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Comment la forêt traverse les hommes, étude des représentations de l'écosystème forestier la Ceiba au Costa Rica


par Marion Picard
Université Lumière Lyon 2 - Master 1 Anthropologie 2020
  

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IV. AU PLUS PRÈS DU TERRAIN

Afin de cerner les fondements de ce travail énoncé précédemment, il est nécessaire de revenir aux processus d'acquisition des données et de rendre compte de l'entrée sur le terrain, de la posture que j'ai choisi d'adopter et de la méthodologie que j'ai appliqué dans le cadre de l'enquête ethnographique et de la rédaction.

Si le terrain est au coeur du travail de l'ethnologue (J.P. Olivier de Sardan, 1994, p71), au sein du collectif, j'étais reconnue à travers le statut de volontaire, un statut permettant d'être admis au JRC pour un temps déterminé. Cette attribution m'a imposé une certaine posture, des codes de conduite et des règles qui ont nécessité une adaptation de la méthodologie d'enquête ethnographique impliquant des biais d'étude non négligeables.

1. Accès au terrain

a. Démarches et prise de contact

J'ai choisi d'effectuer mon enquête auprès du Jaguar Rescue Center car il complétait trois conditions qui m'étaient alors fondamentales, à savoir le lieu, l'opportunité de stage et la nature de leur activité. En effet, si le dépaysement permet d'engager un changement de regard sur la culture d'origine (F. Laplantine, 2010, p. 13), j'aspirais à me rendre en Amérique Centrale, après la déception d'un projet d'étude avorté en Honduras. Je souhaitais également réaliser mon terrain et mon stage auprès du même collectif par un soucis d'implication, pensant que le stage serait une porte d'entrée idéal sur le terrain. Aussi, l'étude des rapports entre humains et non-humains me paraissait tout à fait intéressante, et pertinente en vue des troubles que ces rapports suscitent dans notre culture européenne contemporaine.

J'ai contacté le Jaguar Rescue Center par mail (Annexe 9) en décembre 2018 afin d'effectuer un stage en mars 2019. Par soucis de transparence, je leur ai transmis mes motivations universitaires et mon projet d'enquête. Celui-ci n'a pas suscité de commentaires, et la réponse que je reçu de Tamara, la responsable administrative, évoquait uniquement les démarches à suivre pour intégrer le collectif. Il s'agissait de remplir et de leur soumettre un formulaire d'inscription

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téléchargeable sur le site du JRC (Annexe 8) et une attestation de vaccination contre la tuberculose, puis de verser une partie de la participation demandée d'un total de 350 dollars11.

Une fois ces démarches complétées, Tamara valida mon stage du 4 mars au 1 avril 2019 et m'indiqua que ma tutrice serait Nerea Irazabal. Je n'avais alors que très peu d'information.

Jusqu'à mon arrivée, je ne doutais pas de la nature de mon stage, malgré le versement financier. Pourtant, ne m'étant pas en place de dispositif dans le cadre de stage, le collectif m'avait affilié au statut de volontaire court-terme, fait que je ne compris que le premier jour. Je n'étais pas seule dans ce cas, d'autres stagiaires venus exercer leur pratique en lien avec leurs études s'étaient confronté à cette déconvenue.

Ce programme de volontourisme, le 4-week volunteer program, consiste à effectuer un séjour de trois semaines au centre du JRC et de passer la dernière semaine à La Ceiba. Les rôles alors attribués aux individus sont l'assistance dans la prise en charge des animaux non-humains et l'entretien des sites. Ces rôles se limitaient à des tâches simples nécessitant guère un savoir-faire particulier bien qu'une certaine rigueur. Ainsi, nous assistions les membres permanents et les salariés dans leur tâche et étions polyvalents.

b. Payer sa place

L'accès à La Ceiba et l'intégration au collectif du JRC m'a été possible par la transmission d'un apport financier. Par ce biais, je me suis inconsciemment inscrite dans les logiques fonctionnelles du collectif, mais aussi dans ses logiques structurelles, en recevant un statut précis faisant sens pour ses membres. L'attribution du statut de volontaire m'a inséré dans le réseau relationnel du JRC et m'a désigné une place qui, en tant qu'apprentie anthropologue, m'a imposé l'acceptation de certaines règles (F. Fogel, I. Rivoal, 2009).

Dans les logiques structurelles du JRC, le volontaire a un statut particulier et des images lui sont rattachées. Le plus souvent son passage est éphémère, ne restant que pour la durée de son séjour ; il a un caractère interchangeable, dans le sens où les volontaires constituent une équipe dont les membres diffèrent chaque semaine et sont peu formés. Et si les tâches confiées aux volontaires sont identiques chaque jour, les individus à leur charge change continuellement. D'une certaine

11 Cette somme est une participation financière fixe demandée à chaque nouveau volontaire, peu importe la durée du volontourisme et le nombre de fois qu'il revient au centre (E. Leroy, 2018). Elle ne comprend pas les frais d'hébergement, de transport et de premières nécessités. A La Ceiba, la logique financière est quelque peu différente dans la mesure où le travail volontaire et l'isolement du site impose de loger sur place. Ainsi, chaque mois coûte 300 dollars aux volontaires, à savoir 75 dollars par semaine.

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manière peu importe quel individu rempli la mission, tant que celle-ci est menée à bien. De plus, l'usage du volontourisme comporte un intérêt financier non négligeable pour le collectif du JRC, sans compter l'apport d'une main d'oeuvre gratuite, lui permettant de pérenniser son activité d'un point de vue économique.

En tant que volontaire, j'ai facilement intégré l'espace d'observation par une implication continue sur le terrain. Ce statut m'a permis d'être reçue et d'être perçue par les membres du collectif, qui m'ont alors donné un rôle dans la structure et des tâches à accomplir. Et si « l'ethnographe est celui qui doit être capable de vivre en lui la tendance principale de la culture qu'il étudie » (F. Laplantine, 2010, p. 22), intégrer le JRC par le biais du volontourisme m'a offert la possibilité de m'y immerger, d'intégrer rapidement les codes de conduite appropriés et d'adopter les us adéquats.

Le statut de volontaire m'a cependant imposé une certaine marge d'action ethnographique. En terme de hiérarchie, le volontaire se situe en bas de l'échelle (Annexe 2), ce qui rend difficile la création d'un lien autre que professionnel avec les managers, les salariés, et plus encore avec la fondatrice. En effet, l'image projetée du passage momentané du volontaire a pour conséquence une certaine prise de distance par les membres permanents du collectif, qui peut être évincée par un séjour plus long.

De plus, si le genre impacte l'expérience de l'ethnographe (M. Blondet, 2008), j'ai pu constater sur le terrain une différence de perception de la femme et de l'homme, notamment dans la distribution des tâches à accomplir. Cependant, cela s'explique par un soucis d'efficacité, pour des missions nécessitant une grande force physique par exemple, et n'a jamais entravé le processus d'acquisition des données.

Ainsi, le statut de volontaire m'a donné une certaine marge d'action mais m'a aussi assigné à des codes de conduite particuliers. A partir de ces éléments, une posture d'observation s'est imposé à moi, celle de la participation observante.

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2. Méthodologie appliquée sur le terrain

a. La participation observante et ses biais

Étant un territoire privé, l'accès à La Ceiba reste sous la supervision du JRC et n'est pas accessible à tous. Le seul moyen de dépasser le portail (Figure 6, p. 20) qui symbolise la frontière de ce milieu végétal singulier, est d'intégrer le collectif par le biais d'une participation active, comme volontaire ou salarié, ou en tant que visiteur ponctuel. Cette condition impose au chercheur de se positionner au-delà du « simple » observateur en « prenant part et [en occupant] une fonction déterminée dans ce qui est l'objet de l'observation » (C. Makaremi, 2008, 4).

Si la participation observante est un terme alternatif à celui d'observation participante (S. Bastien, 2007), il me paraît plus propice pour exprimer la méthode d'enquête adoptée. En effet, mon implication dans les activités du JRC surplombait bien souvent l'observation, en raison de l'engagement que j'avais pris auprès des humains et des animaux non-humains du collectif.

En tant que volontaire, je me suis engagée auprès du collectif avant même d'avoir accès au terrain. Je n'étais pas seulement présente pour effectuer une enquête ethnographique mais également pour participer activement à l'activité du JRC, c'est d'ailleurs comme cela que j'étais perçue. Dans la même idée, une forme moins consciente d'engagement persistait dans mes activités quotidiennes. Il s'agissait de l'engagement indirect pris envers les animaux non-humains du collectif, lié à l'activité de soin qui leur était apportée.

De ce double engagement a découlé une posture de participatrice qui observe, pour reprendre les termes de Jean-Pierre Olivier de Sardan (D. Lavigne, 2018). Cela nécessite d'apprendre à « gérer les risques de la subjectivation » (S. Bastien, 2007, p. 129 ; Favret-Saada, 1977). A ce propos, il me semble m'être laissée happer par le terrain, si bien qu'il me manquait parfois le temps de noter mes observations dans mon carnet. C'est un biais dont je n'avais pas conscience en adoptant cette méthode d'observation mais que je souhaite résoudre en optant pour une posture d'observation participante périphérique (Ibid., p. 129 ; P. A. Adler, P. Adler, 1987) dans mes projets futurs, si le terrain le permet.

Par ailleurs, François Laplantine rappelle que « nous ne sommes jamais des témoins objectifs observant des sujets, mais des sujets observant d'autres sujets au sein d'une expérience

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dans laquelle l'observateur est lui-même observé » (F. Laplantine, 2010, p. 23). C'est d'autant plus vrai dans le contexte d'une participation observante au sein du JRC. En tant que volontaire, ma participation dans les activités du JRC à La Ceiba impliquait un regard attentif des membres permanents du collectif, et notamment des managers. Rien n'était fait sans qu'ils en soient avertis a priori ou a posteriori.

En tant que membres salariés et permanents du collectif, ils avaient la position légitime pour juger du caractère profitable de la présence des volontaires à La Ceiba. Les activités sur place nécessitaient une rigueur stricte et un don de soi exigeant ; « mal » effectuer les tâches entraînait une réprimande voir un parfait rejet, comme ce fût le cas pour un volontaire ayant un comportement jugé inapproprié avec les animaux non-humains du collectif. Ashley mit tout en oeuvre pour avancer la date de son départ : « I'm gonna make him leave on wednesday » me confia-t-elle lors d'une conversation à son sujet. Je dois avouer avoir moi-même développé une certaine animosité envers ce volontaire, me faisant omettre de récolter des données à son sujet, alors qu'il aurait été un informateur fort pertinent pour ce sujet d'étude.

Le souci de ces regards a contribué à me faire évoluer dans ce biais méthodologique. Plus je m'impliquais, plus on m'apportait une certaine attention et m'intégrait au sein des membres permanents du collectif. C'est d'ailleurs par ce moyen que j'ai pu nouer des relations autres que professionnelles avec les membres humains et accéder à certaines informations tabous, notamment sur la présence de l'arbre ceiba pentandra.

b. Le choix des informateurs et les conversations informelles

Me positionnant comme un membre du collectif, plus que comme une observatrice extérieure, j'ai constaté après coup une certaine ambiguïté de la méthode ethnographique adoptée quant aux relations entretenues avec mes interlocuteurs et à la mise en place d'entretiens.

En effet, être perçue comme volontaire a engendré des barrières invisibles m'empêchant d'accéder à certaines sphères du JRC. La hiérarchie étant effective au sein du collectif, je n'avais pas la position légitime pour engager une discussion avec les visiteurs ou avec les acteurs décisionnaires dont Encar, ce qui limita mon champ d'action ethnographique aux volontaires et aux managers.

De plus, mon implication sur le terrain limitait un détachement et une prise de recul, et seuls les informateurs avec lesquels je développais une affinité étaient avertis de mon travail

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ethnographique (bien que j'avais renseigné le collectif au préalable, mais l'information n'avait pas été retenue ni transmise). Ce phénomène est rendu visible dans l'acquisition des données récoltées directement sur le terrain et me plongea dans un biais méthodologique limitant ma considération des autres individus comme informateurs.

A ce propos, le carnet de terrain a régulièrement fait un travail de médiateur entre mon statut d'apprentie anthropologue et mes interlocuteurs, dans la mesure où son utilisation régulière et visible suscitait un questionnement engageant une discussion sur les raisons de ma venue. Les réactions étaient multiples, allant de la simple ignorance, jusqu'à une envie sincère de prendre part à l'enquête, en passant par une méfiance visible12. Elles ont aiguillé mes choix d'interlocuteurs mais m'ont indirectement conduite à m'inscrire dans « le principe de l'« informateur privilégié » » (J.P. Olivier de Sardan, 2003, p. 36), impliquant un biais d'invisibilisation de certains acteurs du terrain ethnographique. La triangulation m'a tout de même permis de croiser les regards, et de construire les hypothèses d'étude de ce travail, mais n'a pas été « complexe » (Ibid., pp. 43-44) n'intégrant que cinq interlocuteurs réguliers.

Par ailleurs, si le temps passé à m'intégrer dans le collectif a fait défaut à l'exercice d'entretien formel, il a contribué à élargir les possibilités d'avoir des conversations informelles avec les acteurs du JRC. Cette méthode d'acquisition de données permet d'éviter le caractère imposé des entretiens et le biais lié au manque de spontanéité de la situation ainsi construite (J. P. Olivier de Sardan, 1995). Suivre la conversation banale et l'amener vers une conversation semi-directive permet d'atteindre « une réelle liberté de propos » (Ibid., 32). Cependant, cette méthode nécessite une improvisation et une adaptation constante du discours, et impose une longue imprégnation sur le terrain afin de connaître le mode de communication approprié du collectif (Ibid., 32 ; 2003, pp. 30-31). Dans le cadre de ce travail, qui s'est effectué sur un temps relativement court13, elles ont suffit à construire les premières hypothèses liées à l'objet d'étude, mais devront être complétées par la mise en place d'entretiens formels afin d'en approfondir les questionnements.

12 Lorsque j'expliquais à l'un des volontaires en quoi consistait mon carnet et pour quelles raisons je le complétais quotidiennement, il me dit « Tu nous étudies en fait. » (en langue originale) ce qui dénotait une certaine méfiance et a limité nos interactions par la suite. Tandis qu'à l'autre extrême, l'un des volontaires a voulu s'impliquer dans ce projet d'étude avec un grand enthousiasme et m'indiqua être tout à fait disponible si j'avais besoin d'informations.

13 J'ai intégré le collectif du JRC le 4 mars 2019 mais le temps d'immersion à La Ceiba s'est établi du 25 mars au 14 avril 2019, soit 21 jours et 20 nuits. Un temps que j'estime suffisant pour l'imprégnation avec le terrain, mais insuffisant pour entrer dans le vif de l'enquête.

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c. Biais méthodologiques liés au sujet de l'étude

Dans la mesure où cette étude a pour projet de rendre compte des représentations des membres humains du JRC concernant l'écosystème forestier La Ceiba, il est important d'évoquer les biais existants à travers cette notion de représentation.

Étudier les représentations peut conduire à un biais et donner « l'illusion ontologique de l'unité, de l'identité, de la stabilité et de la permanence de sens » (F. Laplantine, 2010, p. 37). Or, au sein d'un même collectif, l'enquêteur est amené à faire face à une multiplicité de représentations car celles-ci diffèrent selon l'informateur ( (J.P. Olivier de Sardan, 2003, p.44). En ce sens, et dans la mesure où l'humain est doté d'une grande subjectivité, son discours l'est aussi et ne peut être présenté comme « [le reflet] d'une culture » (Ibid., p. 50). Alors, porter une analyse des représentations en se basant uniquement sur des éléments discursifs implique un biais d'étude non négligeable. L'étude des pratiques sociales vient contrebalancer ce biais, mais il s'agit toujours d'« une description des principales représentations que les principaux groupes d'acteurs locaux se font » (Ibid., p. 51) et non la lecture de généralités présentes par-delà le collectif concerné. Si cette étude a pour ambition de s'étendre à d'autres collectifs, il sera important de voir d'autres configurations méthodologiques (Ibid., p. 51).

Par ailleurs, l'étude des représentations rendue compte dans le travail rédactionnel est un « discours produit sur le discours » (E. Leroy, 2018, p. 38), en ce sens où elle est le produit de l'interprétation subjective du chercheur. En effet ce dernier appréhende la réalité sociale du terrain et construit un récit à partir des données saisies, si bien que si elle existe « hors de lui [...] elle n'a aucun sens indépendamment de lui » (F. Laplantine, 2010, p. 39).

Il est important de noter que toute étude ethnographique s'inscrit toujours dans un temps donné et s'effectue auprès d'un univers social particulier en évolution constante. En ce sens, si un propos anthropologique peut être une vérité scientifiquement viable à un moment précis et pour un collectif donné, il peut être tout à fait confus et faussé pris dans un autre instant et dans un autre collectif.

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3. Choix rédactionnels

a. L'emploi du « je » méthodologique

Si cette note d'avancement est un écrit dont l'un des objectifs est de cristalliser les données de l'observation sur le terrain, la littérature grise et la littérature savante, c'est également une manière de dire ce qui a été perçu à l'issu de cette expérience en mettant en jeu « les qualités d'observation, de sensibilité, d'intelligence et d'imagination scientifique du chercheur. » (F. Laplantine, 2010, p. 10). Si je ne me considère pas comme chercheuse mais bien comme apprentie, je pense tout de même que ce travail s'apparente à une écriture du voir, pour reprendre les termes de François Laplantine, qui implique ma seule subjectivité.

La tradition anthropologique suggère un effacement total du narrateur dans la rédaction mais l'idée que « le texte ethnographique [...] résulte d'une expérience subjective » (C. Ghasarian, 1997, p. 193) et l'usage du « je » méthodologique sont de plus en plus assumés au sein de la communauté scientifique, qui exerce un certain rejet du positivisme en faveur d'une posture plus critique (J.P. Olivier de Sardan, 2000, p. 422).

J'ai alors choisi d'employer le « je » afin de mettre en avant mon « rôle méthodologique » pris dans la production des données à la fois sur le terrain et en dehors (Ibid., p.425) mais aussi afin d'inscrire ma parole dans cette enquête, et non celle d'un autre qui se donnerait à voir à travers les figures du « on » indéfini, ou du « « nous » professionnel » (F. Laplantine, 2010, p. 48). Et si j'ai manqué à maintes reprises de faire usage de ce dernier pronom, notamment pour m'intégrer dans le groupe social formé par les volontaires ou dans les membres humains du JRC en général, je ne pense pas qu'en tant qu'étudiante, je sois dans une position légitime pour le faire. De plus, cela impliquerait de parler en leur nom et induirait un autre biais.

b. Un état de l'art parsemé

Les consignes pour cette note d'avancement suggéraient de construire un état de l'art dans une partie unique ; or, par soucis d'argumentation, celui-ci est étalé tout au long de l'écrit. En effet, mon argumentaire s'est construit au fur et à mesure des lectures savantes que j'abordais et qui étaient croisées directement à la littérature grise et aux données récoltées sur terrain. De cette

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manière, plutôt que d'élaborer un état de l'art en un bloc théorique et bibliographique, j'ai construit un état de l'art parsemé, rendant compte du fil de ma pensée argumentative.

Je tiens à préciser que la littérature grise a été abordée avant d'entrée sur le terrain, pendant, mais aussi après, tandis que les lectures savantes, même celles concernant les savoirs méthodologiques, ont suivi la première expérience de terrain et ont par ailleurs découlé de celle-ci.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry