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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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4.3.2. Agro-business - sécurité foncière - sécurité alimentaire : un mariage forcé ?

Pour les pays africains et particulièrement le Burkina Faso, l'agro-business est une pratique de mode. Vu comme tel et les Programmes d'Ajustement Structurel aidant, l'agrobusiness sera adopté de force par les pays africains car seule voie pour payer les dettes contractées auprès des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et Fond Monétaire international), surtout que l'agriculture familiale est qualifiée d'incompétitive. Le choix n'est pas laissé à ces pays pour voir de si cette pratique est plus appropriée pour l'Afrique et le Burkina Faso surtout. Ne paraît-il de fait comme un mariage forcé ? Le retard industriel et l'incohérence dans la politique d'agrobusiness seraient la cause.

En effet, l'agro-business va de pair avec le développement industriel. Ce secteur reste pourtant embryonnaire car ne représente que 18,5% du PIB du Burkina Faso en 1997, n'emploie que 11% de la population active et ne contribue qu'à 1% aux recettes d'exportation (Atlas du Burkina,

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(2006 : pp198-199). Elle n'est pas capable de mettre à la disposition des producteurs agricoles des semences et des engrais de qualité et moins chers. En ce qui concerne l'importation et l'achat des semences d'oignons, ils concernent 69,3% des agro-businessmen. La recherche développement sur les semences améliorées d'oignon n'a pas suivi l'implantation de l'agro-business, le libéralisme économique oblige. Cela les rend inaccessibles. S'agissant des engrais, c'est l'autre facteur de production. Pour ce qui est de la mécanisation de l'agriculture, les agro-businessmen qui ont un équipement performant répondant aux critères d'agro-business sont quasi-inexistant. La force animale et la force humaine étant encore plus utilisées respectivement 15,4% à 38,4 % et 38,4 à 92 ,30% alors que l'usage de tracteurs et butteurs varie de 7,7% à 23,1%. La mécanisation agricole n'a pas non plus suivi l'avènement de l'agrobusiness. Les conditions d'application de l'agro-business au Sourou sont précaires. Cela constitue à la fois un obstacle à la sécurité foncière et à la sécurité alimentaire. Ces problèmes se sont accentués avec la liquidation de l'Office National des Céréales (OFNACER) en 1994. La Société Nationale de Collecte de Riz (SONACOR) en l'Office National des Barrages et des Aménagements Hydrauliques (ONBAH) ont été successivement liquidés entre 1996 et 2001. Les deux premières structures permettaient d'avoir des stocks de sécurité et la dernière avait pour rôle de maîtriser les coûts des aménagements et de les orienter vers les besoins nationaux. Sans résoudre ces problèmes, avant l'avènement de l'agro-business, il a été imposé comme solution alors que les conditions favorables n'ont pas suivi son implantation. En effet, l'agro-business a été appliqué en amont sans entrepôt de conditionnement. Cela fait que si la production n'a pas de preneur après les récoltes, elle perd de la valeur marchande et elle est vite avariée. Aussi, il n'y a non plus des usines de transformation de ces produits agricoles pour leur ajouter de la plus value. Ces produits sont vendus à l'état brut et à bord champ dans des conditions précaires. En aval, il n'y a aucune structure de contrôle des prix et de commercialisation de ces produits. Après avoir supporté les dépenses liées à la production, l'agro-businessman doit subir la dépréciation des cours régionaux et mondiaux de la vente des produits agricoles. La libéralisation de l'économie avec ses répercutions dans tous les secteurs est la cause. Au niveau agricole, le PASA a désorganisé le monde rural.

Enfin, l'agro-business au Sourou, est entré dans le marché mondial en situation de faiblesse. Avec la division internationale du travail, (pays producteurs/exportateurs et pays industrialisés/ transformateurs) des produits agricoles qui fixent les prix au niveau international, tout laisse à penser que non seulement l'agro-business appliqué au Burkina Faso et particulièrement au Sourou a pris un mauvais départ en sautant les étapes. Il y a de fait une incohérence dans la politique d'agrobusiness au Burkina Faso et la sécurisation alimentaire. Dans notre zone d'étude

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cela s'est manifesté à travers les problèmes de production d'agro-business. Ce sont le manque d'eau, le coût de la redevance eau, le manque de terre, l'appauvrissement des parcelles, la mauvaise organisation, le problème d'accès aux crédits et aux équipements, la mauvaise qualité des semis, la fonte des semis, la mauvaise qualité des engrais et la mauvaise application des engrais, leur coût élevé. Tous ces problèmes sont liés à l'orientation des objectifs des périmètres aménagés puisqu'on produit plus pour payer la dette que pour assurer la sécurité alimentaire. Si, à ces problèmes s'ajoute le désengagement de l'Etat du secteur agricole, la sécurité alimentaire est devenue une affaire privée. Mais, l'objectif n'est pas encore atteint et même devenu hypothétique. La ville devient alors leur lieu de refuge ou d'expression au regard des publicités et des conceptions.

Les politiques agricoles, toutes confondues, n'ont pas encore permis d'atteindre les objectifs confiés à elles par l'Etat ; surtout avec le démantèlement des offices de céréales, les sociétés de collecte de riz et autres, le dérèglement du système agricole. Il y a donc eu un mariage forcé entre agro-business - sécurité foncière et alimentaire. Beaucoup de personnes investissent dans la terre parce que c'est le capital qui a de l'avenir. Le graphique n°4.4 tiré d'une étude réalisée par GRAIN et publiée en 2011 est illustrative :

Graphique n°4.2: L'intérêt du secteur financier pour la terre

Source: GRAIN.(2011)

Ce graphique montre que la terre est le capital le plus productif devant l'or, l'immobilier et la bourse. Il n'est donc pas étonnant qu'elle constitue l'un des plus grand enjeu de notre siècle.

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