1.2. La première guerre de la RDC (l'AFDL)
A l'aube de la fin de la guerre froide, les coups d'Etat et
les guerres civiles commandités par les deux blocs capitalistes ou
communistes prennent une nouvelle tournure grâce à
l'accélération de la mondialisation. Les grandes puissances
accordent plus d'importance en l'Homme de Mobutu qui ferait leur affaire sur le
plan économique au Congo et dans la région des Grands Lacs.
Ainsi, comment Mobutu était arrivé à régner pendant
si longtemps et en même temps à provoquer un marasme
économique, inciter des guerres ethniques ou tribales qui sont les
facteurs politiques, économiques et sociaux qui ont conduit à la
décadence de l'Etat congolais, au coup d'Etat et au déclenchement
de la guerre civile ?
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Deux événements majeurs ont conduit aux
incidences sociales : la fin des antagonismes idéologiques et politiques
entre le bloc de l'Est et de l'Ouest, et le refus de la libéralisation
politique de l'espace national (démocratisation). Ces
événements vont occasionner plusieurs revendications sociales,
des luttes fratricides pour la conquête du pouvoir, l'envahissement de
ses voisins et le pillage de ses ressources naturelles. Sur ces faits, la
République Démocratique du Congo (RDC) aurait pu rationnellement
cesser d'exister, en tant qu'Etat, il y a déjà quelque temps.
L'objet de cette partie du travail est pour nous, le moyen
d'analyser le déroulement et les caractéristiques de la politique
de Mobutu. Les enjeux géostratégiques dans lesquels, la RDC a
connu un pillage systématique de ses ressources et une ingérence
politique non seulement des pays occidentaux, mais aussi de ses voisins. Et
enfin, cette guerre qui aura déstabilisé toute la région
des Grands Lacs et dont la question de la nationalité devenue une
occasion de créer l'instabilité a ramené la paix et la
stabilité de l'Etat congolais.
1.2.1. L'ethnicité transfrontalière
Avec plus de 450 groupes ethniques, il est clair que ce nombre
important d'ethnies vivantes sur un même territoire et un
désengagement de l'ordre étatique semble mener facilement le pays
dans une impasse. Il est évident que la tâche est encore beaucoup
plus ardue, si l'on sait que ces mêmes ethnies vivent de part et d'autre
des frontières du pays. Ce qui rend encore plus complexe la politique de
contrôle démographique de Mobutu sur le territoire. Ainsi, c'est
l'ensemble des problèmes internes des pays voisins transposes sur le
territoire congolais. Plus particulièrement, les conflits
politico-ethniques qui ont meurtri le Rwanda et le Burundi en 1994. Le
génocide du Rwanda a vu ses ramifications politico-ethniques
dépassées les frontières de la RDC pour creuser
l'abcès du vivre ensemble congolais.
Avec la conférence de Berlin de 1885, la région
des Grands Lacs a été victime du découpage territoriale
par les puissances colonisatrices. Cependant, ils n'ont pas tenu compte des
réalités géographiques des ethnies. Les frontières
ont ouvert des plaies béantes qui n'ont hélas pas fini de se
cicatriser avec le temps. La notion d'Etat nation des Congolais n'a jamais
été une réalité vécue et construite par
eux-mêmes. Les populations ne se reconnaissent pas dans la nation
congolaise, et de surcroit aux frontières. L'identité des
populations n'est pas nationale, mais plutôt ethniciste. Cette
reconnaissance ethniciste se construit dans l'imaginaire des peuples, selon
leur appartenant à une histoire, le sang, les rituels religieux ou
coutumières et les pratiques sociales. Par conséquent, les
frontières ne peuvent plus être source d'une représentation
de nous collective, nation congolaise et vous, les étrangers, nations
venues d'ailleurs.
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Par exemple, des peuples Hutus ont toujours vécu au
Congo depuis la période coloniale. Ils se sont toujours reconnus comme
des Hutus du Rwanda et du Burundi tout en vivant au Congo. D'ailleurs, Mobutu
refusera d'attribuer la nationalité à ce peuple dit les
Banyamulenge qui vivait sur le territoire depuis un siècle.
Mobutu prétendait que ce sont des immigrants politique et à durer
temporaire.
Au début des années 1990, avec le discours de La
Baule, la perestroïka et la chute du mur de Berlin, une vague de
démocratisation gagne l'Afrique. Il y a d'importantes pressions internes
et externes pour une telle démocratisation au Zaïre, et Mobutu
promet des réformes. Il abolit officiellement en 1991 le régime
du parti unique en vigueur depuis 1967, mais se montre peu enclin à
mettre en oeuvre les réformes promises, s'aliénant nombre de ses
alliés traditionnels, au Zaïre comme à
l'extérieur.
Il y avait une longue tradition de révoltes contre le
pouvoir de Mobutu. L'opposition était notamment le fait d'hommes de
gauche, se réclamant de l'héritage de Patrice Lumumba, et de
personnalités issues de diverses minorités ethniques et
régionales opposées à la mainmise de Kinshasa sur le reste
du pays. Kabila était l'un d'eux, étant à la fois
originaire du Katanga, province traditionnellement opposée au
gouvernement de Mobutu, et lumumbiste.
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