C. Le pétrole comme point d'appui
privilégié de la coopération Sud Sud.
Le pétrole est une arme redoutable mais il sait
également favoriser l'intégration latino américaine, c'est
en effet une excellente monnaie d'échange comme en témoigne le
modèle de l'accord conclu avec Cuba, qui reçoit 80 000
barils de brut par jour à prix préférentiel. Le
régime castriste paie en effet 80% sur six mois et les 20% restant sont
« payés » sous forme d'échange. Notons que
les dettes accumulées par Cuba ne font l'objet d'aucune relance de la
part du Venezuela ; mais quand on sait que Hugo Chavez a personnellement
accumulé par cette convention plus de 200 millions de dollars, on
comprend que les impayés ne soient pas son principal souci. Quand on
connaît la promesse qu'avait fait Hugo Chavez, en 1998 au moment des
élections, de bannir la corruption du milieu politique on peut se
demander quelles seront les répercussions si ce scandale vient à
éclater aux oreilles de la population vénézuelienne.
Un autre aspect de cette coopération Sud Sud via le
pétrole réside dans le souhait émis par Hugo Chavez de
créer une compagnie pétrolière pour l'Amérique
Latine : la Petrosur. Prenant place dans le projet de l'ALBA (nous
développeront ce point dans notre 4ième partie),
Petrosur envisage de rassembler les entreprises pétrolières
publiques d'Argentine, de Bolivie, du Brésil, de l'Uruguay, du Venezuela
et de l'Equateur. Ceci pour créer les moyens d'éliminer le
déficit énergétique des autres pays d'Amérique
latine.
Le pétrole est donc la principale arme mais
également le principal atout du président Chavez ;
malgré tout, il ne se borne pas qu'à cela. En effet, ses
idées et ses alliés marquent aussi son écho politique.
II. Hugo Chavez : des idées fortes, des
alliés pour choquer et des ennemis définis
A. Le Venezuela au secours de l'Amérique Latine
ou la remise en cause de la pax americana
La diplomatie bolivarienne vise à accorder la
priorité à la coopération Sud Sud. Ceci correspond
à la volonté de construire un monde multipolaire. Pour cela Hugo
Chavez soutient les pays d'Amérique Latine comme par exemple
l'Argentine. Dans ce pays, depuis son accession au pouvoir en 2003, le
président Kirchner a su rester ferme sur la négociation de
l'énorme dette de son pays face au FMI. Par le biais de l'envolée
du prix du baril de pétrole, Hugo Chavez dispose aujourd'hui d'un
véritable « trésor de guerre » qu'il met au
service de la « solidarité bolivarienne ». Pour
aider son ami Kirchner il a notamment racheté une tranche de 538
millions de dollars de la dette argentine et il s'est engagé à
fournir 500 autres millions de dollars de contrats à l'Argentine. Cette
aide lui permet d'établir une image de porte parole et de
défenseur de l'ensemble du continent Sud Américain, mais
également de créer un pouvoir de reconnaissance et donc de
pression sur les autres pays d'Amérique Latine. En effet bien souvent en
politique la reconnaissance passe par la détention d'un nouveau pouvoir
d'influence.
Le président Chavez se dote également
d'alliés pour choquer : le terroriste Carlos, les FARC, Fidel
Castro.... En effet un des premiers acte officiels de Chavez comme
président fut d'adresser une lettre de solidarité à Carlos
dit « le chacal ». Pour ce qui est des FARC, la Colombie a
récemment dénoncé le fait que le président Chavez
accueille des FARCS dans son pays et que le Venezuela est aujourd'hui devenu
une base arrière des révolutionnaires colombiens. Notons par la
même occasion que le Washington Post déclara le 14 Janvier 2005
que de source sure le gouvernement vénézuelien fournirait des
armes achetées auprès de Fidel Castro aux FARCS, le tout sous
couverture de la Russie via le général Pavel Gratchev. Ces ventes
d'armes seraient gérées par Raul Castro et Adan Chavez. Ceci a
d'ailleurs créé une situation de crise entre le président
Hugo Chavez et son homologue colombien Alvaro Uribe, cette dernière fut
résolue par l'intervention de Fidel Castro.
Pour ce qui est de son lien avec le régime cubain,
nous avons noté l'échange de pétrole contre des
médecins cubains dans notre deuxième partie et soulignons que cet
apport de 80 000 barils de pétrole à prix
préférentiel a permis le renforcement de l'industrie cubaine et
un allègement de sa crise économique. Remarquons également
que le 15 Décembre 2004 Chavez et Castro ont signé un accord
d'intégration économique qui lève les barrières
douanières entre les deux pays. Mais le plus pertinent dans cette
« union » est de savoir qui « porte la
culotte » ? Chavez serait-il un pion de Castro, lui-même
pion de la Russie ? Ou le président vénézuelien
utiliserait-il simplement Castro afin de booster sa communication ? Les
rencontres entre les deux hommes sont d'une fréquence inhabituelle pour
deux chefs d'Etat et le fait que l'ambassadeur du Venezuela à Cuba soit
le propre frère de Hugo Chavez : Adan Chavez, ne fait qu'accentuer
l'impression d'une relation quasi familiale. De plus, depuis les tentatives de
putch de 2002 contre le président vénézuelien ce dernier a
confié sa propre sécurité à la Direction
Générale d'Intelligence cubaine. Cette décision ne manqua
pas d'énerver les USA et la secrétaire d'Etat américaine
Condeleezza Rice affirma que « Hugo Chavez constitue une force
négative dans la région qui prend fait et cause pour le
régime de Fidel Castro et supprime ses opposants ». En
réponse, le gouvernement vénézuelien a demandé aux
Etats-Unis de respecter « le droit des peuples à
l'autodétermination » en soulignant que les
élections furent libres au Venezuela. De son côté
l'objectif de Fidel Castro est clair, il tente par le biais de Chavez de
déstabiliser les régimes pro américains de la
région et de radicaliser les gouvernements progressistes jugés
trop timorés aux yeux du « lider maximo ». Par
ailleurs Castro tente de mettre en avant Chavez comme son successeur :
« on dit que je vais mourir bientôt et qu'une fois le chien
mort la rage disparaîtra avec lui... c'est vite oublier que le Venezuela
s'est transformé en chien ».Toutefois ne voyons pas ici
une marque de domination de Fidel Castro bien au contraire, en effet ce dernier
a reconnu que le modèle castriste dépendait aujourd'hui de la
révolution bolivarienne.
En vérité le grand vainqueur de cette alliance
Castro- Chavez semble être la Russie. Cet ennemi géopolitique
éternel des Etats-Unis semble aujourd'hui pouvoir influer sur le
Venezuela via Cuba. En effet, nous savons que le pays le plus influent sur Cuba
reste encore la Russie ; en extrapolant on peut donc supputer que la
Russie a par pays interposés une grande influence sur le
président vénézuelien.
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