3. CULTURE ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
"Déconcentration et décentralisation
entraînent une territorialisation de l'action culturelle" (Perret &
Saez, 1996, 41).
Depuis la décentralisation artistique de
l'après-guerre jusqu'à la récente implication des DRAC
dans des projets territoriaux, en lien avec les "lois Voynet" sur
l'aménagement et le développement durable du territoire et les
"lois Chevènement" sur le renforcement et la simplification de la
coopération intercommunale, l'aménagement du territoire a
été intégré par l'Etat dans ses politiques
culturelles successives.
Plus qu'une simple action d'investissements structurels, les
équipements culturels contribuent directement à
l'aménagement du territoire par une irrigation locale de la culture sous
toutes ses formes, soit pour répartir de manière
équilibrée une culture reconnue à l'échelon
national, soit pour mettre davantage en valeur les potentialités et les
richesses inscrites sur un territoire donné. Cela renvoie aux diverses
formes observables de démocratisation culturelle, celle-ci constituant
un des deux axes principaux (et parfois contradictoires) de l'action du
ministère de la Culture, l'autre axe étant la création et
"l'excellence" artistiques : "La démocratisation et le soutien
à la vie artistique sont deux missions différentes" (Urfalino in
Actes du colloque [...], 1996, 92). Ainsi, le lien de cause à effet
entre aménagement culturel du territoire et développement
culturel de la nation sous-tend le rapport réalisé sur ce sujet
par Bernard Latarjet en 1992, à la demande de M. Jack Lang et de M.
Jacques Chérèque, occupant alors les fonctions de,
respectivement, ministre de la Culture et ministre de l'Aménagement du
territoire.
Ce rapport rappelle à juste titre l'importance
respective et l'interdépendance des services régionaux
décentralisés et déconcentrés, dont les missions
tendent aujourd'hui à être mieux identifiées et mieux
coordonnées. Si la région est "l'échelon essentiel[...]de
conception et de mise en oeuvre de [la politique d'aménagement culturel
du territoire]", les DRAC s'imposent comme les "pivots" de cette politique,
(Latarjet, 1992, 75).
Alors que d'une part "il faut accroître l'effort de
déconcentration " (id. 23), d'autre part la décentralisation
n'est qu'à "envisager, après concertation", (id. 24). Conclusion
paradoxale tirée de l'étude du terrain (du territorial) ou effet
de la commande d'Etat?
Quoiqu'il en soit l'Etat garde, en matière de politique
culturelle, une présence déterminante dans les régions
françaises, présence renforcée par le fait que "la
politique d'aménagement du territoire est initiée par l'Etat,
garant de l'unité du territoire" (Thuriot, 1999, 33).
Le rôle et le poids de l'Etat sur la culture en face des
collectivités territoriales, et ce malgré la reconnaissance du
"rôle de chef de file de la région, compte tenu des ses
compétences[...]en matière[...]d'aménagement du
territoire" (id. 37), trouvent une légitimation supplémentaire
dans les missions attribuées par l'Etat à la
Délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale (DATAR), notamment à travers la
prospective interrégionale.
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