B. Face à la FTAA Hugo Chavez sort l'ALBA.
Le principal projet des Etats-Unis envers le continent
Américain pour le début du 21e siècle
résidait dans la FTAA (Free Trade Area of the Americas). Ce projet avait
pour but de créer une zone de libre échange s'étendant du
Canada à l'Argentine, comme le souligna l'ancien secrétaire
d'Etat américain Colin Powell « cette zone garantira aux
entreprises américaines le contrôle d'un territoire allant de
l'Arctique à l'Antarctique et son libre accès, sans aucun
obstacle, à nos produits ». Toutefois plusieurs points
avaient fait retarder les négociations. En effet certains pays
freinaient l'avancée de peur des répercussions que pourrait avoir
une telle zone. L'exemple du Mexique, qui subit depuis dix ans les effets de
l'accord de libre échange nord américain (ALENA), était
dans tous les esprits. En effet par l'ALENA, le Mexique a vu sa
sécurité alimentaire remise en question et d'exportateur il est
devenu importateur de produits d'une agriculture américaine
productiviste et subventionnée. Face à cet exemple, des
négociations sur les subventions agricoles américaines avaient
été entreprises sans effet. De plus, beaucoup d'intellectuels ont
soulevé l'intérêt énorme de cette FTAA pour les
Etats-Unis ; en effet adossé à la FTAA on retrouve le
traité interaméricain d'assistance militaire (TIAR) ; on
sait également aujourd'hui que la principale utilité de la FTAA
pour les USA réside dans le fait de pouvoir établir des couloirs
de communications entre l'Atlantique et le Pacifique pour les produits
nord-américains, mais aussi de contrôler un pays charnière
entre l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud : le
Panama.
Face à cela, lors du sommet des Amériques du 4
Novembre se déroulant à Mar de Plata, Hugo Chavez a pris la
tête d'une liste de 5 pays en affirmant qu'ils n'étaient par
prêts à créer la plus grande zone de libre échange
au monde : la FTAA. Parmi les pays dissidents on retrouve l'Argentine avec
« son économie à genoux », le Chili avec son
équilibre économique précaire, le Pérou dont les
politiques sociales sont mises à mal par le
néolibéralisme... Par ce report de la FTAA, c'est le MERCOSUR qui
est remis en selle notamment depuis l'arrivée au pouvoir en Argentine de
Nestor Kirchner et l'appui du Venezuela et du Chili. Mais Hugo Chavez a d'ors
et déjà un nouveau plan à proposer pour encore plus
détruire le rêve américain.
Ce plan réside en quatre lettres : ALBA, et il
inquiète les Etats-Unis. Lancée par le président Chavez et
inspirée de la lutte du liberator Simon Bolivar pour libérer
l'Amérique du sud du joug espagnol et bâtir une grande patrie dans
le sud continent, l'Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) a
un objectif plus ambitieux que celui des organisations économiques
actuellement existantes : vaincre la pauvreté et réduire les
inégalités sociales qui meurtrissent les pays de la
région. Les gouvernements vénézuelienne et cubain ont
d'ailleurs déclaré conjointement que « l'ALBA ne se
réalisera pas sur la base de critères mercantiles, ni en fonction
des intérêts égoïstes des entreprises ou encore d'un
bénéfice national réalisé au détriment des
autres peuples ». L'Alba est donc conçue comme une zone
d'un autre style, elle s'oppose radicalement aux autres zones tel que l'ALENA
ou UE. En effet il est clair que l'ALBA ne prévoit pas une suppression
des droits de douane, allant jusqu'à les considérer comme un
moyen de protéger les appareils de production latino-américains.
L'ALBA prétend au contraire s'attaquer aux principales faiblesses du
continent : l'insuffisance énergétique et le monopole de
l'information. Ses projets sont la création de la plus grande industrie
pétrolière du continent : Petrosur, une chaîne de
télévision de l'Amérique Latine et une banque
régionale qui regrouperait l'ensemble des réserves des pays de la
région et qui créerait un fond de développement autonome.
|