1.1.3.1.1. Consonnes prénasalisées
Certaines consonnes recensées en position initiale
peuvent avoir une fonction syllabique ou de prénasale. Dans ce contexte,
a-t-on à faire aux prénasales c'est-à-dire NC ou s'agit-il
des nasales syllabiques c'est-à-dire N+C, donc deux syllabes ? À
travers notre corpus, nous constatons qu'il y a une succession de consonnes
nasales et consonnes occlusives et fricatives en position initiale et en
position médiane. Nous avons également constaté que ces
consonnes-là peuvent apparaître seules. Ce qui signifie en
d'autres termes que les contextes sont mutuellement exclusifs. Étant
donné aussi que la langue n'admet pas de structure CC dans les cas
simples c'est-à-dire de succession quelconque de sons, cette succession
ne saurait être des consonnes distinctes. Sur ces bases, nous pouvons
admettre qu'il s'agit des prénasales. Nous allons présenter cela
à travers l'exemple (1) ci-dessous :
(1)
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?g p nd mv
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« la peau de l'animal » « le mari, l'époux
» « le deuil »
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b ?g m nd tàmb
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« boucle d'oreille » « l'homme » « le
chapeau »
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À travers cet exemple, nous constatons qu'il ne s'agit
que des prénasales sonores car les nasales qui précèdent
les consonnes sourdes dans cette langue sont généralement des
nasales syllabiques comme nous le veront plus tard dans l'analyse.
Nous allons maintenant déterminer le statut des
différentes successions de voyelles que nous avons relevées de
notre corpus.
1.1.3.1.2. Les séquences vocaliques
La langue kw ? comporte des séquences vocaliques dont
nous déterminerons le statut phonologique afin d'adopter une bonne
orthographe de cette langue. Il s'agit des successions présentées
dans l'exemple (2) suivant :
(2)
u a k ? « bracelet »
u ? k ? ? « la flèche »
u e ?g èn « l'aigle »
u m? ? « la lune »
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u i d ? « fondre »
u ? k ? « quatre »
i ? d b ? ?ó « s'enrouler »
i ? f ? « la tombe »
i a f à?nd? « le balai »
i u b ? « neuf »
Au vu de ces groupements, nous pouvons nous poser une question
fondamentale : Peut-on considérer ces groupements vocaliques comme des
diphtongues, ou pourrait-on parler d'un processus de labialisation et de
palatalisation ou encore d'un processus de formation de glides ? De prime
abord, nous sommes tenté d'affirmer que la langue kw ? fait état
de diphtongues. Dubois et al. (1973 :155) définissent la diphtongue
comme étant « une voyelle qui change une fois de timbre au cours de
son émission, de sorte que l'on entend une certaine qualité
vocalique au début de la diphtongue et une autre à la fin . En kw
?, on ne retrouve que les voyelles [i] et [u] en première position dans
ces groupements or on s'attendrait à avoir tout type à cette
position. Donc il ne s'agit aucunement des voyelles diphtongues. En revenant
sur la liste de l'exemple (2) précédent, nous nous rendons compte
de l'apparition de certaines voyelles basses en deuxième position. Ces
voyelles sont [a, ?, ?]. Il serait donc impensable d'avoir des consonnes
palatalisées et labialisées devant ces voyelles aussi basses.
Car, pour Chumbow et Ejimatswa (1984) cité par Nguendjio (1989:55),
consonants cannot be said to be palatalized or labialized before a vowel as low
as [a]. Since both processes of palatalization and labialization involve
raising of the tongue it would be unnatural for a low vowel to condition these
processes».
Les sons [i] et [u] apparaissant en première position
dans les groupements vocaliques subiraient des transformations et deviendraient
respectivement [w] et [j]. Ces voyelles peuvent être suivies de toute
autre voyelle, qu'elle soit haute ou basse.
D'o la règle suivante :
u w/ C___V et i j/ C_____V
Il s'agit donc de CwV et de CjV o
Cw et Cj correspondent respectivement à C + W et C
+ J.
Il est évident qu'il ne s'agit nullement d'un processus
de labialisation et de palatalisation, il s'agit plut t d'un processus de
formation de glides. Nous pouvons matérialiser cela dans l'exemple (3)
ci-dessous :
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(3)
u i d ? [d ?w ] « fondre »
u e ?g èn / [?gwèn ] « l'aigle »
u E k è/ [kwE ] « quatre »
u /mE ? / [mè?w ] « la lune »
u a k ? [kw ?] « bracelet »
u ? k ? ? [kw? ?] « la flèche »
i E f E / [fjE ] « la tombe »
i a f à?ndE / [fjà?ndE ] « le balai »
i u b ? [bj ? ] « neuf »
i ? d b ? ?ó/ [d bj? ?ó] « s'enrouler
»
À la suite de ce processus, il s'en suit directement un
processus de perte de segment (désyllabation) pour reprendre Nguendjio
(1989 : 57). Dans notre cas précis, les voyelles [u] et [i] sont
porteuses de tons en structure profonde. Mais, une fois transformées en
semi-voyelles, elles perdent ce ton. Dans la langue kw ?, seules les nasales
syllabiques et voyelles sont porteuses de ton, car elles sont des noyaux de
syllabe.
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