4.3.2. Les marchés d'écoulement de la
production agricole d'agro-business
La principale destination des produits agricole
d'agro-business, c'est le marché. Il faut rechercher des
débouchés pour les produits agricoles. Il faut vendre aux clients
qui sont en mesure d'acheter les produits agricoles et sur des marchés
précis pour faire des bénéfices. Les marchés
locaux, nationaux et sous régionaux sont les lieux d'écoulement
des produits agricoles d'agro-business.
D'abord pour ce qui est des marchés locaux, ils ne
servent qu'à 23,1% des agro-businessmen pour l'écoulement de leur
maïs. Ces marchés ne les intéressent pourtant pas quand il
s'agit de la
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vente d'oignon. En fait ces marchés sont exigus pour
cette spéculation. L'offre dépasse la demande. Et pour
éviter la chûte des prix les agro-businessmen délaissent
les marchés locaux quand il s'agit des oignons.
Ensuite en ce qui concerne les marchés nationaux,
l'écoulement des produits maraîchers (oignon, tomate), le nombre
d'agro-businessmen est le quart de ceux qui s'intéressent à ces
mêmes marchés soit respectivement 15,4 et 61,5%. Pour l'oignon et
la tomate, les marchés nationaux qui intéressent les agro
businessmen sont surtout Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou. Le niveau
économique et les habitudes alimentaires dans ces villes sont les
facteurs favorisant leur approvisionnement. Quant au maïs, il
s'écoule en plus de ces marchés sur ceux de Yako et Nouna.
S'agissant des marchés sous régionaux, pendant
qu'ils présentent peu d'intérêt aux agro-businessmen (7,7%)
pour l'écoulement de leur maïs, au niveau des oignons et des
tomates c'est le contraire. Ils sont 76,9%, 30,8% à s'orienter vers ces
marchés. Pour le maïs, le Mali est le principal pays qui
intéresse les agro-businessmen à cause de sa proximité
avec le Sourou. Quant aux produits maraîchers en plus du Mali, ils sont
écoulés sur les marchés du Ghana, du Togo, de la
Côte d'Ivoire et du Niger. On peut donc dire que les agro-businessmen
comptent plus sur les marchés extérieurs pour l'écoulement
de leurs produits agricoles. Ils y gagnent certainement plus de
bénéfices. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) sont
explicites:
« Les cultures maraîchères lorsqu'elles
sont destinées à la consommation intérieure (chou, tomate,
oignon etc.) connaissent des difficultés d'écoulement en raison
d'un marché vite saturé ; les prix s'alignent sur les variations
des flux de légumes déversés sur les marchés
urbains. Faute de moyens adéquats de régulation du marché
(conditionnement, et transformation), les produits perdent leur valeur
marchande s'ils ne sont pas jetés au prétexte d'avarie. Les prix
offerts aux producteurs, dans les marchés organisés (collecte,
transformation et distribution par les sociétés dans les
marchés libres) en plus d'être instables se situent bien souvent
en dessous du coût de production » (p. 190).
Le problème d'accessibilité aux produits
agricoles d'agro-business tout comme ceux des coopératives est la
dérèglementation des prix et le manque de marchés locaux
adéquats pour absorber leurs productions ; ceux-ci s'orientent vers le
marchés extérieurs .Mais, le marché libre non plus n'est
pas un moyen de sécurité alimentaire car on vend au plus offrant.
Cela corrobore les conclusions auxquelles ont abouti de BURBACH et FLYNN
(1980), qui voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation
du monde rural : « Au lieu d'être une solution aux crises
alimentaires, elle est la cause, surtout avec le démantèlement de
l'agriculture et la production des denrées alimentaires
sacrifiées sous le libéralisme » (p.269).
L'agro-business avait été présenté comme un
modèle agricole promoteur car moderne, scientifique, productiviste,
orienté vers le marché. Il
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devrait être en mesure d'assurer la
sécurité alimentaire. Entre ce discours et les résultats
de notre collecte de données le contraste est perceptible. Les produits
agricoles des agro-businessmen sont parfois vendus à bord champ. Il faut
vendre le plutôt possible pour échapper aux fluctuations des
marchés et aux pertes de la production car il n'y a pas entrepôts,
de magasins, d'usine de transformation. Il est aussi la cause de
l'amplification des incohérences entre la politique d'agro-business et
la sécurité alimentaire. Pendant qu'il y a
démantèlement des structures de stock de sécurité
céréalière et des structures d'aménagement hydro
agricole suivi d'un endettement à coût de milliards, il ne saurait
avoir de sécurité alimentaire avec l'agro-business.
Les agricultures familiales sont de plus en plus
présentées comme incapables d'assurer la sécurité
alimentaire. Pourtant elle a nourri la population pendant des
millénaires. Plusieurs attributs négatifs lui sont collés:
arriérées, stagnantes, de subsistance. De tout ceci, la question
suivante est posée: Que faut-il faire? Faut-il continuer d'exporter la
sécurité alimentaire des populations locales et importer
l'insécurité alimentaire des autres venus acheter les produits
agricoles des agro-businessmen? Ces questions trouvent leurs réponses
dans cet essai d'analyse : relation entre agro-business -
sécurité foncière et alimentaire : lien de
causalité ou mariage forcé ?
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