IV. AU PLUS PRÈS DU
TERRAIN
Afin de cerner les fondements de ce travail
énoncé précédemment, il est nécessaire de
revenir aux processus d'acquisition des données et de rendre compte de
l'entrée sur le terrain, de la posture que j'ai choisi d'adopter et de
la méthodologie que j'ai appliqué dans le cadre de
l'enquête ethnographique et de la rédaction.
Si le terrain est au coeur du travail de l'ethnologue (J.P.
Olivier de Sardan, 1994, p71), au sein du collectif, j'étais reconnue
à travers le statut de volontaire, un statut permettant d'être
admis au JRC pour un temps déterminé. Cette attribution m'a
imposé une certaine posture, des codes de conduite et des règles
qui ont nécessité une adaptation de la méthodologie
d'enquête ethnographique impliquant des biais d'étude non
négligeables.
1. Accès au terrain
a. Démarches et prise de contact
J'ai choisi d'effectuer mon enquête auprès du
Jaguar Rescue Center car il complétait trois conditions qui
m'étaient alors fondamentales, à savoir le lieu,
l'opportunité de stage et la nature de leur activité. En effet,
si le dépaysement permet d'engager un changement de regard sur la
culture d'origine (F. Laplantine, 2010, p. 13), j'aspirais à me rendre
en Amérique Centrale, après la déception d'un projet
d'étude avorté en Honduras. Je souhaitais également
réaliser mon terrain et mon stage auprès du même collectif
par un soucis d'implication, pensant que le stage serait une porte
d'entrée idéal sur le terrain. Aussi, l'étude des rapports
entre humains et non-humains me paraissait tout à fait
intéressante, et pertinente en vue des troubles que ces rapports
suscitent dans notre culture européenne contemporaine.
J'ai contacté le Jaguar Rescue Center par mail (Annexe
9) en décembre 2018 afin d'effectuer un stage en mars 2019. Par soucis
de transparence, je leur ai transmis mes motivations universitaires et mon
projet d'enquête. Celui-ci n'a pas suscité de commentaires, et la
réponse que je reçu de Tamara, la responsable administrative,
évoquait uniquement les démarches à suivre pour
intégrer le collectif. Il s'agissait de remplir et de leur soumettre un
formulaire d'inscription
41
téléchargeable sur le site du JRC (Annexe 8) et
une attestation de vaccination contre la tuberculose, puis de verser une partie
de la participation demandée d'un total de 350 dollars11.
Une fois ces démarches complétées, Tamara
valida mon stage du 4 mars au 1 avril 2019 et m'indiqua que ma tutrice serait
Nerea Irazabal. Je n'avais alors que très peu d'information.
Jusqu'à mon arrivée, je ne doutais pas de la
nature de mon stage, malgré le versement financier. Pourtant, ne
m'étant pas en place de dispositif dans le cadre de stage, le collectif
m'avait affilié au statut de volontaire court-terme, fait que je ne
compris que le premier jour. Je n'étais pas seule dans ce cas, d'autres
stagiaires venus exercer leur pratique en lien avec leurs études
s'étaient confronté à cette déconvenue.
Ce programme de volontourisme, le 4-week volunteer
program, consiste à effectuer un séjour de trois semaines au
centre du JRC et de passer la dernière semaine à La Ceiba. Les
rôles alors attribués aux individus sont l'assistance dans la
prise en charge des animaux non-humains et l'entretien des sites. Ces
rôles se limitaient à des tâches simples nécessitant
guère un savoir-faire particulier bien qu'une certaine rigueur. Ainsi,
nous assistions les membres permanents et les salariés dans leur
tâche et étions polyvalents.
b. Payer sa place
L'accès à La Ceiba et l'intégration au
collectif du JRC m'a été possible par la transmission d'un apport
financier. Par ce biais, je me suis inconsciemment inscrite dans les logiques
fonctionnelles du collectif, mais aussi dans ses logiques structurelles, en
recevant un statut précis faisant sens pour ses membres. L'attribution
du statut de volontaire m'a inséré dans le réseau
relationnel du JRC et m'a désigné une place qui, en tant
qu'apprentie anthropologue, m'a imposé l'acceptation de certaines
règles (F. Fogel, I. Rivoal, 2009).
Dans les logiques structurelles du JRC, le volontaire a un
statut particulier et des images lui sont rattachées. Le plus souvent
son passage est éphémère, ne restant que pour la
durée de son séjour ; il a un caractère interchangeable,
dans le sens où les volontaires constituent une équipe dont les
membres diffèrent chaque semaine et sont peu formés. Et si les
tâches confiées aux volontaires sont identiques chaque jour, les
individus à leur charge change continuellement. D'une certaine
11 Cette somme est une participation financière fixe
demandée à chaque nouveau volontaire, peu importe la durée
du volontourisme et le nombre de fois qu'il revient au centre (E. Leroy, 2018).
Elle ne comprend pas les frais d'hébergement, de transport et de
premières nécessités. A La Ceiba, la logique
financière est quelque peu différente dans la mesure où le
travail volontaire et l'isolement du site impose de loger sur place. Ainsi,
chaque mois coûte 300 dollars aux volontaires, à savoir 75 dollars
par semaine.
42
manière peu importe quel individu rempli la mission,
tant que celle-ci est menée à bien. De plus, l'usage du
volontourisme comporte un intérêt financier non négligeable
pour le collectif du JRC, sans compter l'apport d'une main d'oeuvre gratuite,
lui permettant de pérenniser son activité d'un point de vue
économique.
En tant que volontaire, j'ai facilement intégré
l'espace d'observation par une implication continue sur le terrain. Ce statut
m'a permis d'être reçue et d'être perçue par les
membres du collectif, qui m'ont alors donné un rôle dans la
structure et des tâches à accomplir. Et si « l'ethnographe
est celui qui doit être capable de vivre en lui la tendance principale de
la culture qu'il étudie » (F. Laplantine, 2010, p. 22),
intégrer le JRC par le biais du volontourisme m'a offert la
possibilité de m'y immerger, d'intégrer rapidement les codes de
conduite appropriés et d'adopter les us adéquats.
Le statut de volontaire m'a cependant imposé une
certaine marge d'action ethnographique. En terme de hiérarchie, le
volontaire se situe en bas de l'échelle (Annexe 2), ce qui rend
difficile la création d'un lien autre que professionnel avec les
managers, les salariés, et plus encore avec la fondatrice. En effet,
l'image projetée du passage momentané du volontaire a pour
conséquence une certaine prise de distance par les membres permanents du
collectif, qui peut être évincée par un séjour plus
long.
De plus, si le genre impacte l'expérience de
l'ethnographe (M. Blondet, 2008), j'ai pu constater sur le terrain une
différence de perception de la femme et de l'homme, notamment dans la
distribution des tâches à accomplir. Cependant, cela s'explique
par un soucis d'efficacité, pour des missions nécessitant une
grande force physique par exemple, et n'a jamais entravé le processus
d'acquisition des données.
Ainsi, le statut de volontaire m'a donné une certaine
marge d'action mais m'a aussi assigné à des codes de conduite
particuliers. A partir de ces éléments, une posture d'observation
s'est imposé à moi, celle de la participation
observante.
43
2. Méthodologie appliquée sur le terrain
a. La participation observante et ses biais
Étant un territoire privé, l'accès
à La Ceiba reste sous la supervision du JRC et n'est pas accessible
à tous. Le seul moyen de dépasser le portail (Figure 6, p. 20)
qui symbolise la frontière de ce milieu végétal singulier,
est d'intégrer le collectif par le biais d'une participation active,
comme volontaire ou salarié, ou en tant que visiteur ponctuel. Cette
condition impose au chercheur de se positionner au-delà du « simple
» observateur en « prenant part et [en occupant] une fonction
déterminée dans ce qui est l'objet de l'observation » (C.
Makaremi, 2008, 4).
Si la participation observante est un terme
alternatif à celui d'observation participante (S. Bastien,
2007), il me paraît plus propice pour exprimer la méthode
d'enquête adoptée. En effet, mon implication dans les
activités du JRC surplombait bien souvent l'observation, en raison de
l'engagement que j'avais pris auprès des humains et des animaux
non-humains du collectif.
En tant que volontaire, je me suis engagée
auprès du collectif avant même d'avoir accès au terrain. Je
n'étais pas seulement présente pour effectuer une enquête
ethnographique mais également pour participer activement à
l'activité du JRC, c'est d'ailleurs comme cela que j'étais
perçue. Dans la même idée, une forme moins consciente
d'engagement persistait dans mes activités quotidiennes. Il s'agissait
de l'engagement indirect pris envers les animaux non-humains du collectif,
lié à l'activité de soin qui leur était
apportée.
De ce double engagement a découlé une posture de
participatrice qui observe, pour reprendre les termes de Jean-Pierre Olivier de
Sardan (D. Lavigne, 2018). Cela nécessite d'apprendre à «
gérer les risques de la subjectivation » (S. Bastien, 2007, p. 129
; Favret-Saada, 1977). A ce propos, il me semble m'être laissée
happer par le terrain, si bien qu'il me manquait parfois le temps de noter mes
observations dans mon carnet. C'est un biais dont je n'avais pas conscience en
adoptant cette méthode d'observation mais que je souhaite
résoudre en optant pour une posture d'observation participante
périphérique (Ibid., p. 129 ; P. A. Adler, P.
Adler, 1987) dans mes projets futurs, si le terrain le permet.
Par ailleurs, François Laplantine rappelle que «
nous ne sommes jamais des témoins objectifs observant des sujets, mais
des sujets observant d'autres sujets au sein d'une expérience
44
dans laquelle l'observateur est lui-même observé
» (F. Laplantine, 2010, p. 23). C'est d'autant plus vrai dans le contexte
d'une participation observante au sein du JRC. En tant que volontaire,
ma participation dans les activités du JRC à La Ceiba impliquait
un regard attentif des membres permanents du collectif, et notamment des
managers. Rien n'était fait sans qu'ils en soient avertis a priori ou a
posteriori.
En tant que membres salariés et permanents du
collectif, ils avaient la position légitime pour juger du
caractère profitable de la présence des volontaires à La
Ceiba. Les activités sur place nécessitaient une rigueur stricte
et un don de soi exigeant ; « mal » effectuer les tâches
entraînait une réprimande voir un parfait rejet, comme ce
fût le cas pour un volontaire ayant un comportement jugé
inapproprié avec les animaux non-humains du collectif. Ashley mit tout
en oeuvre pour avancer la date de son départ : « I'm gonna make
him leave on wednesday » me confia-t-elle lors d'une conversation
à son sujet. Je dois avouer avoir moi-même développé
une certaine animosité envers ce volontaire, me faisant omettre de
récolter des données à son sujet, alors qu'il aurait
été un informateur fort pertinent pour ce sujet
d'étude.
Le souci de ces regards a contribué à me faire
évoluer dans ce biais méthodologique. Plus je m'impliquais, plus
on m'apportait une certaine attention et m'intégrait au sein des membres
permanents du collectif. C'est d'ailleurs par ce moyen que j'ai pu nouer des
relations autres que professionnelles avec les membres humains et
accéder à certaines informations tabous, notamment sur la
présence de l'arbre ceiba pentandra.
b. Le choix des informateurs et les conversations
informelles
Me positionnant comme un membre du collectif, plus que comme
une observatrice extérieure, j'ai constaté après coup une
certaine ambiguïté de la méthode ethnographique
adoptée quant aux relations entretenues avec mes interlocuteurs et
à la mise en place d'entretiens.
En effet, être perçue comme volontaire a
engendré des barrières invisibles m'empêchant
d'accéder à certaines sphères du JRC. La hiérarchie
étant effective au sein du collectif, je n'avais pas la position
légitime pour engager une discussion avec les visiteurs ou avec les
acteurs décisionnaires dont Encar, ce qui limita mon champ d'action
ethnographique aux volontaires et aux managers.
De plus, mon implication sur le terrain limitait un
détachement et une prise de recul, et seuls les informateurs avec
lesquels je développais une affinité étaient avertis de
mon travail
45
ethnographique (bien que j'avais renseigné le collectif
au préalable, mais l'information n'avait pas été retenue
ni transmise). Ce phénomène est rendu visible dans l'acquisition
des données récoltées directement sur le terrain et me
plongea dans un biais méthodologique limitant ma considération
des autres individus comme informateurs.
A ce propos, le carnet de terrain a
régulièrement fait un travail de médiateur entre mon
statut d'apprentie anthropologue et mes interlocuteurs, dans la mesure
où son utilisation régulière et visible suscitait un
questionnement engageant une discussion sur les raisons de ma venue. Les
réactions étaient multiples, allant de la simple ignorance,
jusqu'à une envie sincère de prendre part à
l'enquête, en passant par une méfiance visible12. Elles
ont aiguillé mes choix d'interlocuteurs mais m'ont indirectement
conduite à m'inscrire dans « le principe de l'« informateur
privilégié » » (J.P. Olivier de Sardan, 2003, p. 36),
impliquant un biais d'invisibilisation de certains acteurs du terrain
ethnographique. La triangulation m'a tout de même permis de croiser les
regards, et de construire les hypothèses d'étude de ce travail,
mais n'a pas été « complexe » (Ibid., pp.
43-44) n'intégrant que cinq interlocuteurs réguliers.
Par ailleurs, si le temps passé à
m'intégrer dans le collectif a fait défaut à l'exercice
d'entretien formel, il a contribué à élargir les
possibilités d'avoir des conversations informelles avec les acteurs du
JRC. Cette méthode d'acquisition de données permet
d'éviter le caractère imposé des entretiens et le biais
lié au manque de spontanéité de la situation ainsi
construite (J. P. Olivier de Sardan, 1995). Suivre la conversation banale et
l'amener vers une conversation semi-directive permet d'atteindre « une
réelle liberté de propos » (Ibid., 32). Cependant,
cette méthode nécessite une improvisation et une adaptation
constante du discours, et impose une longue imprégnation sur le terrain
afin de connaître le mode de communication approprié du collectif
(Ibid., 32 ; 2003, pp. 30-31). Dans le cadre de ce travail, qui s'est
effectué sur un temps relativement court13, elles ont suffit
à construire les premières hypothèses liées
à l'objet d'étude, mais devront être
complétées par la mise en place d'entretiens formels afin d'en
approfondir les questionnements.
12 Lorsque j'expliquais à l'un des volontaires en quoi
consistait mon carnet et pour quelles raisons je le complétais
quotidiennement, il me dit « Tu nous étudies en fait. » (en
langue originale) ce qui dénotait une certaine méfiance et a
limité nos interactions par la suite. Tandis qu'à l'autre
extrême, l'un des volontaires a voulu s'impliquer dans ce projet
d'étude avec un grand enthousiasme et m'indiqua être tout à
fait disponible si j'avais besoin d'informations.
13 J'ai intégré le collectif du JRC le 4 mars
2019 mais le temps d'immersion à La Ceiba s'est établi du 25 mars
au 14 avril 2019, soit 21 jours et 20 nuits. Un temps que j'estime suffisant
pour l'imprégnation avec le terrain, mais insuffisant pour entrer dans
le vif de l'enquête.
46
c. Biais méthodologiques liés au sujet de
l'étude
Dans la mesure où cette étude a pour projet de
rendre compte des représentations des membres humains du JRC concernant
l'écosystème forestier La Ceiba, il est important
d'évoquer les biais existants à travers cette notion de
représentation.
Étudier les représentations peut conduire
à un biais et donner « l'illusion ontologique de l'unité, de
l'identité, de la stabilité et de la permanence de sens »
(F. Laplantine, 2010, p. 37). Or, au sein d'un même collectif,
l'enquêteur est amené à faire face à une
multiplicité de représentations car celles-ci diffèrent
selon l'informateur ( (J.P. Olivier de Sardan, 2003, p.44). En ce sens, et dans
la mesure où l'humain est doté d'une grande subjectivité,
son discours l'est aussi et ne peut être présenté comme
« [le reflet] d'une culture » (Ibid., p. 50). Alors, porter
une analyse des représentations en se basant uniquement sur des
éléments discursifs implique un biais d'étude non
négligeable. L'étude des pratiques sociales vient contrebalancer
ce biais, mais il s'agit toujours d'« une description des principales
représentations que les principaux groupes d'acteurs locaux se font
» (Ibid., p. 51) et non la lecture de
généralités présentes par-delà le collectif
concerné. Si cette étude a pour ambition de s'étendre
à d'autres collectifs, il sera important de voir d'autres configurations
méthodologiques (Ibid., p. 51).
Par ailleurs, l'étude des représentations rendue
compte dans le travail rédactionnel est un « discours produit sur
le discours » (E. Leroy, 2018, p. 38), en ce sens où elle est le
produit de l'interprétation subjective du chercheur. En effet ce dernier
appréhende la réalité sociale du terrain et construit un
récit à partir des données saisies, si bien que si elle
existe « hors de lui [...] elle n'a aucun sens indépendamment de
lui » (F. Laplantine, 2010, p. 39).
Il est important de noter que toute étude
ethnographique s'inscrit toujours dans un temps donné et s'effectue
auprès d'un univers social particulier en évolution constante. En
ce sens, si un propos anthropologique peut être une vérité
scientifiquement viable à un moment précis et pour un collectif
donné, il peut être tout à fait confus et faussé
pris dans un autre instant et dans un autre collectif.
47
3. Choix rédactionnels
a. L'emploi du « je »
méthodologique
Si cette note d'avancement est un écrit dont l'un des
objectifs est de cristalliser les données de l'observation sur le
terrain, la littérature grise et la littérature savante, c'est
également une manière de dire ce qui a été
perçu à l'issu de cette expérience en mettant en jeu
« les qualités d'observation, de sensibilité, d'intelligence
et d'imagination scientifique du chercheur. » (F. Laplantine, 2010, p.
10). Si je ne me considère pas comme chercheuse mais bien comme
apprentie, je pense tout de même que ce travail s'apparente à une
écriture du voir, pour reprendre les termes de François
Laplantine, qui implique ma seule subjectivité.
La tradition anthropologique suggère un effacement
total du narrateur dans la rédaction mais l'idée que « le
texte ethnographique [...] résulte d'une expérience subjective
» (C. Ghasarian, 1997, p. 193) et l'usage du « je »
méthodologique sont de plus en plus assumés au sein de la
communauté scientifique, qui exerce un certain rejet du positivisme en
faveur d'une posture plus critique (J.P. Olivier de Sardan, 2000, p. 422).
J'ai alors choisi d'employer le « je » afin de
mettre en avant mon « rôle méthodologique » pris dans la
production des données à la fois sur le terrain et en dehors
(Ibid., p.425) mais aussi afin d'inscrire ma parole dans cette
enquête, et non celle d'un autre qui se donnerait à voir à
travers les figures du « on » indéfini, ou du « «
nous » professionnel » (F. Laplantine, 2010, p. 48). Et si j'ai
manqué à maintes reprises de faire usage de ce dernier pronom,
notamment pour m'intégrer dans le groupe social formé par les
volontaires ou dans les membres humains du JRC en général, je ne
pense pas qu'en tant qu'étudiante, je sois dans une position
légitime pour le faire. De plus, cela impliquerait de parler en leur nom
et induirait un autre biais.
b. Un état de l'art parsemé
Les consignes pour cette note d'avancement suggéraient
de construire un état de l'art dans une partie unique ; or, par soucis
d'argumentation, celui-ci est étalé tout au long de
l'écrit. En effet, mon argumentaire s'est construit au fur et à
mesure des lectures savantes que j'abordais et qui étaient
croisées directement à la littérature grise et aux
données récoltées sur terrain. De cette
48
manière, plutôt que d'élaborer un
état de l'art en un bloc théorique et bibliographique, j'ai
construit un état de l'art parsemé, rendant compte du fil de ma
pensée argumentative.
Je tiens à préciser que la littérature
grise a été abordée avant d'entrée sur le terrain,
pendant, mais aussi après, tandis que les lectures savantes, même
celles concernant les savoirs méthodologiques, ont suivi la
première expérience de terrain et ont par ailleurs
découlé de celle-ci.
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