5.1.2 La méthodologie
« Décrire une
représentation sociale (Moscovici, 1961,1976 in Méthodes
d'étude des représentations sociales, Abric, 2005)
revient à décrire comment un objet- au sens large - est
pensé par une communauté. »
Les études sur les représentations commencent,
tout d'abord, avec une préenquête dont le but est de mettre en
lumière les dimensions et les mots associés à l'objet. Ces
préenquêtes portent généralement sur du
matériel langagier. Ce sont elles qui permettent l'identification des
éléments qui composent la représentation. Il faut
déterminer les opinions et les informations qu'un groupe partage sur
l'objet étudié. Le recueil d'informations sur une
représentation sociale peut se faire grâce à
différentes sources : l'analyse des textes et des discours, ainsi
que par plusieurs méthodes classiques d'entretiens ; semi ou
non directifs, questionnaires ou focus groupe ou encore par l'analyse des mots
par les techniques d'associations libres. Nous détaillons ici, seulement
celles dont nous avons fait usage.
« Pour cerner l'univers sémantique d'une
représentation sociale, il peut être utile d'obtenir de
l'information, par une technique d'association de mots ». (Doise
et al, 1992, p.26)
Il existe deux méthodes d'association verbale, celle
d'évocation hiérarchisée et celle des schèmes
cognitifs de base.
Nous détaillons ici, la méthode
d'évocation hiérarchisée (Vergès 1992). Cette
méthode consiste à faire produire aux sujets des associations
à partir d'un mot inducteur. On demande aux sujets de produire un
certain nombre d'associations, à partir d'un mot ou d'une expression,
que l'on appelle inducteur. Vergès fait l'hypothèse
« d'un fonctionnement cognitif ou certains termes sont plus
immédiatement mobilisés pour exprimer une
représentation.. » (Vergès, 1994, p.235) On parle
alors de saillance, c'est une propriété qui est quantifiable,
c'est la fréquence d'un terme à une question d'évocation.
L'analyse des mots suite à l'évocation
hiérarchisée, peut prendre deux directions : celle de
l'analyse des fréquences et celle de l'analyse du rang dans la liste de
mots cités. A l'analyse quantitative de fréquence on ajoute donc
une analyse plus qualitative. Le croisement des deux nous permet d'obtenir
quatre catégories de mots associés, en croisant la
fréquence d'apparition, indicateur de la saillance, avec le rang moyen
qui reflète l'importance que le sujet accorde à l'item. Les
quatre catégories possibles sont les suivantes :
Les items fréquemment évoqués et dont le
rang moyen dans la suite associative tend vers 1.
Les items peu évoqués et dont le rang moyen tend
vers 1.
Les items fréquemment évoqués et dont le
rang moyen tend vers 5 (le rang le moins important).
Les items peu évoqués et dont le rang moyen tend
vers 5.
Les items qui appartiennent à la première
catégorie sont saillants et significatifs pour toute la population. Ils
ont donc, la plus forte probabilité d'appartenir au système
central de la représentation car ils reflètent une congruence
positive entre les deux critères.
Cependant Abric (2003) propose d'abandonner le critère
du rang moyen pour lui substituer celui du rang d'importance. En effet, l'ordre
d'apparition des mots n'est pas à confondre avec l'importance. Dans la
méthode de Vergès le rang moyen suppose que le premier mot
produit par le sujet soit le plus important pour lui, or ce n'est pas
forcément le cas. La rapidité d'association, c'est-à-dire
l'ordre d'apparition peut être une indication de l'accessibilité
prototypique. Avec le rang d'importance, les sujets hiérarchisent
eux-mêmes leurs productions par ordre d'importance. Après avoir
produit ces associations à l'objet de représentation
étudié, les sujets les hiérarchisent selon l'importance
qu'ils leurs accordent.
L'hypothèse de la centralité se fait en
regardant les seuils d'évocations et d'importances. Si 10% de la
population a associé un même mot, alors ce dernier présente
une centralité quantitative. Pour qu'un élément soit
central, il doit avoir, à la fois une centralité quantitative,
mais aussi qualitative. La centralité qualitative est donnée par
l'importance moyenne accordée à une production donnée,
l'importance de l'item doit être inférieure à l'importance
moyenne. Cependant, il faut rappeler que cette méthode permet
uniquement de faire une hypothèse de centralité, on ne peut pas
être sûr de la centralité des éléments
présents dans la première catégorie.
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