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Le Cameroun dans la coopération sécuritaire internationale: le cas de l'EIFORCES (2008-2022)par Claudel Elian EDINA ONOMO Université de Yaoundé 1 - Master 2023 |
VI- REVUE DE LA LITTERATUREIl existe quelques travaux de portée générale sur la politique de sécurité et de défense du Cameroun et celle du continent africain. Dans le cas de l'EIFORCES, l'historiographie camerounaise est pauvre des travaux sur cette structure. Il s'agit des thèses, mémoires, articles et des revues. Pour cette recherche, les ouvrages et articles consultés traitent de la sécurité, stratégie et des raisons de la création de l'EIFORCES en 2008 par l'Etat camerounais. 1- Travaux portant sur la politique Sécuritaire au Cameroun et En zone CEEAC Léon Koungou56, nous démontre qu'au Cameroun, le secteur de la sécurité est du ressort de la gendarmerie nationale (qui est également une force militaire), la police nationale auxquelles le décret n°2001/184 du 25 juillet a adjoint le Corps National des Sapeurs - Pompiers. Cette analyse a le mérite d'élucider les acteurs opérationnels du champ sécuritaire au Cameroun. Toutefois, il n'évoque pas un cadre institutionnel dans lequel ces acteurs coopèrent afin d'assurer ensemble la sécurité sur le territoire national et international. Hassatou Baldé57, montre que le temps du renforcement de la coordination entre l'ONU et les organisations régionales africaines pour résoudre les conflits internes du continent est au rendez-vous. Car l'ONU aide dans la restructuration et encourage les acteurs 55 AIDEE, Présentation de l'EIFORCES Cameroun `'évolution», 2019, p.5. 56 L. Koungou, Défense et Sécurité Nationale en Mouvement : Dynamiques des reformes, mutations institutionnelles en Afrique subsaharienne, Paris, L'Harmattan, 2010, p. 74. 57 B. Hassatou, Coordination ONU-Organisation africaine dans la gestion de la paix : les organisations africaines et le Maintien de la Paix, Paris, Edition universitaires européennes, 2011, p. 45. 15 locaux à former les forces en attente africaines. Son analyse permet de comprendre l'orientation sécuritaire que l'ONU donne aux organisations sous régionales africaines dans le volet sécuritaire. On cerne mieux les attentes de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale envers l'EIFORCES, l'un de ses pôles d'excellence. Aicha Pemboura 58 présente la sécurité comme l'élément fondamental de la construction d'un Etat. Pour préserver cet Etat, la stratégie a pour mission d'empêcher les risques et menaces capables de mettre à mal l'existence de ce dernier. Aicha fait une historique de l'acquisition d'une culture stratégique camerounaise. Depuis la période de protectorat jusqu'à la période française et anglaise au Cameroun. Cela se traduit par la formation des soldats camerounais aux questions de Maintien de la Paix et de la sécurité. Cette stratification stratégique pose le problème d'une harmonisation de la formation aux opérations de maintien de l'ordre et de la paix. Et le manque d'actualisation du catalogue des formations aux nouvelles formes de menaces. Ce travail, nous sert de base théorique car il nous permet de cerner les différentes périodes d'acquisition de la stratégie sécuritaire par des forces de l'ordre camerounaises. Jacques Didier MVOM59, dans une analyse sur l'Afrique de la défense et de la sécurité fait un rappel historique de la gestion des questions de sécurité et de défense sur le continent. Didier dans sa démarche diachronique parle de la délégation de la sécurité et de la défense par les politiques africains durant la période allant des indépendances à la chute du mur de Berlin. L'appareil sécuritaire est orienté sur la protection des détenteurs du pouvoir, leurs familles et hôtes au détriment de la population. Il poursuit son analyse en abordant la gestion sécuritaire au lendemain de la fin de la guerre froide. Cette période matérialisée par l'ouverture démocratique, et met la population au centre des préoccupations sécuritaires et de défense. Cela a soulevé le débat de la mutualisation des efforts sécuritaires pour venir à bout des crises et menaces sécuritaires. Cette réflexion sert de base théorique. Car elle nous permet de comprendre l'évolution de la politique sécuritaire en Afrique. Hilaire de Prince Pokam60 montre que le Cameroun fait face à l'insécurité. L'auteur part du postulat suivant : les Etats voisins du Cameroun sont des foyers d'insécurité. Cette insécurité provient de la non- maitrise des instruments démocratiques. Ce qui débouche sur les coups d'état fréquents dans la zone. Cette instabilité est la cause de la présence massive 58 A. Pemboura, L'élite militaire et la formation de la culture stratégique camerounaise, Paris, L'Harmattan, 2016. 59 J. D. Lavenir Mvom, L'Afrique de la défense et de la sécurité : contribution pour l'émergence d'une nouvelle approche des questions de défense et de sécurité en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2021, p. 12. 60 Hilaire de Prince Pokam, Le Cameroun à l'épreuve de l'insécurité en Afrique Centrale depuis le nouveau millénaire, Paris, L'Harmattan, 2018. 16 des réfugies sur le sol Cameroun. Ces déplacés sont généralement à l'origine de l'insécurité dans leur terres d'accueil. Hilaire dans son analyse a le mérite de dresser un tableau très riche des vecteurs d'insécurités dans la zone CEEAC qui menacent la sécurité du Cameroun. C'est l'ensemble de ses éléments qui poussent les autorités camerounaises à accentuer la coopération sécuritaire avec ses voisins dans l'optique de construire un maillon sécuritaire fort et solide. Alain Fogue TEDOM61présente les substrats de la Guerre Froide comme étant des éléments instigateurs des conflits en Afrique. Il présente la carte conflictogene du continent africain. Dans cette carte, la sous-région Afrique centrale parait comme l'épicentre des conflits et des crises. Il poursuit son analyse en montrant le réajustement structurel apporté par l'ONU et l'UA en adoptant le régionalisme sécuritaire. Désormais, les organisations sous régionales sont les acteurs de la première heure dans la gestion des crises et conflits en Afrique en fonction de leur proximité avec la zone crisogene. La matérialisation de cet acte passe par une maitrise des instruments de gestion des conflits par les experts envoyés. Pour cela, il faut la création des pôles d'excellences où les forces de sécurités et les civils devront être formés dans les opérations de Maintien de la Paix. Fogue dans cette démarche montre la volonté des acteurs politiques africains à oeuvrer ensemble dans la construction d'un espace sécuritaire fiable. Mutoy Mubiala62 présente l'Afrique centrale comme étant le point de départ de coopération préventive dans le domaine sécuritaire. Celle-ci a été possible grâce à l'appui des Nations Unies et des acteurs locaux. Grace à cette coopération l'Afrique centrale a mis sur pied le Comité Consultatif des Nations Unies sur les questions de paix et de sécurité dans son espace géographique. Cette argumentation nous permet de cerner la volonté des politiciens de la sous-région CEEAC dans la préservation de la sécurité. Toutefois, il n'évoque pas la création d'un espace commun de formation des armées aux questions du Maintien de la Paix. Charles Zorgbibe63 parle des initiatives de la charte africaine dans la diplomatie préventive et du Maintien de la Paix. A travers cet instrument politique et institutionnel, il démontre la volonté des dirigeants africains à revitaliser les mécanismes continentaux ou sous- régionaux de la diplomatie préventive et du Maintien de la Paix. Cela s'inscrit dans le cadre d'un dispositif contribuant à règlementer pacifiquement et rapidement les conflits sur le 61 A. F. TEDOM, Enjeux Géostratégiques et conflits politiques en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 2008, pp. 216-236. 62 M. Mubiala, Coopérer pour la paix en Afrique Centrale, Genève, Nations- Unies, 2003, p. 13. 63 C. Zorgbide, "Pour une charte africaine de diplomatie préventive et du Maintien de la Paix " https://www.africabib.org, consulté le 14 mars 2022, 14 h 15minutes. 17 continent. Dans ce travail, l'auteur apporte un éclairage sur la politique sécuritaire de l'Union Africaine. Cette politique sécuritaire accorde une grande place à la collectivité. Paul Ango ELa 64 dans sa réflexion sur la prévention des conflits en Afrique Centrale fait une lecture optimiste de la politique de prévention, de gestion et de résolution de conflits dans la sous-région Afrique centrale. Il présente les efforts des acteurs politiques de la zone dans le domaine du Maintien de la Paix et de la sécurité collective. Mamadou Diop65dans une analyse sur la gouvernance sécuritaire renseigne sur les auteurs institutionnels de la sécurité. Il les échelonne en trois ordres à savoir les politiciens, les administrateurs et les techniciens. Il montre dans cette analyse que la structure pyramidale est tenue par le Président de la République. Diop Pousse la réflexion plus loin en spécifiant les missions des différentes forces de sécurité et de défense. Sa démarche nous permet de comprendre la différence entre force de défense et sécurité. Par conséquent, important de la composante Police aux OMP et le pourquoi l'Etat du Cameroun à travers l'EIFORCES abrite uniquement les stagiaires gendarmes, policiers et les civils. 2- Les travaux portant sur l'EIFORCES Louise WOUNGLY MASSAGA 66 par ses travaux académiques présente sommairement l'EIFORCES. Elle part du décret de création de l'école en 2008, ensuite elle déroule les missions de la structure. Elle évoque les formations que dispense l'EIFORCES aux différents stagiaires venus partout d'Afrique. Dans son argumentation sur l'EIFORCES, Louise accorde plus d'importance à l'action américaine dans la formation des stagiaires. Ce travail permet d'évaluer la contribution américaine dans la réalisation des objectifs de l'EIFORCES. Dans notre réflexion, nous accordons plus d'importance aux actions de l'EIFORCES dans le processus de construction de l'ordre sécuritaire national et continental. MAHOP Julien François67, dans ses travaux académiques structure son analyse sur l'EIFORCES en deux axes. Le premier fait l'état des lieux de la formation des Forces de défense et de sécurité africaines aux opérations de soutien à la paix. A ce niveau il évoque 64 P. A. Ela, La prévention des conflits en Afrique centrale : perspective pour une culture de paix, Paris, Karthala, 2001. 65 M. Diop, La gouvernance sécuritaire : construire et garantir au Sénégal la sécurité pour tous, Paris, L'Harmattan, 2017, p. 27. 66 L.N.W. MASSAGA, "Coopération Sécuritaire Cameroun-Etats-Unis : Le cas de la formation du personnel militaire camerounais 2007-2021", Mémoire d'Histoire, Université de Yaoundé I, 2021, p. 73. 67 M. J. Francis, "La contribution de l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES) à la formation des Forces africaines aux Opérations de Soutien à la paix ", Mémoire de Master en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, CREPS-Université de Yaoundé II SOA, 2015. 18 toutes les initiatives françaises et américaines mis en place pour rehausser le niveau opérationnel des forces africaines. Le deuxième axe d'analyse de Julien s'attarde sur la présentation de l'EIFORCES, allant du contexte de création jusqu'à la présentation du catalogue des formations de l'EIFORCES. Il présente également les difficultés liées au fonctionnement de ce pôle d'Excellence CEEAC. Pour lui, la difficulté réside dans la complexité technique. MAHOP dans cette démarche, nous éclaire sur le contexte de naissance de ce centre et des difficultés qu'il rencontre. DIEMISSENE BAYA Esther Rosine68, s'interroge sur la capacité de l'EIFORCES à apporter des réponses aux besoins de formation en OSP multidimensionnelles en Afrique centrale. Dans son analyse elle apporte des éléments de réponses dans ce sens. Elle a également présenté les obstacles que l'EIFORCES rencontre dans l'accomplissement de ses missions. Cette recherche se rapproche nettement de la nôtre mais, elle souffre d'une vision historique dans le décryptage. C'est à ce niveau que notre étude se démarque fondamentalement de celle de BAYA. |
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