Les objectifs individuels ont concerné aussi bien les
critères de 1er rang (A) que ceux de 2nd rang
(B).
A- Les critères de 1er
rang
Les programmes pluriannuels qui font l'objet du rapport sont
ceux couverts par la période 2002-2004. Mais, l'on constate à
l'analyse du rapport que certains Etats n'ont pas élaboré de
programmes durant l'année 2002. En outre, parmi ceux qui ont fourni un
programme, il y en a qui n'ont pas prévu tous les objectifs de
convergence.
Dans la première catégorie, l'on retrouve la
Guinée-Bissau et le Togo. Le rapport ne fournit aucune explication sur
les raisons de cette défaillance. Cependant, l'on pourrait tenter
d'expliquer cette défaillance par la situation économique et
financière très difficile que vivent ces deux pays103(*). Dans la deuxième
catégorie, des pays comme le Bénin, le Mali et le Burkina Faso
n'ont fixé que deux objectifs de convergence. Quant aux autres pays, ils
n'ont prévu que trois sur les quatre. Pour tous les pays, le rapport est
muet sur le dernier objectif à savoir la non accumulation des
arriérés de paiements intérieurs et extérieurs. Les
Etats ont-ils fixé des objectifs par rapport à ce
critère ? Sur la base du rapport, on ne le saura pas. Pas plus
qu'on ne saura pourquoi le Bénin, le Mali et le Burkina Faso n'ont
fixé que deux objectifs de convergence.
Ces constats nous amènent à nous interroger sur
la portée de l'élaboration des objectifs individuels de
convergence que doivent contenir les programmes pluriannuels. Celle-ci
constitue-t-elle une obligation ou simplement une faculté laissée
aux Etats membres104(*) ?
Cela dit, pour ce qui est des critères de
1er rang, le Bénin et le Sénégal,
réaliseraient chacun de bonnes performances. Le premier atteindrait
tous les deux objectifs de convergence qu'il s'est fixé105(*). Ainsi, il établirait
à 0,8 % en 2002 le solde budgétaire de base rapporté au
PIB nominal, critère clé de convergence. L'amélioration
des recettes fiscales de 10,7 % en 2002 serait à l'origine de cette
performance. Il atteindrait également l'objectif de 2,5 % prévu
pour le taux d'inflation annuel moyen.
Quant au second, le Sénégal, il
dépasserait positivement les objectifs qu'il s'est fixé. Ainsi,
il établirait à 2,0 % en 2002 son solde budgétaire de base
rapporté au PIB alors que l'objectif n'était que de 1,4 %. Cette
belle performance s'observe également au niveau du taux d'inflation
où pour un objectif de moins de 3 % on passerait à 2,4 %
aujourd'hui.
A l'inverse de ces pays, les autres présenteraient des
fortunes bien diverses.
Par exemple, au Burkina, au Mali et au Niger les objectifs
fixés par rapport au critère clé ne seraient pas atteints.
L'explication résiderait dans l'augmentation des dépenses
courantes malgré une amélioration des recettes notamment au Mali
et au Burkina Faso106(*).
Concernant la Côte d'Ivoire, il faut souligner
d'emblée que l'analyse de l'état de la convergence fourni par le
rapport est basée sur les simulations faites par la Commission suivant
le scénario optimiste. Ainsi, bien qu'elle ne respecterait aucun de ses
objectifs individuels, la Côte d'Ivoire ne présenterait pas un
état de convergence désastreux. En effet, elle resterait tout de
même dans les limites des objectifs communautaires sauf pour ce qui
concerne l'encours de la dette intérieure et extérieure
rapporté au PIB nominal. Elle établirait ce critère
à 107,0 % alors qu'elle l'aurait prévu pour 104,3 %,
dépassant largement la norme communautaire fixée à 70
%.
D'ailleurs on remarquera que, les Etats ayant prévu un
objectif relativement à ce critère, le fixeraient au dessus de la
norme communautaire. Ainsi, la Côte d'Ivoire, comme nous venons de le
voir, le fixerait à 104,3 %, le Mali à 96,3 %, le Niger à
85,9 % et le Sénégal à 72 %. Cela signifierait-il que nos
Etats ont voulu être réalistes en fixant une norme largement
supérieure à la norme communautaire ? En d'autres termes, la
norme communautaire est-elle trop sévère, trop ambitieuse pour
nos Etats ? Nos Etats ne veulent-ils pas ou ne peuvent-ils pas effacer ou
à tout le moins réduire leur dette ?
Par ailleurs, on observe que les Etats n'arrivent pas
à respecter les objectifs qu'ils se sont eux mêmes définis.
C'est à croire que ces objectifs ont été ou bien mal
définis ou bien mal appliqués, mal exécutés. Dans
cette dernière hypothèse, les moyens nécessaires n'ont pas
été mis à contribution pour la réalisation des
objectifs.
Toujours est-il que dans l'ensemble de l'Union, on peut dire
que les performances réalisées sont bien en déça
des objectifs de convergence initialement prévus pour ce qui est des
critères de 1er rang. En sera-t-il de même pour les
critères de 2nd rang ?
B- Les critères de 2nd
rang
Ici également, il est frappant de constater que les
normes de certains ratios comme les investissements publics financés sur
ressources internes rapportés au PIB nominal, le déficit
extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal et le taux de
pression fiscale ne respecteraient pas celles prévues dans le cadre
communautaire. Ce constat serait surtout vrai pour le ratio du déficit
extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal où la
norme communautaire est fixée à 5 % alors que les Etats comme le
Burkina et le Niger le fixeraient à respectivement 15,7 % et 12 %. Les
mêmes interrogations posées dans le cas de l'encours de la dette
intérieure et extérieure sont valables ici.
Relativement aux objectifs individuels sur les
critères de 2nd rang, seul le Mali réaliserait
véritablement une bonne performance107(*) pour ce qui est du critère de la masse
salariale rapporté aux recettes fiscales. Pour un objectif de 27,1 %, le
Mali le porterait à 27 %. Cette situation se justifierait par la
maîtrise de la masse salariale. Pourtant, on avait annoncé pour ce
pays, que les dépenses courantes augmenteraient de 16,9 % `'en raison
principalement de l'accroissement de la masse salariale.''108(*)
Tous les autres pays n'ont pas pu atteindre les objectifs
fixés pour ce critère. Ainsi pour un objectif de 35,0 %, le
Burkina Faso le porterait à 41,1 %, la Côte d'Ivoire à
44,5 % et le Niger à 35,9 % pour respectivement des objectifs de 35%,
41,4 % et 30,8 %.
Les performances ne seraient pas non plus meilleures pour les
déficits extérieurs hors dons rapportés au PIB nominal et
pour le taux de pression fiscale. Les objectifs définis par rapport
à ces deux critères ne seraient respectés par aucun des
Etats à l'exception du Sénégal qui réussirait
à porter son taux de pression fiscale au dessus de l'objectif. Ainsi
pour un objectif de 17,4 %, il réaliserait 17,7 %. Le pays qui
enregistrerait le plus faible taux est le Niger avec 10,7 % pour un objectif de
12,8 %. Ensuite suivent le Burkina Faso avec 13,8 % pour un objectif de 15,7 %,
le Bénin et le Mali avec chacun 14,3 % pour un objectif de 14 ,7
% , pour le Bénin, la Côte d'Ivoire avec 15, 9% pour un
objectif de 16,7 %. Les Etats s'approcheraient donc difficilement de la norme
communautaire de 17 %. Ce qui induirait, en autres, une insuffisance dans le
recouvrement des recettes fiscales.
S'agissant du ratio des investissements publics
financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales,
il faut signaler les très belles réalisations du Burkina Faso qui
atteindrait 43,6 % pour un objectif de 23,9 % dépassant largement la
norme communautaire fixée à 20 %. Le Bénin, le Mali, le
Sénégal ont atteint respectivement 22,0 %, 22,3 %, 22, 4% pour
des objectifs de 25,7 %, 21,8 % et de 20,1 %. La Côte d'Ivoire se
rachèterait en réussissant seule à respecter le
critère du déficit extérieur courant hors dons
rapporté au PIB nominal en le portant à 1,5 %.
Le Bénin le porterait à 8,2 %, le
Sénégal à 6,4 % pour des objectifs respectifs de 5,6 % et
7,2 %. Le Burkina Faso le porterait à 13,7 %, le Mali à 10,4 % et
le Niger à 12,7 % pour des objectifs de 15,7 % et 12 % pour
respectivement le Burkina et le Niger.
Ces contre-performances au niveau des objectifs individuels
induisent-elles forcément des contre-performances s'agissant des
objectifs communautaires ?