La République Démocratique du Congo et la lutte contre la prolifération des groupes armés, bilan et perspectives.par Potient MUKADI BIAKAPIDIABO Université de Kananga - Graduat 2020 |
1.2 Les Maï-MaïLes Maî-Maï, ou parfois May-May, est un terme général décrivant des groupes actifs au cours de la deuxième guerre du Congo en RDC. La plupart se constituèrent pour résister à l'invasion des Forces Armées du Rwanda (dont essentiellement le RCD), ou parfois dans un but de brigandage. Le terme Maï-MaÏ provient de Maï ou Maji dans les langues bantoues de la région. Il fait référence à la révolution Maji-Maji intervenue en 1905-1907 au Tanganyka, dont les combattant étaient protégés par les propriétés magiques de l'eau. Les guerriers MaÏ-Mai se croient invulnérables aux armes à feu. Ils s'aspergent d'uneportion magique censée faire couler les basses sur les corps comme de l'eau (« Maï » enswahili). Il y a une importante présence des Maï-Maï au Maniema, dans les Provinces du Katanga et dans la province orientale. Cependant, pour leur part, les groupes Maï-Maï rencontrèrent différents défis lors de la transition, qui en incita beaucoup à reprendre les armes. Le Gouvernement et les forces armés étaient en grande partie dirigés par le biais de réseaux clientélistes : pour obtenir une promotion ou accéder à des sources informelles de revenus, il était primordial d'avoir des connaissances parmi les leaders militaires ou politiques influents. Or les différents commandants MaÏ-Maï qui se braquèrent contre l'intégration, y compris Dunia Lwendama, Delphin Mbaenda et Kapopo Alunda, ne jouissaient souvent pas de telles relations d'Elite. Un grand nombre d'entre eux n'avaient reçu qu'une formation militaire rudimentaire. Certains n'avaient pas bénéficiéd'une instruction de base, ce qui réduisent leurs chances de promotion. Par ailleurs, certain hésitent à quitter leur secteur vu les problèmes de sécurité causés par des anciens groupes armés.40(*) Les rares commandants Maï-Maï qui obtinrent des postes importants comme le Général Padin Bulenda, se servirent de leur nomination pour récompenser des membres de leurs propres familles ou communautés ethniques écartant ainsi un grand nombre de leurs anciens collègues commandants. Parmi les Délégués Maï-Mai qui participèrent aux pourparlers de paix en Afrique du Sud, les deux qui représentèrent les groupes les plus importants Anselme Enerunga du mouvement de PADIRI et Bosco Swedy du groupede Dunia, finirent par être répudiés par leurs commandants sur le terrain. La Marginalisation des réseaux Maï-Maï coïncida avec l'accélération de leur fragmentation, qui les rendit vulnérables à toutes tentatives de manipulation de la part du gouvernement de Kinshasa, lequel chercha à contrôler ces groupes en cooptant certains de leurs Leaders. Du fait de ces différents développements des dizaines de commandant Maï-Maï décident regagnèrent le maquis entre 2007 et 2009. L'insécurité permanente, due en partie auxgroupes armés étrangers comme les FDLR, et la perpétuation des conflits locauxfurent qu'ils n'eurent aucun problème à attirer des recrues et à mobiliser un soutien. En l'Absence d'une armée solide et impartiale, le sentiment selon lequel l'autodéfense communautaire était justifiée et nécessaire et fut encore renforcée. * 40ERIKSSON. M BAAZ et VERWEIJEN. J, Between integration and disintegration: the Erratic Trajectory of the Congolese Army, New-York: Social Science Research council, 2013. |
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