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Le tutorat et littéracie universitaire au Maroc: apports, limites et perspectives: le cas de l'ecole normale supérieure de Meknès


par Fatima Ezahrae Bihlal
ENS Meknès  - Master spécialisé en didactique du français et métiers d’éducation et de la formation  2023
  

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Conclusion du chapitre 1

Au niveau de ce premier chapitre, on a centré l'attention sur le contexte universitaire, tout en traitant divers concepts qui se rapporte à ce dernier, à savoir, le contexte universitaire au Maroc, le Français Sur Objectifs universitaires, la didactique du français, la compétence scripturale etc...

La référence à ces éléments relatifs au domaine de l'écrit au niveau de ce chapitre, est pour accentuer davantage son importance au niveau de l'enseignement supérieur. Alors, on peut déduire qu'aujourd'hui, et à première vue, l'écrit semble occuper une place très limitée dans les nouvelles approches du monde actuel appuyées sur le développement des technologies et des moyens de communication, et dominées par l'oral (téléphone, télévision, radio...). Cependant, cette révolution technologique a favorisé l'écrit également (chat, sms, internet...). Donc malgré tout, la communication écrite reste sans doute la plus efficace. Et enseigner l'écriture aujourd'hui demeure un besoin indispensable centré au coeur des recherches sur la littéracie.

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CHAPITRE 2 : LA PROBLEMATIQUE DE LA LITTERACIE ET LA LITTERACIE UNIVERSITAIRE.

L'entrée ultérieure dans l'enseignement supérieur exige une préparation spécifique surtout en matière de l'écrit. Cet écrit académique fait appel à plusieurs constituantes langagières (disciplinaires, discursives, méthodologiques, linguistiques) résumées sous l'appellation de « littéracie ».

En fait, chaque année, un certain nombre de bacheliers marocains quittent le lycée pour aller à l'université. Pourtant, nombreux sont les élèves qui décrochent, car ils se sentent incapables de s'adapter à ce nouveau monde. Ce problème d'acculturation dans l'enseignement supérieur est principalement dû à l'absence de la littéracie universitaire et particulièrement à la non-maitrise de la langue écrite, qui nécessitent un accompagnement et un suivi approprié.

Entre les diverses nominations françaises qui désignent la capacité à traiter l'information écrite, tels que (lettrure, littérisme, alphabétisme, culture écrite ou de l'écrit, maitrise de l'écrit, rapport à l'écrit), c'est « la littéracie », employée à l'échelle internationale, qui domine d'une façon triomphante les contextes francophones, dans la proportion où, elle est connue de nos jours, comme un atout essentiel dans le fonctionnement de la vie.

Depuis bientôt une décennie, la notion de la littéracie a possédé l'éloge et le mérite d'être traitée dans l'enseignement supérieur, à travers les différents éléments de base de la langue française, (la lecture, l'écriture et la communication orale). Elle est donc considérée comme un concept large et multidimensionnel, qui ne cesse d'être l'objet de nombreuses discussions fertiles au niveau des recherches scientifiques. Son importance dans le quotidien des hommes est expliquée davantage par la multiplicité d'activités qui reposent sur la capacité d'écrire et de lire.

Les compétences littéraciques sont présentes dans toutes les sphères de l'activité humaine. De l'enfance à l'âge adulte, tout individu devrait progresser, développer et maintenir un niveau de littéracie afin de vivre et communiquer en société. Et dans l'intention d'acquérir ces compétences, il s'avère nécessaire de déterminer «les besoins que produit une société donnée dans les domaines de la lecture et de l'écriture, et leur maitrise » (Rispail, 2011, p. 02).

Ce présent chapitre exposera donc les concepts phares de notre travail de recherche, la littéracie et la littéracie universitaire, à travers un ensemble de définitions originales permettant d'apporter plus de précision à ces notions.

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1- La littéracie.

1-1 L'histoire de la littéracie :

Les situations de production et de réception de l'écrit ont été interrogées par divers champ de recherche, vu qu'elles sont considérées comme un élément central de l'univers supérieur qui n'a pas été affaibli par les conditions de temporalité. D'ailleurs, les recherches autour de cette problématique sont connues sous l'appellation des « littéracies », orientées essentiellement vers l'usage de l'écrit.

La notion de littéracie est née d'un débat concernant les capacités de lire et d'écrire, et comme la plupart des notions scientifiques, elle n'a pas été affranchie des contradictions entre les différents groupes de chercheurs.

Stevenson en 2010, a signalé que « la littéracie » est un terme qui découle étymologiquement du latin « litteratus », un adjectif qui désigne une personne éclairée et cultivée, ou qui fait référence au clerc, le distinguant du laïc. D'ailleurs, ce sont les racines latines du mot qui ont accentué que l'opposition litteratus/illeteratus, n'est pas synonyme d'une personne savante et d'une autre populaire, mais elle renvoyait plutôt aux classes sociales prédominantes de cette époque. Alors, il est visible que ce sont les bases étymologiques du terme « littéracie », qui ont donné place à l'émergence d'autres mots tels que : (litterate : instruit, cultivé, qui sait lire et écrire), puis illiterate, literacy et illeteracy, présentés d'une manière attestée dans les dictionnaires anglais du 19èmesiècle.

« Le mot « littéracie » est apparu pour la première fois en Angleterre, en 1883, au niveau du « Chambers Dictionnary » dans un contexte de lutte contre l'analphabétisme » (Fraenkel et Mbodj, 2010, p.9). Son apparition dans le contexte anglophone, était au début pour faire référence, au statut social et aux connaissances mises en oeuvre dans divers situations, avant de devenir par la suite limitée aux pratiques du lire et d'écrire dans un cadre éducatif. Le terme sera employé ensuite dans la même année, au sein du « New England Journal of Education » (Jaffré, 2004, p.24).

En 1957, l'anthropologue Richard Hoggart a effectué une étude qui a traité le mode de vie des ouvriers britanniques dans le Nord-Est industriel, pour montrer à tel point les capacités de lecture de cette classe ouvrière étaient incompatibles avec les attentes savantes de la tradition littéraire. Par la suite, en 1958, c'est le médiéviste Herbert Grudmann qui a retracé la construction du mot « literacy » pour souligner ses étymologies et ses ambiguïtés.

Ensuite, dans le cadre des efforts institutionnels qui vise l'introduction des programmes de développement et d'éducation, L'UNESCO a diffusé le terme de littéracie dans les années

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1950-60. Elle a privilégié l'emploie de l'expression « functionnal literacy » pour accentuer l'efficacité des campagnes d'alphabétisation dans l'intégration des adultes au sein de la société. On peut donc déduire, que la littéracie a fait son avènement au niveau des recherches en Angleterre et aux Etats unis durant les années 90.

Au Québec, le terme littéracie a fait sa première apparition en 1985, au niveau de « la revue internationale de psychologie appliquée » (Pierre, 2003, p.123). Son entrée est une réponse aux demandes des organisations internationales comme l'UNESCO et l'ONU qui considèrent cette compétence comme un droit universel, et qui insistent sur son intégration dans une large perspective socio-économique. Par la suite, elle a gagné du terrain au niveau de grandes enquêtes, comme celle de (littératie, économie et société, 1995), de statistique Canada et de l'organisation de coopération et de développement économique (l'OCDE), ou encore celle de PISA (2000-2015) (Hébert et Lépine, 2013, p.29), chose qui a poussé les programmes québécois à croire en l'importance « d'instruire, de socialiser et de qualifier les élèves » (Hébert et Lépine, 2013, p.29).

Au niveau francophone, le concept de « littéracie » a gagné sa place au niveau des écrits scientifiques à partir des années 90, ceci est dû au souci permanent de toute société et qui reste bien évidemment la maitrise de la langue écrite et sa mobilisation au sein de différents contextes. La France n'a pas donc fait exception, et les débats autour de « la littéracie » commencent à se multiplier.

Suite aux besoins des pays en termes de littéracie exprimés dans divers réflexions, le courant des « literacy studies » a trouvé largement sa place. Dans cette perspective, plusieurs études principalement anglo-saxonnes en ethnographie et en anthropologie ont été élaborées, surtout concernant l'histoire de l'écriture, sa diffusion et son expansion, ses pratiques, ses usages, ses modes de fonctionnement également, comme titre d'exemple on site les travaux de Goody et Watt (1963), et surtout ont fait référence à ceux de Goody (1979) qualifiés comme étant les plus célèbres, ou encore ceux de Baso (1974), de Swed (1981), de Heath (1983). Suivis en outre par d'autres recherches, cette fois-ci en psychologie, comme les travaux des chercheurs Scribner et Cole (1981), et ceux d'Olson en (1996).

Concernant, ces recherches psychologiques, on fait allusion au « practice of literacy », une conception selon laquelle la connaissance de la technologie de l'écrit, et les savoir-faire liés à cette dernière, ne sont pas assimilables à l'avance, elles sont plutôt en relation avec des contextes d'usage et d'apprentissage bien déterminés.

La pluralité de ces recherches et leurs recommandations empiriques multiples ont poussé l'anthropologue Brian Street (1984) à adopter une forme plurielle de littéracie, dans la

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mesure où il trouve que, cette littéracie acquise au sein d'un contexte ou d'une situation, peut être réutilisée dans une autre, et chaque structure d'usage de l'écrit est caractérisée comme étant une littéracie, dont le plurielle, des littéracies.

Les études en cours de la tendance des « New Literacy Studies » de 1980, vont se baser sur de nouveaux fondements théoriques et méthodologiques, en cohérence avec les travaux de Street (1993,1995). L'apport de cet auteur réside avant tout dans son travail d'orientation méthodologique, fondé sur une approche ethnographique (contextualisation des pratiques de l'écrit, fondement culturel de l'autorité de l'écriture, organisation des connaissances entre l'oral et l'écrit, description détaillée des opérations d'écriture...). On arrive donc à comprendre les propos de Fraenkel et Mbodj : « l'effort de Street a consisté à proposer une synthèse de ces différents apports, dans un cadre méthodologique où l'enquête repose sur l'observation de « literacy events », au sein desquels le repérage de régularité permet de dégager des « literacy practices », pratiques de l'écrit récurrentes ». (Fraenkel et Mbodj, 2010, p.14). Par la suite, ce courant des NLS va connaitre un éveil fertile et une activité enrichissante avec l'apparition de plusieurs types de la littéracie, tel que les « academic literacies » (Ac Lit) ou les littéracies universitaires.

En gros, l'évolution du concept de littéracie, est fondamentalement liée à quatre courants majeurs basés sur les écrits du 20éme siècle. Le premier courant, est celui qui définit la notion de littéracie, par un ensemble de compétences de lecture, d'écriture et de compréhension orale, traitées indépendamment du contexte. Le deuxième courant, était celui des années 1960 et 1970, qui emploie pour la première fois premier l'expression « littéracie fonctionnelle », pour parler d'une littéracie appliquée, pratique et située, qui vise le développement socio-économique.

Le troisième courant, est celui qui connait la littéracie comme un processus d'apprentissage actif. Ce courant reproduit l'influence des théories d'apprentissage socioconstructivistes, et interroge l'apport des pratiques de groupe. Un dernier courant est intégré au sein des théories sociales, où la notion de littéracie est vue en tant que texte discours. Cette optique interpelle les discours sociopolitiques diffusés dans les écoles, les curricula et les programmes scolaires.

La notion de « la littéracie » possède donc une histoire prolifique, marquée par la multiplicité des débats et des théories et des domaines qui ont marqué son parcours, d'où le fait qu'elle soit une source de confusions réside normal.

1-2 La littéracie : essai de définitions :

Entant que terme calqué sur le mot anglais « literacy » et dont son orthographe équivoque fait encore débat dans les recherches francophones qu'on va traiter par la suite, allant

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de litéracie (Jaffré, 2004) à littératie (Raynal et Rieunier, 2010), jusqu'à littéracie (Rispail, 2011), la notion désigne d'une manière générale, l'insertion d'un champ d'investigation qui comprend des termes comme lecture et écriture.

Dans un sens plus large et traditionnel, la littéracie intègre le savoir-écrire et l'usage du langage écrit dans la société. Cependant, cette définition plutôt simpliste ne tient pas compte des compétences en communication orale, en écriture, et en lecture indispensables pour le développement de chaque apprenant dans la société du XXIème siècle. La littéracie a donc une acception plus déterminée, qui va au-delà des capacités de lire et d'écrire. Elle comprend le développement de la pensée, l'ouverture sur le monde et l'utilisation des technologies de l'information et de la communication.

Dans cette perspective, le ministère de l'éducation et du développement de la petite enfance

Canadien a proposé en 2014, une définition plus prétentieuse pour la littératie :

La littératie se définit comme étant la capacité de comprendre, d'interpréter, d'évaluer et d'utiliser à bon escient l'information retrouvée dans diverses situations et diverses messages, à l'écrit ou à l'oral, pour communiquer et interagir efficacement en société ». Cette définition semble stupéfiante car, elle s'écarte des autres explications par sa négligence des termes « lire » et « écrire », et son privilège pour les compétences nécessaires à l'insertion sociale. En gros, on peut retenir que la littéracie permet à l'apprenant de « lire » le monde et « d'écrire » sa vie.

La littéracie, « désigne à la fois un domaine d'étude recouvrant les différentes dimensions de l'écrit et ses rapports avec l'oral, et un état aussi bien social qu'individuel. (Régime Pierre, 1994, p.278).

La définition de Jaffré pour la littéracie se centre essentiellement sur l'aspect socio-pragmatique de l'action dans le contexte social. Il mentionne que la littéracie :

[...] désigne l'ensemble des activités humaines qui impliquent l'usage de l'écriture, en réception et en production. Elle met un ensemble de compétences de base, linguistique et graphique, au service de pratiques, qu'elles soient techniques, cognitives, sociales ou culturelles. (Jaffré, 2004, p.31).

A travers cette définition, on peut constater que la notion de littéracie est très souvent définie en fonction de l'écrit, pour faire référence à l'ensemble de connaissances et d'habiletés permettant son acquisition.

Sous le vocable de littéracie, Vanhulle et Schilings estiment que cette notion est « [...] une maitrise la plus large possible de la langue écrite, en termes de réception et/ou production de textes complexes, [...] de genres sociaux [...] ou de genres académiques ». (Vanhulle et Schilings, 2000, p.47), qui peut être enrichie par une diversité de supports et une multiplicité de discours.

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De sa part, Collès souligne que :

[...] les usages de l'écrit varient d'une société à l'autre et les niveaux de littératie attendus varient d'autant. Selon les chercheurs, comme les usages de l'écrit et leurs fonctionnements varient sur l'axe spatiotemporel, il y aurait autant de types de littéracie que de cultures et de sous-cultures. (Collès, 2001, p.68).

Ces propos accentuent de la même manière l'idée de Jezak, Painchaud, D'anglejan et Témisjian (1995), qui consiste au fait que la compétence langagière est dynamique dont la mesure où, elle varie dans le temps et dans l'espace, en fonction des individus et des contextes socioculturels.

Pour parler des réflexions contemporaines consacrées à l'écrit, et à la littéracie, il est important de mentionner les théories de l'anthropologue britannique Jack Goody (1915-2015), développées dans son ouvrage « la raison graphique » en (1979). En fait, les répercussions de Goody ont traité la notion de littéracie comme « la relation lecture-écriture ; - l'incarnation au travers de pratiques et d'institutions ; - la fonctionnalité pour l'individu et la société ; - le continuum de son apprentissage et de sa maitrise » (Reuter, 2006, p.132). On peut retenir que, les travaux de Goody ont défini la littéracie non seulement comme un simple équivalent de l'écrit, mais plutôt comme un système symbolique, institutionnel et matériel.

Dans les systèmes éducatifs et sociaux contemporains, la littéracie et l'alphabétisation sont souvent confondus, cependant leurs définitions montrent un certain écart, dans la mesure où la première est définie comme étant une « habileté ou [une] compétence dans l'utilisation du code écrit », ou « comme étant l'« enseignement ou [l'] apprentissage de base du code écrit (lecture, écriture, calcul » (Legendre, 2005, p.41). Cette définition montre clairement l'aspect restreint de l'alphabétisation et celui large de la littéracie qui ne se limite pas seulement à la connaissance de l'écrit, mais qui la dépasse à tout ce qui est culturel et social.

Ensuite et selon la conception de Rispail « la littéracie est contrairement à l'illetrisme, désigne la possession et non-pas l'absence de compétences de lecture, d'écriture, de calcul, et ce, sur un continuum permettant de s'adapter à toute situation de vie » (2011). Dans la même veine, le conseil canadien sur l'apprentissage (CCA), montre que :

La littératie va au-delà de la capacité de lire et d'écrire. Pour réussir sur les plans économique et social, un adulte doit avoir la capacité d'analyse l'information, de comprendre des concepts abstraits et d'acquérir de nombreuses autres compétences complexes. (2011, p .1).

On peut donc avancer que le point qui attire l'attention de plusieurs chercheurs pour s'intéresser à la littéracie est celui relatif au développement intégral de la personne, les spécialistes voient que la littéracie pointe cet aspect contrairement au savoir lire-écrire basique.

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Dans le cas de la didactique des langues,

La littéracie peut avoir une réelle valeur heuristique permettant l'établissement de relations plus étroites entre les dimensions culturelles et cognitives dans les actes de lire et d'écrire, en distinguant davantage la scripturalité et la textualité, en faisant ressortir les dichotomies entre la culture de l'écrit et la culture de l'oral, et finalement, en tissant des liens entre les pratiques scolaires et extrascolaires familiales et sociales. (Barré-De-Miniac, 2003 ; Cuq, 2003, p. 158),

Cette définition, met donc en exergue les origines étymologiques du terme qui insistent sur la nécessité de maitriser l'écrit sous ses multiples perspectives sociales. Alors, la littéracie faisant allusion aux attitudes, aux relations sociales, aux sentiments et aux valeurs, n'est pas liée uniquement aux individus, elle concerne également les communautés et leur aspect socioculturel.

La littéracie est une notion souvent connue par son aspect changeant, fortement souligné dans la définition de Russbach : la littéracie est «un processus en perpétuelle transformation et en constante redéfinition que comme un ensemble de compétences » (Russbach, 2016, p. 97). Donc, comme étant une notion contextualisée, la littéracie permet la lecture, l'écriture, la discussion et la pensée critique. Elle offre l'opportunité de partager des informations, d'interagir avec autrui. Elle dépasse donc le simple« savoir lire et écrire », et elle fait appel à plusieurs événements, comme la lecture des cartes et des indications et d'autres situations qui n'ont pas toujours une visée éducative, d'où la référence à la « literacy events ». L'attention accordée par la littéracie à ce genre de situations est lié au fait que, l'individu est toujours en apprentissage et pas uniquement dans un cadre strictement scolaire : la littéracie est « [...] comme un ensemble évolutif de compétences, de connaissances et de stratégies qu'une personne met en oeuvre tout au long de sa vie dans divers contextes ...» ( Kirsch, 2005, p.11). La littéracie une notion continuiste qui s'intéresse au développement intégral de l'être humain, prend un chemin plurivoque qui admet en général deux grandes définitions : une approximative, et l'autre minimaliste.

1-3 Les caractéristiques de la littéracie :

Le traitement des différentes définitions proposées pour la notion de littéracie nous a permis de dégager les principales caractéristiques qui créent la particularité de ce concept. La littéracie est donc :

l

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Historiquement située

l Contextualisée dans le temps et dans l'espace : elle ne s'agit pas d'un concept théorique pur, mais d'un ensemble de contenus intimement liés au contexte social. Par exemple, les besoins littéraciques varient si on est jeune ou âgé, citadin ou bien rural, américain ou africain, selon le métier exercée et le domaine de spécialité etc...

l Complexe : d'où la nécessité de mobiliser un éventail de compétences et de ressources, qui se rapportent à l'individu et à son environnement.

l Liée à l'écrit : au niveau de la littéracie, l'écrit est la forme privilégiée vu la présence de plusieurs graphies structurées par les institutions sociales.

l Variable, dynamique et renouvelée : dans la mesure où, elle est une démarche d'apprentissage à vie qui évolue en fonction d'âge, et qui se renouvèle pour être adaptable aux besoins individuels et sociétaux.

l Interactive : une interactivité entre plusieurs éléments, à savoir : l'individu et la société, l'individu et son environnement, l'écrit et l'orale... Cette interactivité rappelle éventuellement la complexité de la notion ainsi que sa variabilité contextuelle.

l Multidimensionnelle : elle montre la fusion entre le cognitif, l'affectif, le linguistique, le social et le culturel.

l Pluri-objectifs et interdisciplinaire : qui renvoie aux différents contextes (personnels, professionnels, socioculturels) liés à l'appropriation de l'écrit.

l Emancipatrice, progressiste et humaniste : qui vise le développement exhaustif de l'individu.

l Réelle et authentique : vu qu'elle propose des tâches extrascolaires et scolaires originales et inédites.

1-4 Les dimensions de la littéracie :

Trois dimensions de la littéracie ont été exposées avec clarté dans l'enseignement et l'apprentissage :

D'emblée, les dimensions culturelles : qui font référence à un ensemble de représentations, de capacités, et d'institutions sociales relatives à la culture de l'écrit au sein d'une société littéracique.

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Ensuite, les dimensions de l'agir de l'activité de lire et d'écrire : au niveau desquelles le savoir lire et écrire n'est pas le résultat d'une étatisation impulsive, il dépend pourtant de plusieurs activités d'appropriation et de diverses situations de résolutions des problèmes. Cette dimension consiste à rendre le scripteur capable d'écrire, de contrôler et d'aménager le processus de son l'écriture.

Enfin, les dimensions de structuration de la langue écrite : considérablement développées par Helmut Feilke, elles englobent la capacité de transcrire en caractères un message, l'habileté de construire phonologiquement, morphologiquement, syntaxiquement une représentation de la langue écrite, et enfin la compétence de connaitre les contraintes stylistiques, grammaticales et fonctionnels d'un texte.

1-5 Les types de littéracies :

Avant de se pencher sur la littéracie universitaire, le sujet central de notre travail de recherche, il est appréciable de faire le tour des horizons concernant les différents types de littéracie pour accentuer davantage son pluralisme.

La littéracie numérique :

Se voit comme la capacité d'un individu à participer d'une manière crédule au niveau d'une société, qui recourt aux différentes évolutions technologiques et numériques de communication.

La littéracie financière :

Correspond au fait de posséder les habiletés nécessaires permettant la prise des décisions éclairées concernant les ressources financières. Elle englobe l'éducation économique, budgétaire et financière, et elle touche des actions de gagner, dépenser, gérer, économiser, investir et fructifier.

La littéracie médiatique :

Est une notion qui renvoie à la juxtaposition de deux grands concepts : « littéracie et médias ». Selon la commission européennes, la littéracie médiatique est la capacité à accéder aux médias, à comprendre ces différents aspects.

La littéracie médiatique multimodale : (LMM)

Elle comporte les compétences liées au décryptement, à l'analyse et à l'évaluation de divers médias, imprimées et électroniques.

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La littéracie en santé :

L'organisation mondiale de la santé définie ce type de littéracie, comme étant l'ensemble des « aptitudes cognitives et sociales qui déterminent la motivation et la capacité des individus à obtenir, comprendre et utiliser des informations d'une façon qui favorise et maintienne une bonne santé » (Glossaire de la promotion de la santé, Genève, 1998).

La littéracie disciplinaire :

Les étudiants devraient développer graduellement leur habileté à lire, et à écrire pour qu'elles soient commodes avec leur discipline. Ils doivent donc comprendre la façon d'adapter le lire-écrire selon le domaine ou la spécialité.

La littéracie précoce :

Les premières compétences en littéracie précoce se font donc avant l'école élémentaire et correspondent au traitement de l'écriture.

2- Les principaux débats autour de la littéracie : l'orthographe et la classification du terme

L'orthographe francisée non-stabilisée de la notion de littéracie apporte quelques nuances. En général, l'orthographe poursuit une habitude anglo-saxonne, puisque Barton en 1994, et même Jaffré en 2004, ont pu relever les premières occurrences du terme dans un dictionnaire d'éducation anglais paru en 1924. De multiples hésitations concernant l'orthographe du mot ont été repérées surtout, au niveau de la fin du terme, ou bien au niveau de son utilisation au singulier ou au pluriel. L'orthographe du terme, a pris particulièrement trois formes majeures : « littéracie », une forme qui rappelle le lien avec « la littérature », en démontrant l'emploi du « tt », comme dérivant de « lettre ». Le recours à cette orthographe se trouve surtout dans les écrits de quelques chercheurs contemporains tels que Barré-De-Miniac (2003) et Rispail (2011).

Ensuite, « Litéracie » une forme qui préserve l'orthographe anglaise en remplaçant dans la variante française le « cy », par le « cie ». Et puis, « littératie » une forme triomphante, généralement employée dans les écrits du Canada francophone. C'est une orthographe qui remplace le « c » final par un « t », tout en gardant le double « tt » pour rappeler toujours le lien avec « lettre ».

A travers les dérivations orthographiques mentionnées on peut comprendre l'antagonisme qui entoure la traduction du mot anglais « literacy ». Marquillo Larruy a fait référence

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également à ce point, dans la mesure où il a avancé que « l'instabilité orthographique en français de « literacy », n'est peut-être que signe avant-coureur- néanmoins symptomatique des embarras de la migration en francophonie de ce concept britannique » (2012, p.50-51).

Dr Latifa Kadi de l'université d'Annaba en Algérie, a effectué une recherche sur le moteur Google concernant l'utilisation de terme littéracie. Cette étude a donné à lire pas moins de 124370 occurrences pour l'entrée « littéracie » dans ses différentes variantes orthographiques (littéracie, littératie, litéracie ou encore litératie), 37700 pour « alphabétisme » et 11600 pour « littérisme », et seulement 2190 pour « lettrure » souvent utilisé dans les textes et les publications des 17ème et 18ème siècles. La recherche était faite aussi sur le moteur de recherche Yahoo, au niveau duquel, plus de 329400 résultats pour « littéracie ». En effet, cette mésentente relative à l'orthographe du terme découle de deux ordres : d'une part, étymologique, car il est question de savoir lequel des emplois entre (-t) et (-tt-) est correct en français, et d'autre part, dérivationnel, puisque le radical (lettr-) permettrait la construction de plusieurs autres mots.

Autour de cette question d'orthographe, Jaffré a écrit ironiquement :

Le choix d'une forme graphique qui obéisse aux contraintes du français a fait l'objet de discussions diverses qui nous semblent aller de la simple anecdote et refléter des attitudes plus générales à l'égard de l'orthographe du français. Certains auteurs choisissent en effet d'écrire litéracie, ou littéracie. Que l'on se rassure, personne n'a encore osé proposer lythérhesci ! (Jaffré, 2004, p.26).

Alors, le terme « littéracie » représente la traduction, l'adaptation, ou encore l'équivalent modifié du type calque du terme anglo-saxon « literacy » ou « literacy », dont le premier s'oppose à l'oralité et le deuxième renvoi de façon dérivationnelle à la littérature.

Quoi qu'il en soit les orthographes proposées, nous avons décidé d'adopter dans notre travail deux propositions, à savoir « littéracie » et « littératie », dans le but de garder la cohérence étymologique, et de conserver le lien avec la forme anglaise d'origine. Admettons également que les variantes graphiques ne changent pas grandes choses au niveau du traitement du concept.

Il faut souligner également, que le débat autour de « la littéracie » ne s'est limité pas seulement aux formes graphiques du mot, il a touché aussi la classification du terme, soit en tant que concept avec des dimensions précises et bien déterminés, ou bien comme notion multidimensionnelle, contextualisée et qui évolue dans le temps. Comme il a concerné également, la dérivation du mot, dans la mesure où, Hebert et Lépine (2013), soulignent que les écrits interpellent le mot « littéracique » comme adjectif qualifiant des pratiques, des

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apprentissages et des compétences. Et d'autres comme Goody optent pour un terme rarement utilisé : « littéractienne » (1968, 2006, p.60), un terme rarement utilisé afin de distinguer entre la société littératienne et celle non-littératienne. D'ailleurs, ce sont ces orthographes confondues qui rendent la littéracie une notion de plus en plus délicate.

3- L'importance de la littéracie. 3-1 l'objectif de la littéracie :

Les productions écrites forment « un espace communicatif institutionnel (universitaire) en répandant à des écrits injonctifs (les consignes d'examens) explicites (pas toujours explicitées) » (Mangiante et Parpette, 2011, p.129). Devant l'ampleur des exercices demandés au supérieur, la littéracie cherche à doter les étudiants d'un arsenal de compétences permettant l'accomplissement de l'ensemble des tâches proposées.

Les pratiques littéraciques fixent comme objectif central, la formation d'un citoyen responsable, autonome et indépendant, habile de se développer et d'utiliser ce qui a appris dans sa vie professionnelle et personnelle. L'espace conceptuel de la littéracie vise également « le développement de compétences transférables à des genres différents » (Frier, 2015, p.38). Il insiste aussi sur la nécessité d'étudier des champs de recherches peu documentés, comme les pratiques hors école, les liens entre l'éducation formelle et informelle, entre les apprentissages guidés et non-guidés etc...La notion de littéracie, tente alors de comprendre la complexité des pratiques d'écrit et d'appréhender la manière comment les différents usages de l'écrit s'articulent.

3-2 les atouts majeurs de la littéracie:

En effet, miser sur la littéracie permet :

l L'acquisition des compétences essentielles à l'apprentissage durant la vie, par le biais d'un engagement de tous les partenaires.

l La construction d'un registre de connaissances littéraciques à la base d'une variété de techniques et de ressources.

l La capacité de penser, de s'exprimer et de réfléchir.

l Le potentiel d'être amateur d'une pensée créative et critique, capable d'agir, de réagir, de remettre en question, et de prendre des décisions.

l

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La découverte novatrice permettant la participation aux diverses activités sociales.

l Le développement des compétences orales, et leur mobilisation de manière adéquate à travers les différents constituants langagiers.

l Le perfectionnement de l'habileté de création et de partage des textes.

l L'instauration d'une métacognition qui vise l'implication des étudiants dans la gestion du progrès de leur expression de pensée.

l La proposition des occasions d'apprentissage et des discussions constructives qui captivent les étudiants.

3-3 la place accordée à la littéracie:

Après beaucoup d'efforts et de tentatives, et même avec son arrivée tardive, la littéracie a pu fortement gagner une place notable au sein des sciences de l'homme et des sociétés, allant de l'anthropologie, à la philosophie, jusqu'à la psychologie. La littéracie occupe donc une place primordiale dans la recherche en éducation et dans l'enseignement, son statut important se montre de plus en plus à travers le nombre avantageux des recherches qui la traitent. Certes, sa position est actuellement remarquable, mais, elle reste tout de même un défi de taille, qui nécessite l'intégration de tous les intervenants et la concertation sérieuse de leurs efforts.

4- Les éléments favorisant la mise en place des compétences littéraciques. 4-1 Concevoir un environnement adopté à l'apprentissage de la littéracie :

Avec le grand changement qu'a connu le monde au cours des trois dernières décennies et avec la rapidité dont il va continuer à se transformer davantage dans les années à venir, le milieu d'apprentissage de la littéracie doit répondre à plusieurs revendications liées au XXIème.

Le milieu du travail propice pour l'apprentissage de la littéracie, se forme à la base d'un effort collaboratif entre les enseignants, les Co créateurs majeurs et leurs étudiants. Au niveau de ce milieu, les échanges et les interventions sont valorisés, et les deux partenaires ont le droit de s'interroger, de réfléchir, de chercher, de raisonner, et de partager des idées et des points de vue par rapport à la discipline en question. Ils construisent donc ensemble un environnement axé sur la prise en compte des besoins, des intérêts, des préférences et des forces.

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D'ailleurs, cet environnement d'apprentissage doit être comme le souligne (Cooper, 1997), un espace qui fait appel aux situations réelles et concrètes pour doter les élèves d'une solide maitrise des compétences littéraciques valable à long terme.

On peut alors constater que, l'apprentissage de la littéracie peut s'épanouir dans un milieu qui : - Exploite des attitudes assurées, et qui met à profit des croyances positives.

- Etablit des techniques convenables pour l'apprentissage collaboratif, et qui conserve également l'opportunité individuelle nécessaire pour que chaque voix soit entendue.

- Implique la Co construction d'un climat positif, favorable pour l'expression des opinions, la prise de parole, l'innovation et la créativité.

- Veille à ce que les valeurs et les cultures de chaque étudiant soient représentées et prises en compte.

- Donne accès à une gamme riche de ressources et de moyens pédagogiques.

- Propose diverses façons de communication, de réflexion et de documentation.

Tous ces éléments avancés dans le cadre du milieu accommodant et bénéfique à l'apprentissage de la littéracie, ne peuvent montrer leurs bienfaits qu'à travers un programme adapté aux défis et aux attentes du public. Un programme capable de fournir des expériences originales pour susciter l'esprit critique des apprenants, et pour encourager leur participation.

4-2 L'enseignement efficace de la littéracie :

La programmation efficace et puissante en matière de littéracie commence avant tout, par le fait de connaitre l'importance de cette notion dans le monde actuel. Ensuite, elle s'étale sur la nécessité de connaitre les curriculums pédagogiques, les méthodes et les pratiques permettant la mise en place d'un programme complet et pertinent.

L'enseignement efficace de la littéracie nécessite alors:

l L'établissement des liens clairs entre les composantes essentielles de la littéracie (écriture, lecture et oral).

l La mise en place d'une démarche formelle pour développer la compétence écrite.

l La mobilisation des ressources nécessaires et du matériel essentiel.

l

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Le partage des expériences d'apprentissage littéraciques, pour garantir l'engagement actif des étudiants.

l La sensibilisation à l'intérêt d'être doté d'un savoir littéracique dans ce monde actuel exigeant.

l La prise en considération des besoins, des difficultés, et des diverses styles d'apprentissage des étudiants.

l La création souple et flexible des groupes de travail, permettant l'engagement réel des étudiants.

l L'étayage qui garantit la confiance et l'autonomie des étudiants vis-à-vis des notions apprises.

l Le respect des différentes façons de penser, d'agir et de saisir le sens, ainsi que leur incorporation au niveau de la compréhension des concepts.

l Le développement d'une communauté d'apprentissage centrée sur l'interaction et la communication.

l L'élargissement des partenariats communautaires francophones qui soutiennent la réussite en matière de littéracie.

l La prise au sérieux de l'identité de l'apprenant et le non focalisation uniquement sur les connaissances du maitre.

l L'évaluation juste, transparente et équitable qui comprend une rétroaction axée sur des résultats d'apprentissage, et sur la Co-construction.

l La participation des étudiants dans la mise en place de l'évaluation. L'enseignement efficace en matière de littéracie permet donc :

l La découverte des corrélations entre l'écriture, la lecture et la communication orale.

l La participation active des étudiants et leurs interventions concernant le développement de leur apprentissage.

l L'accès aux échanges et aux collaborations avec autrui.

l La communication des idées et des pensées d'une manière souveraine.

l

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L'amplification d'un sentiment d'efficacité et de production personnelle envers l'apprentissage.

4-3 L'évaluation de la littéracie :

L'évaluation au service des apprentissages sert à orienter l'enseignant et à améliorer l'assimilation des apprenants.

De ce fait, l'évaluation des compétences littéraciques comprend essentiellement :

- La planification d'une évaluation transparente qui prend en considération les forces, les intérêts et les besoins des apprenants.

- L'identification et le partage des résultats d'apprentissage avec les étudiants. - Le recours à l'évaluation pour guider les prochaines phases d'apprentissage.

- L'emploie des résultats de cette évaluation nécessairement pour mesurer le progrès des étudiants et pour modifier la démarche suivie.

- L'orientation des étudiants vers les compétences relatives à l'auto-évaluation.

- L'incitation des apprenants pour qu'ils appliquent leurs compétences en matière de

littéracie.

- La mise en exergue du rendement des apprenants en matière de littéracie dans différents contextes.

- L'utilisation des épreuves probantes collectées pour fournir un jugement professionnel sur la qualité de l'apprentissage.

Dans cette perspective, on peut dire sous-titre d'exemple que les éléments littéraciques instaurés durant le cursus académique ont été réussis et aboutis, si on vérifie dans le projet de fin d'étude d'un étudiant de la troisième année licence département du français , orienté vers un sujet quelconque, des aspects tels que : une organisation appropriée de son discours ; une présentation claire des concepts clés de son travail sans ambiguïté; l'argumentation et l'illustration de ses propos ; le recours à une communication intelligible etc...

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4-4 la complexité de la littéracie :

Les différentes caractéristiques et dimensions déjà citées, démontrent éventuellement la complexité de la notion de littéracie, et insistent sur la nécessité de cerner ce concept et de l'opérationnaliser davantage. Il est donc important de prendre en considération sa multi-dimensionnalité, et d'éviter le simple traitement des objectifs quantitatifs qui le rend une notion superficielle et futile.

Le terme littéracie reste donc ambigu, entre la désignation des compétences ou des pratiques de lecture et d'écriture, et entre l'expression littéracies universitaires qui fait référence aux genres de discours particulièrement liés et produits à l'université, comme on va détailler davantage par la suite. En somme, le fait de se placer dans le cadre des littéracies est synonyme d'accepter l'idée que les pratiques d'écriture et de lecture sont enracinées dans des contextes d'interaction sociale, et sont dépendantes de l'activité du sujet (scripteur ou lecteur). L'importance de la dimension sociale, fait référence directe au socioconstructivisme, qui représente le cadre théorique sous-jacent de l'enseignement et d'apprentissage de l'écrit dans le cadre des littéracies universitaires. D'ailleurs, la complexité de la notion de littéracie, ainsi que la difficulté de l'appréhender, sont dues principalement au vaste ensemble de définitions données à cette notion, ainsi qu'à son élasticité. La complexité peut être également renvoyée aux nombreux domaines qui affichent des préoccupations par rapport à la littéracie, comme l'économie, la santé, la justice et le numérique. De plus, la présence de différents contextes (culturel, social, institutionnel), supports et outils peut aussi être à l'origine de cette complexité.

Cette notion de littéracie complexe mais riche, est donc une responsabilité partagée, qui réunit tous les partenaires du monde d'enseignement et d'apprentissage : les étudiants, les enseignants, les parents, les directeurs d'école, les présidents des universités, ainsi que les conseillers pédagogiques, les dirigeants du système éducatif et les membres de la communauté. En définitive, on arrive à comprendre que la migration du champ de la littéracie en didactique du français, ainsi que sa portée heuristique traduisent l'impossibilité de réduire le sens de cette notion pour garder une seule acception, elle ne doit pas être restreinte à une compétence, ni réduite à la sphère écrite. Elle doit comporter l'ensemble des pratiques langagières perçues dans un continuum et appuyées sur des outils et des supports en évolution permanente. Au niveau de l'enseignement supérieur, l'université devrait donc administrer des opportunités permettant l'acquisition et le développement des compétences littéraciques, vu que leur appropriation forme la condition capitale du maintien des études universitaires.

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5- La littéracie universitaire :

L'angle d'étude des littéracies universitaires, présente de nos jours une large zone de discussion, qui traite les problèmes des étudiants avec l'écriture à l'université et surtout le souci de leur adaptation vis-à-vis de cette compétence. La littéracie universitaire réside une habileté à parfaire tout au long de la scolarisation obligatoire et à l'université bien évidemment. Elle est un concept récent, complexe et pluridisciplinaire qui vient de gagner du terrain dans les publications scientifiques. Alors qu'est-ce que la littéracie universitaire ? Et en quoi elle se distingue de la littéracie ?

5-1 la littéracie universitaire : tour d'horizons :

Le traitement des pratiques scripturales à l'université est un phénomène anxieux, situé au coeur des recherches linguistiques et didactiques. Tout d'abord, « La littératie universitaire constitue un champ de recherche suscitant de plus en plus d'intérêt. Cela n'est pas sans raison, on constate que les compétences qu'elle requiert sont parmi les plus recherchées sur le marché du travail » (Beaudet, 2015, p.99). Ensuite, « Les littéracies universitaires sont considérées comme une discipline à part entière autorisant la description des genres discursifs universitaires aussi bien académiques, que de recherche des problèmes que ceux-ci peuvent engendrer chez les étudiants suivant un parcours universitaire ».(Delcambre et Lahanier-Reuter, 2010, Delcambre, 2012, p.153-154), cette définition accentue clairement la différence entre la littéracie universitaire, les sciences du langage et la didactique des langues. Certes, elles représentent ses ancrages théoriques, mais avec des finalités différentes, dans la mesure où, la littéracie universitaire vise le développement des connaissances et des compétences relatives à la réussite universitaire et liées surtout à l'appropriation de l'écrit.

A l'origine, le concept de littéracie universitaire, est issu de « New literacy studies » développé au Royaume-Uni, son apparition était basée sur une méthodologie dite ethnologique, dans le but de mieux comprendre le terrain universitaire, comme l'indique son nom « Academic literacy » ou « littératie universitaire ». Ce mouvement de recherches va se développer par la suite dans le contexte francophone, à partir des années 2000: « c'est un champ de recherche relativement exclusif en France, qui commence à se développer grâce à des manifestations et publications scientifiques » (le colloque à Villeneuve d'Ascq en 2010), et même à l'appui des travaux de Pollet (2001, 2004) ; Delcambre et Lahanier-Reuter (2010,2012) ; Thyrion (2011) ; Delcambre, Pollet (2014) ; et Messier (2016), au niveau desquelles, l'écriture est vue comme

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un outil d'apprentissage qui correspond à chaque discipline, et qui nécessite une aide appropriée et un soutien adéquat.

D'ailleurs, les raisons qui ont favorisé l'émersion des littéracies universitaires à cette époque sont surtout, les changements du paysage académique, le nombre grandissant de la population étudiante, la diversité du public étudiant, et l'arrivée des étudiants immigrés ou issus des milieux sociaux défavorisés.

En effet, selon Delcambre et Lahanier-Reuter en 2010, la littéracie universitaire peut être appréhendée selon trois axes majeurs :

l Sociologique : puisqu'elle forme les étudiants à utiliser les écrits utiles à leur profession.

l Cognitif : puisqu'elle actualise les déficits langagiers.

l Didactique : puisqu'elle décrit les écrits disciplinaires à l'université, et elle suggère des dispositifs et des voies de remédiation.

En fait, la littéracie universitaire n'est pas une compétence neutre que les étudiants doivent apprendre au préalable avance, elle englobe aussi un ensemble complexe de pratiques sociales auxquelles tous les membres de la communauté universitaire devraient accorder une attention sérieuse. Donc les littéracies universitaires « exigent une longue élaboration personnelle [...] et sont le résultat d'une construction individuelle d'une confrontation à une discipline à travers des objets, des méthodologies, des corps de savoirs spécifiques » (Delcambre et Lahanier-Reuter, 2010, p. 12).

Alors, la littéracie universitaire traitée au niveau des recherches didactiques, sociologiques et psychopédagogiques principalement francophones réside un thème riche en questions qui se rapportent aux pratiques d'écrit à l'université. La richesse de ce concept se montre d'une part à travers, les différents champs de recherche qui l'ont pris pour objet d'étude, citant des travaux en Europe, en France, en Belgique, en Allemagne, en Amérique et en Australie. Et d'autre part, grâce aux discours qui l'ont traité, tels que « le second numéro de la revue Pratique » (Delcambre et Lahanier-Reuter, 2012), réservé spécialement aux pratiques langagières dans un lieu institutionnel particulier : l'université, et, le numéro 58 de la revue «communications » intitulé : l'écriture des sciences de l'homme en 1994. Sans négliger également, le dévoilement des publications fondatrices, comme celles qui décrivent les écrits de recherche à partir d'un point de vue linguistique et didactique (Dabène et Reuter, 1998), ou encore les articles (Dion et Maldonado, 2013 ; Graves et Slomp, 2013) qui mentionnent

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l'importance de développer des compétences comme : l'efficacité dans la transmission du message, la qualité de la présentation des idées, et la structuration du texte etc... propres au milieu universitaire.

Donc, à l'université, les étudiants doivent acquérir de nouvelles compétences littéraciques, ils doivent également comprendre que le recours aux connaissances acquises au secondaire est insuffisant, et que l'appropriation des normes disciplinaires du supérieur et de la discipline choisie demeure nécessaire. Ceci constitue donc un premier pas vers une réussite académique et professionnelle, puisque la majorité des diplômés universitaires se sont orientés vers des fonctions qui nécessitent des rédactions fonctionnelles.

En définitive, dans un contexte précis tel que l'université,

La littéracie couvre aujourd'hui un sens assez spécifique, puisqu'on reconnait l'importance du rôle des pratiques littéraciques dans une formation universitaire articulée autour de dimensions socioculturelles, cognitives et affectives, particulièrement déterminantes dans les processus d'acculturation aux écrits universitaires. (Deshepper, 2010, p. 93).

5-2 Les besoins des étudiants et les aspects propres à l'écriture en université :

Vers les années 90, des chercheurs et des linguistes français et belges ont travaillé sur les différentes lacunes et les multiples besoins des étudiants universitaires, surtout du côté de l'écriture. Certains d'entre eux ont traités dans leurs travaux les besoins linguistiques, tels que ceux de Cavalla (2010), qui ont étudié les structures langagières (présent atemporel ; effacement du sujet ; tournures nominales et impersonnelles ; collocation). Ou bien ceux de Boch et Buson (2012), axés sur les besoins orthographiques, grammaticaux, et de ponctuation. Ou encore d'autres, qui ont été élaborés du côté des besoins énonciatifs, sous-titre d'exemple ceux de Rinck et Sitri (2012), qui évoquent principalement les problèmes de cohésion textuelle, de positionnement énonciatif, et de reformulation. Et finalement, on cite les études de Goes et Mangiante (2010), autour des besoins cognitifs, et ceux de Dezutter (2015), concernant les aspects métacognitifs comme la planification et la réflexion etc...

Certes, les étudiants qui viennent d'intégrer l'université ne sont pas illettrés, mais l'adaptation aux écrits universitaires reste un défi linguistique, cognitif et socioculturel majeur, relatif à l'incomplétude de la compétence écrite. En général, les premiers problèmes que rencontrent les étudiants universitaires entamant leur parcours dans l'enseignement supérieur, sont principalement liés à la production écrite. Ils concernent surtout les questions linguistiques et morphosyntaxiques, les compétences cognitives et méthodologiques, et la maitrise de langue

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d'apprentissage. Plus des difficultés qui se rapportent aux constructions textuelles, tel que la cohérence et la cohésion du texte à produire, par exemple, du texte littéraire si on prend le français comme discipline universitaire.

D'ailleurs, au début du cursus universitaire, un étudiant novice face à une nouvelle situation d'écrit, va faire appel automatiquement à des structures paralysées et à des modèles figés qui découlent de sa scolarité et qui sont implantés déjà dans sa mémoire. Cet aspect flagrant était remarqué au niveau des copies du test diagnostique qu'on a proposé pour les étudiants de la première année département du français, afin de cerner leurs difficultés avant la programmation de l'action tutorale. Le résultat était alors une variété d'erreurs récurrentes, essentiellement syntaxiques, grammaticales, phoniques, morphologiques et morphosyntaxiques (Annexe 2), auxquelles s'ajoutent la non-compréhension des consignes et des mots-clés du support. Ces besoins répétés continuellement dans la plupart des copies analysées, peuvent être référés à la non-maitrise des fondements de base de l'écrit, à l'absence des habiletés discursives, sémantiques et rhétoriques, et à l'imagination limitée et non suffisante de l'étudiant.

Dans le même ordre d'idée, la compréhension du texte littéraire, rejoint la liste des défis qui bloquent l'apprenant, vu que ce dernier n'a pas été étudié convenablement au cycle secondaire. Ceci rappelle en fait, l'observation du critique français Jean Peytar : «si l'on pose que le texte littéraire est un produit relatif, ni sacré, ni absolu, on est conduit à montrer le fonctionnement dans l'évolution et la contradiction de la société ; si l'en fait un objet de langage, singulier, certes, on est amené à souligner ce qui dans le langage fonctionne littéralement » (1982, p. 102). En effet, c'est jusqu'à l'université que commence une réelle initiation au texte littéraire et poétique, qui nécessitent un niveau psycholinguistique enrichie, un progrès cognitif profond, des signifiés puissants et des changements scriptaux et lecturaux positifs. Toutes ces compétences demandées sont regroupées sous le vocable des littéracies universitaires.

Quant aux origines des besoins mentionnés, elles peuvent être liées, au niveau socio-économique, au genre, au dossier scolaire de l'étudiant, au choix de la filière, à l'engagement dans les études, à la convention institutionnelle, à l'équilibre entre le temps d'étude et des loisirs, ainsi qu'à la méthodologie utilisée et sa cohérence avec le programme académique de l'apprenant. Dans la même veine ces difficultés exprimées sont liées principalement à de nouvelles pratiques d'écriture, au niveau desquelles existe un grand écart entre les conduites des apprenants et les attentes des enseignants. Ces nouvelles pratiques d'écriture sont souvent relatives à la découverte des genres discursifs nouveaux, alors que, les conduites des

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apprenants, et les attentes des enseignants, désignent la rupture entre le secondaire et le supérieur marquée par l'écart considéré entre les représentations des étudiants, et celles des enseignants. A tous ces aspects peut s'ajouter aussi, l'absence de préparation précoce des étudiants vis-à-vis des règles d'écriture à l'université, dans la mesure où

La connaissance et l'assimilation de ces règles de production constituent une compétence à la fois culturelle et méthodologique nécessaire aux étudiants tout au long de leur parcours académique. Le non-respect de certaines règles ou principes méthodologiques, qui peuvent doubler une fragilité linguistique, est souvent source d'échecs. (Mangiante et Parpette, 2011, p.123).

L'étudiant est donc appeler à maitriser les dimensions qui entrent en jeu dans l'acte scriptural académique. Tout d'abord, il faut qu'il perçoive l'enjeu de la communication écrite (compétence linguistique, réception de l'écrit), qui le mobilise dans la compréhension de l'écrit (compétence méthodologique), pour acquérir un positionnement discursive (compétence discursive), qui oriente vers l'organisation des énoncés textuels (compétence linguistique). Donc, il s'agit de tout un processus à respecter pour acquérir la compétence écrite à l'université.

5-3 Les différentes formes d'aide existantes pour contribuer au développement des compétences littéraciques :

La mise en place d'une démarche d'aide et de soutien, de remédiation et d'outillage pour combler les lacunes des étudiants universitaires réside importante. On peut trouver une multiplicité de mesures de remédiation qui varient en fonction des universités qui les proposes, sous-titre d'exemple, on peut trouver : des cours de mise à niveau, des modules des techniques d'expression et de communication, une autoformation en ligne ou bien à travers la consultation des guides de rédaction, une aide ponctuelle dans un centre d'aide en français écrit, un accompagnement individualisé par les formateurs. Parmi les mouvements qui visent l'aide à l'écrit au service de la réussite universitaire on cite :

Ceux du contexte anglo-saxon, tels que : Writing to learn (Britton, 1970) ; Writing Across The Curriculum (WAC) ; Writing In the Discipline (WID) (Bazerman, Little, Bethel, Chavkin, Fouquette et Garufis, 2005 ; Russel, 2002) Etc... D'une façon plus détaillée, l'ambition du mouvement (WAC) sous-titre d'exemple est d' « aider les apprenants à mettre l'écrit au service de leurs apprentissages » (Donahue, 2010), tandis que le (WID) vise l'acquisition des écrits en fonction des disciplines, alors que les modules des techniques d'expression et de communication offrent un enseignement constructif en matière d'écriture.

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Au niveau du monde francophone et au Québec où l'écrit à l'université ne fait pas objet d'une formation spécifique, quelques figures de remédiation s'accroitent dans des universités, tel que, l'université du Québec en Outaouais, dont se trouve, les programmes du premier cycle en formation à l'enseignement (FRA 1353-littératie universitaire pour la formation à l'enseignement), ou encore, le dispositif de formation en sciences de l'éducation, à l'université de Laval (DID 7000-analyse et écriture de texte de genre universitaire). Auxquelles s'ajoute le programme du doctorat professionnel (DED 903-lire et écrire pour mobiliser la recherche au profit de l'intervention) de l'université de Sherbrooke, et le plan « réussir en licence » développé depuis 2008 dans les universités françaises.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera