3.1.2. La dérive autoritaire
En République démocratique du Congo, les
manifestations de la dérive autoritaire du pouvoir de l'A.F.D.L ont
été la suspension des activités des partis politiques et
la concentration des pouvoirs.
En ce qui concerne la suspension des activités des
partis politiques nous pouvons retenir que la démocratie est
identifiée le plus souvent par les libertés. S'il est vrai que la
notion équivoque, l'expression « liberté publique »
suppose que l'Etat reconnaisse aux individus le droit à l'abri de toutes
les pressions extérieures76. Mais ces libertés sont
donc délimitées par l'Etat, seul titulaire de la
souveraineté juridique. La démocratie exige que l'homme soit
libre de faire ce qui lui semble bon dans les limites de la loi d'exprimer son
opinion comme il l'entend, celle-ci doit être ou non identique à
celle des dirigeants au pouvoir ; l'homme doit encore libre de créer une
formation politique, une association, etc.
Sous le régime de L.D. Kabila, les libertés ont
été asphyxiées par les autorités au regard de ce
constat :
? Le premier élément qui marque l'atteinte
à la liberté d'association imputée au régime est la
suspension des activités des partis politiques de l'opposition.
? Le 28 août 1997, le ministre de l'intérieur
Mwenze Kongolo est allé encore plus loin dans une adresse faite à
la population. Non seulement, il réaffirmait la suspension des
activités des partis politiques mais aussi, il interdisait sur la voie
publique le port des signes distinctifs des partis politiques : insignes,
chapeaux et diverses inscriptions.
Acte contraire à la démocratie, cette suspension
est vécue comme le retour au parti unique et à l'abandon de la
recherche du consensus. Peu après, les associations de défense
des droits de l'homme ont été suspendues le 03 avril 1998 au
motif qu'elles déstabilisaient le gouvernement et contribuaient
sensiblement à la diminution de l'aide extérieure par la
propagation des faux bruits et des mensonges.
76 J. Morange, les libertés publiques, LGDJ,
paris, 1986, p 8
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A ce titre, tout ce qui concerne le législatif,
l'exécutif et le judiciaire relève de la compétence du
chef de l'Etat. Le chef de l'Etat est le chef du gouvernement et des
armées, il a le droit de battre la monnaie et d'émettre du papier
monnaie. Il nomme et révoque les membres, du gouvernement, les
ambassadeurs, les officiers supérieurs de l'armée, les cadres de
commandement dans la fonction publique, les gouverneurs, les mandataires actifs
et non actifs dans les entreprises et organismes publics.
Cette concentration des pouvoirs entre les mains du chef de
l'Etat était accompagnée de l'institutionnalisation de l'A.F.D.L
comme la seule autorité de la transition.
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