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Intégration des réfugiés, réorganisation sociale et territoriale de Lola.


par Jean GBEMOU
Université Général Lansana CONTE de Sonfonia (UGLC-SC) - Master 2 recherche espace-temps-société 2017
  

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Graphique10

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

A la question de savoir s'ils reçoivent des aides et si oui de la part de qui ?Les réponses ont été majoritairement oui. Pour la question de la part de qui ?LesInstitutions internationales humanitairesviennent en tête avec 50% des réponses, suivi des ONG(23%), le gouvernement(12%), les associations(10%)et les personnes de bonne volonté(5%).

Niveau de satisfaction des aides

Graphique11

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Parlant de l'appréciation des aides reçues,50% des répondantsdisent qu'ils ne sont pas du tout satisfaits de la taille des aides par rapport à leurs besoins actuels. Un autre enquêté disait :

« Depuis 2009, je me suis marié ici, et j'ai trois enfants avec ma nouvelle femme guinéenne, tant disque j'avais déjà deux garçons dont j'avais perdu leur maman dans la guerre. Habillés, nourris et logés ces gossesce n'est pas facile. S'ils veulent nous aider pour notre intégration il faut qu'ils tiennent compte de nos vrais réalités économiques ».

Égalementaussi les 25% se disent un peu satisfaits, comme explique : Une enquêtée :

« Franchement je suis un peu satisfaite des aides perçues, mais il faut qu'ils revoient à la hausse ».

Ce sont les 20%qui disent êtresatisfaits et 5%trèssatisfaits de ce qu'ils perçoivent.

Une autre enquêtée :

« Sans te mentir je suis satisfaite des aides. Je suis une jeune dame célibataire et je me débrouille dans le commerce, les aides viennent compléter mon business et me permettent de mieux me propulser dans mes affaires ».

Graphique12

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

75% disent avoir changé de profession à cause des réalités du milieu.

Un enquêté :

« J'étais peintre-calligraphe, j'ai longtemps pratiqué ce métier quand j'étais jeune au pays, mais depuis mon arrivée ici en 1998, peu de personnes aimaient peindre leurs maisons, j'avais un client par an. Pour ne pas mourir de faim, j'avais décidé d'essayer d'autres comme la cordonnerie et le petit commerce. Dieu merci j'avais réussi à me faire de bonnes affaires et aujourd'hui je suis économiquement indépendant »

Une enquêtée :

« J'étais coiffeuse au pays et j'avais mon propre atelier. Mais arrivée à Lola en 2004, après mes enquêtes avec M. Doré mon nouveau mari, on avait compris qu'il y avait assez d'ateliers de coiffure qui ne marchaient pas. Voilà pourquoi mon mari m'avait proposé de faire le commerce et depuis ce jour je suis devenue commerçante »

Une autre :

« J'étais brodeuse des draps du lit, mais arrivée ici on avait compris que ce métier n'avait pas sa place. Pour preuve le drap que j'avais brodé a fait sept mois et je fus obligée dele vendre à bas-prix pour me débarrasser de ce fardeau.C'est depuis là que je me suis intéressée à la couture que je maitrisais avant de quitter mon pays. Aujourd'hui Dieu merci j'ai assez d'apprentis et mon atelier me rend économiquement indépendante. Je me suis mariée à un guinéen qui me donne la paix du coeur et me fait oublier de ce que j'ai enduré pendant la guerre, j'ai ma nationalité et je ne veux pas qu'on m'appelle refugiée. »

Cependant, 25%des répondants affirment ne jamais changer leurs activités. Leurs chancessont que qu'ils ont trouvé productifs leurs métiers dans la zone de Lola. Bon nombre de ceux-ci, vivaient dans de gros villages ou de petites villes qui avaient presque les mêmes réalités socio-économiques que Lola. Donc les métiers appris correspondent exactement aux attentes de la population de Lola.

Tableau7 : Conventions et transactions foncières

 

Vente

Prêt

Don

Gratuit

TOTAL

Célibataire

42%

33%

17%

8%

100%

Marié(e)

38%

32%

9%

21%

100%

Vivant maritalement

0%

0%

0%

0%

0%

Veuf (ve)

25%

25%

0%

50%

100%

Divorcé(e)

50%

21%

21%

7%

100%

Séparé(e)

40%

20%

20%

20%

100%

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Graphique13

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Nous avions cherché à connaitre comment se font les transactions et conventions foncières. Les résultats obtenus ont été croisés avec lestatutmatrimonial : célibataire, marié(e), vivant maritalement, veuf (ve), divorcé(e) et séparé(e) :

Ø Célibataire : 42%des enquêtés qui possèdent des terres les ont acquises par achat ;33%utilisent une terre prêtée, 17%sont propriétaires par suite deDon et ce sont 8%des enquêtés qui utilisent gratuitement les terres qu'ils cultivent.

Un enquêté :

« Mon frère ici ce n'est pas facile, surtout quand tu es célibataire, les gens pensent que tu n'aimes pas leurs enfants voilà pourquoi tu refuges de te marier dans leur communauté, donc attend toi à toutes attaques. Même pour recevoir un petit lopin de terre on t'oblige à l'acheter, sauf dans de rares cas on peut te donner gratuitement ».

Ø Marié(e) :38%ont acheté des terres et parcelles, 32%utilisent des espacesprêtés, 9%utilisent un espace reçu par don et les 21% ontgratuitementdes terrains cultivables.

Une enquêtée :

« Depuis que je me suis mariée j'ai moins de problèmes avec tout le monde, même ma place au marché m'a été gratuitement donnée par un beau-frère, pourtant je payais avant des frais élevés ».

Ø Veuf (ve) :25%des espaces cultivables utilisés par les veufs ou veuves sont acquis par l'achat, 25%par des prêts et 50%gratuitement acquis auprès des voisins.

Une enquêtée :

« Depuis la mort de mon mari, les gens n'arrêtent pas de me soutenir, même les espaces que j'utilise aujourd'hui sont en grandes parties des cadeaux, et c'est ce qui me permet de soutenir les trois enfants qu'il m'a laissés ».

Ø Divorcé(e) : les espaces cultivables utilisés par ce groupe sont repartis comme suite : 50% par vente, 21% par prêt et 21% par don et les 7% sont gratuitement octroyés.

Ø Un autre enquêté :

« Franchement les gens de Lola sont hostiles aux divorces, depuis que j'ai divorcé avec leur fille, mes business se sontdurcis. Tous ce que je recevais comme don ou cadeau se sont transformés par achat. Et ce qui est difficile même mon loyer a été augmenté. Ben qu'à cela ne tienne je gère et je suis là, je suis plus guinéen que ceux qui veulent m'effrayer sur ma propre décision ».

Ø Les séparés(es), 40% de leurs espaces cultivables sont obtenus par les achats, 20% par prêt, 20% par don et les 20% autres sont gratuitement obtenus.

Nous constatons que les mariés et les veuves sont plus soutenus par la communauté d'accueil que les individus ayant d'autres statuts. Et cela s'explique par le respect que les habitants de Lola accordent à celui qui accepted'épouser leur fille ou fils. La personne est considérée comme l'un de leurs.

Quand nous avions posé la question de savoir si les nouveaux intégrés participent aux associations à but lucratif et/ou à des tontines journalières ou semestrielles, les réponses détaillées dans le tableau si haut, montrent clairement que bon nombre d'entre eux participent aux associations. Le tableau nous éclairci également que certains ont pu construire, propulser leurs activités commerciales à travers ces tontines. D'autres au contraire n'aiment pas les tontines ou associations par ce qu'ils n'ont pas de chance dans les tontines comme cette enquêtée quidit:

« J'en ai marre des tontines, je ne participe jamais, car je n'ai pas de chance dans ça. En 2013, je me suis inscrite dans une tontine semestrielle, de 50.000fg par personne, nous étions au nombre de 20 personnes ce qui vaut 1 000 000fg. Je comptais sur cette somme pour bien relancer mon commerce, mais malheureusement je n'ai pas reçu en totalité mon argent et nous avions fini à la police. Depuis ce jour j'ai refusé de participer aux activités collectives à but lucratif. »

Tableau8 : Participation aux associations et tontines

Nb

%

Pas tellement

18,8%

Pas du tout

9,4%

Je ne suis pas trop impliqué dans ça

6,3%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide à propulser mes affaires

6,3%

Pas tellement car je n'ai pas de chance dans ça

6,3%

Ben je ne m'intéresse pas tellement à ça

3,1%

Difficilement juste pour me faire des amis car en réalité ça m'apporte rien économiquement.

3,1%

Difficilement juste pour me faire des amis car en réalité je n'ai pas de chance dans ça

3,1%

J'aime beaucoup des tontines et associations car ça m'apportent beaucoup de biens

3,1%

J'aime beaucoup des tontines et associations puisque ça augment mes relations

3,1%

Je n'aime pas des tontines

3,1%

Je n'aime pas des tontines ou associations

3,1%

Je n'aime pas les associations

3,1%

Je participe difficilement car je n'ai pas de chance dans ça

3,1%

Je suis dans les tontines du quartier initiées par nos tuteurs.

3,1%

Permettent de mieux propulser mon commerce

3,1%

Oui j'aime bien des associations car c'est grâce à çà j'ai construit ma maison

3,1%

Oui j'aime bien des associations car c'est grâce aux associations de groupe à but lucratif que j'ai acheté ma moto

3,1%

Oui et c'est dans ça j'ai payé ma parcelle à Lola ville

3,1%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide à faire des affaires

3,1%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide à financer mes activités

3,1%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide à propulser mes affaires

3,1%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide à vite propulser mes activités

3,1%

Oui j'aime bien des associations car ça m'aide de plus

3,1%

Total

100%

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Graphique 14

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Nous avonsaussi posé la question de savoir est ce qu'ils sont satisfaits de leurs revenus ? Est-ce qu'ils parviennent à surmonter les difficultés avec ce qu'ils perçoivent ? Les réponses collectées montrent que :

Ø 2,6%des enquêtésdisent ne pas être du tout satisfait de leur revenu. Ils vivent dans une extrême pauvreté, à cause des frais de loyer supérieurs à leurs moyens ils se sont éloignés dans la haute banlieue. D'autres vendent du bois et du charbon, d'autres font des contrats journaliers dans les différents champs pour trouver à manger.

Un autre témoigne :

« Ici ce n'est pas facile, nous vivons du jour au jour, nous partons dans les différents champs pour trouver des contrats journaliers afin de nous trouver à manger. Nous vivons malheureux ici, mais je ne veux pas me retourner dans mon pays après plus de 15 ans d'absence à cause de la guerre, je garde réellement une haine impardonnable à mon pays, pour la mort de mes parents, mes deux enfants et ma première femme adorée, je préfère souffrir ici avec une mémoire tranquille. J'aime bien cette ville car je trouve ma paix ici ».

Ø 28,2% qualifient de passables leurs revenus, ils vivent aussi dans les mêmes réalités que les premiers mais eux au moins ont une condition de vie un peu plus appréciable par rapport aux premiers. Ils mangent selon eux deux fois par jour et leurs enfants vont à l'école.

Ø 59% sont peu satisfaits, puis qu'ils parviennent à payer sans problème leurs loyers et règlent les besoins primaires de leurs familles. Certains parmi eux vivent plus modestement que certains autochtones. Leurs enfants vont bien à l'école et d'autres vivent également dans leurs propres maisons.

Un enquêté :

« Ici je remercie Dieu, car je parviens à satisfaire le minium des voeux de ma famille. Je suis chez moi-même, mes enfants vont bien à l'école et ma première fille est dans une école privée que je paie sans problème. Je suis un peu satisfait du peu que je gagne ».

Ø 10%des enquêtés disent être satisfaits de leurs revenus.Ils sont logés en majorité dans leurs propres maisons, ils vivent aisément avec leur famille, les enfants sont tous inscrits à l'école. Certains d'entre eux roulent dans des voitures et/ou ont des motos. Ils sont en majorité commerçants.

Un autre enquêté :

« Al-hamdoulaye, je suis satisfait de mes revenus, car j'ai deux parcelles construites ici à Lola, personne ne croit que je suis refugié, car mon nom sur ma carte guinéenne est un nom et prénoms guinéens, j'ai deux camionnettes et une concord-Hiace.Je vends aussi des produits que je vais chercher au Libéria, c'est mon pays d'origine je n'ai aucun problème là-bas avec l'autorité de même qu'ici en Guinée où je me suis marié avec une belle guinéenne qui m'a fait 4 enfants tous beaux comme moi. Je suis vraiment fière de vivre en Guinée.

Graphique15

A la question de savoirles statuts des amis les plus fréquentés par les intégrés, 28% des enquêtés ontdes amis guinéens et les 72% sont des amis refugiés.

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Graphique16

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

S'agissant de la langue de communication : 34%des enquêtés disent communiquer en français, 28%communiquent en Konon, 14%parlent en anglais, 10%s'expriment en Guerzé, 9%s'échangent en Konianké et les 5%parlent le Manon.

Graphique17

Source : enquête de terrain, J. GBEMOU mémoire master2, 2017

Dans toute communauté, les étrangers sont toujours vus sous un autre oeil par certains autochtones. Ils sont toujours victimes de discrimination ethnique ou xénophobe, ils sont de fois considérés comme les portes malheurs ou la cause de la pauvreté des populations d'accueil. Les nouveaux guinéens ne sont pas épargnés ainsi, 50%des enquêtés disent être discriminés par leurs voisins, 26%par leurs amis,16%par leurs collèguesde travail, 7%par leursemployeurset les 1%par leurs enseignants.

Une autre enquêté :

« Franchement certaines voisines sont méchantes, elles aiment ne pas t'impliquer dans leurs affaires, malgré mes hautes considérations envers eux et leurs enfants, elles ne te font jamais confiance. En cas de dispute avec une, toutes les autres se formalisent contre toi, comme si tu avais insulté tous leurs mères ».

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein