Pour mesurer les performances du secteur réel, il
convient d'étudier les activités économiques qui ont lieu
dans les Etats (A). Par la suite, l'analyse des performances budgétaires
sera faite à travers la description de la situation des finances
publiques (B).
A- L'activité économique et
financière
En 2002, le rythme de l'activité économique de
l'Union dans son ensemble se serait maintenu au même niveau que celui de
2001, soit un taux de croissance annuel de 3,9 %. A la suite des troubles que
connaît la Côte d'Ivoire depuis le 19 Septembre 2002, la croissance
n'aurait été que de 2,7 %.
Les Etats qui auraient enregistré une croissance
relativement élevée sont le Bénin, le Burkina Faso et le
Sénégal avec respectivement un taux de 6,0 % , 5,6 % et 4,8
%.
Au Bénin, cette situation serait imputable à la
bonne tenue de l'ensemble des secteurs d'activité. Le secteur primaire
progresserait de 5,7 % en 2002 contre 3,1 % en 2001, sous l'effet d'une bonne
production cotonnière au cours de la campagne 2001-2002. La croissance
du secteur secondaire s'établirait à 7,4 %. Le secteur tertiaire,
connaîtrait une croissance de 5,7 %. En 2002, on aurait noté une
décélération de l'inflation par rapport à
l'année précédente avec un taux d'inflation annuel moyen
de 2,5 % contre 4,0 % en 2001.
Au Burkina Faso, la situation économique serait
marquée par un ralentissement des activités des secteurs primaire
et tertiaire et par une accélération de la croissance du secteur
secondaire. Du côté de la demande, la croissance serait
essentiellement portée par la consommation qui contribuerait à
2,8 points. L'investissement et les échanges extérieurs
contribueraient à cette croissance pour respectivement 1,3 point et 1,5
point.
Le taux d'inflation annuel moyen serait de 2,4 % contre 4,9 %
en 2001. Cette relative maîtrise des prix90(*) s'expliquerait par les résultats satisfaisants
des campagnes agricoles.
Au Sénégal, le taux de croissance
calculé à partir des PIB comparables, serait de 2,4 % en 2002 en
raison de l'imputation de la campagne agricole 2002/2003 à
l'année 2002, conformément au règlement n°
11/2002/CM/UEMOA du 19 Septembre 2002 portant adoption des modalités de
calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) dans les Etats membres de
l'UEMOA91(*). Il serait
donc inférieur à celui attendu de 4,8 % en 2002 pour un objectif
initial de 6,2 %. Ce repli serait essentiellement imputable à la forte
contraction des activités du secteur primaire du fait notamment du
démarrage tardif de la campagne agricole 2002-2003. Pour les autres
secteurs, la situation serait relativement plus satisfaisante en particulier
dans les BTP (Bâtiments de Travaux Publics).
Au Togo, l'activité économique sous l'impulsion
des secteurs primaire et secondaire, enregistrerait un taux de croissance de
2,9 % en 2002 contre 0,6 % en 2001. Cette belle performance est à mettre
au compte de la hausse des cultures vivrières de 0,4 % et du regain
d'activités des industries extractives. Par contre, le secteur tertiaire
serait en repli de 1,5 % contre 2,8 % en 2001.
Tous les autres pays connaissent une baisse de leur situation
économique et financière.
Au Mali92(*), la croissance serait moins vigoureuse en raison de
la baisse de la production agricole de 7,1 % malgré une croissance des
secteurs secondaire et tertiaire. Cette récession économique se
déroulerait dans un contexte inflationniste.
La Guinée-Bissau serait à peu près
logée dans la même enseigne. Sa situation économique serait
marquée par une contraction de l'activité économique avec
un taux du PIB de -4,3 % contre 0,2 % en 2001. Là également,
cette récession se déroulerait dans un contexte de pression
inflationniste.
Au Niger, le taux de croissance serait en baisse passant de 5
,8 % en 2001 à 2,9 % en 2002. Cette décélération de
l'activité économique en 2002 serait essentiellement due à
la contre-performance du secteur primaire qui enregistrerait un taux de 1,9 %
contre 10,3 % en 2001.
Enfin, en Côte d'Ivoire où la situation est
exceptionnelle, à la faveur de la normalisation progressive du climat
socio-politique et de la signature d'un programme économique et
financier appuyé par les institutions de Bretton Woods en Mars 2002, les
perspectives économiques faisaient état d'une reprise dans le
pays. Ainsi, la croissance économique projetée à 3 % en
2002 devait être soutenue par la reprise des investissements publics
financés par l'afflux des capitaux étrangers.
Parallèlement, le retour de la confiance et des engagements des
autorités à mettre en oeuvre des réformes, notamment dans
les filières agricoles d'exploitation, devraient vaincre l'attentisme
des investisseurs privés.
Mais, la grande crise politico-militaire survenue le 19
Septembre 2002, rend aujourd'hui caduques les prévisions
économiques pour l'année 2002. Ainsi, les perspectives pour
l'année 2002 indiqueraient une détérioration de la
situation économique et financière. Cette situation mi-figue
mi-raisin de la situation d'ensemble de l'Union va avoir évidemment des
répercussions sur les finances publiques.
B- Les finances publiques
Au plan des finances publiques, la plupart des Etats
connaîtraient une aggravation de leur déficit global,
résultant d'une augmentation plus forte des dépenses par rapport
à celle des recettes totales. Par exemple, au Bénin, le solde
budgétaire global hors dons serait de -5,1 % PIB contre -4,2 % en 2001.
Au Burkina Faso, le déficit global passerait de 4,5 % en 2001 à
5,9 % du PIB en 2002. En Guinée-Bissau, il connaîtrait une
légère aggravation passant de 9,6 % du PIB en 2001 à 9,8 %
en 2002.
Au Mali, la situation se traduisait par une
détérioration du solde budgétaire global qui
s'établirait à -6,1 % du PIB contre -5,1 % 2001 en rapport avec
la baisse des dons de 22,2 %. La situation n'est guère meilleure au
Burkina Faso et Togo.
Dans le premier pays cité, l'état des finances
publiques serait marqué par la progression des dépenses non
compensée par une augmentation significative des recettes, induisant une
aggravation des déficits budgétaires.
Au Togo, on note aussi une détérioration du
solde budgétaire global qui passerait d'un excédent de 0,6 % du
PIB en 2001 à un déficit de -3 % en 2002.
En Côte d'Ivoire, la situation des finances publiques
devrait enregistrer une légère dégradation. Le
déficit serait de 0,4 % du PIB en 2002 contre un excédent de 1,0
% l'année précédente.
En revanche, des pays comme le Niger et le
Sénégal devraient enregistrer une sensible amélioration en
2002 de leurs finances publiques.
Ainsi, au Niger, les réformes entreprises dans le cadre
de la mise en oeuvre du programme économique et financier avec le FMI
ont permis d'accroître les recettes et de maîtriser les
dépenses courantes. Les recettes budgétaires progresseraient de
21,2 % pour représenter 11,4 % du PIB contre 10 % en 2001. Quant aux
dépenses totales et prêts nets portés par les
dépenses d'investissement, ils connaîtraient une augmentation de
13,9 % s'établissant à 19,4 % du PIB contre 18 % en 2001.
Au Sénégal, l'amélioration du
déficit global se contracterait pour se situer à 0,4 % du PIB en
2002 contre 2 % en 2001. De même, le déficit global hors dons se
réduirait pour s'établir à 2,4 % du PIB contre 4 % en
2001.
Si dans l'ensemble, les activités économiques et
les finances publiques ne présentent pas une situation florissante,
peut-on s'attendre à un meilleur visage du côté des
échanges et de la monnaie ?