CHAPITRE I. CONSIDERATIONS GENERALES
En sciences sociales, selon Cyprien Anivel, « les
concepts sont fréquemment polysémiques »13. Ce
qui entraine souvent des approximations dans les développements
théoriques et bien sûr, des incompréhensions, voire des
malentendus d'une discipline à l'autre, d'un spécialiste à
un autre. Nous savons, par exemple, que dans leur profession, si les
politologues parviennent bien à penser la complexité et la
diversité des faits, ils peinent, tout de même, à
élaborer une définition d'ensemble ; à nommer les choses
et à renouveler leur catégorie. Devant un tel écueil qui
peut devenir le coeur de la confusion d'interprétation des mots chez les
lecteurs pour préciser l'utilité des faits, définir les
concepts devient un impératif indispensable.
Le développement de ce chapitre renferme plusieurs
concepts susceptibles de clarifier l'objet de cette recherche en vue
d'élaguer les malentendus. Ainsi, il est subdivisé en deux
sections complémentaires. La première section, intitulée
définition des concepts opératoires tourne autour des concepts
clé de cette dissertation et renferme plusieurs conceptions. La
deuxième section par contre s'articule autour de l'aperçu
historique sur la nationalité congolaise.
SECTION 1. DEFINITION DES CONCEPTS OPERATOIRES
1.1. Notion sur la Nationalité
La nationalité est l'appartenance juridique et
politique d'une personne à la population d'un Etat. Il revient donc
à chaque Etat de déterminer qui est ses nationaux et de fixer les
règles d'attribution de la nationalité. En droit congolais, les
conditions d'acquisition, disent mieux d'attribution de la nationalité
sont fixées par la loi N°004/24 / du 12 novembre 2004 relative
à la nationalité congolaise14. Il en découle
que la détermination de la nationalité congolaise repose
principalement sur deux critères à savoir : le droit du sang et
le droit du sol.
Le concept « nationalité » peut
évoquer aussi, l'appartenance d'une personne à la nation. De
manière technique, et même juridique, la nationalité peut
être définie comme le lien juridique et politique qui rattache une
personne physique ou morale à un Etat, ou ce qui revient à la
même population constitutive d'un Etat15.
13 ANIVEL C., Sociologie des quartiers
sensibles, Armand colin, 2006, p.128.
14 AUDE MIRKOVIC, Droit de la famille et des
personnes, 4ème Ed. Levallois-Perret, 2014, p.131.
15 AUBERT J-L., Introduction au droit et
thèmes fondamentaux du droit civil, 7ème Ed.,
Dalloz, Paris, 1998, p.197
12
Au sens sociologique, la nationalité exprime un lien
d'un individu avec une nation ; nation entendue comme « une
communauté des personnes unies par des traditions, des aspirations, des
sentiments ou des intérêts communs »16. Autrement
dit, elle exprime dans une conception sociologique, le lien d'un individu avec
une nation, c'est-à-dire une communauté de personnes unis par des
traditions, des aspirations, des sentiments ou des intérêts
qu'elles partagent solidairement.17
Sous l'angle purement juridique, la nationalité
peut-être définie comme étant « un lien qui rattache
une personne à un Etat déterminé »18. En
RDC, la loi est muette quant à la définition de la
nationalité. Cependant, l'exposé des motifs du décret-loi
N° 197 du 29 Janvier 1999 modifiant et complétant la loi n°
81-002 du 29 juin 1981 sur la nationalité, entrevoit la
nationalité comme étant « le lien juridique
déterminant l'appartenance d'un individu à un Etat ...»
à une nation en l'occurrence de la nationalité congolaise.
Le rattachement d'un individu à l'Etat
s'apprécie par le degré d'allégeance de cet individu
à son Etat. Mais conformément à la tradition africaine.
L'individu se définit également par son rattachement à une
communauté de base appelée « tribu » ou « ethnie
». La combinaison de deux éléments à savoir : l'Etat
et la tribu ou l'ethnie s'avère indispensable dans notion de la
nationalité.
La nationalité est un lien juridique ayant à sa
base un fait social de rattacher, une solidarité effective d'existence,
d'intérêts de sentiments joints à une
réciprocité de droits et de devoirs. De ce fait, la
nationalité traduit le rattachement du bénéficiaire
à la population de l'Etat qui la lui confère plus qu'à
tout autre Etat19. Correspondant à un souci d'identification
des personnes dans la communauté, la nationalité emporte comme
conséquence principale de faire accéder à la personne
considérée au statut que réserve l'Etat concerné
à ses nationaux, en ce qui concerne les droits, libertés et
devoirs.
Aussi sa règlementation est-elle fonction de la
politique de chaque Etat ou des orientations politiques que chaque pays
définit et applique en la matière. La règlementation de la
nationalité relève des attributs de la souveraineté de
chaque Etat, la nationalité manifeste en effet une prérogative
souveraine de l'Etat, celui-ci étant maitre absolue de la
détermination des conditions de l'octroi de sa nationalité.
Elle
16 DERRUPPE J., Droit International
privé, 8ème Ed., Dalloz, Paris, 1988, p.10.
17 AMISI HERADY, Droit civil : les personnes,
les incapacités, la famille, vol I, Ed., l'université
protestante au Congo, Kinshasa, 2014, p.81.
18MULUMBA KATCHY, Introduction
générale au droit, Kinshasa, Ed. Solidarité
africaine, Kinshasa, 2011, p. 129. 19 NGWABIKKA FUNDA J., Op
cit, p. 84.
13
n'exprime pas un droit des particuliers, même si ceux-ci
sont en droit de se mettre dans les conditions qui leur permettent d'obtenir
une nationalité20.
Nous pouvons distinguer deux grandes acceptions, notamment :
le sens sociologique et le sens juridique. Le sens sociologique, de
nationalité exprime un lien d'un individu avec une nation ; nation
entendue comme « une communauté des personnes unies par des
traditions, des aspirations, des sentiments ou des intérêts
communs »21. Autrement dit, elle exprime dans une conception
sociologique, le lien d'un individu avec une nation, c'est-à-dire une
communauté de personnes unis par des traditions, des aspirations, des
sentiments ou des intérêts qu'elles partagent solidairement
Sous l'angle juridique par contre, la nationalité
peut-être définie comme étant « un lien qui rattache
une personne à un Etat déterminé ». Ce rattachement
d'un individu à l'Etat s'apprécie par le degré
d'allégeance de cet individu à son Etat. Mais conformément
à la tradition africaine. L'individu se définit également
par son rattachement à une communauté de base appelée
« tribu » ou « ethnie ». La combinaison de deux
éléments à savoir : l'Etat et la tribu ou l'ethnie
s'avère indispensable dans notion de la nationalité.
|