5.1.3 2.1.2. Objectifs et hypothèses de recherche
· Objectifs de recherche
L'objectif général de cette étude est
d'analyser les déterminants de la production de l'igname dans le
département du Borgou au Bénin. De façon
spécifique, il s'agira de :
ü évaluer l'effet de la superficie emblavée
sur la production de l'igname ;
ü déterminer l'impact des fluctuations
pluviométriques sur la production de l'igname et
ü estimer l'influence de la croissance
démographiquesur la production de l'igname dans le département du
Borgou.
· Hypothèses de recherche
Sur la base de ces facteurs et compte tenu des objectifs
spécifiques que nous avons énumérés ci-haut, nous
formulons les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : une hausse de la
superficie emblavée entraine une augmentation de la production de
l'igname dans le Borgou.
Hypothèse 2 : les
précipitations annuelles ont un impact sur la production de l'igname.
Hypothèse 3 : la croissance
démographique du Borgou a un effet significatif sur sa production de
l'igname.
5.1.4 2.2. Revue de littérature et
méthodologie
5.1.5 2.2.1. Définitions, Revues théorique et
empirique
Les ignames, de la famille des Dioscoreaceae, est un tubercule
très varié et cultivé dans toutes les régions
tropicales du globe terrestre. Le mot « igname » se traduit
par « Yam » en anglais. Cela vient d'une racine africaine
« nyam » qui signifie manger. En Bariba igname a pour
appellation « tassou », en Dendi,
« doundou ». L'igname est produite de façon
extensive dans trois régions du monde : L'Afrique occidentale, les
Caraïbes et l'Asie du Sud-Est, à l'exception de la Chine populaire
(PDRT, 2003). Quatre-vingt-quinze pour cent (95%) de la production mondiale
provient de l'Afrique occidentale et particulièrement de la zone
comprise entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun (Mémento de
l'Agronome, 1993). Les pays de l'Afrique subsaharienne détiennent
95% des superficies mondiales et interviennent à hauteur de 95,8% des
superficies mondiales de l'igname. L'Afrique de l'Ouest, y compris le
Bénin et le Nigeria, assurent plus de 90% de la production mondiale
d'igname (Terry et al., 1997).
L'igname est une tige grimpante, volubile dextrorse
(Hénin, 1976). Ce sont des tiges souterraines, renflouées,
remplies de matières de réserves. Ses feuilles sont cordiformes.
C'est une plante monoïque à fleurs unisexuées (Simmons,
1988). Les tubercules d'ignames de forme variable, ovoïde à
oblongue, parfois aplatie ou en forme de massue allongée, peuvent
atteindre 1m de longueur et leur poids, généralement de 3
à 5 kg, aller jusqu'à 15 kg. La peau est
généralement jaune mais peut être presque blanche ou plus
foncée de brunâtre à noirâtre.
La culture de l'igname exige des régions à
pluviométrie importante, généralement supérieur
à 1500 mm, des températures moyennes de 23 à 30° C
avec une Saison sèche distincte ne dépassant pas cinq (5) mois et
une saison pluvieuse d'au moins cinq (5) mois (PDRT, 2003). L'igname exige des
sols sablo-argileux au pH de 5 à 7, riches notamment en potasse et en
matières organiques, profonds, ameublis et perméables (PDRT,
2003).
La production de l'igname est un long processus qui commence
traditionnellement par le défrichage des savanes boisées par
brûlis en préservant les essences utiles telles que le
karité, le néré. Très intensive en main-d'oeuvre,
la culture de l'igname a un cycle végétatif d'environ 200
à 350 jours selon les variétés. En effet, il existe
plusieurs variétés d'igname. Les noms locaux des
variétés sont différents d'une variété
à l'autre, d'une région à l'autre pour la même
variété. Ainsi, la variété
« Lamboko » désignée par les populations du
Zou, Collines, Ouémé, Plateau, prend la dénomination
« Danwaré » dans les régions du Borgou et de
l'Alibori. Ces noms, sous forme proverbiale, traduisent le rôle social ou
économique que joue la plante ou le nom de celui qui a introduit la
variété dans le milieu (PDRT, 2003). Dans le département
du Borgou, les variétés d'igname sont : Moroko,
Danwaré, Kokoro, Susinin, Asuru, Tokokorou,Sakunu, ....
Le tubercule d'igname se développe au fond d'une butte
de petite ou de grande taille selon la variété d'igname. PDRT
(2003) a montré que dans le département du Borgou, certains
paysans font des champs d'igname avec des buttes de grande taille dans les
bas-fonds : cette technique a été introduite dans le Borgou
par les migrants venus de l'Atacora où, par manque de terres fertiles,
les paysans sont obligés d'utiliser ce mode de culture exigeant en
main-d'oeuvre.
En démographie, la croissance (démographique)
est l'évolution de la taille d'une population donnée.Le taux
d'accroissement démographique décrit le rythme de cette
évolution c'est-à-dire l'augmentation ou la diminution. La
croissance démographique provoque une hausse des besoins humains dont la
satisfaction a un impact sur l'environnement et sur la production des produits
agricoles. La croissance continue de la population, avec l'augmentation de la
concentration démographique, la dégradation environnementale et
l'épuisement des ressources qui s'ensuivent, pourraient réduire
la productivité de l'agriculture (Nerlove, 1993).
Nerlove fut le premier à développer en 1956 et
1958 une théorie que l'on connaît sous le nom de « the
Nerlovian models of supply response » qui a permis d'expliquer la
réaction des producteurs agricoles américains face aux
changements perpétuels des prix des récoltes, des politiques
macroéconomiques et bien d'autres facteurs. Pour élaborer sa
théorie, Nerlove part de deux constats classiques. Les producteurs
réagissent par rapport aux prix actuels sur le marché.
Habituellement, les prix observés sont les prix du marché ou les
prix effectifs des producteurs après la récolte alors que les
décisions de production doivent être basées sur les prix
escomptés que des agriculteurs projettent plusieurs mois avant la
récolte. En raison du décalage temporaire qui intervient dans le
processus de production agricole, modéliser la formation des
anticipations est ainsi une importante question pour analyser l'offre du
secteur agricole. Les quantités observées peuvent différer
des quantités désirées en raison du retard d'ajustement
dans la réallocation des facteurs. Quand le prix du produit change,
plusieurs années peuvent s'écouler avant que les producteurs ne
puissent ajuster leur production ordinaire désirée au nouveau
prix.
Les travaux de Nerlove (1956) ont joué un rôle
prépondérant et ont apporté un souffle nouveau à la
modélisation de l'offre du secteur agricole face aux risques y
afférents et bien d'autres facteurs (tels que les politiques
macroéconomiques, les politiques commerciales, les changements
technologiques, les aléas climatiques, etc.). Les études
empiriques de ces modèles ont permis aux agroéconomistes (surtout
américains) de développer les outils adéquats de
politiques agricoles. Ceci a considérablement amélioré le
rôle du secteur agricole dans le développement économique
et a mis en relation l'Etat et les producteurs à travers les politiques
macroéconomiques et commerciales.
Cependant, la réaction de l'offre du secteur agricole
aux mouvements des prix a été l'objet de longues et vigoureuses
discussions se référant au traitement classique de
l'élasticité de l'offre de long terme de Nerlove (1956) pour le
blé, le coton, et le maïs aux Etats-Unis (Askari etCumming,
1976 et 1977). L'estimation des élasticités d'offre (de
court et long terme) varie largement d'une culture à l'autre, et d'une
région à l'autre. Ceci a conduit certains auteurs à dire
que les modèles « Nerloviens » sont inadéquats pour
décrire la réaction de longterme. Boussard et Saïd (2000)
soulignent que la politique agricole de l'ajustement structurel de long terme
peut ne pas être discernable avec l'analyse de la régression,
particulièrement dans les modèles avec un retard structurel comme
c'est le cas dans les modèles Nerloviens.Zonon (1996) confirme que des
prix agricoles très bas ne permettent pas une incitation et une
motivation des agriculteurs à produire davantage. Selon lui, les
producteurs réagissent plutôt à une augmentation des prix.
Le prix est considéré comme un facteur déterminant dans la
décision des paysans et dans l'offre agricole.
Les études de l'offre agricole dérivent
essentiellement des travaux de Nerlove (1956) sur la réaction de l'offre
des paysans américains face aux prix sur les marchés agricoles.
Le modèle de Nerlove est fondé sur les prix anticipés et
l'ajustement des superficies emblavées. Le modèle montre que les
ménages agricoles (producteurs) sont réceptifs et
réagissent positivement au prix. Des études dans les pays en voie
de développement montrent que les paysans intègrent toujours les
préoccupations de prix dans la production agricole et les revenus issus
de cette production (Bond, 1983 ; Koffi-Tessio, 2000 et Yotopoulos, 1973).
Ce résultat semble s'opposer à celui de plusieurs études
et auteurs, qui ont plutôt montré l'influence des autres facteurs
autres que les prix (Katembo, 2004). Celui-ci souligne que le débat sur
les incitations de l'offre agricole est partagé entre deux courants de
pensée : les défenseurs des facteurs prix (pricistes) et les
défenseurs des facteurs non prix (structuralistes). Les pricistes
pensent que l'accroissement des prix au producteur et la dévaluation
constituent des mesures incitatives àla production. Lipton (1987),
cité par Adimi et Dairo (2014) est l'un des pricistes qui pense que
cette politique est une solution à la crise agraire en Afrique (Kouakou,
2009 ; Nyemecketal, 2009). Ils concluent donc que, même si le
crédit permet aux producteurs d'accroître leurs
opportunités d'investir dans les intrants modernes, il n'y a aucune
garantie que ceux-ci soient utilisés de façon efficiente pour
accroître la production. Il existe une relation positive entre la
production et le niveau d'éducation. Quant aux études relatives
à la relation entre l'expérience et la production, plusieurs
auteurs comme Timmer (1971) aux Etats Unis, trouvent une relation positive mais
non significative entre la production et l'expérience du chef de
l'exploitation.
Idrissa (2007) montre que la pluviométrie est l'un des
déterminants pour les productions céréalières et
vivrières. L'impact des variations pluviométriques est lié
au fait qu'elles peuvent hypothéquer la réussite des
récoltes. Il notifie par ailleurs, que la régularité des
précipitations est souvent la garantie d'une bonne récolte plus
que ne l'est le total de la pluviométrie. Dans cette même
étude, il montre qu'une forte variation de la pluviométrie est
souvent responsable du déficit de la production agricole.
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