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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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1.1.2. La revue de littérature

La revue de littérature a consisté en l'analyse des oeuvres ayant fait cas soit de l'agro-business, soit l'agro-business en relation avec la sécurité foncière et la sécurité alimentaire. Les différents auteurs qui se sont intéressés à ces thématiques ne s'accordent pourtant pas quant à leur impact sur le monde rural et l'efficacité de l'agro-business dans la lutte contre l'insécurité alimentaire.

La conférence conjointe organisée par l'ONUDI, la FAO, FIDA, la BAD, l'Union Africaine au Nigeria en 2010 et qui a donné naissance aux Initiatives de Développement de l'Agro-business et des Agro-industries en Afrique (ID3A), considère que l'agro-business est facteur d'investissements, de modernisation de l'agriculture. C'est un passage de l'agriculture familiale (rudimentaire) à l'agriculture mécanisée, moderne grâce à l'agro-industrie qui mettra sur le marché des produits agricoles compétitifs. Le problème de commercialisation et de transformation des produits agricoles que soulevait l'agriculture familiale ne se posera plus. Pour son développement, l'agro-business bénéficiera d'investissements colossaux. Cela est aussi une aubaine pour payer les dettes contractées pour réaliser les aménagements hydro-agricoles. Ainsi, pour SISSOKO (2009), l'agro-business est réservé à ceux qui ont de grands moyens financiers. Mais, ZONGO (2009) intègre les petits et moyens opérateurs agricoles (les salariés et les moyens commerçants) dans le groupe des agro-businessmen ; ils n'ont pas de gros revenus mais pratiquent l'agro-business sur de petites superficies (moins de 10 ha). Cependant, l'installation non coordonnée ni réglementée, l'évolution des modes d'accès à la terre due à la monétarisation et à la marchandisation de la terre auxquelles s'ajoute l'inexpérience et la non maîtrise des techniques de travail font que certains agro-businessmen abandonnent leurs périmètres ou s'installent sans respecter les textes et cela sans être inquiétés. A ces difficultés s'ajoutent celles évoquées par le Groupe de Recherche Action sur le Foncier (GRAF) en 2008, liées au fait que nombre d'agro-businessmen soient venus sur les périmètres par suivisme. Ils ne maîtrisent pas le métier d'agriculteurs et ne cernent pas non plus les difficultés relatives à la disponibilité et à la qualité de la main d'oeuvre.

La liaison de l'agriculture au marché libre est le principal slogan de l'agro-business. Les pays qui appliquent les PAS doivent se laisser guider par le principe du «Laisser-aller, laisser-faire» comme l'indique le groupe ONUDI, FAO, FIDA, BAD et UA (2010). Ce principe du « tout marché » ne fait pas consensus. Ainsi, pour SORY (2006), la concurrence déloyale des pays développés qui subventionnent la production et la vente de leurs produits agricoles a des effets négatifs sur la commercialisation des produits agricoles comme le riz. A ce désavantage s'ajoute la non consultation des pays pauvres dans la fixation des prix des produits agricoles et

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au renforcement des exigences de qualités que ne peuvent, dans les réalités actuelles, satisfaire ceux-ci. SCOTT et GRIFFON (1999) ont aussi conclu que les problèmes de commercialisation des produits agricoles sont dus à la fin de l'interventionnisme des Etats dans le secteur agricole et c'est la perspective de la sécurité alimentaire qui est compromise. Pour MENDRAS (1967):

« L'ouverture brutale au marché, la concurrence déloyale des agricultures subventionnées européennes et nord-américaines, la mécanisation à outrance, la fin de l'interventionnisme étatique, l'accentuation de la concentration foncière, et l'inégal accès au crédit ont entraîné la déstructuration des économies paysannes. Des Caraïbes au Cône Sud en passant par les Andes, le triomphe des idées néolibérales a eu des conséquences particulièrement fâcheuses sur la pérennité des systèmes familiaux d'exploitation. Tant et si bien que la production de biens alimentaires est aujourd'hui plus le fait de puissants entrepreneurs ou de multinationales, que d'hommes et de femmes ayant maintenu un lien ombilical avec la terre. La marginalisation croissante des paysans annonce l'ironique avènement d'une agriculture sans agriculteurs, ou la consécration paradoxale de pays sans paysan» (p

68).

Pour cet auteur, la pratique de l'agriculture marchande, le désengagement de l'Etat du secteur agricole, l'accaparement des terres par le privé, ont ruiné l'économie rurale. La production alimentaire est désormais aux mains des monopoles et l'exclusion de la petite paysannerie. Cette dernière, en Amérique, aux Caraïbe, a du faire face aux problèmes d'insécurité foncière et alimentaire. Ces problèmes s'étendent même sur les périmètres hydro-agricoles, irrigués. Mais n'a pas pu conjurer les problèmes alimentaires que rencontrent les pays pauvres. Au Sourou aussi, les coopératives et les populations locales sont confrontées aux mêmes problèmes avec l'agro-business. KOHOUN (2002) dans son étude démontre que :

« Au Sourou une étude effectuée par PARENT et al. Sur la situation des enfants en 1999, révèle une forte carence en micro-nutriments chez les enfants de Niassan-Koura. Par ailleurs la carence de vitamine A est très forte (6,5%) dépassant la prévalence nationale (1,5%). Ces résultats confirment aussi ceux du Centre National de Nutrition (CNN)» (p.75).

Ainsi, trois ans après son application au Sourou, l'agro-business n'avait pas encore atteint les objectifs à lui confiés par l'Etat. Pourtant dans presque tous les pays, les lois foncières sont révisées pour satisfaire les nouvelles exigences de l'agro-business. DIALLA (2002) analyse cette dynamique foncière à travers l'évolution des lois foncières qui ont abouti à l'agro-business représenté par le privé. Les relectures de la RAF en 1991, en 1996, et en 2010, s'inscrivent dans ce cadre. ZONGO (2010) a abouti aux mêmes conclusions à travers son étude portant sur les terres non aménagées du Ziro. Et les conséquences sont selon cet auteur :

«L'installation non coordonnée ni réglementée dans la province du Ziro, une évolution rapide d'accès à la terre, notamment par la monétarisation et marchandisation dans le contexte d'un système foncier fondé sur l'existence de la propriété privée. La gestion individuelle des opportunités foncières dans l'accès à la terre des agro-businessmen

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aura comme conséquence les déclenchements des compétitions intra-familiales de plus en plus récurrentes, la remise en cause des transactions foncières traditionnelles notamment par les retraits, la diminution des superficies» (p 156).

L'avènement de l'agro-business au Burkina Faso et les conséquences qui en découlent n'ont pas épargnés les coopératives des périmètres agricoles du Sourou. Pour PALE (2003), les coopératives paysannes ne sont pas viables à cause de l'agro-business qui attire ces membres abandonne celle-ci pour les comités de gestion et cela à tord ou à raison avec certaines conséquences : expulsion des paysans de leurs terres et changement de statut. Ils passent du statut d'exploitant familial à celui d'ouvrier agricole pour aboutir à celui de paysan sans terre. On assiste alors à leur paupérisation et leur exode rural vers les zones rurales et vers les centres urbains. Ainsi la sédentarisation visée par la mise en place des coopératives est remise en cause. RWABAHUNGU (2002) avait aussi abouti à cette conclusion : « la privatisation de la terre s'est avérée ne pas être une solution miracle pour la sécurisation foncière» (p 1). Cette insécurité foncière, conséquence de la privatisation des terres ne sera pas en faveur de la sécurité alimentaire.

BURBACH et FLYNN (1980) voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation du monde rural car au lieu d'être une solution aux crises alimentaires, elle en est la cause, surtout avec le démantèlement de l'agriculture et la production des denrées alimentaires sacrifiées sous le libéralisme. Face à cette évolution incertaine avec l'agro-business, FALL (2008) est plutôt pour le maintien d'un grand nombre de personnes dans l'agriculture tout en les incitant à produire plus. Il est aussi pour l'adoption de stratégies de financement de l'agriculture familiale et l'inter-sectoralité des politiques agricoles pour lutter contre l'insécurité alimentaire, la régulation des marchés et la promotion des échanges entre les régions en vue de constituer des stocks de sécurité pour les couches vulnérables, et profiter de la complémentarité des bassins de production, pour renforcer les marchés transfrontaliers, faciliter l'approvisionnement des zones déficitaires en denrées alimentaires au lieu de promouvoir l'agro-business. Aussi dans son étude il aboutit au résultats que malgré tout, certaines cultures pratiquées sous forme familiale ont permis néanmoins à certains pays africains d'être les premiers au plan mondial. Les pratiques culturales familiales ne sont donc pas sclérosées.

Contrairement, à FALL, la FAO, n'est pas pour le maintien de l'agriculture familiale seulement dans le système de production agricole car pour cette organisation, la recherche de solutions à la faim et à la pauvreté doit être multidimensionnelle. Aussi, toujours selon elle, la recherche de solution aux crises alimentaires nécessite aussi un melting-pot à travers un dialogue constructif sur l'agro-business avec les différents groupes d'acteurs. Sinon, le passage en force de l'agriculture familiale à l'agro-business suscitera des controverses et l'opposition des

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populations locales. Cette cohabitation de l'agriculture familiale et de l'agro-business comporte cependant quelques risques. Selon (LACOUR, 2006), en Amérique Centrale et au Sri Lanka par exemple, cette cohabitation a été en défaveur des petits producteurs. En effet, ne pouvant plus supporter la pression exercée par les agro-businessmen, les producteurs familiaux ont été acculés à «vendre leur seul bien qui leur reste: la terre ». Au Sourou aussi, l'analyse des rapports socio-fonciers et les jeux d'acteurs entre exploitants familiaux, coopérateurs en faveur des agro-businessmen se rapproche de cette réalité surtout qu'on a désormais des exploitants de fait et des exploitants sans terre.

Au delà de tout, l'agro-business est pour SISSOKO (2009), une solution à l'insécurité alimentaire.

Au regard de cette revue de littérature, nous pouvons dire que ces différentes études ont approfondi certains aspects de la sécurité foncière, de la sécurité alimentaire, et de l'agro-business et servent de tremplin pour les recherches actuelles et futures. Cependant, les différents auteurs ne sont pas unanimes sur l'analyse de la question et d'autres ne l'abordent pas clairement. Ce qui veut dire que ce sujet n'est pas traité dans tous ses aspects. La recherche sur ce thème n'est donc pas épuisée. C'est pourquoi notre étude s'insère avec pertinence dans ce champ d'investigation à travers des objectifs qui en prouvent l'actualité.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore