington et Caracas furent
ravivées dernièrement par la décision d'Hugo Chavez de
transférer les placements à l'étranger du Venezuela des
Etats-Unis en Europe. Cette décision fut prise le 1e Octobre
dernier et représente quelques 25 à 30 milliards de dollars. Il
ne s'agit là que de la première étape de
l'opération car le but ultime du président
vénézuelien est de transférer une importante partie de ses
investissements vers l'Amérique latine. Hugo Chavez souhaite par la
même une banque centrale continentale intégrée à
l'ALBA ayant pour but de fournir des fonds de développement aux pays de
la région. En pratique, le Venezuela a vendu ses réserves de
devises étrangères, qui se présentaient sous forme de bons
du Trésor américain pour les placer en dépôt dans
des banques européennes, plus particulièrement suisses. Chavez a
par ailleurs déclaré que « le Venezuela avait
dû retirer ses réserves internationales des banques
américaines suite aux menaces dont le Venezuela est
victime » ; il souligne également que
« la majorité des réserves monétaires
internationales sont dans des banques du nord, cela est une
absurdité ».
On peut dire ici que le président Chavez attaque les
Etats-Unis là où ils sont les plus sensibles. A l'heure actuelle,
les USA sont un « océan de dettes » à la
merci d'un mouvement de contagion de retrait des investisseurs
étrangers. L'ensemble du monde craint un retrait brutal qui porterait un
coup fatal à l'Amérique et qui conduirait à l'effondrement
de l'économie américaine et mondiale. Malgré tout le coup
porté par le Venezuela reste assez maigre en comparaison du volume
général.
D. Le système américain comme ennemi mais
pas les américains eux même : une communication à
toute épreuve
Un atout fort de Hugo Chavez réside dans sa
communication. En effet il n'hésite pas à dénoncer et
accuser ouvertement ses ennemis comme il le fit contre le gouvernement Bush et
la CIA. Lors de son discours aux Nations Unies, devant l'ensemble de
l'assemblée générale, il affirma que les Etats-Unis
avaient à plusieurs reprises tenté de l'assassiner ou de le
renverser. Hugo Chavez déclara que les Etats-Unis étaient
impliqués dans le coup d'Etat d'Avril 2002 qui échoua, dans la
grève patronale de deux mois et le sabotage pétrolier qui en
résultat en 2003. Il souligna par ailleurs que ce sabotage coûta
14 milliards de dollars à l'économie vénézuelienne.
Par cette déclaration on peut noter que le principal danger qui guette
Hugo Chavez est celui d'un renversement orchestré par la CIA. En effet,
en étudiant l'histoire de la région on s'aperçoit que les
Etats-Unis ont mainte fois financé et formé des rebelles dans
l'optique d'un renversement des régimes
« gênants » ;
Par ailleurs dans sa confrontation directe avec le
président GW Bush, le président vénézuelien utilise
la même ligne de communication. En effet les références
religieuses sont fortes dans chacun des « camps ». Hugo
Chavez n'hésite pas tout comme GW Bush a citer la Bible notamment les
passages tel que « aimez vous les uns les autres » ou
encore « aimez votre prochain comme vous-même ». Dans
cette surenchère moraliste, on peut dire que l'un et l'autre cherche
à trouver une légitimité de leur action dans la religion.
Il semble toutefois que l'un et l'autre aient oublié les 10
commandements notamment : « tu ne tueras point » et
« tu ne convoiteras point ».
L'Habileté de Hugo Chavez se note également
dans sa capacité à distinguer le système américain
et les américains eux mêmes. En effet, il aime faire entendre que
son opposition est contre l'administration américaine et non contre le
peuple américain ; pour cela il utilise une politique de
communication à toute épreuve. Il a par exemple accueilli en
Août 2003 Jesse Jackson afin de célébrer l'anniversaire du
discours de Martin Luther King de 1963 et en Septembre dernier il a
proposé de livrer du pétrole et une aide financière aux
victimes du cyclone Katrina.
|