CHAPITRE 3 : LES PRELIMINAIRES POUR UNE
STANDARDISATION DE LA LANGUE KWAì?
3.1. INTRODUCTION
Dans ce chapitre, nous présentons des
préliminaires pour une standardisation à la lumière des
travaux de Sadembouo (2001), pour transformer une langue de la tradition orale
en celle écrite. Il est également important de préciser
avec Wiesemann (1987 :1) que la standardisation d'une langue non-écrite
est un processus. Pour paraphraser Sadembouo (2001 :375), la standardisation
consiste à identifier et établir une forme unique à
l'écrit pour les parlers dont l'intercompréhension est
avérée, et qui sera la forme officielle à l'écrit
uniquement, celle qui peut être enseignée à toute personne,
locuteur ou non. D'après Akeriweh (2000 :94), nous avons quatre (04)
principales étapes de standardisation d'une langue, à savoir : le
choix du dialecte de référence, la codification,
l'élaboration du matériel didactique et l'acception de la
proposition par les membres de la communauté cible. Cependant, compte
tenu du travail qui est le n tre, nous nous limiterons à la description
des deux (02) premières étapes et les études futures
pourront se pencher davantage sur les autres aspects de la standardisation de
la langue kw ?. Nous examinerons au fur et à mesure les
différents critères proposés par Sadembouo (2001), car un
seul critère seul ne suffirait pour ériger un dialecte au statut
de standard. Nous appliquerons à nos 03 variantes principales notamment
la variante du canton Bakoua, la variante du canton Tongo et la variante du
canton Moya, quelques critères qui nous permettront éfficacement
de déterminer le dialecte de référence. Ces
critères sont fondés sur des considérations
sociolinguistiques.
3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWA'?
Dans cette sous-section, nous allons évaluer la
possibilité d'une éventuelle standardisation de la langue kw ? en
tenant compte des critères de vitalité et de viabilité
d'une langue sous la forme standard proposés par Sadembouo (2001). Il
s'agit des considérations sociolinguistiques, organisationnelles et
sociopolitiques (Sadembouo (2001)) telles que présentées
ci-dessous. Nous allons également nous appuyer sur les
éléments statistiques relevant du dépouillement du
questionnaire portant sur la pratique et l'usage des langues que nous avons
administré dans la communauté kw ? aux locuteurs natifs, lors de
notre descente dans cette zone, ainsi que des observations que nous avons
faites sur les pratiques et usages linguistiques durant notre séjour.
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3.2.1. La situation dialectale
Il s'agit ici du choix d'un éventuel dialecte de
référence standard qui se base sur une certaine variation au sein
d'une même langue. Ceci est valable lorsqu'il n y a pas une certaine
homogénéité entre les différentes manières
de parler la langue par les locuteurs. Même si cela n'impacte pas sur la
communication orale, il faudrait choisir de commun accord l'un des parlers qui
sera utilisé pour la forme écrite de la langue. Il est important
de rappeler que le choix de cette variante obéit à certains
critères. Parlant de ces critères, Wiesemann et al. (1983 :142)
affirment :
Le choix du dialecte de référence peut
être fait par un individu, chercheur ou spécialiste avisé
f...]. Dans l'un ou l'autre cas, tous les dialectes de la langue sont soumis
aux critères ci-dessous. Ils sont d'inégale importance : certains
sont primordiaux c'est-à-dire nécessaires et suffisants pour un
choix judicieux et acceptable , · d'autres sont tout simplement
nécessaires et ne suffisent pas à eux seuls pour identifier un
dialecte de référence acceptable , · d'autres sont
plutôt marginaux, constituant des arguments supplémentaires pour
supporter le choix d'un dialecte.
D'après INS (2015 :48), l'arrondissement du
Nord-Makombe a une superficie de 734 km2, compte 3999 habitants avec
une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue kw ?
est parlée dans 03 cantons de l'arrondissement du Nord-Makombe, avec
chacun une chefferie de 2ème degré (Moya, Bakoua et Tongo).
Chacun des trois (03) cantons compte une dizaine de villages, mais seuls 06
villages à savoir Moya, Nkong-Bakoua, Ngoma-Bakoua, Fanda, Tongo,
Milombe et Ndoulah sont réellement pourvus d'habitats et de population
aujourd'hui tandis que les autres sont inhabités.
Lors de notre enquête dans ces différents
cantons, les personnes interrogées, soient 98% des 140 personnes
intérrogées, nous ont laissé entendre qu'il n'y avait pas
de problème d'intercompréhension entre elles. Elles nous ont
également laissé entendre que l'intercompréhension est
très forte au point o il n'est pas aisé de déterminer le
canton d'un locuteur à travers son accent. Ceci démontre que la
situation dialectale du kw ? est homogène même si on ne pourrait
pas uniquement se baser sur ce que disent les populations. Cette
homogénéité de la langue favoriserait une adoption plus
aisée d'une forme graphique par les membres de la communauté.
Ceci favorise une mise en place d'un projet de standardisation, car on
n'assistera pas à une multiplicité de formes standards
concurentes et tout locuteur se reconnaitra dans la forme écrite de la
langue.
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En dehors du choix du dialecte de référence
standard, la standardisation d'une langue nécessite aussi une certaine
viabilité de celle-ci sous la forme standard. Il sera question ici de
voir si la langue kw ? peut être mise par écrit et adoptée
sous une forme standard par sa population. Cette viabilité obéit
à certains critères qui ne sont pas absolus et toujours pris
ensembles tel qu'exposé ci-après.
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