II la définition du programme politique de Hugo
Chavez : pour les plus démunis !
A . Les références bolivariennes du
mouvement
Le mouvement qui porta Hugo Chavez à la tête de
l'Etat vénézuelien est né en 1982, pendant la
« crise ». Il s'agissait alors d'une cellule
clandestine ; en 1987 le mouvement, qui ne cessait
« d'établir de nouvelles cartes de membres », pris
le nom de Mouvement Bolivarien Révolutionnaire. Dès lors
l'objectif du groupe était clair : il souhaitait une
révolution, une transformation politique, sociale, économique et
culturelle inspirée par les idées de Simon Bolivar. Le MBR
établi alors « l'arbre aux trois racines » qui est
en quelque sorte sa source idéologique. Cet arbre est composé
d'une racine bolivarienne (ses idées, sa vision géopolitique de
l'intégration de l'Amérique latine), d'une racine zamorienne
(référence à Ezequiel Zamora, le
« général du peuple souverain » et de
« l'unité civico-militaire ») et d'une racine
robinsonienne (en référence à Simon Rodriguez, le
maître de Bolivar, sage de l'éducation populaire, de la
liberté et de l'égalité). Cet arbre aux trois racines
avait avant tout un contenu symbolique et il offrait un sens intégrateur
et reconstructeur de l'histoire nationale et continentale.
Dans ce mouvement politique l'importance était
donnée à la morale et à la communication par des images
fortes. Le socialisme du 21e siècle doit avoir comme
première caractéristique une morale, une conscience, une
éthique. Dans cette idée les références à
Che Guevara sont nombreuses. Une autre référence plus inattendue
est le Christ. Hugo Chavez aime affirmer que le premier socialiste fut le
Christ ; il explique que le socialisme doit ce nourrir des courants les
plus authentiques du christianisme. Cette idée du socialisme, Hugo
Chavez la défend à merveille : « le socialisme
doit défendre l'éthique, la générosité.
Bolivar fut un exemple : il a tout abandonné pour être utile
à son pays. Il faut rappeler aussi que le Christ a dit à un homme
riche qui voulait aller au paradis : vends tout ce que tu possèdes
et partage-le entre les pauvres ».
Nous notons ici que le mouvement de Hugo Chavez
porte de grands principes, toutefois quand il a remporté les
élections et lorsqu'il s'est installé à la
présidence de la République, son gouvernement ne disposait pas
réellement d'un corps doctrinal systématique, ni de lignes
directrices claires qui auraient pu constituer un projet pour le pays, ni
d'organisations politiques en mesure de suppléer à ces carences.
En vérité lors de sa prise de pouvoir le projet n'était
perçu que comme l'expression d'un nationalisme militaire, traditionnel
et conservateur ; ceci lui valut d'ailleurs d'être
caractérisé par les intellectuels soit comme un populiste
militaire de type ou de tendance autoritaire, soit comme un
néo-populiste néolibéral. Son projet dans la pratique est
donc apparu « sur le tas », il s'est dessiné dans la
confrontation politique et avec l'expérience du pouvoir.
A. Le programme économique
Selon ses propres termes, le président Chavez souhaite
s'éloigner du modèle néolibéral et résister
à la mondialisation. Il faut selon lui « rechercher le
point d'équilibre entre le marché, l'Etat et la
société. Il faut faire converger la main invisible du
marché et la main invisible de l'Etat autant que
nécessaire ». Soulignons tout de même que la
propriété privée, les privatisations et les
investissements étrangers restent garantis même si cette garantie
s'inscrit dans « la limite de l'intérêt
supérieur de l'Etat », qui veillera à conserver
sous son contrôle des secteurs stratégiques dont la vente
signifierait un transfert d'une partie de la souveraineté nationale. Les
propos d'Hugo Chavez peuvent être ici considérés comme
vague voir même obscurs ; en effet quelle est sa définition
de « la limite de l'intérêt supérieur de
l'Etat » ? Nul ne le sait.
B. le référendum
Le jour même de son accession au pouvoir (Janvier
1999), Hugo Chavez annonça l'organisation d'un référendum
de consultation populaire sur la convocation d'une assemblée
constituante. Par le fait d'avoir obtenu un vote favorable au
référendum et à l'assemblée constituante son
leadership personnel fut augmenté, le plaçant en situation
d'influer fortement sur l'orientation de la nouvelle constitution.
De plus, le président Chavez joui aujourd'hui d'une
forte popularité dans son pays avec plus de 70% d'opinion favorable ce
qui l'assure, si la situation ne change pas, d'être réélu
aux prochaines élections présidentielles.
C. les réformes nationales et leurs bilans
Le titre de notre seconde partie souligne que la politique
mise en place par Hugo Chavez était orientée envers les plus
démunis. En introduction nous avions noté que son élection
fut essentiellement le fait d'une mobilisation des plus démunis ;
et on peut dire que le président Chavez leur rend l'ascenseur. Cet
ascenseur, à défaut d'être social, se matérialise
par une redistribution généreuse et orientée de
manière intelligente. En effet, en 2004 quelques 3,7 milliards de
dollars sont allés au financement d'infrastructures et de
« missions » créées au bénéfice
des catégories défavorisées (contre 600 millions de
dollars en 2003) ; ce nouveau programme social fut nommé
« Barrio Dentro » (littéralement :
à'intérieur du quartier). L'alphabétisation, l'apport de
soins (notamment via de 15 000 médecins cubains envoyés par Fidel
Castro en échange de pétrole) cet apport de soin étant
basé sur une médecine préventive dans les milieux
populaires jusque là abandonnés, la création d'une
chaîne de supermarchés populaires, l'accès au
baccalauréat et aux études supérieures pour les plus
démunis.... Tous ces exemples démontrent l'énorme chantier
mis en oeuvre par Hugo Chavez. Ceci continuera tant que les finances
suivront.
Le président vénézuelien a donc mis en
place un programme social optimiste mais pour l'assurer il a besoin d'un budget
considérable. C'est pourquoi il a mis un point d'honneur à
remodeler l'industrie pétrolière. Mais assurer ses finances n'est
pas le seul objet de cette modification de la politique
pétrolière.
|