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Etude des déterminants de la production de l'igname dans le département du Borgou/Bénin


par Christian Aurel M'pessi
ENEAM - Licence en statistique 2020
  

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5.1.3 2.1.2. Objectifs et hypothèses de recherche

· Objectifs de recherche

L'objectif général de cette étude est d'analyser les déterminants de la production de l'igname dans le département du Borgou au Bénin. De façon spécifique, il s'agira de :

ü évaluer l'effet de la superficie emblavée sur la production de l'igname ;

ü déterminer l'impact des fluctuations pluviométriques sur la production de l'igname et

ü estimer l'influence de la croissance démographiquesur la production de l'igname dans le département du Borgou.

· Hypothèses de recherche

Sur la base de ces facteurs et compte tenu des objectifs spécifiques que nous avons énumérés ci-haut, nous formulons les hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : une hausse de la superficie emblavée entraine une augmentation de la production de l'igname dans le Borgou.

Hypothèse 2 : les précipitations annuelles ont un impact sur la production de l'igname.

Hypothèse 3 : la croissance démographique du Borgou a un effet significatif sur sa production de l'igname.

5.1.4 2.2. Revue de littérature et méthodologie

5.1.5 2.2.1. Définitions, Revues théorique et empirique

Les ignames, de la famille des Dioscoreaceae, est un tubercule très varié et cultivé dans toutes les régions tropicales du globe terrestre. Le mot « igname » se traduit par « Yam » en anglais. Cela vient d'une racine africaine « nyam » qui signifie manger. En Bariba igname a pour appellation « tassou », en Dendi, « doundou ». L'igname est produite de façon extensive dans trois régions du monde : L'Afrique occidentale, les Caraïbes et l'Asie du Sud-Est, à l'exception de la Chine populaire (PDRT, 2003). Quatre-vingt-quinze pour cent (95%) de la production mondiale provient de l'Afrique occidentale et particulièrement de la zone comprise entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun (Mémento de l'Agronome, 1993). Les pays de l'Afrique subsaharienne détiennent 95% des superficies mondiales et interviennent à hauteur de 95,8% des superficies mondiales de l'igname. L'Afrique de l'Ouest, y compris le Bénin et le Nigeria, assurent plus de 90% de la production mondiale d'igname (Terry et al., 1997).

L'igname est une tige grimpante, volubile dextrorse (Hénin, 1976). Ce sont des tiges souterraines, renflouées, remplies de matières de réserves. Ses feuilles sont cordiformes. C'est une plante monoïque à fleurs unisexuées (Simmons, 1988). Les tubercules d'ignames de forme variable, ovoïde à oblongue, parfois aplatie ou en forme de massue allongée, peuvent atteindre 1m de longueur et leur poids, généralement de 3 à 5 kg, aller jusqu'à 15 kg. La peau est généralement jaune mais peut être presque blanche ou plus foncée de brunâtre à noirâtre.

La culture de l'igname exige des régions à pluviométrie importante, généralement supérieur à 1500 mm, des températures moyennes de 23 à 30° C avec une Saison sèche distincte ne dépassant pas cinq (5) mois et une saison pluvieuse d'au moins cinq (5) mois (PDRT, 2003). L'igname exige des sols sablo-argileux au pH de 5 à 7, riches notamment en potasse et en matières organiques, profonds, ameublis et perméables (PDRT, 2003).

La production de l'igname est un long processus qui commence traditionnellement par le défrichage des savanes boisées par brûlis en préservant les essences utiles telles que le karité, le néré. Très intensive en main-d'oeuvre, la culture de l'igname a un cycle végétatif d'environ 200 à 350 jours selon les variétés. En effet, il existe plusieurs variétés d'igname. Les noms locaux des variétés sont différents d'une variété à l'autre, d'une région à l'autre pour la même variété. Ainsi, la variété « Lamboko » désignée par les populations du Zou, Collines, Ouémé, Plateau, prend la dénomination « Danwaré » dans les régions du Borgou et de l'Alibori. Ces noms, sous forme proverbiale, traduisent le rôle social ou économique que joue la plante ou le nom de celui qui a introduit la variété dans le milieu (PDRT, 2003). Dans le département du Borgou, les variétés d'igname sont : Moroko, Danwaré, Kokoro, Susinin, Asuru, Tokokorou,Sakunu, ....

Le tubercule d'igname se développe au fond d'une butte de petite ou de grande taille selon la variété d'igname. PDRT (2003) a montré que dans le département du Borgou, certains paysans font des champs d'igname avec des buttes de grande taille dans les bas-fonds : cette technique a été introduite dans le Borgou par les migrants venus de l'Atacora où, par manque de terres fertiles, les paysans sont obligés d'utiliser ce mode de culture exigeant en main-d'oeuvre.

En démographie, la croissance (démographique) est l'évolution de la taille d'une population donnée.Le taux d'accroissement démographique décrit le rythme de cette évolution c'est-à-dire l'augmentation ou la diminution. La croissance démographique provoque une hausse des besoins humains dont la satisfaction a un impact sur l'environnement et sur la production des produits agricoles. La croissance continue de la population, avec l'augmentation de la concentration démographique, la dégradation environnementale et l'épuisement des ressources qui s'ensuivent, pourraient réduire la productivité de l'agriculture (Nerlove, 1993).

Nerlove fut le premier à développer en 1956 et 1958 une théorie que l'on connaît sous le nom de « the Nerlovian models of supply response » qui a permis d'expliquer la réaction des producteurs agricoles américains face aux changements perpétuels des prix des récoltes, des politiques macroéconomiques et bien d'autres facteurs. Pour élaborer sa théorie, Nerlove part de deux constats classiques. Les producteurs réagissent par rapport aux prix actuels sur le marché. Habituellement, les prix observés sont les prix du marché ou les prix effectifs des producteurs après la récolte alors que les décisions de production doivent être basées sur les prix escomptés que des agriculteurs projettent plusieurs mois avant la récolte. En raison du décalage temporaire qui intervient dans le processus de production agricole, modéliser la formation des anticipations est ainsi une importante question pour analyser l'offre du secteur agricole. Les quantités observées peuvent différer des quantités désirées en raison du retard d'ajustement dans la réallocation des facteurs. Quand le prix du produit change, plusieurs années peuvent s'écouler avant que les producteurs ne puissent ajuster leur production ordinaire désirée au nouveau prix.

Les travaux de Nerlove (1956) ont joué un rôle prépondérant et ont apporté un souffle nouveau à la modélisation de l'offre du secteur agricole face aux risques y afférents et bien d'autres facteurs (tels que les politiques macroéconomiques, les politiques commerciales, les changements technologiques, les aléas climatiques, etc.). Les études empiriques de ces modèles ont permis aux agroéconomistes (surtout américains) de développer les outils adéquats de politiques agricoles. Ceci a considérablement amélioré le rôle du secteur agricole dans le développement économique et a mis en relation l'Etat et les producteurs à travers les politiques macroéconomiques et commerciales.

Cependant, la réaction de l'offre du secteur agricole aux mouvements des prix a été l'objet de longues et vigoureuses discussions se référant au traitement classique de l'élasticité de l'offre de long terme de Nerlove (1956) pour le blé, le coton, et le maïs aux Etats-Unis (Askari etCumming, 1976 et 1977). L'estimation des élasticités d'offre (de court et long terme) varie largement d'une culture à l'autre, et d'une région à l'autre. Ceci a conduit certains auteurs à dire que les modèles « Nerloviens » sont inadéquats pour décrire la réaction de longterme. Boussard et Saïd (2000) soulignent que la politique agricole de l'ajustement structurel de long terme peut ne pas être discernable avec l'analyse de la régression, particulièrement dans les modèles avec un retard structurel comme c'est le cas dans les modèles Nerloviens.Zonon (1996) confirme que des prix agricoles très bas ne permettent pas une incitation et une motivation des agriculteurs à produire davantage. Selon lui, les producteurs réagissent plutôt à une augmentation des prix. Le prix est considéré comme un facteur déterminant dans la décision des paysans et dans l'offre agricole.

Les études de l'offre agricole dérivent essentiellement des travaux de Nerlove (1956) sur la réaction de l'offre des paysans américains face aux prix sur les marchés agricoles. Le modèle de Nerlove est fondé sur les prix anticipés et l'ajustement des superficies emblavées. Le modèle montre que les ménages agricoles (producteurs) sont réceptifs et réagissent positivement au prix. Des études dans les pays en voie de développement montrent que les paysans intègrent toujours les préoccupations de prix dans la production agricole et les revenus issus de cette production (Bond, 1983 ; Koffi-Tessio, 2000 et Yotopoulos, 1973). Ce résultat semble s'opposer à celui de plusieurs études et auteurs, qui ont plutôt montré l'influence des autres facteurs autres que les prix (Katembo, 2004). Celui-ci souligne que le débat sur les incitations de l'offre agricole est partagé entre deux courants de pensée : les défenseurs des facteurs prix (pricistes) et les défenseurs des facteurs non prix (structuralistes). Les pricistes pensent que l'accroissement des prix au producteur et la dévaluation constituent des mesures incitatives àla production. Lipton (1987), cité par Adimi et Dairo (2014) est l'un des pricistes qui pense que cette politique est une solution à la crise agraire en Afrique (Kouakou, 2009 ; Nyemecketal, 2009). Ils concluent donc que, même si le crédit permet aux producteurs d'accroître leurs opportunités d'investir dans les intrants modernes, il n'y a aucune garantie que ceux-ci soient utilisés de façon efficiente pour accroître la production. Il existe une relation positive entre la production et le niveau d'éducation. Quant aux études relatives à la relation entre l'expérience et la production, plusieurs auteurs comme Timmer (1971) aux Etats Unis, trouvent une relation positive mais non significative entre la production et l'expérience du chef de l'exploitation.

Idrissa (2007) montre que la pluviométrie est l'un des déterminants pour les productions céréalières et vivrières. L'impact des variations pluviométriques est lié au fait qu'elles peuvent hypothéquer la réussite des récoltes. Il notifie par ailleurs, que la régularité des précipitations est souvent la garantie d'une bonne récolte plus que ne l'est le total de la pluviométrie. Dans cette même étude, il montre qu'une forte variation de la pluviométrie est souvent responsable du déficit de la production agricole.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon