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L'image de la femme dans les jeux vidéo


par Valentine Petit
Kedge Business School - Master 2 - Communication / Marketing / Management  2022
  

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Annexe 24 - Retranscription entretien Sébastien Hette (Fondateur de Reset XP)

1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre implication dans le monde du jeu ?

Fondateur en 2020 de Reset XP, une startup événementielle spécialisée dans le JV rétro. Auparavant salarié 25 ans à la Fédération Française de Tennis avec le poste de directeur opérationnel de la Coupe Davis et de la Fed Cup de 2010 à 2019. 49 ans. Quel style de jeu joué ? J'ai commencé par PONG début des années 80 et me suis arrêté à la PS1...avec FFVII, Tomb Raider, Metal Gear Solid. Type de jeu préféré : action/aventure.

2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo soit aujourd'hui un marché sexualisant ?

Pourquoi ? De moins en moins. Je suis très peu l'actualité et ne joue pas donc à prendre avec des pincettes mais ce que je perçois est qu'il existe, et qu'il y aura toujours des personnages féminins hyper sexualisés, tout comme les personnages masculins qui sont « bien foutus », beaux mecs, virils. Milieu des années 90, Lara Croft et Snake. Mais il me semble qu'il y a de plus en plus d'anti-héros ou de personnages à priori « banals » qui vont avoir un destin extraordinaire (Last of us par ex.).

3- De la même manière celui de l'esport ?

Je ne crois pas que le marché de l'esport soit un marché sexualisant. A contraire, il se développe avec les nouvelles générations qui sont bien plus informées et attentives aux sujets de société qui n'ont pas été traitées avec suffisamment de volonté par les « vieux ». Par contre, la pratique de l'esport par les femmes, et notamment sa pratique en compétition est très peu développée (quelques % je crois). Mais il ne me semble pas que ce soit en raison d'une représentation sexualisée ou d'un marché qui ne donne pas sa place aux femmes. Là, pour le coup, je peux faire un parallèle avec le sport. Les jeunes filles ont une moindre appétence pour la pratique compétitive comparé aux garçons. C'était le cas dans le tennis, 1ère fédération en termes de

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licenciées féminines mais dont le nombre de joueuses de compétition (vs loisir) est bien inférieure, en proportion, au ratio licenciés compétiteurs/loisir.

4- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour les hommes et les femmes ?

Là-aussi, je vais répondre en faisant un parallèle avec le sport. En termes de gouvernance, c'est clairement non. Très peu de femmes sont présidentes de fédérations et leur représentation dans les organes de décision est loin d'être paritaire même si la parité s'applique dans la plupart des comités de direction (qui sont plus des chambres d'enregistrement que là où les décisions sont prises). Sur l'organisation privé de la « boite » Fédération Française de Tennis, j'ai pu constater pour le coup un vrai progrès en une vingtaine d'année. Actuellement une DG et de nombreuses directrices à des postes clés RIT, COM, DAF, direction du tournoi de Roland-Garros depuis peu. Il me semble que l'industrie du JV est aussi sur la voie du progrès avec des personnalités féminines occupant des postes de 1er plan (SELL, Xbox et d'autres que vous connaissez mieux que moi).

5- Que pensez-vous des ligues féminines et des associations comme WIG ?

Essentielles tant que tous les combats n'auront pas été gagné (parité, orientation vers les métiers du JV, développement de la pratique compétitive, Respect...).

6- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles subissent ?

Certainement mais je ne pense pas que le JV soit, loin de là, le 1er vecteur. Je pense à des clips et paroles de chansons qui sont justes à gerber. Et pourtant, il y a du bon son dans tout ça.

7- Pensez-vous que le corps de la femme soit utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et réfléchi de la part des entreprises ?

Sans parler du JV en particulier, difficile de le nier. Mais je ne sais pas comment on peut gommer l'attractivité que procure la vue d'une jolie femme ou d'un beau mec. Des films, des séries, des chanteurs.ses, des produits marchands... sont aussi des succès parce que « portés » par des « canons ».

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8- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?

Clairement oui et heureusement. Il faut certainement plus de femmes aux postes de créations/production des jeux.

9- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter ?

Juste creuser le parallèle avec le monde du sport peut-être et l'évolution que celui-ci a connu depuis une trentaine d'années sur le sujet. Bonne étude et à dispo si vous avez besoin d'éclaircissements.

Annexe 25 - Retranscription entretien Morgane Falaize (Fondatrice de Minuit 12 / Présidente de Women In Games)

1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ? Pourquoi ?

Je m'appelle Morgane Falaize, j'ai 40 ans je suis la co-directrice et co-fondatrice d'une agence de communication qui s'appelle Minuit 12, spécialisée dans l'univers du jeu vidéo. Depuis moins d'un an je travaille en tant que directrice de WIG qui est une association professionnelle qui oeuvre pour développer la mixité dans les entreprises du jeu vidéo en France.

Je voulais répondre à un élan personnel féministe, c'est quelque chose qui a commencé à s'animer en moi il y a deux ou trois ans, notamment parce que je suis maman de deux petites filles. Notamment aussi parce qu'il y a eu une affaire avec un journaliste du Monde qui s'est avéré avoir envoyé des dick picks non sollicitées à plus de 25 attachées de presse. Quand on s'est rendu compte qu'on était nombreuses à être concernées, qu'on avait toutes le même profil, qu'on avait toutes un rapport d'autorité avec ce journaliste j'ai trouvé ça assez scandaleux. Je ne voulais pas que mes filles grandissent dans un monde où ce n'est pas grave de recevoir ce genre de photos.

J'étais déjà membre de WIG et quand l'association a annoncé qu'il y aurait un renouvellement du conseil d'administration je me suis dit que ça serait un très bon moyen de faire quelque chose de vraiment concret pour l'industrie dans laquelle je travaille au quotidien.

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J'ai commencé à jouer assez jeune, tout d'abord par des points and click puis je suis passée à des mondes ouverts et aujourd'hui j'aime des jeux assez variés, j'aime énormément Doom Eternal et j'ai adoré l'expérience Grim qui est un jeu indépendant, très doux. En ce moment je joue à Horizon Forbidden West, j'en suis à plus de 50 heures donc je joue à un panel de jeux très varié.

2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?

Oui ça l'était, peut être que mon regard est un peu biaisé parce que je cherche des contres exemples qui vont me montrer qu'on a fait du chemin. Et le fait est qu'on a fait du chemin. On va sortir une infographie avec WIG qui étudie l'évolution de la représentation des femmes dans les jeux.

A l'origine les jeux étaient des produits faits pour les hommes et marketés pour les hommes. Dans les salons de jeux comme dans les salons automobiles on voyait beaucoup de « babes », des femmes peu vêtues, présentes comme faire valoir pour attirer l'oeil. Il n'y a aucun rapport avec la choucroute mais elles sont quand même là pour vendre. Et ça par exemple il n'y en a plus aujourd'hui, dans les salons de jeux vidéo ça n'existe plus donc c'est une forme d'évolution. Par contre sur les campagnes marketings notamment à la télé, on sent qu'il y a des efforts, ce n'est pas encore ça.

On voit beaucoup plus de jeux familiaux qui sont proposés et qui bénéficient de campagnes télé comme les jeux Nintendo. On voit toute la famille qui joue, parents, enfants. Ces jeux sont conçus pour intéresser tout le monde mais ce n'était pas si évident que ça d'imaginer il y a quelques années qu'une maman pourrait s'intéresser aux jeux vidéo.

Les jeux FPS ne sont pas fait de base pour intéresser tout le monde. Quand on voit comment est fait le contenu... Je parlais d'Horizon, c'est une protagoniste principale, c'est une femme qui doit sauver le monde donc elle a beaucoup de pression sur les épaules mais elle n'est pas du tout sexualisée. Le jeu est hyper inclusif, il y a des conflits entre les peuples mais ce n'est pas une question de races, d'orientation sexuelle ou autre.

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Il faut faire une différence entre les jeux triple A donc les jeux à très gros budget, comme The

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Last of Us ou Horizon et les jeux indépendants. C'était l'objet de mon discours à la cérémonie des Pégases, pour une Ellie ou une Aloy on n'a pas beaucoup d'autres personnages à proposer. Dans la première catégorie, il y a une héroïne pour combien d'hommes ? Dans les jeux indé on a un peu plus de liberté, on peut aller sur des terrains qui sont peu exploités par les éditeurs sur les jeux à fort budget. On va avoir plus de diversité.

Si on veut de la quantité on va en trouver plus sur des jeux indé. Dans Life is Strange on pouvait voir un personnage transgenre, dans l'ensemble de leurs jeux il y a de la mixité, ils essaient de proposer un panel de personnages vraiment diversifiés. C'est un parti pris de leur part et pas juste un prétexte.

3- De la même manière celui de l'esport ?

L'accès à l'esport reste compliqué pour les femmes aujourd'hui. L'accès aux jeux vidéo est encore très différencié entre les jeunes garçons et jeunes filles, ce qui fait qu'en terme de compétences il va falloir plus de temps et plus d'acharnement pour qu'une fille ait un niveau correct, là où le parcours de joueur d'un petit garcon va commencer plus tôt. Un garcon va être encouragé, il va être orienté vers des jeux plus compétitif tandis que la jeune fille va être plus orientée vers des jeux casuals sans compétition voir des jeux sur tablette dont on va se lasser au bout d'un moment.

En terme d'accès au jeu c'est plus compliqué pour les filles, mais admettons que si on s'est acharnée et qu'on a traversé la période du collège où on est la seule de ses copines à jouer aux jeux vidéo on se retrouve confrontée à des comportements et des remarques sexistes, violentes, à du harcèlement en ligne. On le sait, 36% de femmes utilisent un pseudo neutre ou un modificateur de voix pour qu'on ne sache pas qu'elles sont des femmes en jeu donc c'est assez symptomatique.

La première joueuse pro sur Overwatch, elle avait dû faire un stream pour montrer que c'était bien elle qui contrôlait la manette comme si c'était peu probable qu'une fille ait des compétences.

4- Que pensez-vous des ligues féminines ?

C'est un peu comme la question des quotas en entreprise, je ne pense pas que c'est quelque

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chose de souhaitable de manière pérenne mais c'est un bon moyen pour permettre aux femmes de s'entrainer, d'acquérir une certaine confiance en elle, de se stabiliser, de se professionnaliser pour pouvoir continuer de monter. Et encore, apparemment il y a certaines ligues 100% féminines où ça n'a pas été vraiment bienveillants mais sur le papier je pense que c'est bien.

Si on mélange les hommes et les femmes, aujourd'hui il y a très peu de femmes qui ont un niveau suffisant pour pouvoir concurrencer les hommes. Si c'est un tournoi mixte les femmes vont rapidement être écartées et c'est le problème.

On a peu de femmes dans l'esport, elles n'ont pas forcément le niveau, elles ne sont pas médiatisées donc elles n'ont pas de sponsor donc elles n'ont pas les moyens de développer leur structure, c'est un peu un cercle vicieux. Alors qu'un circuit 100% féminin permets quand même de se développer avec l'objectif après d'aller en mixte.

C'est assez similaire avec le sport, pourquoi est-ce que le foot féminin intéresse moins que le foot masculin ? Et encore là il y a la question du physique parce que les hommes et les femmes ne sont pas fait de la même manière donc il y a une réelle différence qu'on a pas dans l'esport. La femme qui court le plus vite au monde courra toujours moins vite que l'homme qui court le plus vite. Pour moi avec le temps on peut arriver sur de l'égalité.

5- Que répondre aux personnes qui pensent que les associations ne font pas avancer les choses ?

Je ne suis pas d'accord parce que chez WIG on a à coeur de proposer tous les projets. On a des objectifs de sensibilisation des acteurs de l'industrie, d'aider les femmes à développer leur réseau et leurs compétences. On est passé de 15% de femmes dans les studios en 2018 à 22% l'an dernier donc je ne pense pas qu'on puisse dire que ça ne sert à rien, je ne fais pas tout ça pour rien.

Tout dépend des associations mais nous par exemple on discute aussi bien avec des entreprises, qu'avec d'autres associations, qu'avec des femmes voulant entrer dans l'industrie ou qui y sont déjà, avec des politiques, avec des syndicats, avec le CNC... Je pense qu'on met des choses très concrètes en place.

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6- Avez-vous déjà été victime d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?

Je ne l'ai pas vécu parce que je n'ai jamais voulu jouer en ligne parce que je ne veux pas être confrontée à des personnes ayant un meilleur niveau que moi et qui vont me critiquer parce que je ne suis pas assez performante, pas assez rapide, pas assez stratège, donc je préfère faire mon truc dans mon coin.

Sur des jeux mobiles j'ai rejoint des guildes ou des clans et je crois que personne ne sait que je suis une fille sur Clash Royale et ça se passe bien. Sur un autre jeu il y a eu beaucoup de bienveillance de la part des autres membres mais la moyenne d'âge était de plus de 35 ans, donc plus âgés que sur un Fortnite par exemple. Ils étaient contents qu'il y ait une femme parce que c'est plus rare donc dès qu'il y en a une ils la chouchoutent, ils l'aident à avancer donc ça s'était vraiment très bien passé.

Mais je pense que ça dépends des jeux et de la communauté, certains drivent une communauté plutôt toxique et d'autres qu'on ne met pas assez en avant parce qu'ils ne sont pas forcément assez connus et qui ont pourtant une communauté assez bienveillante.

Dans mon entourage proche il n'y a pas de femmes qui jouent à des jeux en ligne ou compétitifs. Je sais que ça existe parce que par Women In Games on reçoit des témoignages de jeunes filles harcelées, parce qu'il y a aussi le pole esport qui gère cela avec son propre incubateur, donc on voit bien ce qu'il en est mais moi je n'y suis pas confrontée directement.

7- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles subissent ? Et pourquoi ?

Pour moi oui, j'ai lu « Le regard féminin » de Iris Brey qui s'intéresse au cinéma et aux séries télé et son analyse peut être tout à fait être portée sur les jeux vidéo. J'ai discuté également avec le conservatoire des images qui s'intéresse à la portée des représentations dans les publicités, les séries, les films et les jeux. Quand on s'intéresse à tout ça on se rend compte qu'à force d'être abreuvée depuis l'enfance de ces images, de cette conception du monde, de ces interactions entre les personnes, ça nous semble normal et ça devient notre réalité.

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A force de voir dans les films des femmes qui n'ont pas le premier rôle, qui sont timides, qui vont être là pour aider le personnage principal, qui vont être une récompense pour le personnage principal, ça module d'une certaine façon, la manière dont nous on va voir les femmes et dont on va percevoir la manière de se comporter d'une femme.

Un truc très caractéristique c'est que chez WIG on s'est amusé à intervertir les animations des personnages masculins et féminins. On voyait Batman se déhancher avec la démarche de Catwoman, d'une manière très langoureuse, très appuyée. De la même manière, un personnage masculin qui se roule sous la pluie parce que la pluie c'est vraiment génial, c'est à ce moment-là qu'on s'est rendu vraiment compte à quel point cela était ridicule mais pour tout le monde c'est normal si c'est une femme.

On n'a pas l'habitude de voir les hommes comme ça donc ça nous parait ridicule quand on voit un homme le faire. Dans la vraie vie les femmes n'agissent pas comme cela mais c'est rentré dans l'imaginaire collectif qu'une femme va vouloir séduire les hommes etc... Si on avait plus de personnages masculins qui faisaient ce genre de choses ça nous paraitrait peut-être moins bizarre aussi.

Il ne faudrait pas tomber dans de l'homophobie ordinaire, on a pas l'habitude de voir un homme marcher de manière un peu chaloupée, comme ça peut arriver dans la vraie vie. Ça n'est pas forcement ridicule c'est juste qu'on a pas l'habitude le voir représenté mais ce n'est pas pour cela que ça n'existe pas.

C'est important de représenter le monde comme il est aujourd'hui et non pas comme un miroir déformé. La réalité c'est que oui il y a des personnes homosexuelles, trans, racisées et toutes ces personnes ne sont pas représentées dans nos jeux, films ou séries et donc on a l'impression que ça n'existe pas parce qu'on ne les voit pas.

8- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux et sa faible proportion dans le monde professionnel et les sphères de jeu à haut niveau ? Et pourquoi ?

Quand on ne se voit pas représentée ou mal, est ce qu'on a vraiment envie de se confronter à des collègues qui pensent que c'est normal de représenter une femme forcément en string et

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forcément avec des gros seins ? Je pense qu'il y a des gens qui ont un frein à cause de cela. L'industrie de la tech et des jeux vidéo c'est l'une des industries où il y a le plus fort taux de départ la première année, il y a 37% de femmes qui quittent dès la première année. On peut peut-être se demander pourquoi, est ce que c'est la manière de les accueillir, de les prendre en compte, de les écouter, de les considérer ?

Est-ce qu'on a vraiment envie de participer à la création de ce genre de produits ? Comme sont fait certains produits ça ne donne pas envie aux femmes d'y participer. Et ça c'est sans parler de toutes les histoires d'agressions sexuelles, de viols qui sont remontées ces dernières années.

9- Pensez-vous que le corps de la femme soit utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et réfléchi de la part des entreprises ?

Quand ils le font c'est toujours un choix conscient, ils savent très bien ce qu'ils font. Ils sortent de grandes écoles pour le faire donc ce n'est pas du hasard. Pendant longtemps ça a pu être un phénomène de reproduction de ce qui a pu être fait avant par les ainés.

Pour ce qui est de l'utilisation du corps de la femme dans les campagnes marketing, le dernier fait marquant c'est dans Lost Ark, quand le personnage féminin court c'est avec les deux bras qui se balancent de chaque côté comme si c'était un mime.

10- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?

C'est un sujet compliqué parce que je me rends compte qu'à chaque fois qu'on veut détricoter n'importe quel sujet autour de la perception des femmes, de la représentation de femmes ou toutes les minorités (toutes les catégories de personnes sous représentées donc en fait toutes les personnes qui ne sont pas des hommes blancs hétérosexuels), eh bien on se rend compte qu'il y a beaucoup de choses qui se jouent au niveau de l'éducation.

Il faudrait modifier la perception des gens pour leur dire que leur manière de penser est nulle et qu'on ne peut pas estimer qu'une catégorie de personnes est moins capable juste parce que ce sont des femmes. Ce n'est pas normal de représenter une femme en sous-vêtements juste parce que c'est ton plaisir à toi de mec et quid des femmes qui sont représentées ?

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C'est un travail de pédagogie à plusieurs niveaux. Je le vois au niveau de WIG, quand on voit nos partenaires entreprises il y en a beaucoup qui s'intéressent au sujet, qui veulent le prendre en main. Notre objectif n'est pas du tout de dire aux studios comment faire leurs jeux, en revanche on se dit que ça va se faire de manière organique du moment où on va avoir des équipes plus mixtes, plus diversifiées, avec plus de femmes dans des postes à responsabilités on aura un équilibrage qui va se faire plus naturellement parce qu'on va avoir des red flags qui vont se dresser tout naturellement. Il y aura quelqu'un pour dire qu'on ne peut pas agir et penser comme cela, qu'on ne peut pas représenter les gens comme cela.

11- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter ?

Ce qui est intéressant quand on s'intéresse à la représentation des femmes dans les jeux c'est corrélé à la représentation des femmes dans les équipes de développement dans les studios. Pour faire évoluer la première il faut qu'il y ait la deuxième.

Annexe 26 - Retranscription entretien Alexandre Dachary (Livestreaming & Video Content Creation)

1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ? Pourquoi ?

Je m'appelle Alexandre Dachary plus connu en ligne sous le pseudonyme de Dach, je travaille dans le monde du streaming et du jeu vidéo au global depuis 11 ans maintenant.

Comme beaucoup de gamins j'ai découvert les jeux vidéo très tôt. A l'époque, on était pas du tout dans une génération ultra connectée comme on l'est maintenant, il n'y avait pas un milliard de support pour jouer, soit on jouait sur les ordinateurs soit les consoles dédiées. Et quand on fait partie de la génération qui a connu l'avènement d'internet, le jeu vidéo est un média très intéressant qui a beaucoup évolué en très peu de temps.

Moi j'ai commencé en tant que juste joueur, à l'époque le simple fait d'avoir une interaction avec un univers virtuel c'était génial. Aucun autre média ne permettait d'avoir ce genre d'expérience. Moi j'aimais les histoires, il y avait une interactivité vraiment unique. Assez vite je me suis intéressé au processus créatif derrière les jeux et je pense que j'ai tenu le discours de beaucoup de jeunes de vouloir travailler dans les jeux. J'ai commencé à vraiment m'intéresser à la vie dans les studios, j'ai été très intéressé par l'aspect game design et producer. Le job de

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rêve pour moi c'est producer mais c'est difficile à faire sans une dizaine d'années d'expérience dans un autre domaine.

Donc je me suis orienté vers le game design et j'ai fait des études de chef de projet multimédia spécialisées dans le jeu vidéo. Ma formation portait sur le management d'équipe avec une spécialisation game design pour pouvoir avoir un minium de connaissance techniques pour la manager correctement.

De 2009 à 2012 le marché du jeux vidéo était beaucoup moins sexy que celui qu'on connait aujourd'hui. J'ai connu l'explosion du marché indépendant qui était pendant mes années d'études mais la plupart des projets intrigants n'étaient pas spécialement en France, ailleurs en Europe ou aux États-Unis ou au Japon. On devait faire des stages pour valider nos masters, le streaming venait poindre son nez à ce moment-là avec la tendance YouTube. J'ai été intrigué par cela, j'ai vu une brèche et dans ma classe il y avait un mec très intéressé par cela aussi.

On s'est dit qu'on allait faire du contenu et le porter sur des lives dans la continuité de ce que faisaient Chips et Noa à ce moment-là. On a fait ça à côté de nos cours et pour nos stages on a eu des entrepreneurs intéressés pour faire du contenu sur leur site. C'était les fondateurs d'Eclypsia qui se lançaient à ce moment dans les chaines YouTube dédiées. C'était un projet qui a été un tremplin pour beaucoup de streameurs du marché français actuel. C'est notamment là-bas que j'ai rencontré Zerator et quand il s'est lancé en solo et que j'ai quitté Eclypsia à mon tour, il m'a proposé de bosser avec lui.

2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?

Je suppose que oui. Encore aujourd'hui il y a beaucoup de choses à faire avancer dans la bonne direction, il y a encore beaucoup de mauvais reflexes. Beaucoup de choses ont changé en bien. Le jeu vidéo au départ était un domaine un peu bafoué pendant des années. A l'époque c'était fait par une niche de passionnés pour une autre niche de passionnés. A la fin des années 90, il y avait beaucoup de mécanismes usuels utilisés dans les jeux qui sont aujourd'hui datés, vieux, sexistes avec les débats actuels, ça pouvait être des trucs tout bête.

Il y a une créatrice Anita Sarkeesian « Tropes vs. Women in Video Games » qui avait fait une série de vidéos sur la princesse à sauver, sur Lara Croft qui est une héroïne et égérie de jeux vidéo mais qui forcément a une grosse poitrine ou pleins d'autres produits qui sont orientés là-

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dessus. Parce que pendant longtemps c'était un mécanisme de vente dans le cinéma, dans les jeux, dans le théâtre qui était usuel, facile, classique et contre lesquels on ne s'est pas forcément battu.

Comme tous les marchés majoritairement masculins il y a pleins de choses qui étaient légion, qui tendent à se diversifier mais on le constate, il y a encore des efforts à faire, il y a encore pleins de studios qui ont eu des problèmes pour du harcèlement, dans le streaming il y a une banalisation du discours très sexiste et misogyne et l'humour est toujours utilisé comme une excuse facile pour justifier cela.

Et je ne vois surement que la partie immergée de l'iceberg, nous à notre échelle je ne vois pas tout. Je ne sais pas ce qu'il se passe ailleurs. Zerator est une personne très alerte sur ce qu'il dit parce qu'il a conscience qu'il est très médiatisé donc il n'hésite pas à reprendre les invités s'ils font des remarques déplacées, même si ça les affiche ou que ça leur fous la honte. Il fait attention à avoir un discours respectueux pour tout le monde.

On a des équipes masculines et LGBT+, à une époque on avait 70% de femmes, c'est quelque chose de très improbable dans le monde du jeu mais c'était juste les meilleurs CV qu'on a reçu. Chez nous c'est un problème qu'il n'y a pas, après ça ne veut pas dire qu'on a jamais fait d'erreur. Je l'ai constaté dans le streaming, c'est ce que je vois quand je regarde des lives, quand j'entends des gens faire des émissions. Je sais que Ubisoft a eu des problèmes avec du harcèlement sexuel, ils ont notamment licencié des responsables. Si des femmes n'avaient pas eu le courage de se liguer et de mettre ces choses-là en avant on ne l'aurait jamais su alors que c'est des gens avec lesquels on travaille.

Dans tous les domaines où il y a eu des problèmes, à partir du moment où il y a eu des mecs comme Harvey Weinstein qui ont pu vivre leur vie sans que personne ne fasse rien je me dis que tous les domaines où il y a de l'image et du faux semblant, tous les problèmes ne sont pas remontés donc on ne voit jamais tout ce qu'il se passe.

En jeu il y en a clairement. Le jeu vidéo est un produit culturel donc il y a de tout, on va avoir des trucs classiques, comme on peut avoir un roman d'aventure, de romance ou d'horreur on peut avoir des jeux similaires. Et on peut avoir des jeux très sexualisés comme Dead or Alive Beach Volley. Quand les gars en sont à travailler sur la physique des poitrines des personnages pour que ça fasse du mouvement et ça excite les gens qui achètent, on sait que le jeu est fait

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pour ça, faut pas se leurrer.

Dans tout ce qui est un produit culturel large, qui s'adresse à un public en tout genre, il va forcément y avoir des catégories dans lesquelles il y a des productions sexualisantes. Pour moi ce n'est pas anormal, ça fait partie des jeux, si certaines personnes veulent y jouer je ne vois pas pourquoi les hommes devraient se priver de ça.

Il faut que ce soit assumé par les concepteurs. Il y a des choses plus insidieuses notamment des éléments qui sont sexualisées alors que ça ne devrait pas l'être. Ça a été le cas dans les années 90, des jeux qui reposaient sur des archétypes féminins clichés ou sur des blagues beaufs. A mon sens c'est quelque chose qui disparait de plus en plus. On a bien plus de personnages féminins qui sont mis en avant, qui sont forts, qui sont au centre de l'histoire et j'ai vraiment l'impression de ne plus trop avoir ce problème-là.

Ou alors c'est assumé, c'est fait pour vendre et ça ne dénote pas d'une manière étrange. Par exemple dans Lol, c'est techniquement des jeux tout public, après quand on regarde leurs personnages féminins c'est toutes des femmes bien gaulées selon la norme de beauté mondiale de même que les hommes sont musclés et bien sculptés. Il y a peut-être une ou deux exceptions volontaires faites pas les développeurs pour rigoler comme Gragas ou Jinx. Est-ce que c'est fait exprès oui, est ce que ça dénature le principe du jeu pour moi non. Mais pour moi-même si c'est sexualisant ce n'est pas un problème.

Pour moi ça existe mais pas d'une manière dérangeante, ça existe de plus en plus d'une « bonne manière ». Ça me parait beaucoup plus difficile aujourd'hui de le faire d'une manière malicieuse, grossière quand on voit les équipes qui sont en charge du développement de ces jeux. Aujourd'hui quand on a une équipe mixte, cet aspect de la femme soumise on le voit beaucoup moins ou alors c'est qu'on a vraiment un directeur qui est un tyran et qui ne tient compte de l'avis de personne.

Quand ça ne devient pas correct soit c'est qu'on hors sujet par rapport au jeu soit il y a des codes comme le PEGI pour classifier le jeu par type de contenu et de tranche d'âge. Tant qu'on a connaissance de ce qu'est le produit final et qu'on n'est pas trompé par les créateurs pour moi ça va. Si je joue à Super Mario et que la Princesse Peach a une poitrine exubérante effectivement c'est hors sujet. Par contre si je joue à Duke Nukem, je sais à quoi m'attendre c'est un jeu violent et sexualisant. Est-ce que c'est sexualisant, beaufs, oui mais c'est un jeu interdit aux

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moins de 18 ans donc les gens sont prévenus et savent à quoi s'attendre. Ça évite aussi qu'une audience qui n'est pas censé avoir accès à ce contenu n'y accède pas ou alors plus difficilement. Pour moi on ne peut pas tromper son public dans les jeux vidéo tout du moins au niveau de la classification.

Dans un jeu comme Rape Day, on dépasse certaines limites oui mais là pour moi il y a une différence majeure. Le jeu met en scène un crime de base. Toutes les plateformes de vente comme Steam c'est une bénédiction pour les développeurs mais ça laisse bien plus de liberté pour des dérives pareilles. On peut plus facilement publier des choses qui ne devraient pas être là parce qu'il y a énormément de contenu à gérer. Il y a un premier souci c'est qu'on fait d'un crime un jeu. Au-delà de ça, je ne connais pas le jeu, comment c'est scénarisé, comment c'est justifié, est-ce qu'il y a un intérêt quelconque ou est-ce que c'est simplement pour assouvir un désir, est ce que c'est juste pour choquer une audience ou est ce qu'il y a réellement une histoire à raconter derrière ?

Personnellement je ne trouve pas cela approprié et je trouve que ça va trop loin mais pour le coup, s'il y a des mecs assez fous pour développer cela c'est aux plateformes de réagir et de modérer ce genre de contenu. La en effet c'est choquant parce que c'est autour du viol et donc c'est normal de réagir comme cela mais par exemple il y a des années, le jeu Man Hunt est sorti et ça n'a choqué personne. Alors que ce sont des criminels de lourde peine qui sont lâché dans une ville et qui sont là pour s'entretuer sous couvert d'une émission de télé morbide. Et de la même manière c'est criminel et abominable.

La question est de savoir jusqu'où on laisse passer la violence. C'est comme les jeux où on peut démonter des gens avec des tronçonneuses et où du sang gicle à longueur de temps. Tout dépend d'où on situe la limite entre le crime, la bienséance, les crimes « acceptables » cinématographiquement parlant ou ceux qui vont trop loin... Chaque produit doit être jugé au cas par cas, on ne peut pas faire des généralités.

Il y a aussi un curseur personnel, on peut avoir les valeurs de se dire « ok ça existe » mais ce n'est pas pour cela que le contenu est normal, qu'il faut faire comme si de rien était et qu'il faut le mettre dans les mains de n'importe qui. Je suis choqué de l'exemple que tu me donnes et en même temps on a des choses qui vont atteindre des sommets et pourtant on ne va pas forcément les supprimer, c'est à chaque personne de se faire sa propre idée. Il y a une part d'éducation, de

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libre arbitre, de sensibilité personnelle et de pourquoi et comment on consomme un produit.

Le meurtre me choque aussi, quand j'ai vu le principe de Man Hunt qui était de tuer des personnes de la manière la plus violente possible je n'ai pas trouvé ça intéressant, ça ne me parlait pas. Dans GTA il y a deux aspects. Le premier c'est le scénario de base avec de la criminalité mais le but à la base c'est d'être une satire du monde américain sur le banditisme. Alors évidemment il y a des choses condamnables dans ce que font les personnages mais en même temps c'est orienté sur des crimes et de la manière dont c'est représenté dans le scénario ça ne me choque pas. Comme le jeu laisse libre court aux joueurs de faire ce qu'on veut c'est vrai que le passe-temps de beaucoup de monde c'est de prendre une voiture volée et de tuer tout le monde. Mais ce n'est pas le jeu de base c'est les gens qui font ces choix-là de manière indépendante. Est-ce que la liberté qui est laissée est malsaine ? Non je ne pense pas, aucun des amis que je connais qui jouait à ça n'est devenu un adulte problématique, ils se sont juste un jour défoulés sur un jeu.

La question est toujours de savoir où est ce qu'on place le curseur, c'est de savoir qu'est ce qui est abject et ne devrait pas exister ? Dès qu'on a un thriller on va avoir du vol, du meurtre, est ce que sous prétexte que c'est un jeu et qu'il y a une interactivité avec le joueur, on peut considérer ça plus problématique que quand il est simple spectateur devant un film, moi je ne trouve pas.

Dans les jeux on fait quelque chose qui est illégal dans la vraie vie, on en a conscience bien entendu mais un braquage par exemple c'est quelque chose que je trouve amusant mais dans le cadre du jeu. On sait qu'on est dans du virtuel, qu'on fait de mal à personne.

Un jeu comme Rape Day, s'il y avait un propos plus global, une réflexion qui a du sens pourquoi pas. Mais si le seul but est la violence, le viol je peine à comprendre l'utilité et à comprendre comment certaines personnes peuvent être attirées par ce genre de jeu. Il n'y a pas quelque chose qui englobe le propos, qui raconte une histoire quelconque, qui vient sensibiliser. Quand c'est juste gratuit, je ne comprends pas l'intérêt et je ne comprends pas comment cela peut plaire à certaines personnes outre pour de la perversité malsaine.

Je pense que oui malheureusement dans la société actuelle, des crimes comme le meurtre sont beaucoup plus acceptés que des crimes comme le viol. Dans de nombreux thrillers, des films de bastons, il y a des gens tués tout le temps. Dans le divertissement c'est moins choquant parce que c'est devenu banal, qu'on baigne là-dedans depuis toujours.

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3- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour les hommes et les femmes ?

Non je ne pense pas parce que c'est une industrie qui est à l'heure actuelle trop masculine. Il y a encore des dérives indirectes, il faut des femmes pour que tout cela s'équilibre. Même si le jeu vidéo s'est généralisé comme un média culturel de masse et que tout le monde y a accès, les jeux vidéo restent un produit qui est plus mis en scène pour les hommes. Ça tend à changer mais je pense que c'est toujours un peu plus vendu comme quelque chose qui attire les hommes. Le jeu vidéo est globalement un milieu très mal payé avec des perspectives d'évolution quasiment inexistantes. Je ne pense pas que les femmes soient freinées par l'aspect salaire mais le fait qu'il y ait peu de perspectives d'évolution et le fait qu'il y ait moins de femmes ça rebute un peu. Il faut aussi pouvoir encaisser l'ambiance qu'il peut y avoir dans une équipe. Moi typiquement j'ai des amis filles qui jouent des roles clés que je serai incapable de jouer. L'argument de dire que les femmes doivent jouer support je le trouve pourri.

4- Que pensez-vous des ligues féminines ?

Pour l'instant on n'a pas eu d'équipe féminine à haut niveau, on a pas de raison apparente qui fait que les femmes sont moins bonnes que les hommes aux jeux. Est-ce que c'est parce qu'elles sont moins fortes, que le coaching est moins bon, que l'environnement est moins bon ?

Est-ce qu'il faudrait des ligues féminines distinctes ? Je ne sais pas parce qu'effectivement on a pas la même situation que dans le sport où il y a des différences au niveau physique. Mais il y a vraiment des femmes extrêmement fortes et je n'arrive pas à savoir si c'est un manque d'accessibilité terrible ou d'intérêt vraiment pour le milieu. J'ai hâte de voir des équipes complètes de femmes terrasser des équipes d'hommes et pour le moment ça peine à arriver.

5- Avez-vous déjà été victime d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?

Que j'ai vécu et que j'ai constaté dans mon milieu oui. Je l'ai vécu beaucoup à Eclypsia parce que parmi la gérance de la société il y avait des profils problématiques notamment au niveau du comportement que les gens pouvaient avoir envers les femmes. Je pense que l'un de mes supérieurs était macho et sexistes dans ses relations personnelles mais au niveau professionnel il voulait un peu être le male alpha de la tribu. A l'époque quand je bossais à bas, on était un petit groupe de personne donc on avait vite fait le tour des gens travaillant dans l'établissement.

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Et ce gars-là avait cette manie de faire une chasse gardée au niveau de toutes les femmes de l'entreprise. Je l'ai vu beaucoup faire du harcèlement moral vis-à-vis des autres hommes qui avaient le malheur de se rapprocher des femmes. Je l'ai vu frapper, menacer des gens, aller bien trop loin par rapport à un cadre professionnel. Et je pense que c'est allé jusqu'au harcèlement sexuel sur certaines femmes mais ça je n'y ai pas assisté.

Pour le coup, dans l'expérience que j'ai eu du streaming je ne trouve pas trop. Il y a plusieurs choses : les streamers, les équipes et les viewers. Globalement entre équipes et streamers, même si on manque encore de filles en terme de ratio parce que le monde du jeu est encore très masculin, malgré tout c'est un domaine qui s'est assez diversifié, toutes les femmes ont l'air d'être contente d'être là.

Par contre je trouve que les problèmes viennent du discours ou de la communauté. La personne qui est regardée est un peu vue comme un gourou et se doit d'avoir un discours et un comportement correct. Il y a un dicton qui dit « On a la communauté qu'on mérite ». C'est assez vrai parce que si le streamer ne se comporte pas bien, insulte souvent, fait des blagues sexistes, la communauté va régir pareil. Dès qu'on laisse la porte ouverte à ça, on laisse la porte ouverte pour toute la communauté. Comme ça reste un milieu plus masculin, par banalisation du discours ou par habitude, il y a encore des mecs qui banalisent des vannes sexistes. C'est de l'abus de langage, ils ne pensent pas à mal mais c'est là et il faut le corriger. Ce n'est pas le plus gros du problème mais c'est là. Quand on banalise ça devant des milliers de personnes c'est un problème.

Le problème c'est que c'est un apprentissage. On veut changer une norme culturelle qui a été la norme pour de nombreuses personnes pendant plusieurs années. Quand j'étais petit « pd » était une insulte alors que non c'est juste un aspect de vie.

6- Retour sur la situation entre Inoxtag et Ultia lors du Zevent

C'est décrié oui mais il y a pleins de raisons à cela. Ce qu'il faut savoir avec le Zevent c'est que c'est un évènement qui a grossi énormément, bien plus qu'on aurait pu l'anticiper à la base, mais paradoxalement l'équipe qui gère la chose n'a pas vraiment changé. On est vraiment 5 au maximum à organiser. Donc on n'est pas nombreux non plus à la gestion des crises.

La source du succès de l'évènement c'est qu'il y a des lives en direct de la part de toutes les

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personnes invitées. Avec 55 personnes en live il y a du contenu très varié donc on est sûrs que n'importe quel spectateur va trouver un contenu qui lui plait, va rester et va potentiellement donner pour l'association du moment.

On part du principe que les personnes qu'on invite sont des professionnels et savent très bien comment se comporter. Ils connaissent les règles de fonctionnement et ils savent les propos à tenir. Et avant l'année dernière et ce qui est arrivé avec Inox qui a 19 ans il n'y avait jamais eu de problèmes. Je ne veux pas pointer du doigt son age mais ça peut entrer en considération. Quand ils sont 55 en live c'est pas toujours facile de réagir en direct parce que déjà il faut le voir. Les deux gérants de l'évènement c'est Zerator et moi et lui est souvent en live. Donc pour lui ce n'est pas évident de réagir parce que s'il est en live il ne peut pas voir ce qu'il se passe sur les lives de tous les autres. Je n'ai pas la prétention de pouvoir suivre tous les lives et pas de bol, le problème avec Inox est arrivé pile quand je suis passé dans le direct de Joueur du Grenier. Donc le premier problème c'est que Zerator et moi étions occupé à ce moment-là. Il y avait des gens de Twitch mais ils n'ont pas réagi, parce que pour eux c'était à nous de réagir. Ensuite qu'elles étaient les réactions possibles ? Soit aller le voir en live pour lui faire des reproches mais forcement c'est pas géré avec sang-froid donc ça va créer un drama énorme. Derrière lui il a toute sa communauté donc je vais me faire insulter, ça va prendre des proportions énormes et ça va faire une pub nulle pour l'évènement. Donc est ce qu'on doit amplifier le scandale ou plutôt réagir en backstage pour lui demander ce qu'il s'était passer, pourquoi il avait agi comme ça.

Donc lui derrière, pourquoi il a agi comme ça ? Parce que derrière il connaissait la femme en question, elle savait pourquoi elle était là, que même si elle ne comprend pas tout elle sait qu'elle est là pour mettre en avant sa notoriété. Lui l'a reconnu et a vu que ça pouvait être mal pris parce que pour lui c'était une amie donc ils étaient en train de rigoler ensemble. Il a réalisé que les gens ne le connaissent pas, que les gens le prennent pour un misogyne et ils ont raison parce que les propos qu'il a tenu n'étaient pas corrects.

Je suis surtout allée voir Ultia parce qu'elle s'est élevée contre le fait qu'il avait le record de vues sur « un contenu de merde ». Elle regrette aussi parce qu'elle a été très impulsive mais elle a eu raison de s'insurger contre un contenu comme cela. C'est dans la manière de l'avoir fait que ça a posé problème. Mais le fait est que comme c'est elle qui en s'insurgeant se prenait une vague de harcèlement et d'insultes sur les réseaux, je suis d'abord allé la voir elle pour voir

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comment elle voulait qu'on réagisse.

Ils ont fait un live ensemble où elle lui a expliqué pourquoi elle avait réagi comme ça, lui a complètement ravalé sa fierté en s'excusant donc il a vraiment bien réagi. C'est elle qui a choisi de ne pas en parler au nom du Zevent parce que pour elle ça allait être pire, ça allait amplifier la chose auprès de ceux qui n'en avaient pas entendu parler et au niveau des médias.

Le dernier problème c'était au niveau de la communauté d'Inoxtag parce que c'est vraiment des personnes immatures donc c'est ça qui nous a fait le plus peur. Comme lui aussi a ce côté assez impulsif et infantile, ça encourage sa communauté. Quand on est pas en position de force, on réfléchit à deux fois avant d'agir parce que si on se prend le retour de bâton on ne peut pas toujours l'encaisser. Il y a toujours deux camps, ceux qui vont trouver cela inapproprié et ceux qui vont dire que c'est de l'humour et donc ce n'est pas très grave.

C'était la première fois qu'on était confrontés à ce genre de cas, c'était surmédiatisé et on se demande encore aujourd'hui si on aurait pu mieux faire ou pas.

7- Pensez-vous que le corps de la femme soit utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et réfléchi de la part des entreprises ?

Il y a deux cas de figure. Il y a des jeux où c'est clairement un outil marketing. Il y a des jeux comme Senran Kagura, quand la pochette du jeu c'est ça (image ci-joint), si on n'est pas conscient que c'est un outil marketing il y a un problème. C'est des filles qui se tapent dessus et plus ça avance plus leurs habits se déchirent.

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Pour League of Legends il y a les standards de la beauté marketing actuelle avec la femme en 8, plantureuse en haut, avec des femmes bombées. Il y a surement des graphistes qui aiment dessinés ce genre de choses. Moi en tant que consommateur et même en tant que travailleur de cette industrie, il ne faut pas être dupe, Katarina fait vendre parce que même si c'est un assassin avec des dagues on lui met un costume de petit chat au lieu d'un masque devant la bouche. On pourrait lui cacher bien plus la peau en lui mettant une armure.

Un concurrent de LoL qui s'appelait Smite avait fait des skins pour ses personnages féminins qui étaient vraiment abusés, ultra sexy. Ça leur a été reproché même par la communauté parce que c'était excessif.

Oui c'est un outil marketing, tout le monde le sait mais dans les deux sens. Oui peut être qu'un mec préfère jouer un personnage féminin qui est le standard des clichés de beauté. Mais est-ce quand il joue un personnage masculin il n'apprécie pas jouer un personnage masculin super musclé, fort ? God of War ne serait surement pas pareil si Kratos n'était pas une masse de muscles. Même dans LoL, les personnages seraient peut-être moins appréciés s'ils étaient moches que ce soient des hommes ou des femmes.

Les personnages moches il n'y en a pas parce que ce n'est pas vendeur. Nathan Drake est un beau gosse. Les personnages impactants qui sont moches il n'y en a pas. Des héros d'aventure immondes il n'y en a pas ou alors c'est parce que tout le jeu est orienté comme cela. Gragas par exemple c'est un parti pris, c'est de l'humour et il en faut. Les gnomes dans WoW c'est pareil, ça fait rire les gens parce qu'ils n'ont aucune allure. Parce que c'est drôle de détruire ses adversaires avec un personnage hideux. Il y a un aspect trolling, provocation qu'engendre le PVP alors qu'en aventure solo on préfère avoir un personnage beau à regarder.

8- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?

Elle ne peut pas, elle doit. Quand il y a des mecs qui ban 5 supports devant une team féminine on devrait avoir des excuses publiques sur les réseaux. Ce genre de choses est encore trop banalisé, ça ne devrait même pas passer et même pas exister.

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Le problème des réseaux et du en ligne en général c'est que les gens sont vraiment extrêmement

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véhéments. Les gens se permettent des choses en ligne qu'ils ne se permettent jamais dans la vraie vie, sous couvert d'anonymat et de distance vis-à-vis de leur interlocuteur. Je me suis déjà retrouvé face à face avec des mecs qui m'avaient sorti des trucs abominables en ligne et qui se la fermait bien fort quand ils se trouvaient devant moi donc c'est assez comique.

On ne peut pas mettre toute la responsabilité sur les femmes. Alors certes il faut qu'elles s'imposent, qu'elles soient source de motivation mais la banalisation du sexisme, de la misogynie doit disparaitre et ça passe par reprendre toutes ces personnes qui se comportent d'une manière inappropriée. Ça passe notamment par les parents, par l'éducation, par les coachs, les personnes qui encadrent. Les joueurs sont souvent des mecs très jeunes et immatures qui ne se rendent pas compte de la portée que peuvent avoir leurs paroles. C'est à la structure de réagir et de mettre des sanctions.

Oui il faut qu'il y ait une responsabilisation des hommes. C'est le problème de tout le monde et ça doit aller dans les deux sens. Il faut que les femmes fassent leur part mais c'est surtout aux hommes de faire le pas.

Quand tu as une position d'influenceur c'est ton travail encore plus que n'importe qui d'autre d'agir et de réagir vis-à-vis de propos sexistes ou misogynes. Quand suffisamment de gens en auront conscience et feront les efforts c'est là que ceux qui ne font rien se feront lyncher parce qu'ils seront la minorité de personne à agir au contraire de tout le monde. Pour l'instant c'est encore la majorité.

9- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter ?

Une fois de plus, ce qui est compliqué c'est de savoir ce qui est acceptable en tant que réalisateur dans le média cultuel. Où est ce qu'on fixe la limite de ce qui est permis et moralement acceptable ou non.

Annexe 27 - Retranscription entretien Léa Mitteaux (Master marketing digital et communication, coprésidente de Bravens) - Noha Abdelmalki (Consultante en informatique, coprésidente de Bravens)

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Cet entretien a été réalisé avec les deux fondatrices de l'association esportive Bravens. Noha et

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Léa m'ont répondu chacune leur tour sur chaque question.

1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ? Pourquoi ?

L : Je suis actuellement en 4e année de master marketing digital et communication et alternante chargée de solution digitale et à côté de ça je suis co-présidente de notre association esportive qui a pour objective de promouvoir l'inclusivité au sein de l'esport mais aussi de professionnaliser les pratiques et son enseignement. Je suis aussi à la Lyon esport où j'aide au pôle sponsor et partenariat où je m'occupe de toutes les relations stand.

Je joue depuis que je suis toute petite, j'ai grandi avec un frère qui jouait beaucoup et j'ai toujours grandi en le regardant jouer. Je me suis mise à jouer très tôt, on a toujours été des tryharder avec mon frère. J'étais rarement sur un jeu pour juste y jouer, on regardait toujours sur internet pour avoir les persos les plus optimisés possible, les meilleurs trucs possibles. L'esport est venu plus tard, en 2015 avec League of Legends, et ça ne m'a jamais quitté. En grandissant je me suis rendue compte que je voulais vraiment m'investir dans l'esport parce qu'en tant que femme il y avait beaucoup de choses qui avaient besoin d'être corrigées. J'ai voulu m'investir dans l'esport et c'est pour ça que je suis avec Noha dans cette petite aventure.

N : Je m'appelle Noha j'ai 25 ans, je suis consultante en informatique, actuellement je suis business analyste. J'ai un master en ingénierie de l'informatique. Je suis dans les jeux vidéo depuis que je suis petite. J'ai des photos de moi ne sachant même pas parler mais avec une manette dans les mains. Mon père était un gros gamer sur des FPS et des jeux d'horreur. L'esport avant qu'on sache que ça existait j'avais déjà cet esprit de compétition contre mon père et mes frères pour m'améliorer. Mais pour vraiment jouer dedans c'est en 2015 avec la sortie de Rainbow VI.

Pour l'asso, il faut savoir qu'on est deux fan de la KCorp c'est pour ça qu'on s'est rencontré. On a commencé à parler de notre intérêt pour l'esport, de ce qu'on voulait faire pour l'esport et on s'est rendu compte qu'on était très complémentaires. Elle c'était plus l'inclusivité, et ça m'a vraiment intéressé parce que je me suis rendue compte que la transphobie, le sexisme c'est plus possible, on est plus au moyen âge.

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Ce qu'on voudrait faire c'est des centres de formation des joueurs, on veut aller aux antipodes de l'industrie qui bench pour un rien. On part du principe que si un joueur under-perform c'est qu'il y a eu un problème en amont et ce n'est jamais anodin.

L : Ce qu'on veut c'est accompagner des profils sur lequel on n'a pas forcément misé de base parce que dans l'esport on ne donne pas forcément une chance à tout le monde. C'est une industrie trop sectaire qui a du mal à se désacraliser, c'est une atmosphère toujours trop sectaire. Les chances sont toujours données aux mêmes personnes et il n'y a pas grand monde qui laisse leur chance aux autres. Il y a des profils qui pourraient grandir si on leur laissait une chance et les opportunités et c'est ce qu'on veut changer.

On veut accompagner la pratique surtout auprès des parents, créer une passerelle auprès des familles pour qu'elles se sentent rassurées et pour leur montrer que leurs enfants pratique cela dans un environnement sain, dans de bonnes conditions, entourés de personnes bienveillantes. On commence par la création d'équipe esportive inclusive, on a une joueuse belge qui a rejoint notre premier roster.

2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?

L : Au niveau des consommateurs déjà, de façon générale il y a des choses très problématiques, il y a des jeux c'est 90% de fan service. Un jeu vidéo est censé être un passe-temps comme un autre et là on a des détraqués qui utilisent les jeux comme lubie et comme fantasmes.

Ce qui me fait mal au coeur c'est de regarder le TikTok d'un cosplayeur pour se rendre compte du problème autour de la sexualisation des personnages de jeux vidéo. Il y a une déshumanisation, les gens ne se rendent pas compte des propos qu'ils peuvent tenir. C'est sur tous les plans, les gens qui créent les jeux, ceux qui jouent c'est des deux côtés qu'il y a un problème.

N : Cette sexualisation elle n'est pas que dans les jeux elle est aussi dans les mangas, les animés, les films. Il y a toujours une bombasse. C'est normal parce que elles aussi il faut les représenter mais le problème c'est qu'ils ne représentent pas plusieurs types de personnes, c'est toujours le même.

Je ne sais pas si je pète un câble ou quoi mais pour moi c'est sexualisé mais je n'arrive plus à

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voir le mal, je ne sais pas si c'est à cause de l'habitude. D'accord la tenue c'est abusé mais la plupart du temps les corps existent aussi dans la vraie vie donc je laisse couler.

C'est dommage mais ça ne me choque plus vraiment, je suis choquée par les paroles que les gens peuvent avoir et pour moi c'est plus aux gens de se contenir. Le fan service ça vient d'un besoin et d'une envie, ça rapporte de l'argent donc est ce qu'on peut en vouloir à ceux qui répondent au besoin ou à ceux qui appellent à ce besoin, qui recherchent ce genre de jeux ?

L : Si les éditeurs continuent à faire ce genre de jeux c'est que ça vient répondre à une demande, à un besoin et que ça leur rapporte de l'argent. On en vient à boycotter des jeux comme Horizon, parce que les gens créent un débat autour des poils du visage, pleins de mecs sont venus dire qu'à cause de ça ce n'est pas une vraie femme.

C'est là que je me dis qu'il y a un vrai problème et que je me demande s'ils ont déjà vu une vraie femme dans la vie. Les hommes ont boycotté le jeu parce qu'Aloy n'allait pas ressembler à une femme traditionnelle du jeu vidéo avec des grosses fesses et des gros seins parce qu'apparemment leur plaisir quand ils jouent à ce jeu c'est de voir ses attributs se balancer dans tous les sens. Il y a un super lore, une super histoire je ne comprends même pas comment ils peuvent s'attarder sur des trucs pareils.

N : Pour prendre une polémique encore plus grosse on peut parler de Rape Day et là dans ce cas précis, je pense qu'en plus de répondre au besoin de la clientèle je pense que ce qu'il s'est dit c'est que c'est un héros parce qu'il va empêcher des gens de le faire en vrai.

L : C'est un détraqué mental, c'est le genre de choses qui me fais me poser de grosses questions sur la société dans laquelle on vit. On sait qu'on ne va pas tuer des gens alors que le viol on sait que ça arrive, que c'est autour de nous. Dans le monde des jeux, le meurtre est banalisé. Sur Black Ops j'avais un peu peur avec les zombies mais maintenant je m'en fous, donc c'est une question de banalisation. Si on avait un jeu autour du viol qui sortait tous les 3 jours ça ne serait pas plus simple à accepter pour nous mais surement pour les générations futures.

3- De la même manière celui de l'esport ?

N : Pour moi, ce que je ne comprends pas c'était un sondage de WIG sur le nombre de femmes dans les jeux vidéo et sur le nombre de femmes qui y travaillent. On avait 50% de joueuses pour 22% de femmes qui y travaillent alors qu'à mon avis ce n'est pas l'envie qui manque.

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C'est dur de se faire une place et à compétences égales j'ai le sentiment qu'ils vont plus partir sur des hommes. De ce que nous on voit c'est vraiment compliqué, je ne sais pas s'il faudrait mettre un quota parce que ça serait surement hypocrite mais il faut surtout des gens qui se battent pour changer les cases, les moeurs. Avec notre initiative on se bats pour qu'un sexe ou un genre ou une orientation ne soit pas que des cases dans lesquelles on nous met et qu'avant de voir le sexe de la personne on doit voir ses compétences, ses soft skills, ses hard skills. Ce genre de choses on ne les choisit pas donc ça ne devrait pas être un frein.

L : C'est comme partout j'ai l'impression que la femme va être sexualisée peu importe le milieu dans lequel on est parce que c'est un problème de société et tant que la société ne change pas, tout ce qui découle de la société ne va bouger.

Le peu de femmes qu'on a dans l'esport, il y a énormément de dalleux autour. Il y avait eu un thread à l'époque en rapport avec une streameuse de LoL qui était « qui pour se masturber sur sa gueule ». Je n'arrive pas à concevoir ce genre de choses. Que ce soit jeux vidéo ou les femmes dans l'esport il y aura toujours des gens détraqués qui sont là pour nous rappeler qu'on est des femmes et qui nous voient comme un trou. J'ai l'impression que ça sera ça pendant un bon moment.

4- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour les hommes et les femmes ?

L : Pas du tout, il y a qu'à voir le top 500 des joueurs professionnels les mieux rémunérés au monde il n'y a qu'une femme dans le top 500. Des femmes qui jouent et qui jouent très bien il y en a énormément mais la lumière n'est jamais mise sur ces personnes parce que l'industrie du jeu est encore très misogyne et très centrée sur les hommes et la plupart des remarques c'est « tu es une fille, pourquoi tu joues », ce ne donne pas envie de pousser pour passer dans l'esport. Il y a pleins de femmes qui s'empêchent de jouer parce qu'elles ont peur de devoir subir des choses pas cool, pour moi il n'y a aucune égalité. Il n'y a pas assez de représentation. La représentation va être o faite au niveau des casters on en voit un peu plus, au niveau des scènes pro. Il y a des démarches mises en place au niveau des équipes féminines chez MCES ou Misfits mais ça reste des initiatives très rares et pas tellement mises en lumière.

N : Pour moi ce genre de roster ne devrait pas être mis en lumière, on devrait avoir des équipes mixtes. Pour moi si une team de 5 femmes ont le niveau j'ai aucun soucis avec ça mais il ne faut pas prendre des femmes juste pour faire de la figuration, si c'est juste pour dire « regardez on a un roster de filles » c'est un peu pour moi la même chose que de dire qu'il y a un roster

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d'hommes et un roster d'handicapés. Ça devrait être mixte et c'est tout.

L : Dans notre équipe, la fille qui nous a rejoint en tant que support le ressent bien parce que beaucoup d'équipes surfent sur cette vibe d'intégrer des femmes, d'inclusivité. Il y a des gens qui font des choses sur l'inclusivité parce que c'est à la mode mais ils ne se rendent pas compte de l'importance que ça a. Ce n'est pas juste une chose qu'on va faire pendant 3 mois puis s'arrêter parce que ça ne sera plus à la mode. On parle de la vie de gens, de vraies personnes et ce n'est pas juste une mode.

5- Pensez-vous qu'il existe des différences dans le rapport aux jeux entre les hommes et les femmes ? Si oui lesquelles ?

L : Dans la pratique oui, ça rejoint de ce qu'on a mentionné. Nous on ne s'est pas arrêté de jouer mais j'ai une amie qui a arrêté de jouer à Valorant parce qu'à chaque fois qu'elle rejoignait le chat vocal elle se faisait insulter. Il y a une appréhension de certaines femmes vis-à-vis du jeu vidéo parce qu'on est plus à même de recevoir des insultes gratuites qu'un homme sur les jeux en général.

N : Personnellement j'ai compris cela du côté des parents. De mon côté j'ai un père qui été très gamer et qui n'a pas fait de différences entre moi et mes frères mais par exemple au niveau de ma mère elle n'a jamais compris pourquoi je ne sortais pas parce que « tu es une fille donc pourquoi tu joues, tu es sensée sortir et te faire belle ». Moi le maquillage je suis loin d'être une pro et surtout pour moi je trouve ça trop dommage de le donner à un genre mais il y a des personnes qui sont encore dans le passé en fonction de l'éducation qu'ils ont eu et qui sont résistantes au changement.

Encore dans le foot je peux comprendre qu'on mette en avant des différences mais le jeu vidéo ne demande pas d'effort physique énorme, il faut bouger sa souris et ses doigts sur le clavier, c'est surtout au niveau du cerveau que ça se passe

6- Avez-vous déjà été victime d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?

L : Oui, beaucoup trop, vu que tout est en ligne, les gens n'ont aucun scrupule à lâcher leur venin parce qu'ils n'ont aucune chance d'être identifiés et encore moins que dans la vraie vie.

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Déjà dans la vraie vie le harcèlement est très rarement puni donc derrière un écran les gens n'hésitent pas à harceler et on le voit énormément.

Même sur Twitter par exemple, les dramas vont tellement vite que même des figures influentes ne se rendent pas compte qu'elles incitent au harcèlement parfois ciblé. Il y a un énorme problème dans le rapport à ça dans la sphère jeux vidéo parce qu'on a assisté à ça il n'y a pas si longtemps que ça.

N : J'ai l'impression qu'on se dit que l'esport est un domaine professionnel, un domaine qui doit se professionnaliser, un domaine dans lequel les gens vont être vus comme des pros mais derrière il y a des personnes qui ne se rendent pas compte de leur image et de leur influence. Il y a cet effet boule de neige sur les réseaux qui fait que ça part très vite : soit il n'y a rien qui se passe soit il y a tout qui se passe et c'est horrible. Les gens ne se rendent pas compte de leur influence.

Je suis une joueuse FPS. Je joue beaucoup à R6, je me suis faite ban définitivement parce que je me suis défendue. Au final je me suis racheté un autre compte mais le message est passé, « tu es une victime mais on s'en fous, tu as répondu donc tu es aussi coupable que l'agresseur ». Je peux comprendre mais j'ai mis du temps à comprendre surtout que j'avais demandé des explications et je n'en ai jamais eu.

C'est surtout sur Call of que je me mange des rafales où tu sens que tu n'as pas ta place, que si tu es une fille tu cheat, tu ne peux pas être une joueuse normale qui joue depuis qu'elle est petite, tu es déjà en train de cheat. « Avant tu faisais du 0/10 maintenant tu fais du 20/2 ce n'est pas possible, ce n'est pas celle que je connais ».

L : Un homme qui progresse on va lui dire qu'il est trop fort alors qu'une femme va tricher, va être boostée. On ne va jamais être félicitée parce qu'on progresse. J'ai vécu ce harcèlement durant 6 mois de stream sur LoL. Le stream était cool, je postais des petits tips sur TikTok aussi. Et il y a avait pas une seule vidéo sans 3 bouffons qui étaient là pour m'insulter, soit pour me dire que mes moves n'étaient que grâce à mes potes.

Quand j'ai commencé les ranked je jouais seule, je suis montée seule avec que des doubles promotions. Et je me suis faite insultée parce que j'ai réussi à faire quelque chose. Donc déjà il faut m'expliquer comment on peut tricher sur LoL et puis clairement j'étais là pour jouer

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tranquille. Et je me faisais insulter de fou, on m'a bien fait comprendre que je n'avais pas à être là en tant que femme. Il y en a qui sont très bienveillants et il y en a c'est le typique « la femme c'est à la cuisine », les gens croient que c'est une blague mais non pas du tout.

Pendant une partie sur lol, on jouait avec une amie, des gars nous ont ajouté parce qu'ils avaient aimé comment on jouait et ils nous ont demandé si on voulait vocal. A peine arrivées en vocal et qu'ils ont compris qu'on était des femmes qu'ils nous ont insultées, virées du discord et sur le moment je me suis dit que si on n'avait jamais parlé dans le channel vocal ils auraient continué à jouer avec nous.

Des trucs comme ça c'est hyper fréquent, quand j'en parle avec des potes qui stream c'est tout le temps. C'est quelque chose qui est trop banalisé, dans la tête de certains c'est juste normal de faire cela, ils n'arrivent même pas à se rendre compte que c'est du harcèlement.

N : Je me faisais tellement insulté que je me suis appelée « Lunch Maker » sur Call of. Je pensais que les gens allaient se calmer mais c'était encore pire, c'était une déferlante de haine. Je l'ai vécu avec les deux sexes, j'ai même vu des femmes harceler des hommes mais c'est très rare, c'est quasiment tout le temps des hommes. Avant je prenais mal les attaques quand c'était des hommes, maintenant je n'en ai plus rien à faire mais quand c'est une femme ça me fait mal parce qu'on devrait toutes être solidaires. Ce n'est quasiment jamais quelque chose de constructif. On est moins habitués à recevoir les critiques des femmes et ça fait vraiment mal.

L : C'est surtout des hommes qui vont venir prendre la tête aux femmes dans le jeu vidéo. On voit très bien des femmes parfois harceler aussi, c'est ce que j'appelle de la misogynie intériorisée. Chacun appelle ça comme il veut mais quand on voit certaines femmes tenir des propos avec leurs consoeurs je comprends pas le but de cracher sur une femme qui n'a rien demandé

Je n'arrive pas à comprendre que ça persiste comme cela, ça ne t'apporte rien de cracher sur quelqu'un qui ne te connait ni d'Adam ni d'Eve. On est moins habituées à recevoir des critiques des femmes parce que des critiques venant des hommes c'est quasiment une habitude, on en reçoit depuis notre plus jeune age.

7- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles subissent ? Et pourquoi ?

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N : Autant tout à l'heure je disais que je trouvais ça normal et banalisé qu'on sexualise les femmes dans les jeux après ça vient rejoindre d'autres problématiques. Pour certains le jeu c'est la réalité donc pour certains si tu n'as pas beaucoup de poitrine tu n'es pas une femme. Certains vont te harceler en ce sens. On est tous différents, on a des poitrines différentes, on a des cerveaux différents, on a des mains différentes, des épaules différentes.

Il faut arrêter d'être haineux, le corps de la femme n'a pas été créé pour un homme, pour plaire à un homme, il faut arrêter d'avoir autant d'intérêt pour le corps de la femme, c'est personnel et on en fait ce qu'on veut. Moi si je commence à avoir autant d'intérêt pour les attributs masculins je vais me faire envoyer balader très rapidement voir insulter.

L : Quand j'étais plus jeune ça me complexait beaucoup, comme je jouais beaucoup aux jeux j'ai grandi en voyant des corps que je n'avais pas. Je n'avais pas de représentation de moi et de mon corps quand j'étais petite et ça m'a beaucoup complexé quand j'étais petite surtout que j'ai fait face à des réflexions par rapport à mon corps comme quoi je n'avais pas un corps de femme. Les gens sont matrixés, ils ne comprennent pas que ce qu'on voit dans le jeu c'est loin d'être la réalité. Les personnes qui ont ce genre de corps c'est grâce à la chirurgie esthétique, moi je joue à Genshin Impact, personne ne ressemble à ça dans la vraie vie. Les gens sont complètement déconnectés de la réalité. C'est vraiment l'histoire d'Aloy qui m'a fait me rendre compte que les gens ne savent pas à quoi un réel humain ressemble. Pour moi c'est des gens ravagés, aveuglés par les jeux vidéo. Je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse être à ce point aveuglé par les jeux. C'est aussi un problème de société donc ça n'aide pas non plus.

8- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux et sa faible proportion dans le monde professionnel et les sphères de jeu à haut niveau ? Et pourquoi ?

L : Il y a une casteuse coréenne, Ashley Kang qui a mis énormément de temps à se faire une place dans l'esport et maintenant qu'elle y est, elle subit des rafles de commentaires haineux sur son apparence parce qu'elle n'est pas assez belle pour être casteuse et pour présenter l'esport. On parle de jeux vidéo donc si la personne est assez compétente pour parler de jeux, on est quand même là pour ça. Des hommes sur la scène esportive qui ressemblent à pas grand-chose il y en a beaucoup.

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On ne laisse pas du tout les mêmes chances en terme de beauté aux hommes et aux femmes. Si tu n'es pas un mannequin tu ne peux réussir en tant que femme alors que Ashley est vraiment quelqu'un qui fait un travail de vraiment bonne qualité. Le fait qu'après des années de travail les seules remarques soient sur le physique c'est blessant et ça ne donne pas envie aux autres d'essayer de se faire une place là-dedans.

9- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?

L : Nous on le fait à notre échelle, ça peut paraitre très dérisoire, mais sur la plupart des équipes LoL on intègre des joueurs directement après les essais. Nous on fait des entretiens pour savoir si les personnes qu'on a en face de nous sont dans une bonne dynamique et sont des personnes qui ont ce genre de choses dans leurs valeurs à savoir l'inclusivité, la tolérance. Plus on arrive à amener ces hommes qui qui veulent lutter pour faire avancer les mentalités c'est là qu'on peut faire quelque chose à notre échelle.

En faisant ce tri on crée une sphère d'évolution bienveillante avec des personnes qui sont sur des mentalités alignées et qu'ils sont prêts à être éduqués.

Au stade où on en est c'est une question de temps et de volonté. On ne va pas révolutionner le monde parce qu'il y aura toujours des idiots pour ne pas voir le problème et ne pas comprendre que c'est à eux de changer leur mode de pensée.

Il y a des mentalités qui ne se rendaient pas compte des problèmes soulevés par cette industrie et qui arrivent à y être sensibles en ayant juste une discussion. Il faut miser sur ces profils ouverts d'esprit, qui arrivent à saisir qu'il y a des problèmes. Il faut les accompagner dans cette démarche pour que eux aussi puissent transmettre ces valeurs à leur tour.

N : La représentation est vraiment importante. S'il y a beaucoup de femmes, de personnes qui n'ont pas peur de défendre leurs teamates féminins, je pars du principe que ça devrait bien se passer. Dans notre structure le plus important c'est l'entretien avec Léa et moi, c'est important de savoir ce qu'ils pensent notamment sur le fait d'avoir des teamates non binaires, féminins, savoir s'ils ont le même ADN que nous et que l'équipe.

Annexe 28 - Retranscription entretien Katherine Mailloux (Consultante marketing et associée chez le Gamer mentor)

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1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ? Pourquoi ?

Je suis Katherine Mailloux, j'ai deux occupations principales, je suis consultante marketing et associée avec mon copain dans l'entreprise le Gamer mentor, qui est un programme d'entrainement et d'accompagnement pour les adolescents qui jouent aux jeux vidéo. J'ai toujours eu les jeux vidéo dans ma vie, j'ai grandi avec des consoles de jeux sur la table du salon chez mes parents. Je n'ai jamais joué à des jeux en ligne ou compétitif, c'était plus des jeux comme Mario Kart.

Ça fait 2 ans qu'on a cette entreprise. Elle vient surtout de mon copain qui a beaucoup joué quand il était adolescent. Ses parents n'aimaient pas tellement ça, voulaient qu'il fasse autre chose donc il a voulu offrir les mêmes opportunités dans le jeux vidéo que dans le sport qui sont offertes aux jeunes qui en ont envie.

On se challengeait beaucoup jusqu'à arriver à une structure similaire au sport étude. Il y a de la pratique du jeu, on a voulu rajouter des ateliers obligatoires sur les jeux, sur les thématiques de vie. Il y a 12 jeux actuellement avec des coachs, on essaie aussi d'aborder des sujets qui vont leur parler en lien avec les jeux vidéo, sur par exemple « comment l'activité physique peut aider pour être meilleur aux jeux vidéo, entre les games ou avant pour stimuler le cerveau ». On leur parle de nutrition, de l'hydratation

On a bonifié cette idée au cours des mois avec des objectifs personnels, des objectifs dans le jeu. On focus beaucoup sur le développement personnel par le jeu vidéo plutôt que le développement de grand joueur professionnel. On veut qu'il y ait du plaisir, que ça leur fasse du bien.

Techniquement c'est mixte, ce n'est pas limité aux hommes mais par contre on a 100% d'hommes. Même dans les employés c'est tous des hommes sauf moi et notre graphiste. Dans les jeunes on a eu une fille. Quand on avait fait notre étude de marché on avait fait un sondage sur Facebook où on avait demandé à des jeunes de répondre, et la question qui est revenue de leur part c'était de savoir s'il pouvait y avoir des filles.

Les femmes ne pensent pas forcément avoir leur place là-dedans, on a même un endroit dans la FAQ où on en parle. Dans notre étude de marché c'est une fille qui a écrit cela en commentaire,

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comme quoi elle ne savait pas si elle aurait une place. Dans notre façon de fonctionner notre publicité est avant tout pour les parents qui vont inscrire leurs jeunes. La récemment on a eu une maman qui voulait inscrire sa fille et qui demandait s'il y avait d'autres filles.

Tout est 100% à distance donc on se parle tous sur discord. Je vais quand même plus vers les femmes directement pour leur dire que je suis là si elles ont besoin de parler et de se confier.

2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?

Oui mais il y a une nette amélioration. Rainbow VI a inclus un personnage trans dans les personnages qu'on peut choisir, il y a de plus en plus d'initiatives qui sont mises en place, de pouvoir choisir une femme ou un personne non binaire.

A la base ça caricaturise les stéréotypes hommes-femmes de la vie réelle notamment dans le choix des personnages. Après ça dépends vraiment des jeux, il y a des jeux ou on ne le ressent pas vraiment. Dans LoL, il y a des femmes toutes minces avec des gros seins mais d'autres vont être avec des proportions normales, comme de vrais humains. Les hommes quand ils jouent ne font pas forcément la distinction, ils jouent les champions mais pas pour le physique. Il y a quand même une belle représentation, avec beaucoup d'efforts réalisés ces dernières années. On est loin du cliché de Mario où il faut sauver la princesse

Ce n'est pas que ça ne l'est plus maintenant mais il y a des efforts qui sont faits de la part de nombreux compagnies de jeux vidéo pour inverser ce stéréotype. Après quand on voit des jeux comme GTA ça n'aide pas pour les stéréotypes quand on voit des femmes entrain de danser sur un bar en petite tenue.

Dans lol on a vraiment ce côté parité homme / femme / animal / monstre. Ce n'est pas concentré sur le fait de sauver la petite princesse, qui est vue comme un objet, on voit beaucoup plus les femmes comme des personnages importants à part entière.

Ce n'est plus un problème de jouer un personnage féminin, quand je prenais Peach sur Mario Kart parmi les 8 personnages, il n'y avait qu'une seule fille, c'était la petite princesse, donc c'était un peu la honte parce que ce n'était pas une héroïne comme les autres. Il y a aussi beaucoup plus de diversité, peut-être pas dans tous les jeux mais dans beaucoup d'entre eux.

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3- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour les hommes et les femmes ?

Non définitivement pas, il y a des efforts fait pour montrer que les femmes ont leur place en théorie mais en pratique c'est majoritairement un monde d'homme

Je ne sais pas vraiment pourquoi. Les statistiques montrent que les hommes jouent plus que les femmes, je ne sais pas si c'est quelque chose dans le cerveau qui fait qu'on accroche moins aux jeux vidéo, je ne sais pas si c'est une explication physiologique ou si c'est parce qu'elles sentent qu'elles n'ont pas leur place mais c'est sûr que les femmes dans les jeux en ligne vont se prendre des commentaires sexistes comme « retourne faire la vaisselle, faire la cuisine ».

De la même manière si tu es une femme sur Twitch tu vas recevoir des commentaires horribles alors que si tu es un homme c'est autre chose. Les hommes critiquent les femmes qui jouent, ils voient les femmes comme des objets sexuels et des objets de désir mais les femmes profitent parfois de ça comme avec les Hot Tub.

Les femmes peuvent se faire de l'argent parce qu'il y a des hommes pour consommer cela, pour débourser du cash mais ça peut venir discréditer l'image de la femme. On ne voit pas d'hommes faire des hot tub mais en même temps les femmes ne sont pas assez bêtes pour payer pour ça. C'est moins fun pour une femme d'être sur les jeux de manière générale en raison des commentaires sexuels ou des remarques qu'on peut recevoir. Si je jouais en ligne je pense que je mettrai un pseudo très neutre justement pour éviter ces commentaires.

4- Que pensez-vous des ligues féminines ?

Honnêtement je n'en connais pas vraiment. Mon avis c'est que si les femmes ne se sentent pas leur place avec les hommes, ne se sentent pas à l'aise en raison de leur comportement, ça en dit long.

De manière globale, il n'y a rien de physique ou de physiologique qui peut avantager les hommes par rapport aux femmes. Les femmes ont autant leur place que les hommes dans le jeu et peuvent aller aussi loin malheureusement on en voit très peu. Je trouve ça dommage si elles le font parce qu'elles sentent qu'elles n'ont pas leur place dans les ligues masculines ou mixtes. Une ligue 100% féminine peut exclure les gens parce que ça exclut les hommes. Donc ça peut envoyer encore un autre message de dire qu'il faut être un homme ou une femme pour avoir sa place dans une ligue et donc exclure les personnes ni binaires ou transsexuelles.

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5- Avez-vous déjà été victime d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?

Je ne joue pas vraiment en ligne mais si je jouais je mettrai un pseudo neutre. J'ai grandis avec des consoles donc quand j'allais dans des bars de jeu c'était avec des amis et puis je les battais tous donc je n'avais pas de reproches.

Après là avec l'entreprise je suis quand même plus en retrait, on met toujours mon copain en avant parce que ça parle plus d'avoir un homme en visage de l'entreprise. Je le ressens beaucoup quand on me dit « c'est l'entreprise de ton copain », les gens ne comprennent pas que je suis là, que je suis associée. C'est un choix parce que je ressens que j'ai moins ma place parmi ces 90% d'hommes à chaque évènement, chaque convention. Moi dans l'entreprise je suis plus le cerveau, la stratégie, je suis moins joueuse.

De plus, derrière les jeunes qui sont dans notre programme il y a toutes les mères qui gèrent cela et qui veulent le mieux pour leur enfant. Et c'est vrai que moi en tant que femme j'ai une stratégie marketing qui leur parle beaucoup plus. Je me sens moins à ma place dans les évènements gaming et jeux vidéo mais pas forcément juste parce que je suis une fille mais aussi parce que c'est l'atmosphère.

J'ai vu beaucoup de commentaires sur des lives Twitch très négatifs. L'autre jour j'étais dans une convention, et dès qu'une fille a eu le dos tourné tout le monde a commencé à parler d'elle parce qu'elle s'était créé un Only Fans en plus de son côté joueuse.

J'ai tellement peu vu de femmes dans le jeu que j'ai pu rarement constater ce genre de situations mais toutes les femmes que je connais qui jouent ou stream c'est que des commentaires d'hommes négatifs ou sexistes qui n'ont pas lieu d'être.

6- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles subissent ? Et pourquoi ?

Je pense que cela dépends des jeux en question. Si on prend l'exemple de League of Legends avec la série Arcane, les deux personnages principaux sont des femmes fortes, indépendantes, on ne voit pas d'inégalité avec les personnages masculins. Après la série, les statistiques ont

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