SECTION II. ORGANISATION DU MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS
A. HISTORIQUE DU MARCHE FINANCIER CAMEROUNAIS
Les réformes du secteur financier entreprises depuis
quelques années dans divers pays
africains (Cameroun, Sénégal, Côte d'ivoire,
Congo, Burkina Faso, entre autres)
ambitionnaient de restaurer à la fois les
équilibres nécessaires à leur efficacité et
la confiance des agents économiques envers les institutions
financières. Les premiers bilans de ces reformes ne s'étant
guère avérés favorables (l'objectif d'un système
financier solide et dynamique demeurant un voeu pieu pour la plupart des pays
considérés), il devenait donc nécessaire d'adopter une
autre approche.
Le Cameroun, comme toute l'Afrique centrale, souffre
profondément d'un problème
de circuit de financement qui handicape et
hypothèque entre autres facteurs, une croissance
économique soutenue et durable qui autoriserait les espoirs d'un
recul notable
de la misère des populations, comme l'a si bien
diagnostiqué le séminaire de Libreville, organisé du
24 au 26 Mars 1997 par la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) et
l'Institut de Développement Economique (IDE) de la Banque mondiale sur
le thème : « La
mobilisation de l'épargne longue et le
financement des investissements en Afrique centrale ».
En Octobre 1997, le Président Paul BIYA annonce
à Douala, la création d'une
bourse des valeurs du cameroun. Une déclaration faite
certes dans une foulée électoraliste,
mais sûrement prescrite par les états majors
économiques du Président qui croyaient en ce projet ; puisqu'il
faut rappeler qu'en 1994, le gouvernement camerounais avait initié une
étude sur la création d'une bourse des valeurs et dont
le rapport final avait été remis en Juin 1995.
Après maintes études de facticité et
réformes annoncées dans cette optique, le Président
Paul BIYA promulgue le 22 Décembre 1999, après
délibération et adoption de l'assemblée nationale, la
loi N° 99/015 portant création et organisation d'un
marché financier au Cameroun. En Décembre 2001, Le Douala Stock
Exchange, Bourse des valeurs
mobilières est mise sur pied. L'inauguration officielle de
cette Bourse se fera par le Premier
Ministre Peter MAFANY MUSONGE le 22 Avril 2003.
21
B. INTERVENANTS SUR MARCHE FINANCIER CAMEROUNAIS
Pour permettre une bonne prestation sur le Marché
financier camerounais, deux
grands ensembles d'intervenants coexistent. Il s'agit des :
- intervenants institutionnels;
- intervenants commerciaux.
1. Intervenants institutionnels
Ils sont constitués de la Commission des
Marchés Financiers (CMF), du Douala
Stock Exchange (DSX), du Dépositaire Central et de la
Banque de Règlement.
a. Commission des M archés Financiers
La CMF est une autorité administrative
chargée de vérifier la régularité de tout ce
qui se passe sur le marché. Il garantit la
sécurité de l'épargne boursière. En outre,
elle est chargée d'organiser et de contrôler l'appel public
à l'épargne. Elle est habilitée à
contrôler
les intervenants sur le Marché Financier. Ainsi,
tout appel public à l'épargne doit être
autorisé par la CMF.
La CMF peut formuler un veto sur l'émission et le
placement par appel public à
l'épargne de nouveaux produits financiers
susceptibles d'être négociés en bourse, ainsi que
la création de marchés financiers nouveaux.
La CMF réglemente le fonctionnement du marché
notamment:
- en édictant une réglementation spécifique
au marché boursier régional ;
- en instruisant les plaintes de toute personne
intéressée, relatives aux fautes, omissions ou manoeuvres
préjudiciables aux droits des épargnants et au
fonctionnement régulier du marché ;
- en prenant des décisions particulières pour
l'application de mesures individuelles, de mesures disciplinaires devant
sanctionner les comportements qui portent atteinte aux intérêts
des épargnants ;
22
- en conciliant et en arbitrant les différends
pouvant survenir à l'occasion des relations professionnelles
entre les intermédiaires financiers, ou entre ces derniers
et les structures de gestion du marché.
La CMF est composée d'un Président
et de huit membres de nationalité camerounaise, nommés
par décret du Président de la République, pour un mandat
de cinq ans renouvelable une fois, dont :
·
|
Deux représentants du ministère chargé des
finances ;
|
|
·
|
Deux personnalités qualifiées, choisies en
raison de leur
|
compétence
|
juridique, sur proposition du Ministre chargé de la
justice ;
· Un représentant des entreprises
d'investissement en valeurs mobilières, sur proposition de leur
association professionnelle ;
· Un représentant des établissements de
crédit, sur proposition de leur association professionnelle ;
· Deux personnalités qualifiées,
choisies en raison de leur compétence financière, sur une
liste conjointe arrêtée par le Ministre chargé des
finances et les organisations professionnelles du secteur privé.
La voix du Président est prépondérante en
cas de partage des voix.
b. Le Douala Stock Exchange
C'est l'entreprise de marché, concessionnaire du
service public ayant la qualité d'établissement financier
et dont les partenaires sont les prestataires de services
d'investissement en valeurs mobilières. Elle a pour objet
l'organisation du marché boursier et la diffusion des informations
boursières.
C'est une société anonyme1 au
capital de Un milliard huit cent millions
(1 800 000 000 FCFA) reparti ainsi qu'il suit dans
l'actionnariat:
1 Source : site web du DSX.
http://www.douala-stock-exchange.com
23
· 63.7% par les banques (10) et les sociétés
financières (02) respectivement ci-après :
AMITY BANK
AFRILAND FIRST BANK BICEC
CITIBANK
COMMERCIAL BANK OF CAMEROON CREDIT LYONNAIS
ECOBANK
SOCIETE GENERALE DE BANQUES AU CAMEROUN STANDARD CHARTERED BANK
CAMEROON.
UNION BANK
CREDIT FONCIER DU CAMEROUN FMO
· 23% par les démembrements de l'Etat
CAA CNPS CSPH SNI
· 13,3% par les Compagnies d'Assurances
ACTIVA ASSURANCES
CAMEROON INSURANCE PRO ASSUR
CPA
SAAR
SATELLITE INSURANCE
Son siège est à Douala.
Il veille au fonctionnement réguliers des
négociations et à ce titre, elle fixe les règles
régissant :
- l'accès au marché ;
- l'admission à la cotation ;
- l'organisation des transactions et des marchés ;
- la suspension des négociations d'une ou de plusieurs
valeurs mobilières ;
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- l'enregistrement et la publicité des négociations
;
- la livraison des titres et le règlement des fonds ;
- la conservation des valeurs.
c. Dépositaire Central /Banque de Règlement
Selon la loi1 portant création du
marché financier camerounais : « un département
spécialisé de l'entreprise de marché assure la
surveillance des positions et de l'appel des
marges, la liquidation d'office des positions concernant
les valeurs mobilières. Il supervise
également la circulation des valeurs
mobilières entre les partenaires par des opérations de
virement de compte à compte et assure la conservation de ces valeurs...
»
« ...Les fonctions de dépositaire central des
valeurs mobilières et de banque de règlement peuvent
être confiées à des opérateurs
spécialisés après avis de la commission des marchés
» Cette deuxième hypothèse a été
privilégiée dans le cadre du marché financier
camerounais et c'est la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA)
et la Société Générale de Banques au Cameroun
(SGBC) qui assurent respectivement les fonctions de Dépositaire
central et de Banque de règlement.
2. Intervenants commerciaux
Sur le Marché financier, le pôle des
intervenants commerciaux comprend les
Prestataires de Services d'Investissement, les apporteurs
d'affaires, les Sociétés Mobilières
de Conseil et les Démarcheurs.
a. Apporteurs d'affaires, Sociétés M
obilières de Conseils et Démarcheurs
Les apporteurs d'affaires, Sociétés
Mobilières de Conseil et Démarcheurs n'ont pas
véritablement commencé à exercer leurs activités
sur notre marché. Ils auront pour but de promouvoir les
opérations sur le Marché Financier pour leur propre compte ou
pour celui
de tierces personnes, de débusquer de potentiels
investisseurs, convaincre les indécis, orienter leurs clients vers
l'achat de telles ou telles valeurs mobilières.
Les apporteurs d'affaires permettent à leurs clients
de bénéficier de leur expertise dans le domaine boursier.
Ils offrent l'opportunité à leurs clients de se
positionner sur le
1 Décret présidentiel N° 99/015 du
22 Décembre 1999
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marché et d'élargir ainsi leur gamme de
produits, sans nécessiter de leur part de gros investissements ou
une connaissance pointue des mécanismes financiers.
Les Sociétés Mobilières de Conseil
donnent des avis, des conseils et incitent leurs clients, titulaires
de compte à acquérir les valeurs mobilières qui
sont les plus susceptibles
de leur apporter des gains.
Les Démarcheurs quant à eux, sont des personnes
qui font pratiquement du porte à porte, se rendent sur les lieux de
travail ou les lieux publics. Ils ont également recours à
l'envoi de lettres, du téléphone, de dépliants ou
de tout autre document en vue de proposer la souscription ou
l'acquisition de valeurs mobilières.
b. Les Prestataires de services d'investissement
L'intervention sur le Marché Financier du DSX se fait de
façon indirecte en passant
par des intermédiaires : Les Prestataires de
Services d'Investissement (PSI). Ce sont des sociétés de
droit commun qui présentent des garanties suffisantes pour
exercer leurs activités (Composition et montant de leur capital ;
moyens techniques et financiers, honorabilité et expérience
de leurs dirigeants); dispositions propres à assurer la
sécurité des opérations de leur clientèle.
Les PSI sont des sociétés de Bourse, des
sociétés de gestion et d'investissement. Ils ont le monopole
des négociations. Ils tiennent les comptes - titres et s'occupent de
toutes
les interventions sur le Marché Financier. Ils sont
agréés par la CMF.
Les PSI sont des sociétés commerciales
ayant le statut d'établissement financier. En tant que
sociétés de négociations, ils sont habilités
à être connectés à la Bourse et à
pouvoir présenter les ordres sur le marché.
***
Le financement par le Marché Financier est un
phénomène assez récent dans les pays africains ; dont
le Cameroun. Il concerne aussi bien les entités publiques que
privées.
Il existe à l'évidence, toutefois un certain
nombre de contraintes à respecter avant de
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pouvoir pleinement bénéficier des
opportunités offertes par ce nouveau moyen de
mobilisation de l'épargne.
C. ACTEURS DU MARCHE FINANCIER
Les acteurs du Marché Financier sont les émetteurs
de titres, les offreurs de capitaux
et les intermédiaires.
Les règles d'organisation et de fonctionnement
d'un Marché Financier diffèrent selon les pays et les
places financières, mais elles obéissent
généralement à des principes communs :
- les transactions portent sur des titres cotés;
- les transactions sont assurées par des
intermédiaires professionnels;
- les opérations de Bourse sont effectuées sur
ordre;
- les règles de fonctionnement sont souvent
établies par une institution indépendante qui possède un
pouvoir de contrôle et de sanction.
a. Emetteurs de titres
Les objectifs des agents économiques qui émettent
des titres sur le Marché Financier sont de :
- se procurer des capitaux nouveaux par recours à
l'épargne publique
- financer un investissement productif ou de croissance de
l'entreprise,
- financer la réalisation d'une innovation,
- se conférer une image de solidité et renforcer
les capitaux permanents ainsi que le pouvoir de négociation dans les
milieux financiers notamment par rapport aux banques.
Les émetteurs de titres se composent des
entreprises privées ou publiques, du Trésor public, des
collectivités locales et des institutions financières.
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b. Offreurs de capitaux (Investisseurs)
Il s'agit des agents économiques qui sont
à la recherche d'une plus grande rentabilité de leurs
épargnes. Ils procèdent par l'acquisition de titres
à partir de leurs épargnes. Ils sont également
désignés sous le vocable de demandeurs de titres.
Les principaux demandeurs de titres sont :
-
|
les particuliers ;
|
|
-
|
les entreprises qui ont pour activité la gestion des
portefeuilles de titres ;
|
|
-
|
les Organismes de Placement Collectif en Valeurs
Mobilières (OPCVM) qui
|
sont
|
constitués spécialement pour gérer des
portefeuilles de titres et qui regroupent :
· Les Sociétés d'Investissement à
Capital Variable (SICAV),
· Les Fonds Communs de Placements (FCP).
- les institutions financières spécialisées
et les banques ;
- les institutionnels : cette catégorie est
constituée par les compagnies d'assurance, les caisses de retraites
et les mutuelles qui collectent d'abondantes ressources sous forme de
cotisations et doivent les rentabiliser sur les marchés
financiers afin de pouvoir assurer dans les meilleures conditions possibles
les primes, les prestations et
les retraits prévus.
D. MOYENS DE FINANCEMENT SUR LE MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS
Deux grandes familles de valeurs mobilières y existent :
les actions et les obligations.
Une valeur mobilière peut être
définie comme un titre négociable, représentatif d'un
droit de propriété ou de créance. Il est émis par
des sociétés publiques ou privées et représente
soit une fraction du capital social (action), soit un prêt à long
terme qui leur est consenti (obligation).
Les actions et obligations sont toutes des titres.
Cependant, elles ne possèdent pas les mêmes
caractéristiques. En outre, elles n'engendrent pas les mêmes
effets.
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1. Les actions
Une action est un titre cessible,
dématérialisé et librement négociable en
Bourse. Elle est émise par les sociétés anonymes. Elle
confère à son détenteur un droit de
propriété d'une fraction du capital social.
a. Effets de l'action pour les sociétés
Les sociétés privées qui
émettent des actions, le font lors de la constitution des
sociétés ou lors d'une augmentation de capital. Leur
objectif est la collecte de fonds nouveaux. L'émission d'actions
a ainsi pour contrepartie le drainage par l'entreprise de ressources
apportées par les actionnaires. Elles permettent, selon le cas, soit de
réunir, soit d'accroître le capital de l'entreprise.
Très souvent, les Etats encouragent les entreprises
à émettre des actions par des
incitations fiscales. En effet, le taux de l'impôt
sur les sociétés peut être réduit pour les
sociétés qui procèdent à l'admission de leurs
actions à la cote.
b. Effets de l'action pour l'actionnaire
La possession d'une action confère à un actionnaire
deux attributs :
- une participation au bénéfice (dividende),
- un droit de regard dans la gestion de l'entreprise.
L'action donne droit à une rémunération, le
dividende qui est une partie prélevée
sur le bénéfice de l'entreprise. Cette
rémunération constitue ainsi un revenu doublement variable :
il dépend des bénéfices de la société
d'une part et de la politique d'affectation
de ce bénéfice d'autre part.
L'actionnaire participe aux assemblées générales
des
actionnaires et dispose d'un droit de vote.
L'action n'à pas une durée de vie limitée
à l'avance et elle n'est remboursable qu'à
la dissolution de la société : les
actionnaires ont, à cet effet, un droit sur le reliquat de
l'actif net de l'entreprise.
Les échanges d'actions cotées en bourse
engendrent pour les détenteurs des plus
values lorsque le cours de vente est supérieur au cours
d'achat. La possession d'une action
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est donc particulièrement avantageuse en
période de croissance des activités de l'entreprise car
le revenu de l'action varie avec les profits de celle-ci.
2. Obligations
Une obligation est un titre de créance négociable
émis par les entreprises privées ou publiques, les Etats, les
collectivités publiques ou les institutions financières. Elle
représente
un emprunt contracté pour un montant et une
durée déterminés. L'acquisition d'un tel
titre procure un revenu fixe à son détenteur
indépendamment des résultats de la société.
Chaque obligataire se trouve ainsi dans la situation d'un
prêteur, titulaire d'une créance productive d'un
intérêt fixe mais ne lui donne pas le droit de participer à
la gestion de la société.
a. Effets de l'obligation pour les
sociétés
L'émission d'obligations, pour les
sociétés est moins coûteuse que celle d'actions. La raison
est principalement d'ordre fiscale. En effet, les charges
d'emprunt qui sont constituées par le règlement des
intérêts sur les obligations émises sont soustraites
du bénéfice avant le paiement de l'impôt sur les
sociétés tandis que les dividendes acquis du fait de la
possession d'une action sont prélevés sur les
bénéfices de la société après paiement
de l'impôt.
b. Effets de l'obligation pour le porteur
Le porteur de l'obligation reçoit, pendant
toute la durée de l'emprunt, une rémunération
fixe qui ne dépend pas des résultats de l'entreprise. Il
se constitue un patrimoine pour l'avenir et place ainsi ses économies
à long terme.
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