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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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4.1.2.2. Les rapports socio-fonciers entre les coopérateurs et les agro-businessmen

La nature des rapports sociaux est fonction des résultats des campagnes agricoles des coopérateurs. Trois cas de figures sont possibles s'ils sont dans une coopérative rizicole.

D'abord, si la campagne humide du coopérateur peut être excédentaire. La coopérative peut rentrer dans les dépenses consenties au compte du coopérateur (dépenses intrants) alors les spéculations de la campagne sèche sont un additif à ses bénéfices. Dans ces conditions, la sécurité foncière du coopérateur n'est pas menacée puisqu'il peut l'assurer lui-même. Ensuite, la

récolte peut juste suffire pour couvrir les dépenses faites par la coopérative au cours d'une campagne humide. A ce niveau ce sont les cultures de la campagne sèche qui serviront à la survie du coopérateur car il n'a pas pu dégager d'excédent de riz. Le coopérateur doit chercher des moyens ailleurs pour assurer sa redevance eau même s'il bénéficiera à la prochaine

campagne humide des subventions en intrants. Et comme en campagne sèche les coopératives

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permettent à leurs membres de produire d'autres spéculations en plus du riz, alors les relations avec les opérateurs agro-business deviennent nécessaires grâce à l'oignon. Dans le dernier cas, si la production de riz est déficitaire c'est-à-dire n'est pas suffisante pour couvrir les dépenses faites au compte de la production agricole de ce coopérateur, la récolte est néanmoins récupérée. Le coopérateur est redevable à la coopérative. Pour épurer sa dette, il a un délai de deux à trois campagnes agricoles. Il ne bénéficie plus de fait d'aucune subvention pour sa production de riz (pas de semences ni d'engrais). Après ce délai, s'il n'arrive toujours pas à payer sa dette envers la coopérative, alors il est exclu du périmètre agricole Le tableau n°4.2 montre l'état de sécurité des coopérateurs et ceux qui pourraient être les potentiels ouvriers agricoles des agro-businessmen.

Tableau n°4.2: Les endettés de la coopérative Heressera exposés à une expulsion du périmètre

Dettes en milliers de FCFA

] 0-5]

] 5-10]

] 10-15]

] 15-20]

] 20-25]

] 25 et +

Total

Nombre

3

4

9

0

28

3

47

Pourcentage(%) des coopérateurs

6,4

8,5

19,1

0,0

59,6

6,4

100

Source: ZONGO et AMVS, 2011

Au regard du tableau n°2 tous les membres de cette coopérative sont endettés et plus de la moitié d'entre eux doivent au plus 25 000FCFA à cette coopérative. Tous sont déficitaires. Si les textes de cette coopérative doivent s'appliquer avec une certaine rigueur tous les membres ne bénéficieront pas de semences ni d'engrais. Pour ne pas tomber en faillite la coopérative s'endette et repartit le paiement entre ses membres. Ils auront donc à payer et leur dette envers la coopérative et la somme empruntée à la coopérative qui est comprise entre 2500 et 75 000 FCFA. Au niveau de la Coopérative Agro-pastorale Sorokadi (CAPSO), ce sont aussi 20% des 45 membres qui sont endettés. Cette dette va de 6 755 à 493 952 FCFA.

Ce niveau d'endettement montre que les risques d'insécurité foncière augmenteront chez les coopérateurs les plus endettés. Ils pourraient donc s'affilier à des agro-businessmen pour éponger leurs dettes. Ils vont se faire employer comme des ouvriers agricoles contractuels et comme leur salaire journalier varie entre 500 à 2000 FCFA et que le travail n'est pas permanent, ces coopérateurs peuvent devenir des producteurs sans terre. Cette relation entre les agro-businessmen et les coopérateurs peut aussi être une menace voire même une désorganisation de ces organisations paysannes (OP). L'encadré n°4.4 est évocateur:

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Encadré n°4.4: « L'avènement de l'agro-business au Sourou est la source de nos problèmes »

« Ces agro-businessmen qu'on trouve sur le site de la vallée, ce sont les purs produits de Guiédougou ; c'est-à-dire qu'ils ont fait leurs premiers pas à Guiédougou. Avec l'agro-business, il faut dire que l'homme est ce qu'il est. Surtout quand un nouveau système est né, il faut s'attendre à ses conséquences aussi. Nous, nous pouvons dire que nous subissons déjà les conséquences de l'implantation de ces agro-businessmen. C'est surtout la désorganisation de toutes les coopératives. Quand un coopérateur avec qui vous étiez trouve des partenaires agro-businessmen, du jour au lendemain il s'enrichit. Cela amène des idées. Les lois, les statuts, tout ce qui est lié à la coopérative est presque bafoué. Les agro-businessmen s'immixent partout. On monte des coups à tous les niveaux, dans toutes les coopératives. Cela fait que notre coopérative est semée de bonnes et de mauvaises graines. Si certains sont là, c'est pour maintenir la terre avec la nouvelle politique du foncier rural parce que ça peut être utile d'un jour à l'autre ». ZONGO. (2011). Entretien réalisé avec M. Z.B.

L'agro-business a donc provoqué de profonds changements dans les coopératives. PALE (2003) avait déjà abouti à une telle situation quand il affirmait : « L'agro-business bien que n'étant pas à la portée de tous semble susciter l'intérêt de beaucoup d'entre eux qui désertent les coopératives pour rejoindre les comités de gestion. » (p175). Actuellement la situation n'a pas évolué positivement. Les relations que les agro-businessmen entretiennent avec elles sont la cause de leur désorganisation et de la réorientation de leurs statuts, de leurs lois, de leurs objectifs ou de leur mort ! Le fait d'établir des relations avec les autres acteurs de la production agricole dans le Sourou installe beaucoup de producteurs en insécurité foncière. Or s'il y a une insécurité foncière sur les périmètres aménagés du Sourou, cela pourrait conduire ses exploitants vers les terres non aménagées. Ce qui pourrait être source de conflits entre les autochtones et les nouveaux exploitants (agro-businessmen). On peut dire que malgré le fait que, globalement, les acteurs agricoles vivent des réalités d'insécurité foncière, les dispositions juridiques en matière foncière, dans la tendance actuelle, sont plus favorables aux agro-businessmen. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA (2003) à travers leur entretien réalisé avec un des directeurs techniques l'AMVS le 19 Juillet 2002 corrobore cette analyse :

« L'Etat ne peut plus permettre de distribuer la terre à tout le monde pour que chaque paysan puisse nourrir sa famille. Le Burina Faso est un pays pauvre et il faut qu'on arrive à sortir de cette pauvreté. Tout d'abord il faut que l'Etat arrête d'investir à perte sans pouvoir obtenir le bénéfice de ses investissements. De nouveaux entrepreneurs agricoles devraient prendre en charge le développement de la vallée et pratiquer une agriculture de type moderne. Pour cela, il faut avant tout une nouvelle approche des marchés, l'intensification de la production des cultures de qualité qui permette d'avoir une marque garantie sur les produits agricoles. Si la nouvelle

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génération d'exploitants de la vallée arrive à réaliser ce type d'agriculture les produits du Sourou pourront devenir concurrentiels sur les marchés internationaux et dans la vallée, on pourra produire pour exporter » (p71).

Ainsi, les terres ne serviront plus à produire pour se nourrir mais pour produire des cultures de rente pour faire sortir le Burkina Faso de la pauvreté. La sécurité alimentaire est devenu un problème de second plan et la sécurité foncière aussi. Car celui qui ne s'inscrit pas dans cette logique pourrait être exclu des périmètres agricoles.. Cela fait que 69,2% des agro-businessmen se sentent en insécurité foncière.

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