2. Camp des fonctionnaires new town
Propriétaire : Etat du Cameroun
(MINUIT)
Type de bâtiment : logements sociaux à
l'usage des fonctionnaires indigènes
Exécutant : main d'oeuvre locale
Année d'exécution : 1952-1956
Matériaux : briques de terre, bois, pierres,
tôles, ciment pour revêtement des murs
Nombre de bâtiment : 17
Dimension : non connue
Photo 33: Camp des fonctionnaires New Town dès
sa construction (a g.) et son état actuel (a d.)
![](Inventaire-de-quelques-vestiges-coloniaux-matriels-dans-la-ville-de-Dschang1907-195735.png)
Source: Archives privées R. Poundé, Dschang
Source: Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014, Dschang
Sur la première photo, on peut voir un
fonctionnaire avec un casque colonial et une tenue kaki, devant sa maison
nouvellement construite par l'administration coloniale. La seconde image nous
montre l'état actuel de cette structure qui demande une urgente
restauration.
Situé en face de la rue nationale
Dschang-Bafoussam, le camp des fonctionnaires débute directement
après l'axe venant du Rectorat de l'Université de Dschang lorsque
l'on va vers la capitale de la région. Ce sont des bâtiments
rectangulaires érigés en briques de terre compressées par
piétinement et force manuelle soutenu par une fondation en pierre.
Recouverts de revêtement en mortier de ciment, Chacun de ces
bâtiments, éloigné d'environ 1,50 à 2m mérite
d'urgentes restaurations. Et de l'autre côté, un bâtiment
principal comprenant une salle de séjour
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et deux ou trois grandes chambres. Ce bâtiment
principal fait face à un autre petit bâtiment qui abrite la
cuisine, un magasin et des toilettes (fosses sceptiques d'ailées en
béton).
La seconde lignée de bâtiment,
placée plus haut après l'espace dit communautaire comporte des
bâtiments plus spacieux avec véranda, suffisamment distants les
uns des autres. C'est là d'ailleurs que se trouvait le point
d'approvisionnement en eau potable appelé autrefois la pompe,
gracieusement mis à la disposition des habitants par l'Etat. Ici les
toitures des bâtiments ont quatre côtés, alors que sur la
ligne précédente, elles n'ont que deux. Ce sont donc des
logements destinés aux auxiliaires supérieurs de l'administration
coloniale1.
3. Les différents types d'écoles
coloniales
Pendant la période coloniale, il existait une
multitude d'écoles dans la ville de Dschang. On avait par exemple
l'école principale des filles qui était située à
l'actuelle Ecole Primaire du Centre, juste à côté de la
poste allemande aujourd'hui détruite2. Quant à l'Ecole
Principale des Garçons, elle était située en face de la
permanence du parti RDPC actuelle. Elle est appelée aujourd'hui l'Ecole
publique d'application Groupes 4, 5 et 6. Dès les débuts, il y
avait une véritable chasse aux enfants qui devaient fréquenter
ces écoles. Les parents voulant l'aide des enfants dans les travaux
champêtres ne voulaient pas que ceux-ci aillent à l'école.
Pour marquer leur refus, ils cachèrent leur progéniture dans les
greniers3. Les enfants qui arrivaient pour la première fois
à l'école, recevaient un complet blanc, une plume, un porte
plume, un cahier et un buvard (feuille épaisse qui absorbe l'encre), un
crayon ordinaire et une gomme4.
Il était rare de rencontrer les fils de Chefs
à l'école régionale de Dschang qui a ouvert ses portes des
1920. Le 27 décembre 1933, un arrêté du commissaire de
la
1 Entretien avec Joseph Lecoq
Fouellefack le 15 mars 2014 dans son bureau
2 Entretien avec Norbert
Yefoue le 17 Juin 2014 à son domicile
3 Entretien avec Etienne
Gouné, le 02 Juin 2014 à son domicile à Foto
4 Idem
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République française au Cameroun,
Bonnecarrère, organise des écoles de préparation des
futurs Chefs. Afin de conserver un caractère particulier, ces
élèves constituaient dans les écoles de village et les
écoles régionales, une section spéciale dite «
section des fils de Chefs »1. En 1933, plus de deux cent (200)
fils de Chefs suivent les cours officiels à la circonscription de
Dschang. L'école régionale était située où
se trouve l'actuel hôtel de finance et la direction en face
d'elle2. Cette école est le produit des emménagements
de l'école française sur recommandation de la SDN. La France
avait pour tâche d'élaborer un système éducatif au
delà du « compter, lire et écrire des Allemands3.
C'est dans cette école régionale que le futur Président de
l'UPC de 1952 à novembre 1960, le Docteur Félix Roland
Moumié, a obtenu facilement son certificat d'études
primaires4 sous le haut parrainage de l'instituteur français
Antoine Galeazzi5.
Le rapport politique et économique de 1957
annonce la finalisation d'un bâtiment à deux classes à
l'école principale des garçons en ces termes : « charpente
et toitures terminées, huisseries posées, le badigeonnage de
bâtiment sera effectué les premiers jours d'octobre6
».
1 Monique
Guimfacq, Foto, un grand... p.86.
2 Entretien avec Fodje Luc le
18 mars 2014 à Madagascar- Dschang.
3 Noumbissie
Tchouaké, Maginot. « Pierre Poundé et l'Union
Bamiléké. Accommodation et appropriation de l'espace politique en
situation coloniale » in Noumbissie M. Tchouaké et Jules Kouosseu
(éds), Figures de l'Histoire du Cameroun, Paris, L'Harmattan,
2012, p.195.
4 Jean Koufan Menkene, «
Felix Moumié : Un martyr de la révolution et du nationalisme
camerounais », in Mutations des 27 et 28 Novembre 2007 en
ligne
5 Mesmin Kanguelieu
Tchouake, La rébellion armée à
l'ouest...p.83.
6 ANY 1AC 262 Rapport
politique et économique du mois de septembre 1957 dans la subdivision de
Dschang.
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Photo 34: Un des bâtiments du Centre de
pré-apprentissage (CPA)
![](Inventaire-de-quelques-vestiges-coloniaux-matriels-dans-la-ville-de-Dschang1907-195736.png)
Source : Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014,
Dschang
L'épaisseur des murs, les briquettes
utilisées pour monter le mur et les fenêtres larges de ce
bâtiment sont les caractéristiques des bâtiments allemands.
C'est l'un des bâtiments de la section artisanale et rurale/section
ménagère (SAR/SM) de Dschang actuelle.
L'idée qui se dégage de ces vestiges
coloniaux à usage socioéconomique est celle de la création
par et (d'abord) pour les Européens d'un cadre favorable au maintien du
système colonial qui faisait drainer les richesses africaines vers
l'Europe. L'hôpital de Dschang, l'usine de Quinquina, les écoles
et le camp des fonctionnaires etc étaient mis en place pour que
l'indigène ait quand même un minimum en termes de cadre de vie de
peur d'avoir davantage un manque de main d'oeuvre. La vision qui se cachait
derrière les vestiges à caractère culturel et religieux
était peut être différente de celle
précédente.
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