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De la standardisation du kwa. D'une esquisse morphologique à  l'orthographe.


par Cyrille TALLA SANDEU
Université de Yaoundé 1 - Master en Linguistique appliquée 2020
  

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CHAPITRE 3 : LES PRELIMINAIRES POUR UNE STANDARDISATION DE LA
LANGUE KWAì?

3.1. INTRODUCTION

Dans ce chapitre, nous présentons des préliminaires pour une standardisation à la lumière des travaux de Sadembouo (2001), pour transformer une langue de la tradition orale en celle écrite. Il est également important de préciser avec Wiesemann (1987 :1) que la standardisation d'une langue non-écrite est un processus. Pour paraphraser Sadembouo (2001 :375), la standardisation consiste à identifier et établir une forme unique à l'écrit pour les parlers dont l'intercompréhension est avérée, et qui sera la forme officielle à l'écrit uniquement, celle qui peut être enseignée à toute personne, locuteur ou non. D'après Akeriweh (2000 :94), nous avons quatre (04) principales étapes de standardisation d'une langue, à savoir : le choix du dialecte de référence, la codification, l'élaboration du matériel didactique et l'acception de la proposition par les membres de la communauté cible. Cependant, compte tenu du travail qui est le n tre, nous nous limiterons à la description des deux (02) premières étapes et les études futures pourront se pencher davantage sur les autres aspects de la standardisation de la langue kw ?. Nous examinerons au fur et à mesure les différents critères proposés par Sadembouo (2001), car un seul critère seul ne suffirait pour ériger un dialecte au statut de standard. Nous appliquerons à nos 03 variantes principales notamment la variante du canton Bakoua, la variante du canton Tongo et la variante du canton Moya, quelques critères qui nous permettront éfficacement de déterminer le dialecte de référence. Ces critères sont fondés sur des considérations sociolinguistiques.

3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWA'?

Dans cette sous-section, nous allons évaluer la possibilité d'une éventuelle standardisation de la langue kw ? en tenant compte des critères de vitalité et de viabilité d'une langue sous la forme standard proposés par Sadembouo (2001). Il s'agit des considérations sociolinguistiques, organisationnelles et sociopolitiques (Sadembouo (2001)) telles que présentées ci-dessous. Nous allons également nous appuyer sur les éléments statistiques relevant du dépouillement du questionnaire portant sur la pratique et l'usage des langues que nous avons administré dans la communauté kw ? aux locuteurs natifs, lors de notre descente dans cette zone, ainsi que des observations que nous avons faites sur les pratiques et usages linguistiques durant notre séjour.

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3.2.1. La situation dialectale

Il s'agit ici du choix d'un éventuel dialecte de référence standard qui se base sur une certaine variation au sein d'une même langue. Ceci est valable lorsqu'il n y a pas une certaine homogénéité entre les différentes manières de parler la langue par les locuteurs. Même si cela n'impacte pas sur la communication orale, il faudrait choisir de commun accord l'un des parlers qui sera utilisé pour la forme écrite de la langue. Il est important de rappeler que le choix de cette variante obéit à certains critères. Parlant de ces critères, Wiesemann et al. (1983 :142) affirment :

Le choix du dialecte de référence peut être fait par un individu, chercheur ou spécialiste avisé f...]. Dans l'un ou l'autre cas, tous les dialectes de la langue sont soumis aux critères ci-dessous. Ils sont d'inégale importance : certains sont primordiaux c'est-à-dire nécessaires et suffisants pour un choix judicieux et acceptable ,
· d'autres sont tout simplement nécessaires et ne suffisent pas à eux seuls pour identifier un dialecte de référence acceptable ,
· d'autres sont plutôt marginaux, constituant des arguments supplémentaires pour supporter le choix d'un dialecte.

D'après INS (2015 :48), l'arrondissement du Nord-Makombe a une superficie de 734 km2, compte 3999 habitants avec une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue kw ? est parlée dans 03 cantons de l'arrondissement du Nord-Makombe, avec chacun une chefferie de 2ème degré (Moya, Bakoua et Tongo). Chacun des trois (03) cantons compte une dizaine de villages, mais seuls 06 villages à savoir Moya, Nkong-Bakoua, Ngoma-Bakoua, Fanda, Tongo, Milombe et Ndoulah sont réellement pourvus d'habitats et de population aujourd'hui tandis que les autres sont inhabités.

Lors de notre enquête dans ces différents cantons, les personnes interrogées, soient 98% des 140 personnes intérrogées, nous ont laissé entendre qu'il n'y avait pas de problème d'intercompréhension entre elles. Elles nous ont également laissé entendre que l'intercompréhension est très forte au point o il n'est pas aisé de déterminer le canton d'un locuteur à travers son accent. Ceci démontre que la situation dialectale du kw ? est homogène même si on ne pourrait pas uniquement se baser sur ce que disent les populations. Cette homogénéité de la langue favoriserait une adoption plus aisée d'une forme graphique par les membres de la communauté. Ceci favorise une mise en place d'un projet de standardisation, car on n'assistera pas à une multiplicité de formes standards concurentes et tout locuteur se reconnaitra dans la forme écrite de la langue.

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En dehors du choix du dialecte de référence standard, la standardisation d'une langue nécessite aussi une certaine viabilité de celle-ci sous la forme standard. Il sera question ici de voir si la langue kw ? peut être mise par écrit et adoptée sous une forme standard par sa population. Cette viabilité obéit à certains critères qui ne sont pas absolus et toujours pris ensembles tel qu'exposé ci-après.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams