4.3. L'accessibilité aux produits agricoles
d'agro-business
Elle est surtout économique. Le pouvoir d'achat qui
conditionne les habitudes alimentaires est déterminant.
4.3.1. Les habitudes alimentaires de la population de notre
zone d'étude
Dans la vallée du Sourou les produits agricoles sont le
maïs, le riz et les cultures maraîchères. Hors des
périmètres, la population locale produit du mil et du sorgho et
du maïs pluvial. Ces produits servent à la préparation du
tô et de la bière locale. Au cours de notre enquête de
terrain, on a constaté que 69,3% de notre population cible consomment le
tô en grande partie. En effet, 47,2% consomment
régulièrement du tô (3 fois par jour) ; 22,1% 2 fois par
jour. Il y a aussi la catégorie de privilégiés qui ont une
alimentation mixte (riz, tô,). Ainsi, la population de notre zone
d'étude connait un régime alimentaire peu varié, ce qui
l'expose à des risques de malnutrition bien que les cultures
maraîchères soient produites dans la vallée. Le tableau
n°4.3 donne leurs dépenses alimentaires :
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Tableau n°4.5: dépenses alimentaires de la
population locale enquêtée
Dépenses en FCFA/ jour
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<1000
|
<1000 <2000
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2000 et +
|
Total
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Pourcentagede la population cible (%)
|
49,2
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29,1
|
21,7
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Il ressort de ce tableau que seulement 21,7% de la population
enquêtée dépensent plus de 2000 FCFA pour l'achat de leurs
aliments (céréales essentiellement) et cela à cause de la
taille de la famille estimée à 6,2 enfants / couple dans le
Sourou (Estimation/INSD, 2007). Les autres, soit 78,3%, dépensent, moins
de 2000 FCFA pour leur alimentation. Le niveau de pauvreté et son
incidence sur la population de la région (60,4%) qui participe le plus
à rendre inaccessibles les produits alimentaires d'agro-business. Aussi,
d'après les indicateurs en 2003 concernant la nutrition, on a 50% des
enfants qui accusent un retard de croissance et 45,7% en ce qui concerne
l'insuffisance pondérale (INSD/ EICVM, 2003). Cette
insécurité alimentaire est imputable à la
réorientation des objectifs des périmètres
aménagés du Sourou. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA., (2003)
avaient déjà abouti à la même conclusion :
« Dans la réalité, les produits
agricoles irrigués, toutes cultures confondues sont prioritairement
destinées au marché. En effet, le seul moyen pour les
coopératives de couvrir les charges de production (salaire de
fonctionnaires, redevance eau, intrants, semences), c'est de contrôler la
commercialisation. Tout sociétaire doit donc livrer au magasin un quota
de récolte avant de disposer du reliquat, éventuel pour nourrir
sa famille. Aussi, la disponibilité potentielle est-elle loin de
traduire l'impact réel de l'irrigation sur la demande alimentaire
» (p 186).
Ainsi, on peut dire que les produits alimentaires des
coopératives et des agro- businessmen ne sont pas disponibles en tout
temps et en tout lieu puisqu'ils sont spéculatifs. Ce qui participe
à l'insécurité alimentaire dans notre zone d'étude.
Même avec l'agro-business qui a été présenté
comme plus dynamique et productiviste que les autres modèles de
production agricole, telle-que la voie coopérative, il se pose un
problème d'accessibilité aux produits agricoles, destinés
aux marchés extérieurs qu'au Sourou.
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