Annexe 24 - Retranscription entretien Sébastien
Hette (Fondateur de Reset XP)
1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre
implication dans le monde du jeu ?
Fondateur en 2020 de Reset XP, une startup
événementielle spécialisée dans le JV rétro.
Auparavant salarié 25 ans à la Fédération
Française de Tennis avec le poste de directeur opérationnel de la
Coupe Davis et de la Fed Cup de 2010 à 2019. 49 ans. Quel style de jeu
joué ? J'ai commencé par PONG début des années 80
et me suis arrêté à la PS1...avec FFVII, Tomb Raider, Metal
Gear Solid. Type de jeu préféré : action/aventure.
2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo
soit aujourd'hui un marché sexualisant ?
Pourquoi ? De moins en moins. Je suis très peu
l'actualité et ne joue pas donc à prendre avec des pincettes mais
ce que je perçois est qu'il existe, et qu'il y aura toujours des
personnages féminins hyper sexualisés, tout comme les personnages
masculins qui sont « bien foutus », beaux mecs, virils. Milieu des
années 90, Lara Croft et Snake. Mais il me semble qu'il y a de plus en
plus d'anti-héros ou de personnages à priori « banals »
qui vont avoir un destin extraordinaire (Last of us par ex.).
3- De la même manière celui de l'esport
?
Je ne crois pas que le marché de l'esport soit un
marché sexualisant. A contraire, il se développe avec les
nouvelles générations qui sont bien plus informées et
attentives aux sujets de société qui n'ont pas été
traitées avec suffisamment de volonté par les « vieux
». Par contre, la pratique de l'esport par les femmes, et notamment sa
pratique en compétition est très peu développée
(quelques % je crois). Mais il ne me semble pas que ce soit en raison d'une
représentation sexualisée ou d'un marché qui ne donne pas
sa place aux femmes. Là, pour le coup, je peux faire un parallèle
avec le sport. Les jeunes filles ont une moindre appétence pour la
pratique compétitive comparé aux garçons. C'était
le cas dans le tennis, 1ère fédération en termes de
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licenciées féminines mais dont le nombre de
joueuses de compétition (vs loisir) est bien inférieure, en
proportion, au ratio licenciés compétiteurs/loisir.
4- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour
les hommes et les femmes ?
Là-aussi, je vais répondre en faisant un
parallèle avec le sport. En termes de gouvernance, c'est clairement non.
Très peu de femmes sont présidentes de fédérations
et leur représentation dans les organes de décision est loin
d'être paritaire même si la parité s'applique dans la
plupart des comités de direction (qui sont plus des chambres
d'enregistrement que là où les décisions sont prises). Sur
l'organisation privé de la « boite » Fédération
Française de Tennis, j'ai pu constater pour le coup un vrai
progrès en une vingtaine d'année. Actuellement une DG et de
nombreuses directrices à des postes clés RIT, COM, DAF, direction
du tournoi de Roland-Garros depuis peu. Il me semble que l'industrie du JV est
aussi sur la voie du progrès avec des personnalités
féminines occupant des postes de 1er plan (SELL, Xbox et d'autres que
vous connaissez mieux que moi).
5- Que pensez-vous des ligues féminines et des
associations comme WIG ?
Essentielles tant que tous les combats n'auront pas
été gagné (parité, orientation vers les
métiers du JV, développement de la pratique compétitive,
Respect...).
6- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont
montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles
subissent ?
Certainement mais je ne pense pas que le JV soit, loin de
là, le 1er vecteur. Je pense à des clips et paroles de chansons
qui sont justes à gerber. Et pourtant, il y a du bon son dans tout
ça.
7- Pensez-vous que le corps de la femme soit
utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en
pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et
réfléchi de la part des entreprises ?
Sans parler du JV en particulier, difficile de le nier. Mais
je ne sais pas comment on peut gommer l'attractivité que procure la vue
d'une jolie femme ou d'un beau mec. Des films, des séries, des
chanteurs.ses, des produits marchands... sont aussi des succès parce que
« portés » par des « canons ».
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8- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine
puisse être acteur/trice pour changer les mentalités
vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?
Clairement oui et heureusement. Il faut certainement plus de
femmes aux postes de créations/production des jeux.
9- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter
?
Juste creuser le parallèle avec le monde du sport
peut-être et l'évolution que celui-ci a connu depuis une trentaine
d'années sur le sujet. Bonne étude et à dispo si vous avez
besoin d'éclaircissements.
Annexe 25 - Retranscription entretien Morgane Falaize
(Fondatrice de Minuit 12 / Présidente de Women In Games)
1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre
implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ?
Pourquoi ?
Je m'appelle Morgane Falaize, j'ai 40 ans je suis la
co-directrice et co-fondatrice d'une agence de communication qui s'appelle
Minuit 12, spécialisée dans l'univers du jeu vidéo. Depuis
moins d'un an je travaille en tant que directrice de WIG qui est une
association professionnelle qui oeuvre pour développer la mixité
dans les entreprises du jeu vidéo en France.
Je voulais répondre à un élan personnel
féministe, c'est quelque chose qui a commencé à s'animer
en moi il y a deux ou trois ans, notamment parce que je suis maman de deux
petites filles. Notamment aussi parce qu'il y a eu une affaire avec un
journaliste du Monde qui s'est avéré avoir envoyé des dick
picks non sollicitées à plus de 25 attachées de presse.
Quand on s'est rendu compte qu'on était nombreuses à être
concernées, qu'on avait toutes le même profil, qu'on avait toutes
un rapport d'autorité avec ce journaliste j'ai trouvé ça
assez scandaleux. Je ne voulais pas que mes filles grandissent dans un monde
où ce n'est pas grave de recevoir ce genre de photos.
J'étais déjà membre de WIG et quand
l'association a annoncé qu'il y aurait un renouvellement du conseil
d'administration je me suis dit que ça serait un très bon moyen
de faire quelque chose de vraiment concret pour l'industrie dans laquelle je
travaille au quotidien.
L'image de la femme dans les jeux vidéo
J'ai commencé à jouer assez jeune, tout d'abord
par des points and click puis je suis passée à des mondes ouverts
et aujourd'hui j'aime des jeux assez variés, j'aime
énormément Doom Eternal et j'ai adoré l'expérience
Grim qui est un jeu indépendant, très doux. En ce moment je joue
à Horizon Forbidden West, j'en suis à plus de 50 heures donc je
joue à un panel de jeux très varié.
2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo
soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?
Oui ça l'était, peut être que mon regard
est un peu biaisé parce que je cherche des contres exemples qui vont me
montrer qu'on a fait du chemin. Et le fait est qu'on a fait du chemin. On va
sortir une infographie avec WIG qui étudie l'évolution de la
représentation des femmes dans les jeux.
A l'origine les jeux étaient des produits faits pour
les hommes et marketés pour les hommes. Dans les salons de jeux comme
dans les salons automobiles on voyait beaucoup de « babes », des
femmes peu vêtues, présentes comme faire valoir pour attirer
l'oeil. Il n'y a aucun rapport avec la choucroute mais elles sont quand
même là pour vendre. Et ça par exemple il n'y en a plus
aujourd'hui, dans les salons de jeux vidéo ça n'existe plus donc
c'est une forme d'évolution. Par contre sur les campagnes marketings
notamment à la télé, on sent qu'il y a des efforts, ce
n'est pas encore ça.
On voit beaucoup plus de jeux familiaux qui sont
proposés et qui bénéficient de campagnes
télé comme les jeux Nintendo. On voit toute la famille qui joue,
parents, enfants. Ces jeux sont conçus pour intéresser tout le
monde mais ce n'était pas si évident que ça d'imaginer il
y a quelques années qu'une maman pourrait s'intéresser aux jeux
vidéo.
Les jeux FPS ne sont pas fait de base pour intéresser
tout le monde. Quand on voit comment est fait le contenu... Je parlais
d'Horizon, c'est une protagoniste principale, c'est une femme qui doit sauver
le monde donc elle a beaucoup de pression sur les épaules mais elle
n'est pas du tout sexualisée. Le jeu est hyper inclusif, il y a des
conflits entre les peuples mais ce n'est pas une question de races,
d'orientation sexuelle ou autre.
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Il faut faire une différence entre les jeux triple A donc
les jeux à très gros budget, comme The
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Last of Us ou Horizon et les jeux indépendants.
C'était l'objet de mon discours à la cérémonie des
Pégases, pour une Ellie ou une Aloy on n'a pas beaucoup d'autres
personnages à proposer. Dans la première catégorie, il y a
une héroïne pour combien d'hommes ? Dans les jeux indé on a
un peu plus de liberté, on peut aller sur des terrains qui sont peu
exploités par les éditeurs sur les jeux à fort budget. On
va avoir plus de diversité.
Si on veut de la quantité on va en trouver plus sur des
jeux indé. Dans Life is Strange on pouvait voir un personnage
transgenre, dans l'ensemble de leurs jeux il y a de la mixité, ils
essaient de proposer un panel de personnages vraiment diversifiés. C'est
un parti pris de leur part et pas juste un prétexte.
3- De la même manière celui de l'esport
?
L'accès à l'esport reste compliqué pour
les femmes aujourd'hui. L'accès aux jeux vidéo est encore
très différencié entre les jeunes garçons et jeunes
filles, ce qui fait qu'en terme de compétences il va falloir plus de
temps et plus d'acharnement pour qu'une fille ait un niveau correct, là
où le parcours de joueur d'un petit garcon va commencer plus tôt.
Un garcon va être encouragé, il va être orienté vers
des jeux plus compétitif tandis que la jeune fille va être plus
orientée vers des jeux casuals sans compétition voir des jeux sur
tablette dont on va se lasser au bout d'un moment.
En terme d'accès au jeu c'est plus compliqué
pour les filles, mais admettons que si on s'est acharnée et qu'on a
traversé la période du collège où on est la seule
de ses copines à jouer aux jeux vidéo on se retrouve
confrontée à des comportements et des remarques sexistes,
violentes, à du harcèlement en ligne. On le sait, 36% de femmes
utilisent un pseudo neutre ou un modificateur de voix pour qu'on ne sache pas
qu'elles sont des femmes en jeu donc c'est assez symptomatique.
La première joueuse pro sur Overwatch, elle avait
dû faire un stream pour montrer que c'était bien elle qui
contrôlait la manette comme si c'était peu probable qu'une fille
ait des compétences.
4- Que pensez-vous des ligues féminines ?
C'est un peu comme la question des quotas en entreprise, je ne
pense pas que c'est quelque
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chose de souhaitable de manière pérenne mais
c'est un bon moyen pour permettre aux femmes de s'entrainer, d'acquérir
une certaine confiance en elle, de se stabiliser, de se professionnaliser pour
pouvoir continuer de monter. Et encore, apparemment il y a certaines ligues
100% féminines où ça n'a pas été vraiment
bienveillants mais sur le papier je pense que c'est bien.
Si on mélange les hommes et les femmes, aujourd'hui il
y a très peu de femmes qui ont un niveau suffisant pour pouvoir
concurrencer les hommes. Si c'est un tournoi mixte les femmes vont rapidement
être écartées et c'est le problème.
On a peu de femmes dans l'esport, elles n'ont pas
forcément le niveau, elles ne sont pas médiatisées donc
elles n'ont pas de sponsor donc elles n'ont pas les moyens de développer
leur structure, c'est un peu un cercle vicieux. Alors qu'un circuit 100%
féminin permets quand même de se développer avec l'objectif
après d'aller en mixte.
C'est assez similaire avec le sport, pourquoi est-ce que le
foot féminin intéresse moins que le foot masculin ? Et encore
là il y a la question du physique parce que les hommes et les femmes ne
sont pas fait de la même manière donc il y a une réelle
différence qu'on a pas dans l'esport. La femme qui court le plus vite au
monde courra toujours moins vite que l'homme qui court le plus vite. Pour moi
avec le temps on peut arriver sur de l'égalité.
5- Que répondre aux personnes qui pensent que les
associations ne font pas avancer les choses ?
Je ne suis pas d'accord parce que chez WIG on a à coeur
de proposer tous les projets. On a des objectifs de sensibilisation des acteurs
de l'industrie, d'aider les femmes à développer leur
réseau et leurs compétences. On est passé de 15% de femmes
dans les studios en 2018 à 22% l'an dernier donc je ne pense pas qu'on
puisse dire que ça ne sert à rien, je ne fais pas tout ça
pour rien.
Tout dépend des associations mais nous par exemple on
discute aussi bien avec des entreprises, qu'avec d'autres associations, qu'avec
des femmes voulant entrer dans l'industrie ou qui y sont déjà,
avec des politiques, avec des syndicats, avec le CNC... Je pense qu'on met des
choses très concrètes en place.
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6- Avez-vous déjà été victime
d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de
convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?
Je ne l'ai pas vécu parce que je n'ai jamais voulu
jouer en ligne parce que je ne veux pas être confrontée à
des personnes ayant un meilleur niveau que moi et qui vont me critiquer parce
que je ne suis pas assez performante, pas assez rapide, pas assez
stratège, donc je préfère faire mon truc dans mon coin.
Sur des jeux mobiles j'ai rejoint des guildes ou des clans et
je crois que personne ne sait que je suis une fille sur Clash Royale et
ça se passe bien. Sur un autre jeu il y a eu beaucoup de bienveillance
de la part des autres membres mais la moyenne d'âge était de plus
de 35 ans, donc plus âgés que sur un Fortnite par exemple. Ils
étaient contents qu'il y ait une femme parce que c'est plus rare donc
dès qu'il y en a une ils la chouchoutent, ils l'aident à avancer
donc ça s'était vraiment très bien passé.
Mais je pense que ça dépends des jeux et de la
communauté, certains drivent une communauté plutôt toxique
et d'autres qu'on ne met pas assez en avant parce qu'ils ne sont pas
forcément assez connus et qui ont pourtant une communauté assez
bienveillante.
Dans mon entourage proche il n'y a pas de femmes qui jouent
à des jeux en ligne ou compétitifs. Je sais que ça existe
parce que par Women In Games on reçoit des témoignages de jeunes
filles harcelées, parce qu'il y a aussi le pole esport qui gère
cela avec son propre incubateur, donc on voit bien ce qu'il en est mais moi je
n'y suis pas confrontée directement.
7- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont
montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles
subissent ? Et pourquoi ?
Pour moi oui, j'ai lu « Le regard féminin »
de Iris Brey qui s'intéresse au cinéma et aux séries
télé et son analyse peut être tout à fait être
portée sur les jeux vidéo. J'ai discuté également
avec le conservatoire des images qui s'intéresse à la
portée des représentations dans les publicités, les
séries, les films et les jeux. Quand on s'intéresse à tout
ça on se rend compte qu'à force d'être abreuvée
depuis l'enfance de ces images, de cette conception du monde, de ces
interactions entre les personnes, ça nous semble normal et ça
devient notre réalité.
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A force de voir dans les films des femmes qui n'ont pas le
premier rôle, qui sont timides, qui vont être là pour aider
le personnage principal, qui vont être une récompense pour le
personnage principal, ça module d'une certaine façon, la
manière dont nous on va voir les femmes et dont on va percevoir la
manière de se comporter d'une femme.
Un truc très caractéristique c'est que chez WIG
on s'est amusé à intervertir les animations des personnages
masculins et féminins. On voyait Batman se déhancher avec la
démarche de Catwoman, d'une manière très langoureuse,
très appuyée. De la même manière, un personnage
masculin qui se roule sous la pluie parce que la pluie c'est vraiment
génial, c'est à ce moment-là qu'on s'est rendu vraiment
compte à quel point cela était ridicule mais pour tout le monde
c'est normal si c'est une femme.
On n'a pas l'habitude de voir les hommes comme ça donc
ça nous parait ridicule quand on voit un homme le faire. Dans la vraie
vie les femmes n'agissent pas comme cela mais c'est rentré dans
l'imaginaire collectif qu'une femme va vouloir séduire les hommes etc...
Si on avait plus de personnages masculins qui faisaient ce genre de choses
ça nous paraitrait peut-être moins bizarre aussi.
Il ne faudrait pas tomber dans de l'homophobie ordinaire, on a
pas l'habitude de voir un homme marcher de manière un peu
chaloupée, comme ça peut arriver dans la vraie vie. Ça
n'est pas forcement ridicule c'est juste qu'on a pas l'habitude le voir
représenté mais ce n'est pas pour cela que ça n'existe
pas.
C'est important de représenter le monde comme il est
aujourd'hui et non pas comme un miroir déformé. La
réalité c'est que oui il y a des personnes homosexuelles, trans,
racisées et toutes ces personnes ne sont pas représentées
dans nos jeux, films ou séries et donc on a l'impression que ça
n'existe pas parce qu'on ne les voit pas.
8- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux et sa faible proportion dans le monde
professionnel et les sphères de jeu à haut niveau ? Et pourquoi
?
Quand on ne se voit pas représentée ou mal, est
ce qu'on a vraiment envie de se confronter à des collègues qui
pensent que c'est normal de représenter une femme forcément en
string et
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forcément avec des gros seins ? Je pense qu'il y a des
gens qui ont un frein à cause de cela. L'industrie de la tech et des
jeux vidéo c'est l'une des industries où il y a le plus fort taux
de départ la première année, il y a 37% de femmes qui
quittent dès la première année. On peut peut-être se
demander pourquoi, est ce que c'est la manière de les accueillir, de les
prendre en compte, de les écouter, de les considérer ?
Est-ce qu'on a vraiment envie de participer à la
création de ce genre de produits ? Comme sont fait certains produits
ça ne donne pas envie aux femmes d'y participer. Et ça c'est sans
parler de toutes les histoires d'agressions sexuelles, de viols qui sont
remontées ces dernières années.
9- Pensez-vous que le corps de la femme soit
utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en
pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et
réfléchi de la part des entreprises ?
Quand ils le font c'est toujours un choix conscient, ils
savent très bien ce qu'ils font. Ils sortent de grandes écoles
pour le faire donc ce n'est pas du hasard. Pendant longtemps ça a pu
être un phénomène de reproduction de ce qui a pu être
fait avant par les ainés.
Pour ce qui est de l'utilisation du corps de la femme dans
les campagnes marketing, le dernier fait marquant c'est dans Lost Ark, quand le
personnage féminin court c'est avec les deux bras qui se balancent de
chaque côté comme si c'était un mime.
10- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine
puisse être acteur/trice pour changer les mentalités
vis-à-vis des femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?
C'est un sujet compliqué parce que je me rends compte
qu'à chaque fois qu'on veut détricoter n'importe quel sujet
autour de la perception des femmes, de la représentation de femmes ou
toutes les minorités (toutes les catégories de personnes sous
représentées donc en fait toutes les personnes qui ne sont pas
des hommes blancs hétérosexuels), eh bien on se rend compte qu'il
y a beaucoup de choses qui se jouent au niveau de l'éducation.
Il faudrait modifier la perception des gens pour leur dire que
leur manière de penser est nulle et qu'on ne peut pas estimer qu'une
catégorie de personnes est moins capable juste parce que ce sont des
femmes. Ce n'est pas normal de représenter une femme en
sous-vêtements juste parce que c'est ton plaisir à toi de mec et
quid des femmes qui sont représentées ?
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C'est un travail de pédagogie à plusieurs
niveaux. Je le vois au niveau de WIG, quand on voit nos partenaires entreprises
il y en a beaucoup qui s'intéressent au sujet, qui veulent le prendre en
main. Notre objectif n'est pas du tout de dire aux studios comment faire leurs
jeux, en revanche on se dit que ça va se faire de manière
organique du moment où on va avoir des équipes plus mixtes, plus
diversifiées, avec plus de femmes dans des postes à
responsabilités on aura un équilibrage qui va se faire plus
naturellement parce qu'on va avoir des red flags qui vont se dresser tout
naturellement. Il y aura quelqu'un pour dire qu'on ne peut pas agir et penser
comme cela, qu'on ne peut pas représenter les gens comme cela.
11- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter
?
Ce qui est intéressant quand on s'intéresse
à la représentation des femmes dans les jeux c'est
corrélé à la représentation des femmes dans les
équipes de développement dans les studios. Pour faire
évoluer la première il faut qu'il y ait la deuxième.
Annexe 26 - Retranscription entretien Alexandre Dachary
(Livestreaming & Video Content Creation)
1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre
implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ?
Pourquoi ?
Je m'appelle Alexandre Dachary plus connu en ligne sous le
pseudonyme de Dach, je travaille dans le monde du streaming et du jeu
vidéo au global depuis 11 ans maintenant.
Comme beaucoup de gamins j'ai découvert les jeux
vidéo très tôt. A l'époque, on était pas du
tout dans une génération ultra connectée comme on l'est
maintenant, il n'y avait pas un milliard de support pour jouer, soit on jouait
sur les ordinateurs soit les consoles dédiées. Et quand on fait
partie de la génération qui a connu l'avènement
d'internet, le jeu vidéo est un média très
intéressant qui a beaucoup évolué en très peu de
temps.
Moi j'ai commencé en tant que juste joueur, à
l'époque le simple fait d'avoir une interaction avec un univers virtuel
c'était génial. Aucun autre média ne permettait d'avoir ce
genre d'expérience. Moi j'aimais les histoires, il y avait une
interactivité vraiment unique. Assez vite je me suis
intéressé au processus créatif derrière les jeux et
je pense que j'ai tenu le discours de beaucoup de jeunes de vouloir travailler
dans les jeux. J'ai commencé à vraiment m'intéresser
à la vie dans les studios, j'ai été très
intéressé par l'aspect game design et producer. Le job de
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rêve pour moi c'est producer mais c'est difficile
à faire sans une dizaine d'années d'expérience dans un
autre domaine.
Donc je me suis orienté vers le game design et j'ai
fait des études de chef de projet multimédia
spécialisées dans le jeu vidéo. Ma formation portait sur
le management d'équipe avec une spécialisation game design pour
pouvoir avoir un minium de connaissance techniques pour la manager
correctement.
De 2009 à 2012 le marché du jeux vidéo
était beaucoup moins sexy que celui qu'on connait aujourd'hui. J'ai
connu l'explosion du marché indépendant qui était pendant
mes années d'études mais la plupart des projets intrigants
n'étaient pas spécialement en France, ailleurs en Europe ou aux
États-Unis ou au Japon. On devait faire des stages pour valider nos
masters, le streaming venait poindre son nez à ce moment-là avec
la tendance YouTube. J'ai été intrigué par cela, j'ai vu
une brèche et dans ma classe il y avait un mec très
intéressé par cela aussi.
On s'est dit qu'on allait faire du contenu et le porter sur
des lives dans la continuité de ce que faisaient Chips et Noa à
ce moment-là. On a fait ça à côté de nos
cours et pour nos stages on a eu des entrepreneurs intéressés
pour faire du contenu sur leur site. C'était les fondateurs d'Eclypsia
qui se lançaient à ce moment dans les chaines YouTube
dédiées. C'était un projet qui a été un
tremplin pour beaucoup de streameurs du marché français actuel.
C'est notamment là-bas que j'ai rencontré Zerator et quand il
s'est lancé en solo et que j'ai quitté Eclypsia à mon
tour, il m'a proposé de bosser avec lui.
2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo
soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?
Je suppose que oui. Encore aujourd'hui il y a beaucoup de
choses à faire avancer dans la bonne direction, il y a encore beaucoup
de mauvais reflexes. Beaucoup de choses ont changé en bien. Le jeu
vidéo au départ était un domaine un peu bafoué
pendant des années. A l'époque c'était fait par une niche
de passionnés pour une autre niche de passionnés. A la fin des
années 90, il y avait beaucoup de mécanismes usuels
utilisés dans les jeux qui sont aujourd'hui datés, vieux,
sexistes avec les débats actuels, ça pouvait être des trucs
tout bête.
Il y a une créatrice Anita Sarkeesian « Tropes vs.
Women in Video Games » qui avait fait une série de vidéos
sur la princesse à sauver, sur Lara Croft qui est une
héroïne et égérie de jeux vidéo mais qui
forcément a une grosse poitrine ou pleins d'autres produits qui sont
orientés là-
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dessus. Parce que pendant longtemps c'était un
mécanisme de vente dans le cinéma, dans les jeux, dans le
théâtre qui était usuel, facile, classique et contre
lesquels on ne s'est pas forcément battu.
Comme tous les marchés majoritairement masculins il y a
pleins de choses qui étaient légion, qui tendent à se
diversifier mais on le constate, il y a encore des efforts à faire, il y
a encore pleins de studios qui ont eu des problèmes pour du
harcèlement, dans le streaming il y a une banalisation du discours
très sexiste et misogyne et l'humour est toujours utilisé comme
une excuse facile pour justifier cela.
Et je ne vois surement que la partie immergée de
l'iceberg, nous à notre échelle je ne vois pas tout. Je ne sais
pas ce qu'il se passe ailleurs. Zerator est une personne très alerte sur
ce qu'il dit parce qu'il a conscience qu'il est très
médiatisé donc il n'hésite pas à reprendre les
invités s'ils font des remarques déplacées, même si
ça les affiche ou que ça leur fous la honte. Il fait attention
à avoir un discours respectueux pour tout le monde.
On a des équipes masculines et LGBT+, à une
époque on avait 70% de femmes, c'est quelque chose de très
improbable dans le monde du jeu mais c'était juste les meilleurs CV
qu'on a reçu. Chez nous c'est un problème qu'il n'y a pas,
après ça ne veut pas dire qu'on a jamais fait d'erreur. Je l'ai
constaté dans le streaming, c'est ce que je vois quand je regarde des
lives, quand j'entends des gens faire des émissions. Je sais que Ubisoft
a eu des problèmes avec du harcèlement sexuel, ils ont notamment
licencié des responsables. Si des femmes n'avaient pas eu le courage de
se liguer et de mettre ces choses-là en avant on ne l'aurait jamais su
alors que c'est des gens avec lesquels on travaille.
Dans tous les domaines où il y a eu des
problèmes, à partir du moment où il y a eu des mecs comme
Harvey Weinstein qui ont pu vivre leur vie sans que personne ne fasse rien je
me dis que tous les domaines où il y a de l'image et du faux semblant,
tous les problèmes ne sont pas remontés donc on ne voit jamais
tout ce qu'il se passe.
En jeu il y en a clairement. Le jeu vidéo est un
produit culturel donc il y a de tout, on va avoir des trucs classiques, comme
on peut avoir un roman d'aventure, de romance ou d'horreur on peut avoir des
jeux similaires. Et on peut avoir des jeux très sexualisés comme
Dead or Alive Beach Volley. Quand les gars en sont à travailler sur la
physique des poitrines des personnages pour que ça fasse du mouvement et
ça excite les gens qui achètent, on sait que le jeu est fait
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pour ça, faut pas se leurrer.
Dans tout ce qui est un produit culturel large, qui s'adresse
à un public en tout genre, il va forcément y avoir des
catégories dans lesquelles il y a des productions sexualisantes. Pour
moi ce n'est pas anormal, ça fait partie des jeux, si certaines
personnes veulent y jouer je ne vois pas pourquoi les hommes devraient se
priver de ça.
Il faut que ce soit assumé par les concepteurs. Il y a
des choses plus insidieuses notamment des éléments qui sont
sexualisées alors que ça ne devrait pas l'être. Ça a
été le cas dans les années 90, des jeux qui reposaient sur
des archétypes féminins clichés ou sur des blagues beaufs.
A mon sens c'est quelque chose qui disparait de plus en plus. On a bien plus de
personnages féminins qui sont mis en avant, qui sont forts, qui sont au
centre de l'histoire et j'ai vraiment l'impression de ne plus trop avoir ce
problème-là.
Ou alors c'est assumé, c'est fait pour vendre et
ça ne dénote pas d'une manière étrange. Par exemple
dans Lol, c'est techniquement des jeux tout public, après quand on
regarde leurs personnages féminins c'est toutes des femmes bien
gaulées selon la norme de beauté mondiale de même que les
hommes sont musclés et bien sculptés. Il y a peut-être une
ou deux exceptions volontaires faites pas les développeurs pour rigoler
comme Gragas ou Jinx. Est-ce que c'est fait exprès oui, est ce que
ça dénature le principe du jeu pour moi non. Mais pour
moi-même si c'est sexualisant ce n'est pas un problème.
Pour moi ça existe mais pas d'une manière
dérangeante, ça existe de plus en plus d'une « bonne
manière ». Ça me parait beaucoup plus difficile aujourd'hui
de le faire d'une manière malicieuse, grossière quand on voit les
équipes qui sont en charge du développement de ces jeux.
Aujourd'hui quand on a une équipe mixte, cet aspect de la femme soumise
on le voit beaucoup moins ou alors c'est qu'on a vraiment un directeur qui est
un tyran et qui ne tient compte de l'avis de personne.
Quand ça ne devient pas correct soit c'est qu'on hors
sujet par rapport au jeu soit il y a des codes comme le PEGI pour classifier le
jeu par type de contenu et de tranche d'âge. Tant qu'on a connaissance de
ce qu'est le produit final et qu'on n'est pas trompé par les
créateurs pour moi ça va. Si je joue à Super Mario et que
la Princesse Peach a une poitrine exubérante effectivement c'est hors
sujet. Par contre si je joue à Duke Nukem, je sais à quoi
m'attendre c'est un jeu violent et sexualisant. Est-ce que c'est sexualisant,
beaufs, oui mais c'est un jeu interdit aux
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moins de 18 ans donc les gens sont prévenus et savent
à quoi s'attendre. Ça évite aussi qu'une audience qui
n'est pas censé avoir accès à ce contenu n'y accède
pas ou alors plus difficilement. Pour moi on ne peut pas tromper son public
dans les jeux vidéo tout du moins au niveau de la classification.
Dans un jeu comme Rape Day, on dépasse certaines
limites oui mais là pour moi il y a une différence majeure. Le
jeu met en scène un crime de base. Toutes les plateformes de vente comme
Steam c'est une bénédiction pour les développeurs mais
ça laisse bien plus de liberté pour des dérives pareilles.
On peut plus facilement publier des choses qui ne devraient pas être
là parce qu'il y a énormément de contenu à
gérer. Il y a un premier souci c'est qu'on fait d'un crime un jeu.
Au-delà de ça, je ne connais pas le jeu, comment c'est
scénarisé, comment c'est justifié, est-ce qu'il y a un
intérêt quelconque ou est-ce que c'est simplement pour assouvir un
désir, est ce que c'est juste pour choquer une audience ou est ce qu'il
y a réellement une histoire à raconter derrière ?
Personnellement je ne trouve pas cela approprié et je
trouve que ça va trop loin mais pour le coup, s'il y a des mecs assez
fous pour développer cela c'est aux plateformes de réagir et de
modérer ce genre de contenu. La en effet c'est choquant parce que c'est
autour du viol et donc c'est normal de réagir comme cela mais par
exemple il y a des années, le jeu Man Hunt est sorti et ça n'a
choqué personne. Alors que ce sont des criminels de lourde peine qui
sont lâché dans une ville et qui sont là pour s'entretuer
sous couvert d'une émission de télé morbide. Et de la
même manière c'est criminel et abominable.
La question est de savoir jusqu'où on laisse passer la
violence. C'est comme les jeux où on peut démonter des gens avec
des tronçonneuses et où du sang gicle à longueur de temps.
Tout dépend d'où on situe la limite entre le crime, la
bienséance, les crimes « acceptables »
cinématographiquement parlant ou ceux qui vont trop loin... Chaque
produit doit être jugé au cas par cas, on ne peut pas faire des
généralités.
Il y a aussi un curseur personnel, on peut avoir les valeurs
de se dire « ok ça existe » mais ce n'est pas pour cela que le
contenu est normal, qu'il faut faire comme si de rien était et qu'il
faut le mettre dans les mains de n'importe qui. Je suis choqué de
l'exemple que tu me donnes et en même temps on a des choses qui vont
atteindre des sommets et pourtant on ne va pas forcément les supprimer,
c'est à chaque personne de se faire sa propre idée. Il y a une
part d'éducation, de
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libre arbitre, de sensibilité personnelle et de
pourquoi et comment on consomme un produit.
Le meurtre me choque aussi, quand j'ai vu le principe de Man
Hunt qui était de tuer des personnes de la manière la plus
violente possible je n'ai pas trouvé ça intéressant,
ça ne me parlait pas. Dans GTA il y a deux aspects. Le premier c'est le
scénario de base avec de la criminalité mais le but à la
base c'est d'être une satire du monde américain sur le banditisme.
Alors évidemment il y a des choses condamnables dans ce que font les
personnages mais en même temps c'est orienté sur des crimes et de
la manière dont c'est représenté dans le scénario
ça ne me choque pas. Comme le jeu laisse libre court aux joueurs de
faire ce qu'on veut c'est vrai que le passe-temps de beaucoup de monde c'est de
prendre une voiture volée et de tuer tout le monde. Mais ce n'est pas le
jeu de base c'est les gens qui font ces choix-là de manière
indépendante. Est-ce que la liberté qui est laissée est
malsaine ? Non je ne pense pas, aucun des amis que je connais qui jouait
à ça n'est devenu un adulte problématique, ils se sont
juste un jour défoulés sur un jeu.
La question est toujours de savoir où est ce qu'on
place le curseur, c'est de savoir qu'est ce qui est abject et ne devrait pas
exister ? Dès qu'on a un thriller on va avoir du vol, du meurtre, est ce
que sous prétexte que c'est un jeu et qu'il y a une interactivité
avec le joueur, on peut considérer ça plus problématique
que quand il est simple spectateur devant un film, moi je ne trouve pas.
Dans les jeux on fait quelque chose qui est illégal
dans la vraie vie, on en a conscience bien entendu mais un braquage par exemple
c'est quelque chose que je trouve amusant mais dans le cadre du jeu. On sait
qu'on est dans du virtuel, qu'on fait de mal à personne.
Un jeu comme Rape Day, s'il y avait un propos plus global, une
réflexion qui a du sens pourquoi pas. Mais si le seul but est la
violence, le viol je peine à comprendre l'utilité et à
comprendre comment certaines personnes peuvent être attirées par
ce genre de jeu. Il n'y a pas quelque chose qui englobe le propos, qui raconte
une histoire quelconque, qui vient sensibiliser. Quand c'est juste gratuit, je
ne comprends pas l'intérêt et je ne comprends pas comment cela
peut plaire à certaines personnes outre pour de la perversité
malsaine.
Je pense que oui malheureusement dans la société
actuelle, des crimes comme le meurtre sont beaucoup plus acceptés que
des crimes comme le viol. Dans de nombreux thrillers, des films de bastons, il
y a des gens tués tout le temps. Dans le divertissement c'est moins
choquant parce que c'est devenu banal, qu'on baigne là-dedans depuis
toujours.
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3- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour
les hommes et les femmes ?
Non je ne pense pas parce que c'est une industrie qui est
à l'heure actuelle trop masculine. Il y a encore des dérives
indirectes, il faut des femmes pour que tout cela s'équilibre.
Même si le jeu vidéo s'est généralisé comme
un média culturel de masse et que tout le monde y a accès, les
jeux vidéo restent un produit qui est plus mis en scène pour les
hommes. Ça tend à changer mais je pense que c'est toujours un peu
plus vendu comme quelque chose qui attire les hommes. Le jeu vidéo est
globalement un milieu très mal payé avec des perspectives
d'évolution quasiment inexistantes. Je ne pense pas que les femmes
soient freinées par l'aspect salaire mais le fait qu'il y ait peu de
perspectives d'évolution et le fait qu'il y ait moins de femmes
ça rebute un peu. Il faut aussi pouvoir encaisser l'ambiance qu'il peut
y avoir dans une équipe. Moi typiquement j'ai des amis filles qui jouent
des roles clés que je serai incapable de jouer. L'argument de dire que
les femmes doivent jouer support je le trouve pourri.
4- Que pensez-vous des ligues féminines ?
Pour l'instant on n'a pas eu d'équipe féminine
à haut niveau, on a pas de raison apparente qui fait que les femmes sont
moins bonnes que les hommes aux jeux. Est-ce que c'est parce qu'elles sont
moins fortes, que le coaching est moins bon, que l'environnement est moins bon
?
Est-ce qu'il faudrait des ligues féminines distinctes
? Je ne sais pas parce qu'effectivement on a pas la même situation que
dans le sport où il y a des différences au niveau physique. Mais
il y a vraiment des femmes extrêmement fortes et je n'arrive pas à
savoir si c'est un manque d'accessibilité terrible ou
d'intérêt vraiment pour le milieu. J'ai hâte de voir des
équipes complètes de femmes terrasser des équipes d'hommes
et pour le moment ça peine à arriver.
5- Avez-vous déjà été victime
d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de
convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?
Que j'ai vécu et que j'ai constaté dans mon
milieu oui. Je l'ai vécu beaucoup à Eclypsia parce que parmi la
gérance de la société il y avait des profils
problématiques notamment au niveau du comportement que les gens
pouvaient avoir envers les femmes. Je pense que l'un de mes supérieurs
était macho et sexistes dans ses relations personnelles mais au niveau
professionnel il voulait un peu être le male alpha de la tribu. A
l'époque quand je bossais à bas, on était un petit groupe
de personne donc on avait vite fait le tour des gens travaillant dans
l'établissement.
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Et ce gars-là avait cette manie de faire une chasse
gardée au niveau de toutes les femmes de l'entreprise. Je l'ai vu
beaucoup faire du harcèlement moral vis-à-vis des autres hommes
qui avaient le malheur de se rapprocher des femmes. Je l'ai vu frapper, menacer
des gens, aller bien trop loin par rapport à un cadre professionnel. Et
je pense que c'est allé jusqu'au harcèlement sexuel sur certaines
femmes mais ça je n'y ai pas assisté.
Pour le coup, dans l'expérience que j'ai eu du
streaming je ne trouve pas trop. Il y a plusieurs choses : les streamers, les
équipes et les viewers. Globalement entre équipes et streamers,
même si on manque encore de filles en terme de ratio parce que le monde
du jeu est encore très masculin, malgré tout c'est un domaine qui
s'est assez diversifié, toutes les femmes ont l'air d'être
contente d'être là.
Par contre je trouve que les problèmes viennent du
discours ou de la communauté. La personne qui est regardée est un
peu vue comme un gourou et se doit d'avoir un discours et un comportement
correct. Il y a un dicton qui dit « On a la communauté qu'on
mérite ». C'est assez vrai parce que si le streamer ne se comporte
pas bien, insulte souvent, fait des blagues sexistes, la communauté va
régir pareil. Dès qu'on laisse la porte ouverte à
ça, on laisse la porte ouverte pour toute la communauté. Comme
ça reste un milieu plus masculin, par banalisation du discours ou par
habitude, il y a encore des mecs qui banalisent des vannes sexistes. C'est de
l'abus de langage, ils ne pensent pas à mal mais c'est là et il
faut le corriger. Ce n'est pas le plus gros du problème mais c'est
là. Quand on banalise ça devant des milliers de personnes c'est
un problème.
Le problème c'est que c'est un apprentissage. On veut
changer une norme culturelle qui a été la norme pour de
nombreuses personnes pendant plusieurs années. Quand j'étais
petit « pd » était une insulte alors que non c'est juste un
aspect de vie.
6- Retour sur la situation entre Inoxtag et Ultia lors du
Zevent
C'est décrié oui mais il y a pleins de raisons
à cela. Ce qu'il faut savoir avec le Zevent c'est que c'est un
évènement qui a grossi énormément, bien plus qu'on
aurait pu l'anticiper à la base, mais paradoxalement l'équipe qui
gère la chose n'a pas vraiment changé. On est vraiment 5 au
maximum à organiser. Donc on n'est pas nombreux non plus à la
gestion des crises.
La source du succès de l'évènement c'est
qu'il y a des lives en direct de la part de toutes les
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personnes invitées. Avec 55 personnes en live il y a du
contenu très varié donc on est sûrs que n'importe quel
spectateur va trouver un contenu qui lui plait, va rester et va potentiellement
donner pour l'association du moment.
On part du principe que les personnes qu'on invite sont des
professionnels et savent très bien comment se comporter. Ils connaissent
les règles de fonctionnement et ils savent les propos à tenir. Et
avant l'année dernière et ce qui est arrivé avec Inox qui
a 19 ans il n'y avait jamais eu de problèmes. Je ne veux pas pointer du
doigt son age mais ça peut entrer en considération. Quand ils
sont 55 en live c'est pas toujours facile de réagir en direct parce que
déjà il faut le voir. Les deux gérants de
l'évènement c'est Zerator et moi et lui est souvent en live. Donc
pour lui ce n'est pas évident de réagir parce que s'il est en
live il ne peut pas voir ce qu'il se passe sur les lives de tous les autres. Je
n'ai pas la prétention de pouvoir suivre tous les lives et pas de bol,
le problème avec Inox est arrivé pile quand je suis passé
dans le direct de Joueur du Grenier. Donc le premier problème c'est que
Zerator et moi étions occupé à ce moment-là. Il y
avait des gens de Twitch mais ils n'ont pas réagi, parce que pour eux
c'était à nous de réagir. Ensuite qu'elles étaient
les réactions possibles ? Soit aller le voir en live pour lui faire des
reproches mais forcement c'est pas géré avec sang-froid donc
ça va créer un drama énorme. Derrière lui il a
toute sa communauté donc je vais me faire insulter, ça va prendre
des proportions énormes et ça va faire une pub nulle pour
l'évènement. Donc est ce qu'on doit amplifier le scandale ou
plutôt réagir en backstage pour lui demander ce qu'il
s'était passer, pourquoi il avait agi comme ça.
Donc lui derrière, pourquoi il a agi comme ça ?
Parce que derrière il connaissait la femme en question, elle savait
pourquoi elle était là, que même si elle ne comprend pas
tout elle sait qu'elle est là pour mettre en avant sa
notoriété. Lui l'a reconnu et a vu que ça pouvait
être mal pris parce que pour lui c'était une amie donc ils
étaient en train de rigoler ensemble. Il a réalisé que les
gens ne le connaissent pas, que les gens le prennent pour un misogyne et ils
ont raison parce que les propos qu'il a tenu n'étaient pas corrects.
Je suis surtout allée voir Ultia parce qu'elle s'est
élevée contre le fait qu'il avait le record de vues sur « un
contenu de merde ». Elle regrette aussi parce qu'elle a été
très impulsive mais elle a eu raison de s'insurger contre un contenu
comme cela. C'est dans la manière de l'avoir fait que ça a
posé problème. Mais le fait est que comme c'est elle qui en
s'insurgeant se prenait une vague de harcèlement et d'insultes sur les
réseaux, je suis d'abord allé la voir elle pour voir
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comment elle voulait qu'on réagisse.
Ils ont fait un live ensemble où elle lui a
expliqué pourquoi elle avait réagi comme ça, lui a
complètement ravalé sa fierté en s'excusant donc il a
vraiment bien réagi. C'est elle qui a choisi de ne pas en parler au nom
du Zevent parce que pour elle ça allait être pire, ça
allait amplifier la chose auprès de ceux qui n'en avaient pas entendu
parler et au niveau des médias.
Le dernier problème c'était au niveau de la
communauté d'Inoxtag parce que c'est vraiment des personnes immatures
donc c'est ça qui nous a fait le plus peur. Comme lui aussi a ce
côté assez impulsif et infantile, ça encourage sa
communauté. Quand on est pas en position de force, on
réfléchit à deux fois avant d'agir parce que si on se
prend le retour de bâton on ne peut pas toujours l'encaisser. Il y a
toujours deux camps, ceux qui vont trouver cela inapproprié et ceux qui
vont dire que c'est de l'humour et donc ce n'est pas très grave.
C'était la première fois qu'on était
confrontés à ce genre de cas, c'était
surmédiatisé et on se demande encore aujourd'hui si on aurait pu
mieux faire ou pas.
7- Pensez-vous que le corps de la femme soit
utilisé comme outil marketing pour faire vendre davantage ? Si oui qu'en
pensez-vous ? Pensez-vous que ce soit un choix volontaire et
réfléchi de la part des entreprises ?
Il y a deux cas de figure. Il y a des jeux où c'est
clairement un outil marketing. Il y a des jeux comme Senran Kagura, quand la
pochette du jeu c'est ça (image ci-joint), si on n'est pas conscient que
c'est un outil marketing il y a un problème. C'est des filles qui se
tapent dessus et plus ça avance plus leurs habits se
déchirent.
L'image de la femme dans les jeux vidéo
Pour League of Legends il y a les standards de la
beauté marketing actuelle avec la femme en 8, plantureuse en haut, avec
des femmes bombées. Il y a surement des graphistes qui aiment
dessinés ce genre de choses. Moi en tant que consommateur et même
en tant que travailleur de cette industrie, il ne faut pas être dupe,
Katarina fait vendre parce que même si c'est un assassin avec des dagues
on lui met un costume de petit chat au lieu d'un masque devant la bouche. On
pourrait lui cacher bien plus la peau en lui mettant une armure.
Un concurrent de LoL qui s'appelait Smite avait fait des skins
pour ses personnages féminins qui étaient vraiment abusés,
ultra sexy. Ça leur a été reproché même par
la communauté parce que c'était excessif.
Oui c'est un outil marketing, tout le monde le sait mais dans
les deux sens. Oui peut être qu'un mec préfère jouer un
personnage féminin qui est le standard des clichés de
beauté. Mais est-ce quand il joue un personnage masculin il
n'apprécie pas jouer un personnage masculin super musclé, fort ?
God of War ne serait surement pas pareil si Kratos n'était pas une masse
de muscles. Même dans LoL, les personnages seraient peut-être moins
appréciés s'ils étaient moches que ce soient des hommes ou
des femmes.
Les personnages moches il n'y en a pas parce que ce n'est pas
vendeur. Nathan Drake est un beau gosse. Les personnages impactants qui sont
moches il n'y en a pas. Des héros d'aventure immondes il n'y en a pas ou
alors c'est parce que tout le jeu est orienté comme cela. Gragas par
exemple c'est un parti pris, c'est de l'humour et il en faut. Les gnomes dans
WoW c'est pareil, ça fait rire les gens parce qu'ils n'ont aucune
allure. Parce que c'est drôle de détruire ses adversaires avec un
personnage hideux. Il y a un aspect trolling, provocation qu'engendre le PVP
alors qu'en aventure solo on préfère avoir un personnage beau
à regarder.
8- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse
être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des
femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?
Elle ne peut pas, elle doit. Quand il y a des mecs qui ban 5
supports devant une team féminine on devrait avoir des excuses publiques
sur les réseaux. Ce genre de choses est encore trop banalisé,
ça ne devrait même pas passer et même pas exister.
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Le problème des réseaux et du en ligne en
général c'est que les gens sont vraiment extrêmement
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véhéments. Les gens se permettent des choses en
ligne qu'ils ne se permettent jamais dans la vraie vie, sous couvert d'anonymat
et de distance vis-à-vis de leur interlocuteur. Je me suis
déjà retrouvé face à face avec des mecs qui
m'avaient sorti des trucs abominables en ligne et qui se la fermait bien fort
quand ils se trouvaient devant moi donc c'est assez comique.
On ne peut pas mettre toute la responsabilité sur les
femmes. Alors certes il faut qu'elles s'imposent, qu'elles soient source de
motivation mais la banalisation du sexisme, de la misogynie doit disparaitre et
ça passe par reprendre toutes ces personnes qui se comportent d'une
manière inappropriée. Ça passe notamment par les parents,
par l'éducation, par les coachs, les personnes qui encadrent. Les
joueurs sont souvent des mecs très jeunes et immatures qui ne se rendent
pas compte de la portée que peuvent avoir leurs paroles. C'est à
la structure de réagir et de mettre des sanctions.
Oui il faut qu'il y ait une responsabilisation des hommes.
C'est le problème de tout le monde et ça doit aller dans les deux
sens. Il faut que les femmes fassent leur part mais c'est surtout aux hommes de
faire le pas.
Quand tu as une position d'influenceur c'est ton travail
encore plus que n'importe qui d'autre d'agir et de réagir
vis-à-vis de propos sexistes ou misogynes. Quand suffisamment de gens en
auront conscience et feront les efforts c'est là que ceux qui ne font
rien se feront lyncher parce qu'ils seront la minorité de personne
à agir au contraire de tout le monde. Pour l'instant c'est encore la
majorité.
9- Un mot de la fin, quelque chose à ajouter ?
Une fois de plus, ce qui est compliqué c'est de savoir
ce qui est acceptable en tant que réalisateur dans le média
cultuel. Où est ce qu'on fixe la limite de ce qui est permis et
moralement acceptable ou non.
Annexe 27 - Retranscription entretien Léa Mitteaux
(Master marketing digital et communication, coprésidente de Bravens) -
Noha Abdelmalki (Consultante en informatique, coprésidente de
Bravens)
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Cet entretien a été réalisé avec les
deux fondatrices de l'association esportive Bravens. Noha et
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Léa m'ont répondu chacune leur tour sur chaque
question.
1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre
implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ?
Pourquoi ?
L : Je suis actuellement en 4e année de master
marketing digital et communication et alternante chargée de solution
digitale et à côté de ça je suis
co-présidente de notre association esportive qui a pour objective de
promouvoir l'inclusivité au sein de l'esport mais aussi de
professionnaliser les pratiques et son enseignement. Je suis aussi à la
Lyon esport où j'aide au pôle sponsor et partenariat où je
m'occupe de toutes les relations stand.
Je joue depuis que je suis toute petite, j'ai grandi avec un
frère qui jouait beaucoup et j'ai toujours grandi en le regardant jouer.
Je me suis mise à jouer très tôt, on a toujours
été des tryharder avec mon frère. J'étais rarement
sur un jeu pour juste y jouer, on regardait toujours sur internet pour avoir
les persos les plus optimisés possible, les meilleurs trucs possibles.
L'esport est venu plus tard, en 2015 avec League of Legends, et ça ne
m'a jamais quitté. En grandissant je me suis rendue compte que je
voulais vraiment m'investir dans l'esport parce qu'en tant que femme il y avait
beaucoup de choses qui avaient besoin d'être corrigées. J'ai voulu
m'investir dans l'esport et c'est pour ça que je suis avec Noha dans
cette petite aventure.
N : Je m'appelle Noha j'ai 25 ans, je suis consultante en
informatique, actuellement je suis business analyste. J'ai un master en
ingénierie de l'informatique. Je suis dans les jeux vidéo depuis
que je suis petite. J'ai des photos de moi ne sachant même pas parler
mais avec une manette dans les mains. Mon père était un gros
gamer sur des FPS et des jeux d'horreur. L'esport avant qu'on sache que
ça existait j'avais déjà cet esprit de compétition
contre mon père et mes frères pour m'améliorer. Mais pour
vraiment jouer dedans c'est en 2015 avec la sortie de Rainbow VI.
Pour l'asso, il faut savoir qu'on est deux fan de la KCorp
c'est pour ça qu'on s'est rencontré. On a commencé
à parler de notre intérêt pour l'esport, de ce qu'on
voulait faire pour l'esport et on s'est rendu compte qu'on était
très complémentaires. Elle c'était plus
l'inclusivité, et ça m'a vraiment intéressé parce
que je me suis rendue compte que la transphobie, le sexisme c'est plus
possible, on est plus au moyen âge.
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Ce qu'on voudrait faire c'est des centres de formation des
joueurs, on veut aller aux antipodes de l'industrie qui bench pour un rien. On
part du principe que si un joueur under-perform c'est qu'il y a eu un
problème en amont et ce n'est jamais anodin.
L : Ce qu'on veut c'est accompagner des profils sur lequel on
n'a pas forcément misé de base parce que dans l'esport on ne
donne pas forcément une chance à tout le monde. C'est une
industrie trop sectaire qui a du mal à se désacraliser, c'est une
atmosphère toujours trop sectaire. Les chances sont toujours
données aux mêmes personnes et il n'y a pas grand monde qui laisse
leur chance aux autres. Il y a des profils qui pourraient grandir si on leur
laissait une chance et les opportunités et c'est ce qu'on veut
changer.
On veut accompagner la pratique surtout auprès des
parents, créer une passerelle auprès des familles pour qu'elles
se sentent rassurées et pour leur montrer que leurs enfants pratique
cela dans un environnement sain, dans de bonnes conditions, entourés de
personnes bienveillantes. On commence par la création d'équipe
esportive inclusive, on a une joueuse belge qui a rejoint notre premier
roster.
2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo
soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?
L : Au niveau des consommateurs déjà, de
façon générale il y a des choses très
problématiques, il y a des jeux c'est 90% de fan service. Un jeu
vidéo est censé être un passe-temps comme un autre et
là on a des détraqués qui utilisent les jeux comme lubie
et comme fantasmes.
Ce qui me fait mal au coeur c'est de regarder le TikTok d'un
cosplayeur pour se rendre compte du problème autour de la sexualisation
des personnages de jeux vidéo. Il y a une déshumanisation, les
gens ne se rendent pas compte des propos qu'ils peuvent tenir. C'est sur tous
les plans, les gens qui créent les jeux, ceux qui jouent c'est des deux
côtés qu'il y a un problème.
N : Cette sexualisation elle n'est pas que dans les jeux elle
est aussi dans les mangas, les animés, les films. Il y a toujours une
bombasse. C'est normal parce que elles aussi il faut les représenter
mais le problème c'est qu'ils ne représentent pas plusieurs types
de personnes, c'est toujours le même.
Je ne sais pas si je pète un câble ou quoi mais
pour moi c'est sexualisé mais je n'arrive plus à
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voir le mal, je ne sais pas si c'est à cause de
l'habitude. D'accord la tenue c'est abusé mais la plupart du temps les
corps existent aussi dans la vraie vie donc je laisse couler.
C'est dommage mais ça ne me choque plus vraiment, je
suis choquée par les paroles que les gens peuvent avoir et pour moi
c'est plus aux gens de se contenir. Le fan service ça vient d'un besoin
et d'une envie, ça rapporte de l'argent donc est ce qu'on peut en
vouloir à ceux qui répondent au besoin ou à ceux qui
appellent à ce besoin, qui recherchent ce genre de jeux ?
L : Si les éditeurs continuent à faire ce genre
de jeux c'est que ça vient répondre à une demande,
à un besoin et que ça leur rapporte de l'argent. On en vient
à boycotter des jeux comme Horizon, parce que les gens créent un
débat autour des poils du visage, pleins de mecs sont venus dire
qu'à cause de ça ce n'est pas une vraie femme.
C'est là que je me dis qu'il y a un vrai
problème et que je me demande s'ils ont déjà vu une vraie
femme dans la vie. Les hommes ont boycotté le jeu parce qu'Aloy n'allait
pas ressembler à une femme traditionnelle du jeu vidéo avec des
grosses fesses et des gros seins parce qu'apparemment leur plaisir quand ils
jouent à ce jeu c'est de voir ses attributs se balancer dans tous les
sens. Il y a un super lore, une super histoire je ne comprends même pas
comment ils peuvent s'attarder sur des trucs pareils.
N : Pour prendre une polémique encore plus grosse on
peut parler de Rape Day et là dans ce cas précis, je pense qu'en
plus de répondre au besoin de la clientèle je pense que ce qu'il
s'est dit c'est que c'est un héros parce qu'il va empêcher des
gens de le faire en vrai.
L : C'est un détraqué mental, c'est le genre de
choses qui me fais me poser de grosses questions sur la société
dans laquelle on vit. On sait qu'on ne va pas tuer des gens alors que le viol
on sait que ça arrive, que c'est autour de nous. Dans le monde des jeux,
le meurtre est banalisé. Sur Black Ops j'avais un peu peur avec les
zombies mais maintenant je m'en fous, donc c'est une question de banalisation.
Si on avait un jeu autour du viol qui sortait tous les 3 jours ça ne
serait pas plus simple à accepter pour nous mais surement pour les
générations futures.
3- De la même manière celui de l'esport
?
N : Pour moi, ce que je ne comprends pas c'était un
sondage de WIG sur le nombre de femmes dans les jeux vidéo et sur le
nombre de femmes qui y travaillent. On avait 50% de joueuses pour 22% de femmes
qui y travaillent alors qu'à mon avis ce n'est pas l'envie qui
manque.
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L'image de la femme dans les jeux vidéo
C'est dur de se faire une place et à compétences
égales j'ai le sentiment qu'ils vont plus partir sur des hommes. De ce
que nous on voit c'est vraiment compliqué, je ne sais pas s'il faudrait
mettre un quota parce que ça serait surement hypocrite mais il faut
surtout des gens qui se battent pour changer les cases, les moeurs. Avec notre
initiative on se bats pour qu'un sexe ou un genre ou une orientation ne soit
pas que des cases dans lesquelles on nous met et qu'avant de voir le sexe de la
personne on doit voir ses compétences, ses soft skills, ses hard skills.
Ce genre de choses on ne les choisit pas donc ça ne devrait pas
être un frein.
L : C'est comme partout j'ai l'impression que la femme va
être sexualisée peu importe le milieu dans lequel on est parce que
c'est un problème de société et tant que la
société ne change pas, tout ce qui découle de la
société ne va bouger.
Le peu de femmes qu'on a dans l'esport, il y a
énormément de dalleux autour. Il y avait eu un thread à
l'époque en rapport avec une streameuse de LoL qui était «
qui pour se masturber sur sa gueule ». Je n'arrive pas à concevoir
ce genre de choses. Que ce soit jeux vidéo ou les femmes dans l'esport
il y aura toujours des gens détraqués qui sont là pour
nous rappeler qu'on est des femmes et qui nous voient comme un trou. J'ai
l'impression que ça sera ça pendant un bon moment.
4- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour
les hommes et les femmes ?
L : Pas du tout, il y a qu'à voir le top 500 des
joueurs professionnels les mieux rémunérés au monde il n'y
a qu'une femme dans le top 500. Des femmes qui jouent et qui jouent très
bien il y en a énormément mais la lumière n'est jamais
mise sur ces personnes parce que l'industrie du jeu est encore très
misogyne et très centrée sur les hommes et la plupart des
remarques c'est « tu es une fille, pourquoi tu joues », ce ne donne
pas envie de pousser pour passer dans l'esport. Il y a pleins de femmes qui
s'empêchent de jouer parce qu'elles ont peur de devoir subir des choses
pas cool, pour moi il n'y a aucune égalité. Il n'y a pas assez de
représentation. La représentation va être o faite au niveau
des casters on en voit un peu plus, au niveau des scènes pro. Il y a des
démarches mises en place au niveau des équipes féminines
chez MCES ou Misfits mais ça reste des initiatives très rares et
pas tellement mises en lumière.
N : Pour moi ce genre de roster ne devrait pas être mis
en lumière, on devrait avoir des équipes mixtes. Pour moi si une
team de 5 femmes ont le niveau j'ai aucun soucis avec ça mais il ne faut
pas prendre des femmes juste pour faire de la figuration, si c'est juste pour
dire « regardez on a un roster de filles » c'est un peu pour moi la
même chose que de dire qu'il y a un roster
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d'hommes et un roster d'handicapés. Ça devrait
être mixte et c'est tout.
L : Dans notre équipe, la fille qui nous a rejoint en
tant que support le ressent bien parce que beaucoup d'équipes surfent
sur cette vibe d'intégrer des femmes, d'inclusivité. Il y a des
gens qui font des choses sur l'inclusivité parce que c'est à la
mode mais ils ne se rendent pas compte de l'importance que ça a. Ce
n'est pas juste une chose qu'on va faire pendant 3 mois puis s'arrêter
parce que ça ne sera plus à la mode. On parle de la vie de gens,
de vraies personnes et ce n'est pas juste une mode.
5- Pensez-vous qu'il existe des différences dans
le rapport aux jeux entre les hommes et les femmes ? Si oui lesquelles
?
L : Dans la pratique oui, ça rejoint de ce qu'on a
mentionné. Nous on ne s'est pas arrêté de jouer mais j'ai
une amie qui a arrêté de jouer à Valorant parce qu'à
chaque fois qu'elle rejoignait le chat vocal elle se faisait insulter. Il y a
une appréhension de certaines femmes vis-à-vis du jeu
vidéo parce qu'on est plus à même de recevoir des insultes
gratuites qu'un homme sur les jeux en général.
N : Personnellement j'ai compris cela du côté
des parents. De mon côté j'ai un père qui été
très gamer et qui n'a pas fait de différences entre moi et mes
frères mais par exemple au niveau de ma mère elle n'a jamais
compris pourquoi je ne sortais pas parce que « tu es une fille donc
pourquoi tu joues, tu es sensée sortir et te faire belle ». Moi le
maquillage je suis loin d'être une pro et surtout pour moi je trouve
ça trop dommage de le donner à un genre mais il y a des personnes
qui sont encore dans le passé en fonction de l'éducation qu'ils
ont eu et qui sont résistantes au changement.
Encore dans le foot je peux comprendre qu'on mette en avant
des différences mais le jeu vidéo ne demande pas d'effort
physique énorme, il faut bouger sa souris et ses doigts sur le clavier,
c'est surtout au niveau du cerveau que ça se passe
6- Avez-vous déjà été victime
d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de
convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?
L : Oui, beaucoup trop, vu que tout est en ligne, les gens
n'ont aucun scrupule à lâcher leur venin parce qu'ils n'ont aucune
chance d'être identifiés et encore moins que dans la vraie vie.
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Déjà dans la vraie vie le harcèlement est
très rarement puni donc derrière un écran les gens
n'hésitent pas à harceler et on le voit
énormément.
Même sur Twitter par exemple, les dramas vont tellement
vite que même des figures influentes ne se rendent pas compte qu'elles
incitent au harcèlement parfois ciblé. Il y a un énorme
problème dans le rapport à ça dans la sphère jeux
vidéo parce qu'on a assisté à ça il n'y a pas si
longtemps que ça.
N : J'ai l'impression qu'on se dit que l'esport est un domaine
professionnel, un domaine qui doit se professionnaliser, un domaine dans lequel
les gens vont être vus comme des pros mais derrière il y a des
personnes qui ne se rendent pas compte de leur image et de leur influence. Il y
a cet effet boule de neige sur les réseaux qui fait que ça part
très vite : soit il n'y a rien qui se passe soit il y a tout qui se
passe et c'est horrible. Les gens ne se rendent pas compte de leur
influence.
Je suis une joueuse FPS. Je joue beaucoup à R6, je me
suis faite ban définitivement parce que je me suis défendue. Au
final je me suis racheté un autre compte mais le message est
passé, « tu es une victime mais on s'en fous, tu as répondu
donc tu es aussi coupable que l'agresseur ». Je peux comprendre mais j'ai
mis du temps à comprendre surtout que j'avais demandé des
explications et je n'en ai jamais eu.
C'est surtout sur Call of que je me mange des rafales
où tu sens que tu n'as pas ta place, que si tu es une fille tu cheat, tu
ne peux pas être une joueuse normale qui joue depuis qu'elle est petite,
tu es déjà en train de cheat. « Avant tu faisais du 0/10
maintenant tu fais du 20/2 ce n'est pas possible, ce n'est pas celle que je
connais ».
L : Un homme qui progresse on va lui dire qu'il est trop fort
alors qu'une femme va tricher, va être boostée. On ne va jamais
être félicitée parce qu'on progresse. J'ai vécu ce
harcèlement durant 6 mois de stream sur LoL. Le stream était
cool, je postais des petits tips sur TikTok aussi. Et il y a avait pas une
seule vidéo sans 3 bouffons qui étaient là pour
m'insulter, soit pour me dire que mes moves n'étaient que grâce
à mes potes.
Quand j'ai commencé les ranked je jouais seule, je suis
montée seule avec que des doubles promotions. Et je me suis faite
insultée parce que j'ai réussi à faire quelque chose. Donc
déjà il faut m'expliquer comment on peut tricher sur LoL et puis
clairement j'étais là pour jouer
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tranquille. Et je me faisais insulter de fou, on m'a bien fait
comprendre que je n'avais pas à être là en tant que femme.
Il y en a qui sont très bienveillants et il y en a c'est le typique
« la femme c'est à la cuisine », les gens croient que c'est
une blague mais non pas du tout.
Pendant une partie sur lol, on jouait avec une amie, des gars
nous ont ajouté parce qu'ils avaient aimé comment on jouait et
ils nous ont demandé si on voulait vocal. A peine arrivées en
vocal et qu'ils ont compris qu'on était des femmes qu'ils nous ont
insultées, virées du discord et sur le moment je me suis dit que
si on n'avait jamais parlé dans le channel vocal ils auraient
continué à jouer avec nous.
Des trucs comme ça c'est hyper fréquent, quand
j'en parle avec des potes qui stream c'est tout le temps. C'est quelque chose
qui est trop banalisé, dans la tête de certains c'est juste normal
de faire cela, ils n'arrivent même pas à se rendre compte que
c'est du harcèlement.
N : Je me faisais tellement insulté que je me suis
appelée « Lunch Maker » sur Call of. Je pensais que les gens
allaient se calmer mais c'était encore pire, c'était une
déferlante de haine. Je l'ai vécu avec les deux sexes, j'ai
même vu des femmes harceler des hommes mais c'est très rare, c'est
quasiment tout le temps des hommes. Avant je prenais mal les attaques quand
c'était des hommes, maintenant je n'en ai plus rien à faire mais
quand c'est une femme ça me fait mal parce qu'on devrait toutes
être solidaires. Ce n'est quasiment jamais quelque chose de constructif.
On est moins habitués à recevoir les critiques des femmes et
ça fait vraiment mal.
L : C'est surtout des hommes qui vont venir prendre la
tête aux femmes dans le jeu vidéo. On voit très bien des
femmes parfois harceler aussi, c'est ce que j'appelle de la misogynie
intériorisée. Chacun appelle ça comme il veut mais quand
on voit certaines femmes tenir des propos avec leurs consoeurs je comprends pas
le but de cracher sur une femme qui n'a rien demandé
Je n'arrive pas à comprendre que ça persiste
comme cela, ça ne t'apporte rien de cracher sur quelqu'un qui ne te
connait ni d'Adam ni d'Eve. On est moins habituées à recevoir des
critiques des femmes parce que des critiques venant des hommes c'est quasiment
une habitude, on en reçoit depuis notre plus jeune age.
7- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont
montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles
subissent ? Et pourquoi ?
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N : Autant tout à l'heure je disais que je trouvais
ça normal et banalisé qu'on sexualise les femmes dans les jeux
après ça vient rejoindre d'autres problématiques. Pour
certains le jeu c'est la réalité donc pour certains si tu n'as
pas beaucoup de poitrine tu n'es pas une femme. Certains vont te harceler en ce
sens. On est tous différents, on a des poitrines différentes, on
a des cerveaux différents, on a des mains différentes, des
épaules différentes.
Il faut arrêter d'être haineux, le corps de la
femme n'a pas été créé pour un homme, pour plaire
à un homme, il faut arrêter d'avoir autant d'intérêt
pour le corps de la femme, c'est personnel et on en fait ce qu'on veut. Moi si
je commence à avoir autant d'intérêt pour les attributs
masculins je vais me faire envoyer balader très rapidement voir
insulter.
L : Quand j'étais plus jeune ça me complexait
beaucoup, comme je jouais beaucoup aux jeux j'ai grandi en voyant des corps que
je n'avais pas. Je n'avais pas de représentation de moi et de mon corps
quand j'étais petite et ça m'a beaucoup complexé quand
j'étais petite surtout que j'ai fait face à des réflexions
par rapport à mon corps comme quoi je n'avais pas un corps de femme. Les
gens sont matrixés, ils ne comprennent pas que ce qu'on voit dans le jeu
c'est loin d'être la réalité. Les personnes qui ont ce
genre de corps c'est grâce à la chirurgie esthétique, moi
je joue à Genshin Impact, personne ne ressemble à ça dans
la vraie vie. Les gens sont complètement déconnectés de la
réalité. C'est vraiment l'histoire d'Aloy qui m'a fait me rendre
compte que les gens ne savent pas à quoi un réel humain
ressemble. Pour moi c'est des gens ravagés, aveuglés par les jeux
vidéo. Je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse être
à ce point aveuglé par les jeux. C'est aussi un problème
de société donc ça n'aide pas non plus.
8- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux et sa faible proportion dans le monde
professionnel et les sphères de jeu à haut niveau ? Et pourquoi
?
L : Il y a une casteuse coréenne, Ashley Kang qui a mis
énormément de temps à se faire une place dans l'esport et
maintenant qu'elle y est, elle subit des rafles de commentaires haineux sur son
apparence parce qu'elle n'est pas assez belle pour être casteuse et pour
présenter l'esport. On parle de jeux vidéo donc si la personne
est assez compétente pour parler de jeux, on est quand même
là pour ça. Des hommes sur la scène esportive qui
ressemblent à pas grand-chose il y en a beaucoup.
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On ne laisse pas du tout les mêmes chances en terme de
beauté aux hommes et aux femmes. Si tu n'es pas un mannequin tu ne peux
réussir en tant que femme alors que Ashley est vraiment quelqu'un qui
fait un travail de vraiment bonne qualité. Le fait qu'après des
années de travail les seules remarques soient sur le physique c'est
blessant et ça ne donne pas envie aux autres d'essayer de se faire une
place là-dedans.
9- Pensez-vous que la gente masculine/ féminine puisse
être acteur/trice pour changer les mentalités vis-à-vis des
femmes dans le jeu vidéo ? Si oui comment ?
L : Nous on le fait à notre échelle, ça
peut paraitre très dérisoire, mais sur la plupart des
équipes LoL on intègre des joueurs directement après les
essais. Nous on fait des entretiens pour savoir si les personnes qu'on a en
face de nous sont dans une bonne dynamique et sont des personnes qui ont ce
genre de choses dans leurs valeurs à savoir l'inclusivité, la
tolérance. Plus on arrive à amener ces hommes qui qui veulent
lutter pour faire avancer les mentalités c'est là qu'on peut
faire quelque chose à notre échelle.
En faisant ce tri on crée une sphère
d'évolution bienveillante avec des personnes qui sont sur des
mentalités alignées et qu'ils sont prêts à
être éduqués.
Au stade où on en est c'est une question de temps et de
volonté. On ne va pas révolutionner le monde parce qu'il y aura
toujours des idiots pour ne pas voir le problème et ne pas comprendre
que c'est à eux de changer leur mode de pensée.
Il y a des mentalités qui ne se rendaient pas compte
des problèmes soulevés par cette industrie et qui arrivent
à y être sensibles en ayant juste une discussion. Il faut miser
sur ces profils ouverts d'esprit, qui arrivent à saisir qu'il y a des
problèmes. Il faut les accompagner dans cette démarche pour que
eux aussi puissent transmettre ces valeurs à leur tour.
N : La représentation est vraiment importante. S'il y a
beaucoup de femmes, de personnes qui n'ont pas peur de défendre leurs
teamates féminins, je pars du principe que ça devrait bien se
passer. Dans notre structure le plus important c'est l'entretien avec
Léa et moi, c'est important de savoir ce qu'ils pensent notamment sur le
fait d'avoir des teamates non binaires, féminins, savoir s'ils ont le
même ADN que nous et que l'équipe.
Annexe 28 - Retranscription entretien Katherine Mailloux
(Consultante marketing et associée chez le Gamer mentor)
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1- Présentez-vous, quel est votre travail et votre
implication dans le monde du jeu ? A quel style de jeu jouez-vous le plus ?
Pourquoi ?
Je suis Katherine Mailloux, j'ai deux occupations principales,
je suis consultante marketing et associée avec mon copain dans
l'entreprise le Gamer mentor, qui est un programme d'entrainement et
d'accompagnement pour les adolescents qui jouent aux jeux vidéo. J'ai
toujours eu les jeux vidéo dans ma vie, j'ai grandi avec des consoles de
jeux sur la table du salon chez mes parents. Je n'ai jamais joué
à des jeux en ligne ou compétitif, c'était plus des jeux
comme Mario Kart.
Ça fait 2 ans qu'on a cette entreprise. Elle vient
surtout de mon copain qui a beaucoup joué quand il était
adolescent. Ses parents n'aimaient pas tellement ça, voulaient qu'il
fasse autre chose donc il a voulu offrir les mêmes opportunités
dans le jeux vidéo que dans le sport qui sont offertes aux jeunes qui en
ont envie.
On se challengeait beaucoup jusqu'à arriver à
une structure similaire au sport étude. Il y a de la pratique du jeu, on
a voulu rajouter des ateliers obligatoires sur les jeux, sur les
thématiques de vie. Il y a 12 jeux actuellement avec des coachs, on
essaie aussi d'aborder des sujets qui vont leur parler en lien avec les jeux
vidéo, sur par exemple « comment l'activité physique peut
aider pour être meilleur aux jeux vidéo, entre les games ou avant
pour stimuler le cerveau ». On leur parle de nutrition, de
l'hydratation
On a bonifié cette idée au cours des mois avec
des objectifs personnels, des objectifs dans le jeu. On focus beaucoup sur le
développement personnel par le jeu vidéo plutôt que le
développement de grand joueur professionnel. On veut qu'il y ait du
plaisir, que ça leur fasse du bien.
Techniquement c'est mixte, ce n'est pas limité aux
hommes mais par contre on a 100% d'hommes. Même dans les employés
c'est tous des hommes sauf moi et notre graphiste. Dans les jeunes on a eu une
fille. Quand on avait fait notre étude de marché on avait fait un
sondage sur Facebook où on avait demandé à des jeunes de
répondre, et la question qui est revenue de leur part c'était de
savoir s'il pouvait y avoir des filles.
Les femmes ne pensent pas forcément avoir leur place
là-dedans, on a même un endroit dans la FAQ où on en parle.
Dans notre étude de marché c'est une fille qui a écrit
cela en commentaire,
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comme quoi elle ne savait pas si elle aurait une place. Dans
notre façon de fonctionner notre publicité est avant tout pour
les parents qui vont inscrire leurs jeunes. La récemment on a eu une
maman qui voulait inscrire sa fille et qui demandait s'il y avait d'autres
filles.
Tout est 100% à distance donc on se parle tous sur
discord. Je vais quand même plus vers les femmes directement pour leur
dire que je suis là si elles ont besoin de parler et de se confier.
2- Pensez-vous que le marché des jeux vidéo
soit aujourd'hui un marché sexualisant ? Pourquoi ?
Oui mais il y a une nette amélioration. Rainbow VI a
inclus un personnage trans dans les personnages qu'on peut choisir, il y a de
plus en plus d'initiatives qui sont mises en place, de pouvoir choisir une
femme ou un personne non binaire.
A la base ça caricaturise les stéréotypes
hommes-femmes de la vie réelle notamment dans le choix des personnages.
Après ça dépends vraiment des jeux, il y a des jeux ou on
ne le ressent pas vraiment. Dans LoL, il y a des femmes toutes minces avec des
gros seins mais d'autres vont être avec des proportions normales, comme
de vrais humains. Les hommes quand ils jouent ne font pas forcément la
distinction, ils jouent les champions mais pas pour le physique. Il y a quand
même une belle représentation, avec beaucoup d'efforts
réalisés ces dernières années. On est loin du
cliché de Mario où il faut sauver la princesse
Ce n'est pas que ça ne l'est plus maintenant mais il y
a des efforts qui sont faits de la part de nombreux compagnies de jeux
vidéo pour inverser ce stéréotype. Après quand on
voit des jeux comme GTA ça n'aide pas pour les stéréotypes
quand on voit des femmes entrain de danser sur un bar en petite tenue.
Dans lol on a vraiment ce côté parité
homme / femme / animal / monstre. Ce n'est pas concentré sur le fait de
sauver la petite princesse, qui est vue comme un objet, on voit beaucoup plus
les femmes comme des personnages importants à part entière.
Ce n'est plus un problème de jouer un personnage
féminin, quand je prenais Peach sur Mario Kart parmi les 8 personnages,
il n'y avait qu'une seule fille, c'était la petite princesse, donc
c'était un peu la honte parce que ce n'était pas une
héroïne comme les autres. Il y a aussi beaucoup plus de
diversité, peut-être pas dans tous les jeux mais dans beaucoup
d'entre eux.
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3- Pensez-vous que c'est un milieu égalitaire pour
les hommes et les femmes ?
Non définitivement pas, il y a des efforts fait pour
montrer que les femmes ont leur place en théorie mais en pratique c'est
majoritairement un monde d'homme
Je ne sais pas vraiment pourquoi. Les statistiques montrent
que les hommes jouent plus que les femmes, je ne sais pas si c'est quelque
chose dans le cerveau qui fait qu'on accroche moins aux jeux vidéo, je
ne sais pas si c'est une explication physiologique ou si c'est parce qu'elles
sentent qu'elles n'ont pas leur place mais c'est sûr que les femmes dans
les jeux en ligne vont se prendre des commentaires sexistes comme «
retourne faire la vaisselle, faire la cuisine ».
De la même manière si tu es une femme sur Twitch
tu vas recevoir des commentaires horribles alors que si tu es un homme c'est
autre chose. Les hommes critiquent les femmes qui jouent, ils voient les femmes
comme des objets sexuels et des objets de désir mais les femmes
profitent parfois de ça comme avec les Hot Tub.
Les femmes peuvent se faire de l'argent parce qu'il y a des
hommes pour consommer cela, pour débourser du cash mais ça peut
venir discréditer l'image de la femme. On ne voit pas d'hommes faire des
hot tub mais en même temps les femmes ne sont pas assez bêtes pour
payer pour ça. C'est moins fun pour une femme d'être sur les jeux
de manière générale en raison des commentaires sexuels ou
des remarques qu'on peut recevoir. Si je jouais en ligne je pense que je
mettrai un pseudo très neutre justement pour éviter ces
commentaires.
4- Que pensez-vous des ligues féminines ?
Honnêtement je n'en connais pas vraiment. Mon avis c'est
que si les femmes ne se sentent pas leur place avec les hommes, ne se sentent
pas à l'aise en raison de leur comportement, ça en dit long.
De manière globale, il n'y a rien de physique ou de
physiologique qui peut avantager les hommes par rapport aux femmes. Les femmes
ont autant leur place que les hommes dans le jeu et peuvent aller aussi loin
malheureusement on en voit très peu. Je trouve ça dommage si
elles le font parce qu'elles sentent qu'elles n'ont pas leur place dans les
ligues masculines ou mixtes. Une ligue 100% féminine peut exclure les
gens parce que ça exclut les hommes. Donc ça peut envoyer encore
un autre message de dire qu'il faut être un homme ou une femme pour avoir
sa place dans une ligue et donc exclure les personnes ni binaires ou
transsexuelles.
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5- Avez-vous déjà été victime
d'insultes ou de harcèlement lors d'un jeu en ligne ou lors de
convention, savez-vous pourquoi, comment avez-vous réagi ?
Je ne joue pas vraiment en ligne mais si je jouais je mettrai
un pseudo neutre. J'ai grandis avec des consoles donc quand j'allais dans des
bars de jeu c'était avec des amis et puis je les battais tous donc je
n'avais pas de reproches.
Après là avec l'entreprise je suis quand
même plus en retrait, on met toujours mon copain en avant parce que
ça parle plus d'avoir un homme en visage de l'entreprise. Je le ressens
beaucoup quand on me dit « c'est l'entreprise de ton copain », les
gens ne comprennent pas que je suis là, que je suis associée.
C'est un choix parce que je ressens que j'ai moins ma place parmi ces 90%
d'hommes à chaque évènement, chaque convention. Moi dans
l'entreprise je suis plus le cerveau, la stratégie, je suis moins
joueuse.
De plus, derrière les jeunes qui sont dans notre
programme il y a toutes les mères qui gèrent cela et qui veulent
le mieux pour leur enfant. Et c'est vrai que moi en tant que femme j'ai une
stratégie marketing qui leur parle beaucoup plus. Je me sens moins
à ma place dans les évènements gaming et jeux vidéo
mais pas forcément juste parce que je suis une fille mais aussi parce
que c'est l'atmosphère.
J'ai vu beaucoup de commentaires sur des lives Twitch
très négatifs. L'autre jour j'étais dans une convention,
et dès qu'une fille a eu le dos tourné tout le monde a
commencé à parler d'elle parce qu'elle s'était
créé un Only Fans en plus de son côté joueuse.
J'ai tellement peu vu de femmes dans le jeu que j'ai pu
rarement constater ce genre de situations mais toutes les femmes que je connais
qui jouent ou stream c'est que des commentaires d'hommes négatifs ou
sexistes qui n'ont pas lieu d'être.
6- Pensez-vous qu'il existe une corrélation entre
la vision de la femme dans les jeux (la manière dont elles sont
montrées, crées) et le harcèlement/agressions qu'elles
subissent ? Et pourquoi ?
Je pense que cela dépends des jeux en question. Si on
prend l'exemple de League of Legends avec la série Arcane, les deux
personnages principaux sont des femmes fortes, indépendantes, on ne voit
pas d'inégalité avec les personnages masculins. Après la
série, les statistiques ont
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