I. 3
- L'intellect
La conscience à travers la perception consistait
à prendre la chose comme le véritable égal à
soi-même, ce qui retourne à soi-même. Après ce
premier moment, il s'est présenté la dualité de
l'appréhension et de la réflexion dans la chose.
Ainsi la chose est pour soi et aussi pour un autre.
« Il y a en elle deux êtres divers ; mais elle est
aussi un Un » (t.1, p.102). Il se découvre donc une
différence entre la chose singulière et séparée.
Car : « les choses diverses sont posées pour soi ; et
le conflit tombe réciproquement en elles de telle sorte que chacune
n'est pas différente de soi-même, mais seulement des
autres » (t.1, p.103). De ce fait, il ressort qu'il y a dans
chaque chose des éléments d'une différence essentielle qui
la distingue des autres. Elle « est alors
déterminée comme ma chose distincte »
(Ibidem). Et la note explicative de la page 103 nous fait remarquer
qu'en posant la multiplicité des choses distinctes, la conscience
percevante exclut l'être-autre à la fois de la conscience
et de la chose singulière. Mais pour Hegel l'être-autre
passe par l'intériorité de la chose elle-même. Et à
travers la démonstration qui s'en suit, aucune solution subjective n'est
admise.
Mais la conscience fait une autre opération :
celle d'éviter toute opposition dans la chose. Elle distingue à
cet effet la déterminabilité essentielle de la chose, parce
qu'elle la rend discernable par rapport aux autres choses. La conscience fait
ici une expérience qui lui est nécessaire. Dans celle-ci la
chose est effondrée par le fait de cette déterminabilité
qui est la constituante de son "essence et de son être pour soi. Et
poser ainsi l'être-pour-soi de la chose, c'est poser la
négation absolue de tout être-autre. Cette action marquant
l'activité de la négation dans l'être pour soi est son
auto-négation ou son retour à l'universel. Le retour à
l'universel est fondamental dans la mesure où, en lui s'effectue la mise
ensemble de l'unité et de la multiplicité de la chose. Pour le
signifier, l'auteur écrit :
« Mais quand ses deux moments sont
essentiellement dans l'unité, c'est alors qu'est présente
l'universalité inconditionnée et absolue, et c'est à ce
moment que la conscience entre vraiment dans le règne de
l'entendement » (t.1, p.105).
Nous nous trouvons au stade de la conscience sensible
où se réalise pleinement le pur automouvement de la
différence dans l'identité. Donc, la relation avec la
réalité extra-conscience devient une connaissance. Et dans le
savoir vrai, la conscience devient vie. Car en fait, l'objet n'est plus la
force, mais soi. Elle se divise en deux parties majeurs : autonomie et
autonomie. Et à partir d'elle nous débouchons sur la grande
figure de Domination et servitude. De même la conscience n'est plus
entendement, mais la conscience de soi. « Elevée au-dessus
de la perception, la conscience se présente elle-même jointe au
supra-sensible par le moyen du phénomène, à travers lequel
elle regarde dans le fond des choses » (t.1, p.140).
C'est ici que Hegel se sépare ici de Kant. Car, au lieu
que la conscience de soi nous permette d'affirmer la conscience de quelque
chose, on y aboutit à travers le chemin de l'expérience
phénoménologique. Voilà pourquoi notre auteur
dit :
« Il est clair alors que derrière le
rideau, comme on dit, qui doit recouvrir l'Intérieur, il n'y a rien
à voir, à moins que nous ne présenterions nous-mêmes
derrière lui, que pour qu'il y ait quelque chose à
voir » (t.1, p.140-141).
C'est par une construction de l'esprit que nous atteignons
l'intérieur des choses. Si nous essayons de dénuder le
réel, nous dit Ch. Andler, l'on n'y découvre que soi-même,
l'activité universalisatrice de l'esprit qu'il appelle entendement
(1931 : 317). Du coup, ce qui semblait être conscience d'un autre
devient conscience de soi.
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